Il n'avait fallu que quelques heures pour que la terrible nouvelle franchisse les murs d'enceinte du domaine ancestral du collège Poudlard. Sous le fracas du tonnerre au loin, les habitants de Pré-au-Lard avaient couru dans les rues pour ameuter la population, répandant la sinistre rumeur qui voulait qu'on retrouvât non loin de la stèle blanche l'hippogriffe doré dépecé, mutilé, pourrissant. Ses majestueuses ailes puissantes avaient été sauvagement arrachées et transposées sur le corps, lui aussi terriblement ravagé, d'une jeune fille. Son cadavre, disait-on, était suspendu dans les airs, attendant d'être vu, entourés de lettre ensanglantées. Personne ne savait encore ce qu'il était écrit, mais tous en avaient une vague idée. De toute façon, cela ne pouvait être que désastreux.
Cette jeune fille, son nom n'était pas parvenu jusqu'au village.Personne ne savait qui avait été assassiné et on redoutait que ce fut quelqu'un de proche. Personne ne voulait aller voir. Tout le monde avait peur, à présent, de s'approcher du château. Les râles qui s'élevaient dans le parc donnaient la chair de poule à quiconque y songeait, et on plaignait les pauvres enfants qui se trouvaient au coeur de cette apocalypse.
Cette dernière touchait cependant Pré-au-Lard. Tous les jours on subissait les assauts des tempêtes, on raclait les sols inondés, on hébergeait des visiteurs sans abri que l'on ne pouvait laisser ainsi au dehors sous la pluie battante. Sans interruption, l'orage grondait, les éclairs illuminaient le ciel. Il était devenu presque impossible de s'endormir le soir venu. La terreur envahissait les chaumières. Chacun se terrait chez lui autant qu'il le pouvait. Mais tout le monde savait que ce n'était pas ça qui allait les arrêter. Qui étaient-ils ? Nul ne le savait. Il était pourtant évident que quelqu'un, ou du moins quelque chose, était derrière tout cela. Même si on avait essayé de croire au bonheur illusoire qu'avait promis la mort de monsieur X, on avait toujours été sceptique quand à l'arrêt de la guerre. Cela ne pouvait pas finir ainsi. Ça allait forcément recommencer...
Rosaleen se tenait souvent debout derrière sa fenêtre, observant les allées et venues des gens qui se hâtaient le long de l'avenue principale du petit village sorcier. A cause du rideau de pluie, personne ne pouvait remarquer qu'elle était là, immobile, à moins qu'un éclat roux ait trahi sa présence à l'observateur le plus aguéri. Toute la journée depuis l'annonce, elle s'était tenue là, la peur au ventre, ruminant des envies qu'elle tentait de réprimer. Elle avait furieusement envie d'aller voir le corps de l'hippogriffe, un être qu'elle avait toujours admiré et dont elle avait mainte fois raconté les histoires. Il avait quelque peu bercé les récits de son enfance, et le voir de ses yeux la taraudait sérieusement. C'était là la première raison de son envie de se rendre à la stèle blanche. La seconde était qu'elle se sentait toujours coupable de ne pas avoir davantage participé à l'action l'année précédente, et d'avoir lâchement fuit le combat à Poudlard à cause d'une vilaine blessure au front. On avait essayé de la rassurer à ce sujet, mais rien n'y faisait, elle culpabilisait. Elle voulait entrer dans l'action, avoir l'impression que ça bougeait, connaître les détails, empêcher les ennemis de faire basculer le monde magique dans le chaos. Car sans la magie, Rosaleen n'était rien. Déjà que ces derniers temps, devoir faire le ménage à la méthode des moldus l’agaçait... Et si la magie disparaissait ? Ce serait la fin du monde. Il n'y aurait plus aucune limite à l'étroitesse d'esprit, aux solutions bureaucratiques. Rosaleen détestait cela : les idées carrées, les PDG, les gens qui travaillaient dans des bureaux... Pour elle, la magie était synonyme de joie, d'imagination, de culture, de liberté. La magie était tout simplement une manière de vivre, une société, un monde à part entière, avec ses mythes, ses contes, ses histoires, son vécu fabuleux, son immense patrimoine. Si elle s'éteignait... Mieux valait arrêter d'y penser.
Elle prit alors une décision. Elle attrapa sa cape, en rabattit le capuchon sur ses cheveux, enfila ses vieux gants aux couleurs de Gryffondor, son écharpe de supporter, et après une hésitation, chaussa ses bottes imperméables. Les moldus avaient de bonnes idées, parfois. D'un pas décidé, elle franchit le seuil et se dirigea résolument vers le portail du collège, devant lequel elle attendit quelques minutes avant que quelqu'un ne sorte de la brume pour apparaître devant elle. Après avoir expliqué qu'elle voulait aller se recueillir devant la stèle blanche, le garde-chasse lui ouvrit la porte en sourcillant. Il avait comme ordre de laisser entrer toutes les personnes qui souhaitaient se recueillir devant le monument aux morts.
Après une dizaine de minutes, Rosaleen parvint devant la stèle, et l'herbe aplatie lui montra l'emplacement où s'était trouvé l'hippogriffe, qui venait sûrement d'être retiré.

Quête_La stèle blanche

« Kath… Arrête de déprimer comme ça… » Tu tourne la tête vers le fantôme à tes côtés avant de regarder à nouveau par la fenêtre. La vision de l’hippogriffe te hante encore. Tu ne l’as pas vu en tant que médium, mais en tant que témoin. Tu n’as pas vu la fille qui s’est retrouvée avec les magnifiques ailes dorées. Non, tu as accouru à la stèle blanche quand les premiers cris ont retenti, et tu as vu de tes yeux la majestueuse créature dépecée, avec les ailes arrachées et en partie décomposée. A ton tour, tu as hurlé, tu as pleuré, puis tu t’es murée dans un silence de mort. Novembre venait juste d’étendre ses ailes nuageuses et détrempées sur Pré-au-Lard. Tu ne ressens pas encore les troubles de ton don, mais cela ne saurait tarder. Tu ne sais pas encore à quel point du vas souffrir, à quel point tu vas te sentir seule, à quel point tu vas te voir sombrer comme autrefois, même si c’est, d’une certaine façon, ce qui te sauvera… « Kath… Parle-moi… » A nouveau, tu portes ton regard sur ton ami fantôme et te contente de soupirer avant de secouer la tête et de te diriger vers ta chambre. « Kathaleen Leanna Moira MacKenzie, reviens ici tout de suite !! » Tu t’arrêtes et prends enfin la parole, juste pour quelques mots : « Va te faire foutre, Tim. T’es un fantôme, tu ne peux rien m’imposer… » Tu ouvres la porte pour la claquer derrière toi, juste le temps d’enfiler tes chaussures, ton écharpe, ton bonnet et ton manteau avant de ressortir. « Ne t’avise pas de me suivre… » lui lances-tu, sans te rendre compte que, vexé comme un pou, il est lui-même sorti de l’appartement.

Au départ, tu marches sans but sous la pluie glaciale, profitant de ta nouvelle solitude. C’est tellement bon, pour une fois, de ne pas être harcelée par ton fantôme ! Tu avances, sans chercher à savoir où et tes pas te guident machinalement vers la stèle blanche. Le gardien t’a laissé passer sans même te demander ce que tu venais faire là. Aurais-tu répondu si ç’avait été le cas ? Vu le peu de paroles que tu as prononcées depuis la mort de l’hippogriffe, tu en doutes fortement. Quoiqu’il en soit, tu ne te rends compte de l’endroit où tu te trouves qu’une fois arrivée et en voyant que tu n’es pas seule. Tu t’arrêtes net, le temps de voir si tu reconnais celle qui est là, et force t’est de constater que oui, cette silhouette te dit quelque chose. Elle était aussi à Poudlard, avant, une année au dessus de toi, mais pas dans la même maison. Et maintenant, que faire ? Tu es là, mais pour y faire quoi ? Tu resserres les pans de ton manteau contre toi, sans dire un mot.

Rien ne pouvait décrire le désarroi qui l'accapara pendant toute la journée jusqu'au crépuscule. Lorsque les trois jeunes enfants étaient apparus à proximité de la stèle, elle avait vu revenir l'espoir d'en apprendre plus sur ces terribles évènements, mais ils les avaient chassées. Ils voulaient se recueillir, ce qui était noble, mais pour elle, cela signifiait qu'elles n'auraient pas les réponses qu'elles escomptaient obtenir. Car elle n'était plus seule à présent. Elle avait rencontré près du monument funéraire une jeune fille qu'elle avait souvent croisée dans les couloirs de Poudlard dans sa jeunesse et dans les couloirs du cottage maintenant qu'elle était étudiante à l'université. Kathaleen MacKenzie l'avait reconnue tout de suite, Rosaleen le savait. Lorsqu'elle-même l'avait aperçue, elle s'en était souvenu. Cette jeune fille blonde aux traits fins à qui elle n'avait jamais parlé, mais qui semblait animée des mêmes intentions qu'elle. Sans peur et sans gêne, Rose s'était approchée d'elle, et leur union dans cette mission s'était faite naturellement. Elles n'avaient pas eu besoin d'échanger des mots, elles s'étaient mises d'accord tacitement d'un regard. C'était étrange et rassurant à la foi, de savoir qu'on pouvait devenir proche d'un presque inconnu d'un seul coup.

Il avait été convenu que le soir, les deux jeunes filles se retrouveraient dans le hall d'entrée du cottage pour repartir enquêter sur le décès tragique de l'hippogriffe. Dans la nuit, elles pourraient se faire discrètes et aller où bon leur semblerait, à condition de parvenir à franchir les grilles du château. Le gardien laisserait-il entrer deux personnes extérieures dans l'enceinte de Poudlard en pleine nuit ? Vu les récents évènements dans le monde magique, Rosaleen était certaine d'être recalée à l'entrée. Il leur fallait trouver un moyen de contourner cet obstacle au plus vite, mais le plus urgent n'était pas là.

Rose avait jeté plusieurs sorts déjà pour s'assurer que personne ne se trouvait à proximité d'elle, garantissant ainsi le succès de leur sortie de l'université.Elles devaient passer par le passage secret du salon, et elle attendait que Kathaleen revienne pour lui assurer que la voie était libre. Mais lorsqu'elle revint, c'était la mine défaite. Une boule se forma dans la gorge de Rosaleen. Leur mission allait-elle encore être compromise ?

Kathaleen l'informa qu'au vu des récents évènements, le passage secret avait été condamné. Rosaleen sentit son estomac se nouer. Ce passage était pour elle la garantie absolue de la réussite. Maintenant, tout devenait incertain. Leurs restaient deux choix : passer par l'entrée principale et prendre le risque de se faire repérer en un instant, ou passer par l'entrée de la cour secondaire. Le dilemme fut vite réglé : Rosaleen et Kathaleen ne désiraient pas être vues. Le meilleur moyen pour cela était de passer par la sortie la moins usitée et la plus éloignée des sentiers.

Elles rabattirent leur cape sur leurs cheveux et partirent en direction de la cour secondaire.

Quête_La stèle blanche

On ne peut pas dire que tu te sentes réellement très à l'aise, là, devant cette stèle. Comme si tu t'attends à tout moment à ce que le fantôme de l'hypogriffe surgisse des entrailles de la terre et que toi seule puisse le voir. Cette idée te fait frémir, pourtant, tu préfère n'en rien dire à celle qui t'accompagne dans cette aventure. De fait, l'arrivée de plusieurs élèves de l'école est pour toi un divertissement bienvenu, car il te permet d'arracher ton regard de ladite stèle. Tu laisses d'ailleurs Rosaleen régler l'affaire avec eux, et proposes de la retrouver le soir même à l'université pour que vous puissiez poursuivre votre enquête. En as-tu vraiment envie cependant? Difficile à dire, mais il est vrai que, d'un côté, tu as envie de savoir ce qui est arrivé à cette pauvre créature magique. Tu te trouves donc au lieu et à l'heure dite là où vous devez vous retrouver.

Toutefois, une question importante se pose maintenant: par où passer? Tu proposes le passage secret et Rosaleen t'envoie vérifier s'il est libre ou pas. A dire vrai, cela ne te dérange pas plus que ça, pour le coup, de laisser ton ainée te dicter la marche à suivre, au contraire. Cela te fait du bien que de pouvoir te reposer sur quelqu'un d'autre. C'est... Reposant. Tu te rends cependant vite compte que le passage est bouché et qu'il va vous falloir passer par un autre côté. Tu reviens auprès de ta compagne d'aventure et tu lui dis ce qu'il en est. Vous décidez, alors, de passer par derrière et de braver la tempête pour rejoindre l'école, en espérant que l'on vous laissera entrer.

Vous finissez par arriver sur place après un temps qui te semble avoir duré une éternité. La capuche de ta cape fermement rabattue sur ta tête, tu avances tête baissée, même si cela ne te protège pas réellement de l'eau glacée et pénétrante qui te glace jusqu'au os. A moins qu'il ne s'agisse des râles que tu entends tout à coup? "Tu entends ça?" demandes-tu d'une voix tremblante alors qu'une coulée de sueur froide te descend dans le dos. Visiblement, oui, elle entend aussi. Vous commencez par suivre les râles avant de vous rendre à l'évidence: il proviennent de sous le sol et, plus vous vous approchez de la stèle, plus ils sont forts. Allez-vous devoir creuser? "Si j'avais su ce matin que j'allais me retrouver à déterrer des morts en plein milieu de la nuit..." Visiblement, oui. Tu jettes un regard horrifié à ta comparse, t'apprêtant à dire que tu ne tiens pas à te mettre des morts sur le dos, que pouvoir les voir sous toutes les coutures même quand personne d'autre ne peut les voir est déjà largement suffisant mais, déjà, Rosaleen s'approche de la stèle et reprend la parole: " Ces râles viennent de sous nos pieds. Nous devrions trouver un moyen de descendre sous la terre." Visiblement, bien peu de choix s'offrent à toi, quoique... " Peut-être y a-t-il un mécanisme ou quelque chose comme ça sur la stèle... Un sortilège, ou une petite pierre sur laquelle appuyer..." "Oui, cherchons un mécanisme..." réponds-tu en écho. Tout, plutôt que creuser une terre qui a servi à un crime immonde... Tu rejoins donc rapidement Rosaleen dans sa quête, en tournant dans le sens opposé à elle et en essayant d'actionner tout et n'importe quoi, histoire que vous alliez plus vite à deux.

Quête_La stèle blanche

Quand est-ce que les trois élèves sont arrivés ? Tu ne t’en souviens pas. Sans doute étiez-vous entrain de creuser le sol Rosaleen et toi. Tout ce que vous entendez, ce sont les gémissements qui deviennent plus forts. Riens. Ce que vous faites ne sert à rien. Tu crains qu’il n’y ait quelqu’un de vivant d’enfermé là-dessous, ce qui te fait trembler. Que faire ? Tu regardes vers ta camarade étudiante, et remarques les autres derrière elle. Qui lance l’idée du bombarda maxima ? Bonne question. Quoiqu’il en soit, vous le lancez tous en même temps. La stèle explose littéralement, envoyant des éclats de pierre dans tous les sens et vous êtes propulsés en arrière sous le souffle. Tu sens des éclats t’atteindre le cuir chevelu, te déchirer un peu le front et les joues mais si tu as pu libérer une quelconque âme innocente, cela te convient tout à fait.

Pourtant, en te redressant… Tu te rends compte que ce n’était pas la chose à faire. La goutte de sang qui te dégouline dans les yeux n’est rien à côté de ce que tu vois surgir des décombres. Toute couleur déserte ton visage déjà très pâle à l’origine. Tu commences par reculer sur les fesses pour t’éloigner du danger des Inferis, mais tu ne parviens pas à te relever. Ce n’est que lorsque Rose vous dit de courir que tu reprends le contrôle de tes jambes. Tu te redresses en vitesse, attrapant la main de la personne la plus proche de toi pour partir en courant en direction de ton ancienne école et fuir le danger.