Spoiler:

- Ben voyons, pensa Crystal, c'est pas comme si je ne m'en doutais pas mais ça a le don de m'énerver quand même !

- C'est ma fête ou quoi ? laissa échapper la blonde en furie. Et alors ! Ne me regardez pas comme ça et aidez moi à ramasser tout ce bazar plutôt !

- Merci à ceux qui m'ont aidé. Vous pouvez déposez les parchemins sur le bureau de la salle de classe s'il vous plait. D'ailleurs, vous pouvez tous rentrer dans la salle de classe et prendre place.

- Oui je sais, je n'avais pas prévu de contrôle, et il n'y en aura pas plus qu'il n'y aura de cours pratique aujourd'hui. J'avais prévu de vous en apprendre plus sur le Grapcorne, mais la politique de la maison ne me permet pas d'en faire venir un ici. Donc à la place, vous aurez droit à un cours théorique sur un autre animal. Et comme nous aurons encore du temps à la fin de ces explications, ce sera le moment de faire des révisions générales sur tout ce que vous avez pu voir comme créatures magiques durant votre scolarité, voir même votre vie. Des questions ? Non ? Parfait. Prenez place donc et pensez bien à dépoussiérer les chaises et à vérifier qu'elles tiennent encore avant de vous asseoir.

- Alors ! A vous de deviner quel sera le sujet du cours aujourd'hui. Pour vous aider, voici un dessin de l'animal en question.

- Non, je ne me suis pas trompée de parchemin, c'est exactement ce que vous verriez si vous regardiez cet animal. Certains sorciers spécialement entraînés à sa capture le voient et je vous en montrerai un croquis par la suite. Mais pour le moment vous devrez vous contenter de ça et du fait qu'on le trouve principalement en Extrème-Orient. Si vous avez une idée, n'hésitez pas à prendre la parole, vous savez que vous pouvez toujours gagner des points pour votre maison malgré le contexte actuel !

Ne pas se laisser distraire par les discussions de ses camarades de classe... Telle était la phrase qui refaisait fréquemment surface dans l’esprit de la jeune Serdaigle. La demoiselle venait de quitter l’école, direction la Forêt Interdite avec quelques uns de ses camarades qui avaient gardé cette option. Mais si ces derniers parlaient de tout et de rien, bien que principalement du cours à venir, elle-même était plongée dans un livre tout en marchant. Un livre très captivant, relatant jour pour jour le travail de deux sorciers ayant entreprit d’étudier le nundu. C’était vraiment captivant comme livre ! Bon, bien évidemment, cela n’apportait rien de très nouveau car l’animal en question était trop dangereux pour que l’on ose l’approcher mais tout de même, c’était là le genre de défi, le genre d’études que la demoiselle aurait adoré mener. Un jour peut-être... Oh oui, elle l’espérait vraiment !

En mode automatique, elle s’arrêta une fois sur place puis ferma rapidement l’ouvrage, le rangeant dans son sac. Hum, il manquait encore quelques élèves... Dont son petit frère ! Pff... Nouveau regard circulaire sur l’ensemble des élèves présents... Puis elle se baissa pour prendre dans ses bras le fléreur qui était venu se frotter contre ses jambes. Conos, son fléreur à elle qui avait prit l’habitude de venir dans la forêt interdite quand sa maîtresse avait cours de Soin aux Créatures Magiques. Petit plaisir de la bronze et bleu : pouvoir passer ses doigts dans le pelage soyeux du félin, l’entendre ronronner... Le bonheur, son petit bonheur ! Un petit sourire étira les lèvres de la jeune fille, elle était parée ! Et puis c’était tellement bien d’être dehors, loin de ce léger malaise qui avait du mal à la quitter dans l’enceinte de l’école. Elle attendait ces cours avec impatience, afin de pouvoir s’échapper un peu de cette prison qu’était devenu Poudlard.

Finalement, elle accorda une oreille distraire aux autres, échangeant deux ou trois impressions avec eux, regardant les retardataires débarquer. Ah, Saiph ! Elle lui fit un grand sourire mais il était occupé. Mais heu !!! Pas drôle ! Et, encore moins drôle : le personnage masqué qui venait aussi. Rah, un membre de l’Organisation ! Saleté ! Mais ils ne pouvaient pas laisser les profs faire cours correctement non ? Ah, quoique non, puisqu’il serait possible que profs et élèves s’allient pour les virer de leur école... Oh, bonne idée ! Mais bon, irréalisable pour le moment, trop de risques. Un autre jour peut-être. Bien, à présent ils étaient tous là, ne restait plus qu’à attendre que Mme Denforth daigne se montrer. Alhena, pour sa part, essayait d’ignorer le type qui était là pour surveiller tout le monde... Un seul ? Il ne doutait de rien celui-là, comme s’il était impossible de se débarrasser d’une seule personne. Bon sang, Alhena, pas de précipitation. Elle devait juste essayer de l’ignorer, de faire comme si de rien n’était... Il n’empêche qu’elle n’aimait pas cela. Le félin dans ses bras se hérissa légèrement, en réponse à ce début d’énervement chez sa maîtresse.

Enfin, leur prof se montra. Pour sa part, elle laissa son animal de compagnie revenir sur le sol et filer. Pas de félin en plein cours. Puis elle porta son attention sur l’adulte... À l’instant même où les parchemins se mirent à voler dans tous les sens. Hé bien ? Leur chère professeur serait-elle sur les nerfs ? Peut-être un peu, mais qui ne l’était pas ? Toujours est-il que les feuilles s’éparpillèrent un peu partout. Par contre, vu comment elle leur parla suite à cela... La brune lui accorda un regard noir. D’où elle osait leur parler ainsi ? Mais qu’elle les ramasse elle-même ses feuilles ! Non, elle n’avait pas à leur parler ainsi ! Du calme... La demoiselle inspira tranquillement, retrouvant son calme. Ce n’était pas le moment de se laisser emporter... Allez, elle fit sa gentille demoiselle et ramassa les parchemins qui étaient tombés non loin d’elle et alla tranquillement les porter à l’intérieur, sur le bureau, tout en lançant un discret regard noir au membre de l’Organisation, le rendant responsable de la situation ! Mais elle n’eut pas le temps de ressortir que la blonde leur dit qu’ils pouvaient tous rentrer.

-Hein ? ne put-elle retenir.

Quoi ? Comment ça prendre place ??? Heureusement, les explications virent très vite. Ok... Elle avait compris... Mais un cours théorique, franchement ! Non, c’était horrible ! Tout l’intérêt de ce cours résidait dans l’observation du vivant, dans la possibilité de pouvoir toucher, observer leurs sujets d’étude ! Alors un cours théorique, autant rester à la bibliothèque et ouvrir un livre, ce serait la même chose ! Oui, la jeune Reale était un peu dure mais elle avait tellement l’habitude des ’’travaux pratiques’’, elle aimait tellement cela, et ce depuis sa première année même étant donné qu’elle faisait partie du club de Soin aux Créatures Magiques depuis cette année là ! C’était du jamais vu... Avec un soupir très prononcé, elle finit par rejoindre une table vers le milieu de la salle et, après avoir dépoussiéré et vérifié qu’elle pouvait encore supporter le poids de quelqu’un, ce qu’elle fit avec un petit sourire amusé, elle se laissa tomber à sa place, à côté d’un de ses camarades. Non, même pas à côté de son frangin, même s’ils n’étaient pas très loin l’un de l’autre et qu’ils n’auraient pas le moindre problème pour communiquer s’il leur en prenait l’envie.

Le cours commença enfin, même si la bleue et bronze faisait légèrement la tête. Pas de travaux pratiques... Bon, à défaut de pouvoir améliorer ses connaissances sur le terrain, elle réviserait les théoriques alors. Réviserait voir mieux : complèterait ! Oh oui, cela pourrait se révéler très intéressant. Même si elle préférait la pratique... Mais vu que ce ne serait pas le cas pour la journée, autant se contenter de ce que l’on a. Alors, le parchemin qu’elle leur montra... Vierge ? Ah mais heu... Apparemment c’était normal. Créature invisible donc, tout du moins à la majeure partie des personnes. Une créature correspondant à ce critère... Le sombral ? Premier animal à lui venir à l’esprit, même si pour sa part ceux-ci étaient visibles. Mais non, vu le second indice que Mme Denforth leur donna, ce n’était pas cela. Extrême-Orient... Voyons... L’adolescente ferma les yeux deux petites secondes le temps de rassembler ses souvenirs. Ces paroles faisaient écho dans sa mémoire, il fallait juste qu’elle retrouve le bon tiroir... Et... Oui ! Trouvé ! Elle leva donc rapidement la main, juste le temps que la prof la repère, puis prit la parole, puisqu’ils étaient tous invités à le faire.

-Vous voulez nous faire étudier les demiguises, professeur ?

Demiguise. Animal ressemblant beaucoup à un singe et que, comme l’adulte l’avait dit quelques instants plus tôt, seuls quelques sorciers spécialement entraînés étaient capables de repérer. Un animal dont on utilisait le pelage pour faire des capes d’invisibilité. Ayant juste posé sa question, la demoiselle reposa sa main sur la table. Non, elle ne faisait pas étalage de ses connaissances. Elle avait juste déjà lu quelques trucs sur ces créatures, dans un ou deux des multiples bouquins de son père, ceux qu’elle avait pu récupérer. Bref. Elle ne pensait pas s’être trompée la créature évoquée étant la seule à sa connaissance qui réunissait ces critères. Après, si elle faisait erreur... Hé bien tant mieux, elle pourrait en apprendre davantage ! Pour le moment, elle n’attendait que cela : confirmation ou infirmation.

Liraz Brown jeta un regard rapide vers l’homme masqué qui se tenait debout, à quelques mètres qu’elle. Elle réprima difficilement son envie de grimacer. Ils étaient partout. Ils ne les laisseraient jamais tranquille. Ils s’étaient immiscés dans sa vie, dans ses rêves, dans sa famille. Elle les détestait. Elle détestait cette foutue organisation. Mais elle faisait son possible pour le cacher. Elle ravalait ses commentaires, baisser les yeux, et attendait patiemment que cela passe. Car cela passerait. Bien sûr. Cela passait toujours. Les bonnes choses, comme les mauvaises, avaient toujours une fin. Elle se répétait la maxime qu’elle avait un jour entendu Brownie dire à sa mère, et tachait d’oublier le rire d’insouciance de Zara quand elle l’avait entendue. Ou non, pas vraiment, elle se le remémorait plutôt. Il y avait quelque chose de magique dans ce rire. Il la sauvait, il la protégeait. Zara ne serait jamais atteint par le malheur au Pavillon, et quand Liraz y retournerait, elle serait en sureté, elle aussi. En sureté avec ses parents. Avec son frère. Avec Kéfir…

La Serpentarde trembla. Si d’ici là, il comprenait. S’il abandonnait les gens aux masques. Elle soupira. Elle aurait tout donné pour que ce soit le cas. Elle plongea sa main dans sa poche, et sursauta presque en posant ses doigts sur la boite en carton ensorcelée qu’il y avait dans sa poche. La boite de Dodo. Dodo était un veracrasse, ainsi appelé parce que le regarder donnait une furieuse envie de dormir, qu’elle avait trouvé dans la tour d’astronomie, en allant y lire quelques jours auparavant. Il était déjà dans sa très jolie boite en carton couverte de dessins, ensorcelée de façon à ce qu’il y rentre et qu’il puisse y respirer. En règle générale, elle n’aurait pas gardé un animal aussi idiot et ennuyant que Dodo, mais avec lui, il y avait un papier, avec son prénom à elle, d’une écriture qu’elle avait cru reconnaitre comme celle de son frère. C’était bien son genre, de lui donner un veracrasse. Enfant, il s’était mis en tête d’élever des escargots, et s’en était lassé très vite, laissant à sa sœur le soin de s’en occuper à sa place, venant juste pour vérifier qu’ils soient toujours là. Pour ce souvenir, Liraz ne se séparait pas de Dodo, et lui donnait la meilleure laitue qu’elle avait pu trouver, et regardait pendant de longues minutes cet animal hideux se mouver sur le sol quand elle le sortait de sa boite, après les cours, dans le parc. C’était un peu comme si Kéfir allait arriver d’une minute à l’autre, pour vérifier que Dodo soit toujours en sa possession. Comme s’il n’était pas avec eux. Comme si tout allait bien.

Crystal Denforth était en retard. Liraz jeta un coup d’œil à sa montre. Oui, assez. La brune aimait bien ses cours. C’était enfin une matière où elle ne restait pas assise à ne rien faire, si ce n’est recopier. C’était de la vraie pratique. Un vrai cours. Presque aussi intéressant que l’astronomie. Presque. La jeune fille ouvrit de grands yeux en entendant la voix sèche du professeur tout juste arrivée, et capta immédiatement son agacement. Elle se précipita pour aider, cherchant à démêler les sentiments de son professeur et les siens, qui se ressemblaient un peu au sujet de ces hommes masqués, et à occuper ses mains, le temps que son esprit vagabonde. Elle secoua la tête, et chercha à faire le vide, écoutant à peine les nouveaux mots. Mais la déception des autres monta en elle, et elle dut se raccrocher à la réalité. Un cours théorique ? Qu’est-ce que cela voulait dire ? Ces yeux se posèrent sur le membre de l’Organisation. Bien sûr…

Elle alla s’asseoir le plus loin possible de celui qu’elle considérait comme un intru, tachant de repousser de son esprit tout ce qui ne lui appartenait pas. Kéfir l’aidait, avant, à faire le tri. Il l’aidait à mieux vivre ce « don », comme l’avait qualifié un jour Zara. Cette malédiction elle aurait dû dire. Elle avait bien assez de ses propres sentiments pour que viennent s’y ajouter ceux des autres, surtout dans la situation actuelle. Faire le vide. Se concentrer sur soi. Sur son corps. Inspirer, expirer.

Elle jeta un regard sceptique au parchemin blanc. Sombral ? Non, c’est pas en Extrème-Orient ça. Liraz aurait bien aimé donner une réponse, faire gagner des points à sa maison, comme l’avait dit Madame Denforth, mais rien ne lui venait à l’esprit. Son truc à elle, ce n’était pas les cours de SACM, c’était la musique et l’astronomie. Elle s’en voulait, parfois, de ne pas être assez douée dans les autres matières. Son frère remportait plein de points pour Serpentard. Elle, presque jamais. Elle tourna lentement la tête vers Alhena en l’entendant. Alhena Reale. La sœur de Saiph. Liraz connaissait bien les Reales, très bien même, puisque Zara était la marraine du Serpentard. De son côté, Lili appréciait assez les jumeaux. Beaucoup même. Un petit sourire passa sur ses lèvres, avant qu’elle ne se concentre à nouveau. Demiguise, demiguise… Elle avait lu ça quelque part. Cela faisait un moment que son père ne lui avait pas envoyé de roman, ou de lettre tout court même, et elle en était arrivée à lire ses manuels scolaires. Elle avait déjà lu quatre fois l’astronomie… Oui, c’était forcément ça. Elle leva la main, prête à épater son professeur. Sa voix était tremblante, une boule de stress lui compressait l’estomac, mais Liraz arriva à articuler d’une voix forte et intelligible ce qu’elle avait appris. « Je pense comme Alhena. Les Demiguises ont la faculté de se rendre invisible. Sinon, ils ressemblent à de grands singes. On se sert d’eux pour faire des capes d’invisibilit… »

La voix de Brown s’était éteinte petit à petit. Elle n’aimait vraiment pas parler devant autant de personnes. Elle rougit, mais tenta un petit sourire… Elle n’était pas morte !

Son regard glissa vers l’homme masqué. Pas encore…

- Bien miss Reale, 5 points de plus pour Serdaigle. Miss Brown, vos précisions sont exactes, 5 points de plus pour Serpentard !

- Bien. Comme vous l'avez donc compris, nous allons étudier les demiguises aujourd'hui. Tout d'abord, un demiguise, comme l'a dit votre camarade, ça ressemble à un singe, en plus gracieux bien évidemment.

Spoiler:

- Les croquis originaux de demiguise sont très rare, mais je peux vous assurer que celui-ci est un original. Comme vous le voyez, le demiguise possède de la fourrure argentée sur tout son corps, excepté sur ses doigts et sa bouche. La plupart du temps, ses grands yeux noirs sont cachés par ses cheveux. C'est un animal très timide qui a la particularité de devenir invisible à volonté. C'est d'ailleurs presque son seul moyen de défense contre d'éventuels prédateurs. C'est un herbivore paisible qui mange principalement des feuilles mais aussi toute sortes de fruits qu'il peut trouver dans son environnement naturel. Ses poils sont utilisés par les sorciers pour confectionner les capes d'invisibilité. Malheureusement, le demiguise semble être en voie d'extinction. Nous ne possédons pas assez de sorciers entraîner pour estimer avec précision combien il en reste dans la nature, mais des chercheurs ont parcouru tout l'Extrème-Orient pendant de nombreuses années et ils ont remarqué au fil des ans qu'il y a de moins en moins de traces laissées par les demiguises. En effet, l'animal peut se rendre invisible, mais ses traces de pas et ses déjections ne le sont pas. Si vous avez fini de prendre des notes, vous pouvez aussi reproduire le croquis du demiguise.

-Je vous ai dit tout à l'heure que nous ne pouvons pas voir les demiguises. Je suppose que vous savez également que lorsqu'on met deux personnes sous deux capes d'invisibilité différentes, elles ne se voient pas non plus. Je vais donc vous poser deux questions. A votre avis, comment les demiguises peuvent-ils savoir si un de leur congénère est près d'eux ? Et quel peut être l'entraînement des sorciers pour parvenir à les repérer ? Ne vous précipitez pas, réfléchissez bien à ces questions. Faites un petit brouillon à l'écrit, je veux une réponse la plus précise possible. Plus elle sera précise, plus elle rapportera de points à votre maison !

Alhena se retourna légèrement lorsqu’elle entendit une autre voix prendre la parole. Une voix qu’elle connaissait depuis bien des années, celle d’une certaine Serpentarde. Liraz ? Oui, c’était bien elle, c’était bien sa cousine de cœur. Mais elle n’avait pas tellement l’habitude de l’entendre, c’est ce qui la surpris très légèrement. Mais ses connaissances étaient exactes, la Serdaigle devait bien l’avouer. Même si cela faisait un poil étalage de connaissances mais bon, elle n’allait rien dire. Au contraire, elle lui adressa un sourire chaleureux sans toute fois se soucier de savoir si elle l’avait vu ou non. Elle aurait pu dire tout cela, mais que sa camarade en parle était tout aussi bien. La bleue et bronze avait lancé l’idée, la verte et argent avait complété. Parfait, non ? Oui. Même si son jumeau aurait parfaitement été capable de le faire aussi... Bref. Il fallait à nouveau se concentrer sur le cours, ce qu’elle fit plutôt distraitement, non sans jeter un regard noir au type qui surveillait leur classe. Pff... Non, l’ignorer, cela vaudrait mieux pour tout le monde.

Heureusement, la voix de Miss Denforth la tira de ses pensées, captant toute son attention. Ah, elle avait vu juste... Bon, bah elle pouvait retourner dans ses pensées alors... Distraitement, elle sortit un plume et un parchemin sur lequel elle se mit à griffonner une esquisse... Elle n’avait jamais eu l’occasion de voir la créature en question, même dans les livres du manoir. Ou alors son cousin avait embarqué le seul... C’était très probable. Flute. Non, elle ne faisait pas tellement attention au fait qu’elles avaient toutes deux fait gagner des points à leur maison. Oui, bien sûr, ce n’était pas à négliger mais bon, ils avaient autre chose à penser pour le moment... Mais elle se détacha bien vite de ses esquisses pour s’intéresser au croquis que leur prof leur montrait. Ouah ! Génial !!! Les yeux de la demoiselle se mirent à pétiller. Ce genre de dessin était rare ! Durant de longues secondes elle observa cela, essayant de photographier mentalement les moindres détails... Puis elle entreprit de prendre en note les informations qui lui manquaient, essayant de reproduire sur une feuille annexe le croquis du demiguise. Voilà que le cours théorique se révélait intéressant. Surtout qu’ils parlaient d’une créature capable de se rendre invisible, alors un cours pratique, franchement... À cette idée elle eut un petit sourire et ramena derrière son oreille une mèche de cheveux qui la gênait. Bon, ce n’était pas le moment de rire.

Lorsqu’elle eut fini, quoiqu’étant très insatisfaite de son croquis mais c’était habituel, elle n’était pas très douée en dessin et elle ne pouvait que faire des esquisses rapides qu’elle redessinait ensuite avec soin pendant plusieurs heures, elle posa sa plume et sortit une nouvelle feuille. Réfléchit quelques petites secondes, laissant son regard faire le tour de la salle... Non, décidément, elle préférait l’extérieur... Enfin... Soupirant, elle entreprit d’améliorer son dessin, y mettant plus de détails, affirmant les traits, corrigeant ceux qui ne convenaient pas... Toute occupée à ses traits, elle faillit sursauter lorsque la prof reprit la parole. Levant alors le nez de son parchemin, elle l’écouta à nouveau. Deux questions... Oooh, bonnes questions, en effet ! Elle laissa cela de côté et, sur l’autre parchemin sorti, elle entreprit de mettre à l’écrit toutes les idées qui lui venaient à l’esprit. Cela se résumait à quelques mots par-ci par-là, résumant les grandes idées... Mais une chose l’embêtait... Fronçant les sourcils, elle prit quelques instants pour tourner et retourner la seconde question dans son esprit. En quoi pouvait bien consister l’entraînement des sorciers spécialisés ? Là, il faut dire qu’elle avait un peu de mal à voir... Mais tant pis. Le temps de mettre un peu d’ordre dans ses pensées, elle leva timidement la main puis la rabaissa aussitôt. C’était parti.

-Si je peux repartir sur l’exemple des capes d’invisibilité... Deux humains ne peuvent pas se voir, d’accord, mais les animaux peuvent nous repérer car ils ne se basent pas uniquement sur la vision. Non, ils ont une ouïe et un odorat bien plus développé que nous autres, êtres humains, ce qui fait qu’ils ont toujours un avantage vis-à-vis de nous. Je ne prends pas en compte la vision infrarouge de certains animaux et de certains reptiles, entre autres, puisque ceux-ci repèrent les animaux à sang chaud grâce à la chaleur qu’ils dégagent. Sans doute que les demiguises se basent là-dessus pour se repérer entre eux. Pourtant, peut-être qu’ils ont développé la particularité de percer l’invisibilité pour leur permettre de se repérer entre eux. Après tout, les sombrals qui sont invisibles pour la plupart d’entre nous sont bien capables de se voir, alors pourquoi d’autres créatures n’auraient pas développé cette particularité ?

Légère pause de la demoiselle. Juste le temps de jeter un coup d'œil à ses notes, histoire de vérifier qu’elle avait tout dit. Mais oui, c’était bon. Hum, voilà qu’à présent elle devait passer à la seconde question. C’était ce domaine qui lui posait le plus de problèmes, il fallait l’avouer... Elle avait toujours plus été portée sur l’étude des animaux, non pas sur les différents stages que suivaient ceux qui les étudiaient. Enfin si, Cefeo lui racontait ses stages mais... Bref, là n’était pas le problème. En lien direct avec ses hypothèses, elle devait bien se lancer dans une autre.

-Quant aux entraînements... Vous n’avez pas spécifié clairement si les sorciers spécialisés pouvaient les voir lorsqu’ils étaient en mode invisible ou juste les repérer. Parce que dans le premier cas, je ne vois pas ce qui pourrait les aider à part trouver le moyen d’employer un révélio constant... Mais dans le second cas, ce serait sans doute plus un stage pour perfectionner notre sensibilité aux infimes détails de l’environnement. Car toute créature se déplaçant fait du bruit, une branche qui plie, qui craque, des feuilles qui bougent sans raison... En gros, tous les indices qui viennent indiquer qu’il y a dans les parages un animal invisible.

Elle en avait assez dit. Tout du moins, c’est là ce qu’elle pensait. Et elle avait, globalement, fait l’inventaire de ses idées. La fille Reale récupéra sa plume et la fit distraitement tourner entre ses doigts, observant la prof, ses réactions, attendant de savoir ce que les autres trouveraient comme explication. Elle ne prétendait pas du tout avoir trouvé la bonne solution, elle s’était juste basée sur ses connaissances et essayé de les appliquer sur un autre sujet. Il faut bien savoir réemployer ce que l’on a appris, non ? Elle passa une nouvelle fois une mèche de cheveux derrière son oreille et jeta un discret coup d'œil à son jumeau, histoire de voir un peu ce qu’il faisait, lui...

-Pas mal miss Reale ! Quelqu'un d'autre a des précisions à ajouter ? Ou une autre théorie peut-être ?

-...Théorie remarquable miss Johansen. Cependant vous n'avez pas répondu à la deuxième question. Quelqu'un d'autre ?

-Intéressant. Bien, je rajoute donc 10 points à Gryffondor et 30 points à Serdaigle.

-Actuellement en fait, on ne sait pas avec précision toutes les techniques qu'emploient les demiguises pour se repérer entre eux. On est cependant sûrs de certaines choses. Premièrement, les demiguises ont une ouïe très développée. Deuxièmement, des études ont été menées sur des demiguises gardés en captivités et les sorciers-chercheurs n'ont décelé aucun signe d'activité télépathique. Nous supposons donc que les demiguises en liberté n'en présentent pas plus. Nous pouvons donc écarter l'hypothèse de mister Scamander, mais c'était bien tenté quand même ! Les demiguises sont des animaux extrêmement timides, que ce soit envers des inconnus ou envers les membres de leur propre tribu. Les demiguises peuvent évidemment se "sentir" entre eux, mais pas beaucoup plus que vous ne pourriez sentir votre voisin s'il ne s'est pas lavé depuis quelques jours. Cependant, si ils décident de devenir invisibles, ils sont invisibles aux yeux de tous. Un groupe de demiguises a été observé pendant de longues années et il s'avère que lorsqu'un individu devient invisible, les membres de sa tribu l'ignorent totalement. Pour ce qui est du chant ... On peut dire oui et on peut dire non. En fait ils émettent constamment un son très aigu imperceptible pour des oreilles humaines, et canines, qui change de tonalité en fonction de l'état d'esprit et de l'état physique du demiguise. Lorsque le demiguise se rend invisible, il semblerait qu'il n'émette plus aucun son ce qui le rendrait indétectable pour les autres demiguises, à condition qu'ils ne repèrent pas son odeur. Plus un demiguise est jeune et en pleine santé, plus le son qu'il émettra sera aigu. A l'inverse, plus un demiguise deviendra vieux ou malade, plus le son qu'il émettra deviendra grave.

-Je pense que nous avons été assez précis sr la première question. Alors, maintenant que vous savez tout cela, avez-vous une autre idée de la façon dont les sorciers-chasseurs s'y prennent pour repérer les demiguises ?