Il fallait que je lui parle. J’étais décidée et personne ne pouvait me faire changer d’avis. Enfin tout était clair. J’étais irrévocablement amoureuse de ce Poufsouffle, de Seth Blackburn. J’en avais mis du temps pour le réaliser. On avait eu une courte histoire, quelques jours ou heures je ne sais plus et on avait brisé notre semblant de couple pour des bêtises. De l’incompréhension je crois. J’ai un peu honte de l’avouer – trop serpentarde que je suis – mais j’avais peur. Je n’avais jamais vécu ce genre de situation, avoir des sentiments toussa toussa. Et je crois qu’il n’avait pas compris ça, peut-être pensait-il qu’une fille de mon âge avait déjà eu une tonne de copains. Et bien ce n’était pas le cas. Shame on me.
Et il y avait eu l’épisode Durmstrang. Là-bas j’avais revue Kurt, je pensais que j’allais tout, que mes sentiments pour le russe serait plus intenses que ceux pour Seth. Un baiser et j’avais tout compris. Il n’y avait que Seth, il n’y avait toujours eu que lui. Tout ce temps pour s’en rendre compte. Remarque maintenant le plus dur restait à faire. Avec Seth on ne s’était pas quitté en bon termes, trop de colère et de rancœur. J’avais éprouvé de la haine pour lui et son incompréhension. Mais tout était différent désormais, je voulais que ça marche. J’avais mis ma fierté de côté pour aller lui parler.

C’est pour cela que j’attendais à la bibliothèque depuis déjà une heure. Il allait venir je le savais. Comment pouvais-je être si sur ? Simplement parce que mon ami Bryan, préfet en chef et Poufsouffle, s’était assuré de son emploi du temps. J’avais tout fait pour pouvoir lui parler. Bon la bibliothèque n’était pas le meilleur endroit pour parler mais il était sentimental. Il m’avait accosté pour la première fois ici et il m’avait embrassé. Mon premier baiser. Je souriais à ce souvenir.
J’allais m’installer à la table où j’étais la première fois, de ce fait je pourrais le voir arriver et l’entrainer au calme derrière une étagère pour parler. Je ne portais qu’un chemisier blanc, ma jupe d’uniforme et ma paire de converse verte. Etant en fin d’après-midi, porter l’uniforme n’était plus obligatoire. Et pour parler avec lui je n’avais pas tellement envie de lui infliger mon blason serpentard en plein visage. A ce moment-là nous serions Louve et Seth et non Serpentard et Poufsouffle.

Je stressais. Une grande première pour moi. Jamais je n’avais laissé l’appréhension, la peur ou quoique ce soit d’autre s’emparer de moi. J’étais trop fier pour me laisser impressionner. Mais aujourd’hui il fallait que je baisse la garde, que je lui montre que j’étais sincère. Mes mains pianotaient sur la table. Et mon cœur fit un bond. Il venait d’entrer dans la bibliothèque. A force de ne plus le regarder pendant des heures à son insu – oui j’étais une de ces filles qui matent l’élu de leur cœur – j’avais oublié à quel point il était mignon. Rapidement je me levais et allais me placer de l’autre coté de l’allée de bouquins juste derrière la table. Il viendrait s’assoir là, c’était sa table préférée. Il fallait juste que j’attende le bon moment pour enfin me déclarer.

Seth avançait dans les couloirs, seul. Ces derniers temps la solitude était devenue sa coéquipière, son amie, sa seule confidente. Il aimait pouvoir faire le point sur les récents évènements. Autrement dt, faire le point sur les sentiments qu'il éprouvait envers Louve. Louve. Elle hantait son esprit, de jour comme de nuit. Il ne pouvait plus faire la moindres action sans penser à Louve. Depuis leur rupture et surtout depuis qu'il l'avait surprise en train de flirter avec Kurt, il n'était plus vraiment le même. Blasé, sombre, vide. Totalement vidé de toutes émotions.

Emmitouflé, dans son gros pull jaune, le jeune homme entre dans la bibliothèque. Lieu de leur rencontre. Lieu de leur premier flirt. Lieu de leur premier baiser. Lieu de ses premiers sentiments. Ô lieu damné. Il ravale un sanglot. Les yeux perlés de larme, Seth se dirige vers le bureau de la bibliothécaire. Son pas est plus lent, beaucoup plus hésitant. Sans moufter, il y déposa son livre, tourna les talons et alla se balader dans les nombreux rayons de la bibliothèque.

Pas de cours à préparer. Pas de ronde à faire pour vérifier l'état des couloirs. Pas de devoir à faire. Rien du tout à faire! Il est libre comme l'air et, pourtant, il reste encré à la bibliothèque. Comme si quelque chose le retenait. Il vaque sans vraiment savoir que faire. Du coin de l'œil il repère une table vide. Sa table préférée. Celle où ils se sont rencontrés, celle où ils ont parlé. Les mains tremblantes, il s'avance lentement vers celle-ci. Il posa sa main dessus et s'arrêta. Seth s'assit. Il souffla. Et se releva. Il ne pouvait pas rester ici, trop de souvenir, trop de rancœur, trop de vécu. Il se releva et recommença à vaquer. Louve demeurait toujours omniprésente dans son esprit.

Alors qu'il s'apprêtait à partir, il remarqua une chevelure, noire, épaisse. Louve ? Il fit mine de faire une dernier ronde dans les rayons, et au moment où il passa à côté du rayon en question, il pu la voir. Louve. Elle était là depuis le début. Elle l'observait, derrière ce rayon depuis le début ? Ils se fixèrent, sans dire un mot. Seth ne bougeait pas. Il était bien trop étonné de voir Louve. Il ne savait que dire. Il ne voulait pas lui parler, elle avait fait trop de mal en flirtant avec Kurt. Elle avait jouait avec Seth comme on joue avec un pantin en bois. Au bout de quelques secondes, ou bien quelques minutes, il se rapprocha de la belle Verte&Argent. Arrivé à quelques centimètres d'elle il parla pour la première fois.

«  Tu cherches quelqu'un Kaffman ? »

Elle n'étais plus Louve. Elle n'était plus sa Louve. En flirtant avec Kurt, elle était devenue une inconnue aux yeux du Blackburn. Ou plutôt une moins que rien. Tel un vautour qui chasse sa proie , Seth commença à tourner autour de la jolie Louve Kaffman. D'où il était il pouvait humer son parfum. Il fut parcouru d'un léger frisson. Après tout ce temps et avec tant de rancœur, elle arrivait encore à le faire chavirer.

«  Peut-être Kurt. Ou encore Abel ? Ou bien un autre ? T'en as pas marre de flirter avec tout ce qui passe sous tes yeux ? T'en a pas marre de te foutre des sentiments des autres ? De jouer avec eux ? On est pas des jouets Louve ! Je suis pas un jouet, merde ! J'aurais jamais cru te dire ça un jour, mais après tout ce que t'as fait, tout ce que tu m'a fait subir ces derniers temps, tu me répugnes, et ce, au plus haut point! Tu me dégoutes comme jamais personne ne m'a dégouté !  »

Il crachait enfin son venin. Seth se libérait enfin de ses idées noires. Il s'arrêta en face de Louve, un face à face s'imposait. Il voulait blesser Louve. Lui faire mal comme elle, elle, lui avait fait mal! Il avait besoin de de dire tout ce qu'il avait sur le cœur pour pouvoir se libérer de cette mauvaise période. Pour pouvoir se libérer de Louve, et enfin redevenir lui même.

Je n’avais eu besoin d’aller le chercher, il m’avait trouvé tout seul. Il s’était tourné dans ma direction comme si il avait su que j’étais là. Seth s’était avancé dans l’allée de la bibliothèque pour se planter face à moi. J’étais incapable de parler, mes yeux se braquant sur lui. Je réfrénais mon envie le serrer contre moi. Et puis il parla. Depuis quand m’appelait-il par mon nom de famille ? Je fronçais les sourcils , il était tout près de moi. Et là il se mit à parler, à cracher son venin. Je jouais avec les hommes, avec Kurt, Abel et tout ceux qui passaient par là. Je me foutais des sentiments, je les prenais pour des pantins. Et je le répugnais.

J’avais le cœur au bord des lèvres, il me blessait. Et en plus de cela il me foutait en rogne. Pensait-il vraiment toutes ces choses ? Il ne connaissait pas la vérité et il osait proférer ses insultes, il était même en train d’insinuer que j’étais une.. Je serrais les dents et laissais ma colère s’exprimer. J’empoignais Seth par le col et le plaquais contre l’étagère. Il était surprit et essayait de se libérer. « Tu essaies de me faire du mal n’est-ce pas ? Tu veux me prouver que tu es plus fort que moi ? » Je le fixais dans les yeux, essayant à tout prit de ne pas laisser mes larmes couler. Ma fierté de serpentarde que je voulais mettre de côté venait de me rattraper au galop. « Seth…Je voulais simplement parler avec toi, te dire tout ce que je ressens pour toi. Mais je ne sais pas si ça servira à quelque chose étant donné ce que tu viens de me dire. Toutes ces conneries que tu te forces à croire juste pour oublier que tu souffres autant que moi… »

Parler aussi durement servait à cacher ses émotions. J’en étais persuadée, simplement parce que je faisais pareil. Je n’aimais pas me montrer vulnérable. Et tout Poufsouffle qu’il était, il agissait comme un serpentard. Je desserrais ma poigne sur son col, faisant glisser mes doigts jusqu’à son cou. Je penchais ma tête dans le creux de son cou, respirant son odeur. « Kurt n’était rien…Rien comparé à toi. Je m’en suis rendue compte trop tard. Et Abel, je ne connaissais même pas son nom, il s’est mis à agir étrangement dés que j’étais près de lui. Mais je me fous d’eux… Le seul qui compte c’est toi. Ca toujours été toi. Je sais que tu ne me crois pas, que tu crois que je suis un monstre sans cœur..C’est faux c’est juste que mon cœur, je te l’ai donné le jour où tu m’as embrassé… » Et là, ce que je craignais le plus se produisit. Une larme roula sur ma joue, s’écrasant sur la peau de son cou. Puis plusieurs autres, je pleurais. Ca ne m’arrivait que très rarement. C’est tout mon corps qui tremblait sous le coup de l’émotion. Seth n’avait pas bougé tout le long de mon discours. Je me relevais doucement, essuyant mes larmes du revers de la main et le fixais dans les yeux. «Je… Seth tu n’es pas le seul à souffrir.. Tu n’es pas un pantin, tu ne l’as jamais été. J’ai juste…Peur oui j’ai peur. Je ne sais pas comment agir avec le garçon que..»

J’avais encore du mal à le dire. Comment ces quelques mots pouvaient-ils me tenir en otage comme ça ? Ils étaient sur le bout de ma langue mais refusaient de sortir. Mes larmes reprirent. Je savais qu’à ce moment-là il pouvait faire ce qu’il voulait de moi. En quelques mots il pourrait me détruire, me réduire à néant. J’étais à nue devant lui et je priais pour que cela se termine de la meilleure manière qui soit…

Seth se libérait enfin, il allait enfin pouvoir tourner définitivement la page Louve Kaffman. Elle l'avait voulu. Après tout, si elle ne voulait pas que leur idylle se termine ainsi, elle aurait dû faire le nécessaire pour éviter cela. Et flirter avec tout se qui bouge n'était pas la bonne solution. Il s'arrêta en face d'elle, pour mieux la regarder, pour mieux voir sa réaction. Seth espérait pouvoir discerner un semblant de déception, de regret. Et pourtant, son visage ne laissait rien transparaître, aucun sentiment.

Et pourtant, au bout d'un court instant d'attente, elle réagit. Sans vraiment comprendre comment, Seth se retrouva plaqué contre l'étagère se trouvant derrière lui.« Tu essaies de me faire du mal n’est-ce pas ? Tu veux me prouver que tu es plus fort que moi ? » Il risqua un regard vers les deux billes vertes de Louve. Des gouttelettes d'eau commençaient à apparaître. Il avait gagné. Mais à quel prix ? Il sentait déjà l'apparition d'un élan de culpabilité. Il inspira. Il ne voulait pas céder et s'excuser si facilement. Il avait trop souffert ces dernières semaines pour tout oublier si facilement, si rapidement. Cela aurait été beaucoup trop simple. Il baissa les yeux, s'il ne voulait pas céder, il ne devait pas la regarder de face. « Seth…Je voulais simplement parler avec toi, te dire tout ce que je ressens pour toi. Mais je ne sais pas si ça servira à quelque chose étant donné ce que tu viens de me dire. Toutes ces conneries que tu te forces à croire juste pour oublier que tu souffres autant que moi… »

Seth ne comptait pas parler. Il voulait voir les explications de Louve et ce, jusqu'au bout. « Kurt n’était rien…Rien comparé à toi. Je m’en suis rendue compte trop tard. Et Abel, je ne connaissais même pas son nom, il s’est mis à agir étrangement dés que j’étais près de lui. Mais je me fous d’eux… Le seul qui compte c’est toi. Ca toujours été toi. Je sais que tu ne me crois pas, que tu crois que je suis un monstre sans cœur..C’est faux c’est juste que mon cœur, je te l’ai donné le jour où tu m’as embrassé… » Elle pencha sa tête dans le creux de son cou. Que voulait-elle ? Seth frissonna un court instant. Il était à la limite de céder en sentant les larmes de Louve sur son cou. Il recula d'un pas. Il ne voulait aucun contact physique avec elle, pas pour l'instant.«Je… Seth tu n’es pas le seul à souffrir.. Tu n’es pas un pantin, tu ne l’as jamais été. J’ai juste…Peur oui j’ai peur. Je ne sais pas comment agir avec le garçon que..».

Il n'avait toujours pas moufter et, pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Il attendait simplement le moment opportun. Il était tiraillé avec lui même. D'un côté il voulait tout oublier et tout lui pardonner, dans l'espoir de reformer le couple qu'ils avaient si bien formé. D'une autre part, il ne voulait pas lui céder si facilement, il voulait continuer son explication …

«  Peur de quoi ? Quand je t'ai vu avec Kurt, tu ne me semblais pas tant apeurée!  »

Il recommença à tourner autour d'elle tel un vautour. Il n'allait pas céder, il n'allait pas craquer et s'excuser et surtout il n'allait pas pleurer en face de Louve. Il avait dépassé ce stade là. Il s'arrêta à l'ouverture sur l'allée, il ne voulait pas voir Louve fuir si vite.

«  Et surtout, la prochaine fois évites de pleurer sur mon épaule. Parce que pour tout te dire, j'ai trouvé ça pathétique.  »

Je bouillonnais intérieurement. Je venais de me mettre à nue devant lui, ravalant ma fierté pour lui avouer mes sentiments et lui… Il me remballait d’une phrase. Me brisant de nouveau. Les larmes que j’avais versées pour lui je les regrettais amèrement. Comment j’avais pu croire qu’il serait tendre ? Ce garçon était incapable de ressentir quelque chose, d’aimer…
Mille et une tortures me venaient en tête. Tout ce que je venais de dire, d’avouer, tout ça était balayé par la colère. Oui j’étais en colère, et même plus que ça. Il tournait autour de moi comme si il était un vautour, mais je n’étais pas une proie. Loin de là. Je me tournais pour lui faire face et lui donnais une gifle magistrale. Abasourdi il se tenait la joue, me fixant avec surprise. « Ce que je peux être conne. Non mais vraiment. » Je me passais la main sur le visage, effaçant mes dernières larmes avant d’éclater de rire. « Comment j’ai pu croire tu pouvais être capable de pardonner et d’aimer. Tu as raison tu es un pantin, un pantin sans cœur. Tu reproches aux autres ce que tu fais avec brio. Tu peux me reprocher tout ce que tu veux, mais au fond toi comme moi savons que ce n’est pas moi qui souffrirai le plus. »

Je n’arrivais plus à penser correctement. Il me mettait hors de moi. Il se prenait pour qui ? C’était un jeu pour lui de faire du mal à une serpentarde, de se montrer supérieur à elle et de pouvoir crier sur tout les toits qu’elle a pleuré ? Oh ça oui il allait prendre un malin plaisir à le raconter, mais qu’importe. Il pouvait raconter ce qu’il voulait mais il ne s’en tirerait pas aussi facilement. « Fais ce qu’il te plait Seth. Amuse toi à raconter à qui tu voudras que la serpentarde que je suis s’est montré faible et a pleuré comme une gamine. Mais crois moi tu le regretteras amèrement. Tout ce que je viens de te dire, oublie le, ça n’a pas de raisons d’être. »

Je le fixais. Si mes yeux avaient pu l’avadakadavriser , il ne serait déjà plus qu’un corps sans vie, encore fumant. Décidément une serpentarde amoureuse et blessée n’en était que plus dangereuse. Pourquoi avais-je voulu lui parler ? Si je m’étais tenue à l’écart, tout aurait été comme avant. J’aurais souffert en silence, je l’aurais observé de loin et je ne me serais pas brûlée les lèvres à tout lui avouer. C’est fou comme la colère se propage aussi vite, comme un poison qui coule dans les veines. Ca prend du temps, ça s’emplifie. Là à ce moment présent, c’est ce que je ressens. Et je vais me venger, il va le sentir passer. Je sortis ma baguette et la pointais doucement vers lui, un sourire étirant mes lèvres.
Il me regardait de nouveau avec surprise. « Tu pourras toujours dire autant de méchancetés, de cochonneries mais elles ne seront jamais aussi dégoutantes que celles-ci… Crache limace.» Je l’avais murmuré. Une faible lumière était sortie de ma baguette, le frappant en pleine poitrine. Seth recula un peu et son visage pâlit. Je savais ce qui allait se passer, je voulais voir ça.

La réaction ne tarda pas. Il eut un soubresaut et se pencha en avant, crachant une belle et grosse limace. Bien baveuse en plus. Je souriais franchement. Lui par contre ce n’était pas la grande forme. « J’ai hâte de te voir vomir des limaces partout où tu marcheras. Peut-être que tu comprendras qu’il ne faut pas s’en prendre à moi…Et dernière chose, si tu tentes encore une fois de me faire du mal, de me rabaisser, je me vengerais. Ca sera pire que des limaces. Renseignes toi sur le Sectumsempra, ça devrait calmer tes ardeurs..»
Je le regardais cracher ses limaces. C’était douloureux je le savais. Mais rien ne serait pire que ce que je ressentais à l’intérieur de moi-même..

« Et surtout, la prochaine fois évites de pleurer sur mon épaule. Parce que pour tout te dire, j'ai trouvé ça pathétique. » Le remord faisait son apparition dans la haine de Seth, telle la première fleur du printemps qui brise le doux châle blanc hivernal. Il sentait cette pointe d'amertume s'accentuer, à tel point, qu'il ne voulait plus parler, de peur de dépasser les limites du raisonnables. Plus sa haine s'estompait, plus il regrettait ses paroles. Un instant, il eût envie de s'excuser, de la prendre dans ses bras, de la cajoler & surtout de l'embrasser.

C'était à son tour de cracher son venin, d'enfin tout extérioriser. Il osa un regard vers elle. Louve était dans le même état que celui de Seth il y a quelques instants. Elle essuya ses larmes : les choses sérieuses allaient commencer... Elle n'avait pas tord. Seth le savait : c'était lui seul le fautif de leur rupture. Mais aveuglé par la rage, il avait tout oublié pour se focaliser sur une chose : Kurt. Aux yeux de Seth, elle avait dépassé les limites. Mais pourtant, au fond de lui, le jeune Blackburn savait pertinemment qu'il avait tord et ce sur toute la ligne. Au moment des faits, les deux tourtereaux n'étaient plus réellement ensemble! Seth la regardait s'agiter sur place, sans vraiment l'écouter, il se mordait la lèvre.

Noyé dans ses pensées depuis quelques minutes, il fut ramener à la réalité lorsque Louve sortit sa baguette. Un œil plus ouvert que l'autre- signe de son incompréhension la plus totale- il resta figer sur place. Que comptait-elle faire ? Seth n'en avait aucune idée, il espérait qu'elle daigne la ranger et qu'elle quitte les lieux au plus vite. Il ne voulait plus d'explication, il ne voulait plus de guerre, il voulait juste quitter cette satanée bibliothèque. Sa respiration ralentit; il attendait, presque avec impatience, que la sentence tombe.

Et, enfin, un jet de lumière apparu. En un dixième de seconde il avait déjà percuté le poitrine de Seth. Il se recroquevilla sur lui même, senti ses intestins s'agiter de ci de là. Il lança un regard horrifié vers Louve. Puis, après quelques secondes de douleurs, il sentit un reflux provenant de son ventre. Et, il cracha une limace. Dégout, déception, haine. Il ne savait plus quoi penser. Il avait, certes, été dur avec Louve, mais pas au point de céder aux attaques physiques. Et pour une énième fois dans la journée, ses mains tremblaient, tremblaient de rage.

Tandis que Louve se délectait du spectacle, Seth mit ses mains dans la poche centrale de son pull jaune canari. Au contacte de sa baguette, il sentit un léger frisson parcourir son corps : il n'allait pas se laisser faire si facilement. Depuis qu'elle avait lancé son sortilège, Seth avait bien dû cracher une demie trentaine de limace. Inlassablement, elle continuait de menacer Seth. Il sortit lentement sa baguette de sa poche. Une légère brise se fit sentir. Seth essayait de se canaliser. Seul Louve savait tant le faire sortir de ses gonds. Sans vraiment réaliser ce qu'il faisait, les limaces qui étaient à terre se mirent à flotter dans les airs et à tournoyer lentement autour de lui. Il lança un regard haineux à Louve, un rictus diabolique s'esquissa sur son visage. Et dans un silence presque religieux il pointa sa baguette en direction de Louve. Regard horrifié, elle venait de comprendre la supercherie. Et d'un coup toutes les limaces se dirigèrent à toute vitesse en direction de Louve. Elle n'était pas la seule à savoir se servir d'une baguette.

Il la regarda, à terre, croupissant sous les limaces, en cracha une énième et tourna les talons. Il voulait quitter la bibliothèque, leur petit règlement de compte touchait à sa fin. Il avait vidé son sac, elle aussi, il n'y avait aucune raison de resté dans ce lieu infâme. Il trottina pour quitter la salle sans qu'on le voie cracher des limaces toutes les dix secondes. Puis il quitta l'enceinte du château pour aller cracher ses limaces à l'air libre. Au moins, elles, elles seraient heureuses dehors …

J’avais voulu utiliser la magie, mais je n’avais pas été la seule. Seth s’était vengé de mon petit tour. Ses nouvelles camarades m’avaient atterries dessus. Immonde. Mais je l’avais bien cherché. Il avait tourné les talons, crachant toujours des limaces. J’avais été un peu trop loin mais il m’avait tellement fait mal. Seth Blackburn était ma plus grande faiblesse. En quelques temps il était entré dans ma vie, m’avait mise à genoux pour mieux me détruire. A ce moment précis, j’étais plus bas que terre. Et au nom de quoi ? De l’amour. De cette connerie. J’essuyais les trainées de baves sur mon visage et m’éloignais de ce tas de limaces, fuyant la bibliothèque. Sans m’en rendre compte les larmes s’étaient remises à couler. J’avais plus pleurer en une demie heure qu’en une année. Encore une des conséquences de ce Poufsouffle.

Dans les couloirs les gens me dévisageaient. Etait-ce parce que j’étais une serpentarde qui pleurait ou parce que j’avais de la bave sur mes vêtements ? De tout façon, partout où on va, quelqu’un est là à nous fixer. Pour une fois je n’en faisais rien. J’avais autre chose en tête. Je me dirigeais tout droit en dehors de l’école, bousculant les autres élèves au passage.

Il fallait que je sorte. Je suffoquais. Ma peine était telle que j’avais l’impression que mon cœur allait jaillir de mes lèvres. Jamais je n’avais été si mal. Le parc se profila devant moi, ainsi que le lac mais il me fallait un lieu isolé. Je voulais être seule. J’accélérais le pas vers la forêt interdite. Pendant la journée je ne risquais absolument rien. J’entrais dans le bois, pleurant toujours. J’avançais encore afin de ne plus être vue et lentement je me déshabillais. Je déboutonnai mon chemisier qui glissa par terre, ma jupe suivit le chemin et je me débarrassais de mes baskets. Et j’entamais ma transformation.

Tout mon corps se tendit. J’entendis mes os craquer tandis que mes membres changeaient de forme et se couvraient de poils. J’avais l’impression que c’était plus douloureux lorsque mes émotions étaient si fortes. Comme les autres fois je me retrouvais à quatre pattes, le museau sur le sol. Ma forme animagus rendaient mes émotions moins humaines, en théorie. Parce que là c’était pareil. Je me couchais , la tête sur les pattes et je gémissais. J’avais mal au cœur. Il me l’avait brisé, broyé, piétiné. Seth avait tout détruit sur son passage comme un avada kadavra bien lancé. Comment un poufsouffle pouvait-il faire autant de mal ? Je ne savais pas si j’arriverais à m’en remettre. Il me faudrait du temps, beaucoup de temps. Pour au moins relever la tête.