Les joies de la famille.

Elle courait dans tous les sens. Elle avait envie de s’arracher les cheveux. Sa vie était un désastre, et il fallait qu’il rajoute encore un peu à son désarroi. Elle n’en pouvait plus. Elle n’en pouvait plus d’être la risée de l’école, de subir des moqueries à longueur de journée, et des farces débiles de son petit frère. Non, elle allait craquer. Elle courrait sans s’arrêter, en crachant l’air que contenaient ses poumons. Les gens devaient la voir encore plus pour une folle comme ça. Cela n’arrangeait pas son cas. Mais elle devait l’attraper. Elle devait lui faire un sermon. Elle n’en pouvait plus de ce gosse. Chaque jour, il inventait une nouvelle bêtise à faire, une nouvelle règle à briser, une nouvelle personne à humilier. Et elle savait à quel point être humilié pouvait briser une personne. Elle le subissait chaque instant, et chaque soir elle pleurait dans son lit, rêvant d’une vie où les gens la comprendraient et l’accepteraient. Mais quand elle se réveillait chaque matin, elle constatait amèrement que sa vie n’avait pas changé, qu’elle était toujours la même.

Elle n’en pouvait plus. Son souffle était court, elle allait clamser, tout ça à cause de ce petit débile. Ce petit débile qui ne comprenait rien, qu’on avait beau disputer à mainte et mainte reprise mais qui ne changeait pas d’un pouce. Leur course les entraina dans la salle commune des Gryffondor. Il était pris au piège, sans échappatoire. Un tapis. Une chute. Il ne pouvait vraiment plus aller nulle part. Mais avec ce qui lui était arrivé au JO, elle s’inquiétait de son état de santé, de sa jambe. Elle accourut vers son frère, le visage pâle. Mais au vu de la phrase qu’il lui lança, il n’était pas si mal en point que ça. Son visage s’empourpra, comme à chaque fois qu’elle était sur le point de l’enguirlander. « Que j’te lâche ? Tu veux que j’te lâche ? Nan mais quand est ce que tu vas grandir un peu Rod ! T’en as pas marre de faire tout le temps des conneries ? J’ai assez de problèmes comme ça pour en plus avoir à gérer ton bordel ! »

Elle allait exploser, elle n’arrivait pas à se calmer. Ses pensées se bousculaient dans sa tête. Les cadavres, la licorne noire, le feu, sa tête heurtant le sol. Tout lui remontait. Elle ne pouvait pas le contrôler, tous ces événements la frappaient en pleine figure. Des larmes lui montèrent aux yeux. Des larmes de rage, des larmes de peine. Sa vie était un désastre, et elle ne voyait pas la lumière au bout du tunnel. Elle ne la voyait plus. Elle recula, lui tourna le dos. Elle n’avait pas envie qu’il la voit comme ça. Elle n’avait pas envie qu’il voit ses failles. Pour lui, elle devait être la sœur forte, celle sur laquelle il pouvait compter, qui sera toujours la pour l’aider. Elle ne voulait pas qu’il constate à quel point elle n’était rien. A quel point elle était faible.

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Les joies de la famille.

Elle entendait à peine la voix de son frère. Ses yeux étaient remplis de larmes, son nez coulait. Elle renifla, la seule chose qu’elle était capable de faire en cet instant. Elle se sentait minable. Minable de craquer comme ça, devant lui. Minable de se laisser atteindre par toutes ces critiques, toutes ces moqueries. Il lui arrivait de vouloir disparaitre pour de bon, de laisser libre cour à son chagrin. Mais elle se rappelait toujours qu’il était là. Elle ne pouvait pas le laisser seul, il avait besoin de lui. Elle tenait grâce à lui. En le surveillant, en le disputant, elle se sentait utile. Mais elle en avait plus qu’assez. C’était trop, bien trop pour elle. Elle n’avait pas les épaules pour supporter cela. Etre une paria était un combat de tous les jours. Afficher un grand sourire alors que l’on a envie de craquer à tout moment demande beaucoup d’énergie. Elle en avait marre de vivre comme ça. Elle en avait marre de pleurer tous les soirs, seule dans son lit, et de se lever le matin en devant affronter encore une dure journée. Mais elle ne pouvait l’arrêter. Elle ne pouvait pas changer. Elle n’avait pas envie de changer.

La main de son frère sur son épaule la ramena à la réalité. Elle se trouvait pathétique de chialer comme ça. D’un revers de la main, elle essuya ses joues trempées. Une étreinte. Personne ne l’avait pris dans ses bras depuis qu’elle était rentrée à Poudlard. Surtout pas Roderick. Il l’avait plutôt poussé à bout. Ses larmes coulèrent de plus belle, en silence. Elle avait besoin de cette étreinte. Elle avait besoin de se sentir soutenu. Ce n’était qu’un mauvais moment à passer. C’est ce qu’elle se disait. Il voulait se faire pardonner, se racheter. Ne se n’était pas entièrement de sa faute. Il avait simplement était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les vrais fautifs étaient ceux qui lui faisaient vivre un enfer tous les jours. Ceux qui la poussaient dans les couloirs, faisaient tomber ses cahier, lui renversaient de la nourriture dessus au déjeuner. « Faire disparaitre tout ces idiots… »

Elle n’avait jamais parlé de ses problèmes avec son frère. Il ne connaissait rien de sa vie personnel, du calvaire qu’elle vivait. Elle ne voulait pas le voir mêler à ça. Il ne voulait pas que les autres le mettent à l’écart simplement parce qu’il était le petit frère de cette folle de McBerry. Elle avait réussi à le tenir à distance jusque là. Il n’avait pas empathie de sa situation. Elle s’écarta rapidement de lui. « ‘Fin, nan rien… Ne t’inquiète pas, tout va bien » Elle essuya les quelques larmes qui restaient collées à son visage. Elle afficha son sourire habituel. Sa carapace de joie était reformée. Elle était redevenue cette jeune fille joyeuse et rigolote. Mais son cœur était plus que jamais meurtri par la peine. Elle était au plus bas, mais elle ne voulait pas le montrer. Elle ne voulait pas que tout ces gens trouvent une raison de plus pour la pousser au fond du trou. Elle devait être forte, pour lui. La seule personne qui la rattachait à la vie.

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Les joies de la famille.

Elle feignait la joie, la bonne humeur. Comme elle l’avait toujours fait. Elle ne pouvait pas s’effondrer, pas maintenant, pas devant lui. Mais elle n’avait plus gout à rien. La magie, la nature, toutes ces choses auxquelles elle était attachée était en train de partir en fumée, de s’évanouir. L’hippogriffe n’était que le résultat de tous ces dérèglements. Mais elle comptait bien enquêter. Elle devait retourner à la stèle blanche avec Ludwig et Dehli, ils allaient bien trouver quelque chose, même la plus infime qui soit. Un indice qui les mettrait sur la bonne voie, qui leur redonneraient de l’espoir. Elle ne savait pas encore qu’elle allait causer une guerre. Que l’école allait devenir un immense champ de bataille. Que des gens allaient finir blessé, par sa faute. Un silence c’était installé dans la pièce. La seule source de bruit étant le crépitement du feu. Elle était perdue dans ses pensées, dans ses enquêtes. Roderick la ramena à la réalité. Ils n’avaient pas fini leur discussion. Il n’allait certainement pas s’en sortir comme ça. Elle s’avança vers lui, le regard lourd de reproche. Le jeune homme alla s’asseoir sur le canapé, lui faisant signe de le rejoindre. Il savait probablement ce qui l’attendait, et il voulait prendre les devants, s’expliquer. Soit. Elle allait attendre la fin de son petit monologue pour lui dire sa façon de penser.

La mort de l’hippogriffe. Encore une fois. Elle comprenait parfaitement son jeune frère. Il était impulsif. Si elle s’était retrouvée dans son cas, elle n’aurait rien dit, rien fait. Elle n’était pas comme ça, elle s’écrasait le plus souvent. Elle l’enviait. Elle enviait cette vivacité, ce courage. Il était un vrai Gryffondor. Elle se demandait parfois ce qu’elle faisait dans cette maison. Qu’est-ce que le Choixpeau avait bien pu voir en elle pour l’envoyer chez les rouges et ors ? Elle qui était pacifiste, elle qui restait dans son coin, elle qui n’aimait blesser quelqu’un. Tout le contraire d’un lion, fort et majestueux. Elle ne se sentait pas à sa place, et les autres élèves le lui faisaient bien remarquer. « Je comprends…. Mais c’est pas une raison pour s’en prendre à elle. T’aurais dû aller voir un professeur, il aurait réglé ça. Il ne faut pas faire justice soit même Roderick ! Si tout le monde faisait comme toi, le monde serait dans un sale état. » Il l’était déjà, dans un sale état. Le monde magique n’était plus aussi puissant qu’auparavant. Quelque chose se tramait, quelque chose d’obscure, elle en avait la certitude. Mais elle ne pouvait rien faire contre cela. Elle était impuissante, tout comme la plupart des élèves de Poudlard. Ce n’était pas leur rôle de trouver des réponses. Mais personne ne semblait lever le petit doigt. Personne ne les rassurait, ne les écouter. S’ils voulaient que les choses avance, ils devaient chercher par eux même, elle ne l’avait compris que trop tard.

Elle étouffa un rire. Elle ne voulait pas que son frère pense que tout était fini. C’était sa façon à lui de faire passer la chose. Lancer une petite blague. Généralement, cela marchait plutôt bien. Elle laissait tomber. Mais pas cette fois. « Promet moi de plus refaire ça. Ok Rod ?! »

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