Il posa sa main frêle et fine sur la pierre froide de l'école. Depuis qu'il avait partiellement perdu la vue, Seth n'avait trouvé que cette méthode là pour se déplacer : il se laissait guider par les murs du château. Il quitta le dortoir des poufsouffles, continua droit devant lui, sentant ainsi ses doigts passer sur le bois tiède des portes du dortoir des filles. Il compta le nombre d'entrées : quatre. Il venait d'en franchir quatre. Lorsqu'il sentit la cinquième porte, il saisit la poignée et entra à l'intérieur sans même réfléchir.

Sans faire le moindre bruit il commença à tâtonner tout autour de lui, dans l'espoir d'y trouver la malle de sa sœur. Après quelques minutes de recherche il la trouva enfin, et, maladroitement, il l'ouvrit d'un coup de baguette. Il plongea sa tête dedans et commença à en humer l'odeur. L'odeur de sa sœur. Après avoir passé quelques instants, plongé dans les souvenirs de sa défunte sœur, Seth se releva, posa sa main contre le mur et quitta les lieux.

Il avançait là où les murs le menaient. Il ne réfléchissait pas. Il n'y arrivait. Depuis la fin de cette guerre, Seth n'avait plus de but. Il avait définitivement tout perdu. Sa sœur. La vue. Son innocence. Il avait grandi. Beaucoup trop vite, beaucoup trop soudainement. Il ne pouvait pas le nier : il n'était plus le même. Seth William Blackburn n'existait plus. Toute la joie qui l'habitait l'avait quitté le jour où sa sœur était partie, laissant son corps vide. Vide de désespoir. Une perle salée glissa le long de sa joue.

Seth se fichait de tout. Durant des mois il avait su cacher la vérité aux habitants de Poudlard, leur cachant son mal-être, leur cachant sa souffrance mais à présent … à quoi bon ? Dans cette guerre tout le le monde y avait laissé des plumes, il n'était plus le seul à souffrir. Mais lui, à l'inverse des autres, devait l'exprimer. Il ne pouvait plus intérioriser sa peine comme il l'avait si bien fait durant des semaines et des semaines. Lorsque Leen avait été coincée à Beauxbâtons il avait dû agir seul, prendre les décisions seul, se battre seul. À présent, il avait besoin du soutient des autres. Sans cela il était perdu.

Il continua d'avancer de plus en plus vite. Laissant une multitudes de gouttelettes d'eau glisser sur ses joues. Il ne tenait plus. Seth souffrait. Il souffrait comme jamais. Alors il commença à courir, lâchant ainsi le mur qui lui servait de fil conducteur. Il fonça droit devant lui sans réfléchir. Il avait beau connaître Poudlard comme sa poche, mais courir ainsi était une véritable prise de risque.

Après avoir couru sur de nombreux mètres il percuta quelque chose. Quelque chose de suffisamment léger pour tomber au sol avec lui. Un élève. Cependant avant de s'excuser, Seth resta quelques secondes allongé au sol. Une douleur sans nom le saisit à la tête. Étonnamment le jeune homme sourit. Avoir mal lui rappelait qu'il était bien en vie, qu'il était encore un être humain muni de sens, de sentiments.

Rapidement et maladroitement, Seth se releva. « Désolé … vraiment désolé. Je ne voulais pas te renverser. C'est bête de courir dans les couloirs comme je l'ai fait, surtout … surtout quand on n'y voit rien. Désolé. ». Seth commença à tourner les talons et allait pour déguerpir des lieux en quatrième lorsqu'il s'arrêta brusquement. Discrètement il sécha ses larmes et retourna auprès de sa « victime ».

Arrivé aux alentours de leur chute il s'exclama « Je sais pas où t'es, mais je peux t'aider à te relever hein … faudra juste m'indiquer ta position. Et sinon t'es qui en fait !? ». Et si ça se trouve … il était seul en train de parler face à un mur ?

Je suis pas du tout convaincu de mon message ! Désolé !

Affalé dans l'un des canapés en cuir noir du salon, les yeux rivés sur les livres et autres babioles qui encombraient la table basse, je laissais les souvenirs de mes nombreuses années passé à poudlard m'assaillir. Du genre impulsif je m'étais fait un bon nombre d'ennemie dans ma propre maison. Mais dire que je n'avais que des ennemies auraient été un mensonge éhonté.

Passant ma main droite sous mon haut je laissais mes doigts vagabonder sur mon ventre musclé alors que sa jumelle allait poser le verre sur la table dans un bruit sourd. Un léger rire s'échappa de mes lèvres lorsque le souvenir de m'a rentré à poudlard me revient en mémoire. Abattu de devoir quitter mon jeune frère et surtout apeuré a l'idée de devoir vivre dans un endroit inconnu, j'avais fait le fier, défiant n'importe qui pour que l'on me croit fort. Et manifestement cela avait marché ...

Reprenant mon verre je portais à mes lèvres, laissant glisser le liquide gelé le long de ma gorge .Le souvenir de mon premier petit ami s'immisça dans mon cerveau, faisant disparaitre le sourire qui s'étendait jusqu'à présent sur mes lèvres. Notre histoire, si je pouvais appeler cela comme ça avait été catastrophique et m'avais rendu encore plus méfiant et solitaire ...Insultant mentalement le jeune homme en question je me levais prestement.

Apposant le bout de mes doigts sur les livres posés sur le bureau, je vidais mon verre d'une traite, grimaçant sous la brulure que l'alcool provoquait dans ma gorge. Je devais sortir d'ici me changer les idées, sinon j'allais finir par me retrouver ensevelie sous les souvenirs, je reposais mon verre sur le bureau et me dirigeais lentement vers la porte.

Traversant les couloirs du château avec une lenteur calculée, j'essayais de faire le vide dans ma tête. Laissant mes doigts glisser le long des murs je me concentrais sur mes pas, ne relevant pas la tête jusqu'à que quelque chose ou plutôt quelqu'un m'envoya au tapis. Affalé sur le sol poussiéreux je levais les yeux vers la personne qui m'avait violemment bousculé. C'était un jeune homme d'une vingtaine d'année tout au plus, plutôt mignon ... Massant mon poignet endolorie par la chute, je jurais sans grâce contre se fichu gamin. Il ne pouvait pas faire attention ?!

- Stupide gamin...grimaçai-je

Allongé sur le sol il gardait volontairement les yeux fermer un sourire scotcher sur les lèvres, se relevant maladroitement il se mit à débiter un flot d'excuse incompréhensible. Tournant les talons il s'en alla presque en courant.

- Et la politesse tu connais ? Criai-je

Il s'arrêta brusquement et se retrouva vers moi.

- Je sais pas où t'es, mais je peux t'aider à te relever hein ... faudra juste m'indiquer ta position. Et sinon t'es qui en fait !?

Lui tendant ma main pour qu'il m'aide à me lever, je soupirais, mais finis par lui répondre

- Juste devant toi ... et je suis Callum un nouveau

Excuse moi pour le temps de réponse j'ai eu quelques soucis