They were kids that I once knew

La solitude. Elle avait peur de se retrouver seule, abandonnée par sa propre famille. Elle avait peur de découvrir les noirs secrets de ceux qui l'entourait. Elle avait peur de découvrir ses propres secrets, les propres choses que son esprit refusait de lui montrer. Elle cachait ses propres démons, dissimulait ses peurs, et les gardait dans une boîte secrète, fermée à double tour. Elle avait honte de la montrer, c'était comme si elle avait volé tout ce qui lui avait appartenu. Elle était une ombre, un serpent qui se faufilait et qui égorgeait ceux qui se trouvaient sur son passage. Doux poison qui coulait dans les veines de ses victimes. Vipère qui plantait ses crocs dans la peau tendre des innocents. Elle n'avait aucune pitié, et pourtant, elle ressentait la culpabilité. Elle se rappelait de ce qu'elle avait fait, et ses propres pensées la torturait. Elle n'avait aucune seconde de répit. Elle devait se battre, en permanence. Se battre contre sa propre nature.

Elle était dans la salle commune des Serpentard. Errant pendant la nuit, assise sur un fauteuil prêt du feu. Elle entendait l'eau qui coulait le long des vitres. Bien souvent, on dénigrait les Serpentard. On disait qu'ils n'étaient que des fourbes. Le nom faisait trembler les sorciers, et beaucoup avaient peur de se retrouver dans cette maison. Elle ne le voyait pas de la même façon. Pour elle, cette maison avaient des allures beaucoup plus nobles. La persévérance. La loyauté. Il y avait tant de caractéristiques que l'on oubliait de citer. Tout les Serpentard étaient unis, comme les doigts de la mains. Et personne ne pouvait changer ça. Ça avait toujours existé, et ça existera toujours. D'un côté, toute sa famille y avait été. Elle ne pouvait pas ne pas aimer sa maison. C'était toute sa vie.

Plus le temps passaient, plus elle commençait à s'endormir. Alors qu'elle comptait se rendre dans le dortoir, elle aperçu Alistair, qui disparaissait. Elle se leva d'un bond, et traversa la pièce pour se rendre à sa poursuite. Dans le couloir, elle arriva à atteindre son bras. « Alistair ? Where are you going ? ». Encore endormie, sa voix était fluette, innocente. Elle ne savait pas encore ce qu'elle proliférerait bientôt. « Wait. I want to talk to you about something. Come on ». Elle l’entraîna dans la salle de bain de Mimi Geignarde, il n'y avait que là qu'ils pouvaient avoir une discussion sans être dérangés, en pleine nuit. Après de longues minutes de silence, elle prit la parole. D'un ton assuré. Et mauvais. « My dear Alistair, tell me. How is sex with your sweet little hufflepuff ? »

La nuit, c'était le pire. Parce que quand il fermait les yeux, il était obligé de tout revoir. Ivy, sous son masque. Ses révélations, affreuses. Le meurtre. Le regard d'Andy. Le sang. Les corps, les explosions. Les sorts qui scindaient la nuit. Les hurlements dans le vide. Les amours dans le vent. Ces instants, juste avant de s'endormir, où on repense à tout ce qu'on a vécu. Pensées aléatoires, morbides. Pour Alistair, le sommeil ne venait jamais. Ou presque jamais. Il détestait ses souvenirs. Ces moments qui lui revenaient en pleine face. Il fixait le plafond, les yeux ouverts. Grand ouvert. Il se demande où elle est, Ivy. Il ne l'a pas revue depuis Beauxbâtons. Il n'a pas revu grand monde, depuis Beauxbâtons. Il se retourne. Il désespère. Sur sa table de chevet, une potion, qu'il refuse d'avaler. Il soupire. Une derniere tentative. Un dernier essai. Il ferme les yeux. Du sang. Du sang sur ses mains. La fille, morte, à ses pieds. Le corps méconnaissable de celle qu'il avait écrasé. Et par dessus tout, l'absence de remords. Une seconde. Une seconde pour ressentir cette envie, cette pulsion. Puis il ouvre les yeux à nouveau. Il se réveille, en sursaut. Il est essoufflé. Il est dégouté. Dégouté de la vie, de la mort, du passé qu'il ne peut pas changé, du futur qu'il sait condamné. Il attrape sa baguette. Murmure un lumos. Et sort du dortoir. Il marche, doucement, pour ne pas réveiller les autres. Il descend à la salle commune. Il sursaute. Elle n'est pas vide. Il y a encore de la lumière. Il soupire. Il ne sera pas seul. Tant pis alors, ça sera pour une prochaine fois. Il se ravise. Mais quelques secondes après, il est rattrapé.

« Alistair ? Where are you going ? »

Il reconnaît la voix de sa sœur. Et son emprise, aussi. Il se maudit. Il aurait dû rester au lit. Depuis qu'il a découvert que Mélody n'était pas à Beauxbâtons. Depuis qu'elle lui a révélé sa vérité, il la craint. Il sait qu'elle est étrange. Bizarre. Il sait qu'elle est capable du meilleur, mais aussi du pire. Folie. Folie enragée. Folie de vivre, mais de mourir, aussi. C'est sa petite sœur, et pourtant, elle n'est qu'une étrangère. Une fille qu'il ne comprend pas et qu'il ne comprendra jamais. Elle l'attire dans un endroit calme. Apparemment, elle a quelque chose à lui dire. Il aurait dû rester au lit. Parce qu'il sent ses mains trembler. Il est en colère, encore habité par la pulsion du meurtre. Et il sait qu'elle le sent. Et il sait qu'elle le sait. Il lâche sa main. Il n'a pas envie de la suivre. Pas cette nuit. Mais elle lui lance ce regard. Ce regard qu'il ne peut pas éviter. Alors il la suit. Il se laisse entraîner pas les chimères d'un passé oublié. D'un passé révolu. Il se laisse engloutir par sa culpabilité. Par cette impression, qu'au fond, elle n'est pas aussi mauvaise qu'on le dit. Par ce mensonge, cette illusion qu'il se crée pour lui même. Everybody lies. Il se souvient encore des mots de sa mère. De leur mère. Oui.Tout le monde ment. C'est un fait. Mais le pire, c'est quand on se ment à soi même. Quand on prend ses désirs pour des réalités. Ses espoirs, pour des faits. Force du destin. Ce qui doit arriver, arrivera. Est-ce un mensonge aussi ? Inventé par les hommes pour se rassurer. Inventé par les hommes pour se protéger. Un masque derrière lequel on se cache. Un sourire. Une glace sans tain. Un voile. Une toile d'araignée dans laquelle on se perd. Le cerveau humain est une machine compliquée. Une suite de rouages, d'engrenages, de souvenirs, de savoirs. Il est sans cesse confronté au réel. Alors pourquoi a-t-il tant besoin de créer du faux ? A quoi servent ces illusions ? Et quand on commence à y croire réellement, quand on commence à se perdre dans ses propres mirages, alors, il y a une forte possibilité de se blesser. De voir la vérité se fissurer, juste devant soit. De voir le miroir éclater. Le verre, fendre sa peau. Le sang rouge vif, se perdre dans le vent. Électrifiant .

Il déglutit. La salle de bain. Il déteste cet endroit. Il se demande pourquoi elle l'a amené ici. Il la regarde, les bras croisés. Il la défie du regard. Depuis Beauxbâtons, c'est à peine s'ils se sont parlés. Le silence. Le silence qui les unit et les sépare. Il s'impatiente. La lune transperce les vitraux de la salle de bain. Sa lumière éclaire doucement le visage de sa sœur. Et elle ouvre le bal.

«  My dear Alistair, tell me. How is sex with your sweet little hufflepuff ? »

Il fronce les sourcils. Il ne comprend pas. Il ne comprend rien. C'est pour ça qu'elle l'a amené ici ? Pour lui parler de Fulmina ? Il l'assassine du regard. Il s'écarte. Il tourne en rond autour des lavabos. Il n'a pas envie de lui parler. Il a envie de partir. Mais il sait qu'elle ne le lâchera pas. Il s'est laissé prendre au piège. Elle l'a enfermé dans sa toile. Et maintenant il est seul. Seul et sans armes. Il sent ses pulsions revenir. Il se dit que la vie serait plus simple sans elle. Mais c'est sa sœur, alors il tente de calmer sa colère. Il tente d'apaiser ses souvenirs. De les enfermer, loin, loin de lui, loin d'eux. Il se tourne vers elle.

« Really, Andy, really ? Don't you have anything better to do ? I'm not answering your stupid question. And don't you dare talk about her. »

Il est agressif. Sur la défensive. Il s'est rapproché d'elle. Le frère et la sœur, éclairé par la même lumière. Sa mâchoire est crispée. Son regard froid, détaché. Il déteste quand elle est comme ça. Quand elle le provoque. Quand elle joue avec lui. Quand elle le manipule. Quand elle se sert de lui. Il sait qu'il est faible. Il sait qu'elle a l'avantage. Mais il se dit qu'il peut toujours se mentir. S'installer dans un petit mensonge, confortable. Se dire que pour une fois, il ne se laissera pas faire. Il reprend, plus séchement.

«  Did I make myself clear ? »

Yesterday you told me about the blue blue sky.

Au fil du temps, elle avait commencé à oublier pourquoi elle avait fait ce qu'elle avait fait. Elle avait commencé à oublier qu'elle n'était qu'une fille parmi tant d'autre, et qu'elle n'était pas invincible. Un jour ou l'autre, quelqu'un la vaincrait. Et ça ferait encore plus mal. Non seulement parce qu'elle refusait de s'avouer qu'elle avait un problème, mais aussi parce qu'elle avait peur de se l'avouer. Au fond, elle savait qu'elle n'était pas comme les autres. Elle savait que quelque chose n'allait pas chez elle. Son humeur changeait trop rapidement, et elle était capable d'être douce, gentille et attachante, autant que d'être une véritable vipère. Peut être que c'était pour ça, que les membres de sa propre famille avait tant de mal à la comprendre. Elle qui faisait tout pour se faire accepter. Qui faisait tout pour essayer de paraître normale. Mais elle ne faisait que tourner en rond. C'était comme essayer de se battre contre son propre corps, ses propres pensées. Le monde l'avait peut être trop corrompu, et aujourd’hui, c'était pour ça qu'elle disait des choses aussi détestable à Alistair. Elle se détestait elle même, quand elle était comme ça. Une harpie qui se moquait de choses sérieuses. Elle ne savait même pas pourquoi elle faisait ça. Pourquoi elle était si mauvaise parfois. Elle avait juste l'impression que quelqu'un avait pénétré dans son esprit, et qu'il refusait d'en sortir. Maladie incurable dont elle ne pouvait pas se soigner. Elle voulait arracher ses cheveux, jeter son propre corps sur un bûcher, si cela pourrait soulager les gens autour d'elle. Et d'autres fois, elle pensait juste qu'elle n'avait pas assez. Qu'elle voulait tout avoir. Des tas de pensées contradictoires qui étouffaient son cerveau.

« Really, Andy, really ? Don't you have anything better to do ? I'm not answering your stupid question. And don't you dare talk about her. ». Elle entendait encore les mêmes chuchotements persistants à l'intérieur de son crâne. Ils étaient de plus en plus bruyants, de plus en plus nombreux. Elle ferma les yeux un instant, en espérant qu'ils disparaissent, mais c'était peine perdue. « Did I make myself clear ? ». Il s'était rapproché. Elle avait tout prévu. Elle savait déjà ce qu'elle aurait pu lui répondre. Mais il y avait ce bourdonnement incessant à l'intérieur de son esprit. Comme si quelque chose se débattait. Elle regarda dans le vide, et subitement, son humeur changea. « Why did I say that ? » Elle commença à reculer, et un cri strident se fit entendre à l'intérieur de sa tête. Elle enfouit cette dernière dans ses mains, en priant quiconque voulait l'entendre d'abréger ses souffrances. « Why are they doing this to me ? » Elle parlait à son frère cette fois. Bien qu'elle savait qu'il ne comprendrait pas. Il ne savait pas ce qui se passait à l'intérieur de son corps. Il n'en avait aucune idée. D'ailleurs, elle même ne le savait pas. Elle avait toujours prétendu aller bien. Et peut être qu'aujourd'hui, ils avaient décidés que c'était le moment pour elle de savoir ce qui se passait. De savoir qu'elle était malade. Que quelque chose n'allait pas chez elle. Mais elle refusait de le comprendre. Pas maintenant. Elle voulait avoir encore un peu de temps. Elle voulait se racheter au près d'Alistair. D'Ivy. De sa famille entière. De Mélody aussi. Et de tout ceux qui ont essayés de la comprendre et qui s'y sont brûlés les ailes. Mais en cet instant précis, elle voulait surtout que tout s'arrête. Entendre un silence parfait. Aucun bruit. Juste le silence, parce qu'il était tellement reposant. Mais aussi tellement nécessaire. « Al', help me ! »

C'était peut être la fin de tout. La fin de sa relation avec son frère. La fin de celle qu'elle pensait être. Mais aussi la fin de l'ignorance. Car aujourd'hui, elle garderait cette idée au fond d'elle. Celle qui lui répétait sans cesse qu'elle avait perdu, et qu'ils avaient gagnés. Pour l'instant.