Hors de question de me laisser abattre par ce qu'il s'était passé lors de l'ouverture des Jeux Olympiques. Hors de question de me laisser abattre par le cadavre de cette élève et de cet hypogriffe doré. J'étais restée inactive pendant trop longtemps, j'avais passé un été entier à dépérir à cause de ce genre d'évènement, alors je ne voulais plus recommencer. Je savais qu'Amadeus venait à Poudlard et je lui avais promis, avant tous ces évènements, que je lui organiserais une fête d'accueil. Alors voilà, c'était chose faite. C'était maintenant ou jamais. Il ne fallait pas non plus que les autres se laissent abattre. Je voulais que la bonne humeur persiste à Poudlard. Pas vraiment parce que l'état d'âme des autres m'importaient, mais surtout parce que moi j'avais besoin de cette bonne humeur ambiante pour tenir debout. J'avais besoin de ça pour ne pas flancher à nouveau. Je me remettais seulement de ma dépression, alors je ne voulais pas retomber dedans.

J'avais alors passé l'après-midi à bricoler la Tour Sud afin d'être certaine qu'aucun débris ne viendraient s'écraser sur la tête d'un élève. J'avais également fait en sorte qu'un feu reste continuellement allumé, car avec un courant d'air pareil, au mois de novembre, il y avait quand même mieux pour faire la fête ; même si j'étais certaine que très vite mes camarades seraient assez imbibés d'alcools pour ne plus ressentir le froid. Dans un coin, j'avais même installée un buffet avec ce qu'il fallait en alcool - moldu comme sorcier - et en nourriture pour rassasier tout Poudlard. Et une fois les lieux insonorisés, la musique pouvait débuter.

Vêtue d'une petite robe noire arrivant à mi-cuisse et dévoilant une bonne partie de mon dos, j'attendais patiemment que le reste de l'école ne fasse son apparition, même si c'était plutôt une personne en particulier que j'attendais. D'ailleurs, j'étais quelque peu anxieuse, car la dernière soirée que nous avions passé ensemble c'était terminé dans une chambre d'hôtel, et j'avais peur que cela se répète. Pas parce que la première fois m'avait déplu, au contraire, mais parce qu'avec lui je n'avais pas envie d'être un jouet et je n'avais pas non plus envie qu'il croit que je le prenais pour un jouet. Alors pour essayer de calmer mon anxiété, je n'attendis même pas que les premiers élèves arrivent pour me servir un verre.
La soirée était lancée...

Fête clandestine

Amuses-toi tant que tu peux

La dernière fois que tu es sortie de chez toi, c'est pour aller à la stèle blanche avec Rosaleen pour enquêter. Depuis, tu n'as pas bougé de ton petit chez toi. Tu n'as même pas revu Tim, à dire vrai, et cela t'inquiète un peu. Ca, et ces rêves que tu as commencé à faire depuis deux jours. Des rêves tellement bizarres que tu ne sais plus s'il sont vrai ou faut. Cette invitation que tu as reçu pour une fête clandestine à Poudlard, d'ailleurs... c'est réel, ou pas? Tu te poses la question, à dire vrai, mais, après un moment de réflexion, tu décides de t'y rendre. Au pire, tu pourras toujours dire que tu viens voir l'infirmière de l'école qui est un peu ta confidente, après tout, et ta marraine la bonne fée! Tu t'empresses donc de revêtir un jean et un bustier noir, profitant de l'absence de ton fantôme. En fait, ça te fait réellement des vacances, et, pour le moment, tu en profites pleinement. Tu te maquilles ensuite rapidement, chose ô combien rare, et enfile des bottes à talons toi qui es plutôt converses ou baskets en règle générale. As-tu l'intention de prendre quelqu'un dans tes filets? Cette idée te fait sourire alors que tu attrapes manteau et parapluie pour te protéger du déluge incessant.

Si ça continue, on va tous finir sur un bâteau géant, comme Noé pour échapper à la noyade... songes-tu en chemin avant d'éclater de rire tant cette idée te semble farfelue. Cela ne t'empêche pas, pourtant, de penser à un vieux tableau: le radeau de la Méduse et de te dire que si cela venait à se produire, il y aurait fort à parier que les êtres humains finiraient par s'entre-dévorer pour survivre. Cette idée te fait frissonner et ton sourire disparait bien rapidement de ton visage.

Mais, déjà, tu arrives en vue de ton ancienne école et tu chasses ses sombres pensées de ta tête alors que tu passes le portail. Tu entres rapidement dans le hall et refermes ton parapluie que tu laisses là, même si tu risques de ne pas le retrouver après. Tu montes ensuite rapidement les marches qui te mènent jusqu'à la tour dans laquelle a lieu la soirée: la tour sud, non encore totalement reconstruite. Mais ce n'est pas grave. Tu hésites à entrer. Et si c'était une vaste plaisanterie et qu'on te riait au nez comme par le passé? Allez... Un peu de courage, Kathou... songes-tu avant de te dire que, finalement, la présence de Tim aurait été bien rassurante, pour le coup...

Finalement, tu entres et te retrouves nez à nez avec une ancienne camarade de maison: Hayleen, pour l'instant seule dans la pièce. Ca commence mal... "Bonsoir Hayleen! C'est normal qu'il n'y ait personne d'autre, encore?"

Elle était vêtue de sa robe noire à volants dans laquelle elle avait reçu beaucoup de compliments. Ses cheveux flamboyants contrastaient avec le noir de sa tenue et sa peau diaphane ressortait, ainsi que ses grands yeux bleus. Elle n'avait plus l'habitude de se faire belle. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas troqué ses vêtements confortables contre une jolie pièce de soirée. Elle était mal à l'aise, mais avec le temps et l'alcool, ça allait se dissiper.

Sa cape sur les épaules, elle prit la route. Sans s'en rendre compte, elle se retrouva devant le portail du château, qu'on lui ouvrit sans poser de question (le gardien la voyait tellement souvent qu'il ne posait même plus de questions) puis se trouva, après de longues minutes d'ascension, devant la porte de la Tour Sud. A la porte, on n'entendait rien. L'hôte avait certainement dû jeter des sorts d'insonorisation partout dans la pièce. Ne pas savoir s'il y avait beaucoup de monde perturba Rosaleen, mais elle prit quand même la poignée de la porte, arbora son plus joli sourire et passa la tête, puis le corps entier. Il n'y avait que 3 personnes dans la pièce. Hayleen Blackburn, qu'elle avait déjà croisée dans les couloirs de Poudlard, et qui était l'hôte de cette soirée, Kathallen MacKenzie, superbe comme toujours avec ses cheveux blonds, et... Hamlet. Le coeur de Rosaleen chavira, failli remonter dans sa gorge mais décida finalement de rester à sa place. Ses mains devinrent moites et elle rit intérieurement de ce comportement si bizarre. Il était très beau et était charmant, mais de là à avoir les mains moites ! Recouvrant son calme, elle lui sourit et s'avança vers lui pour lui dire bonjour.

« Viens avec moi, tu ne vas quand même pas rester là. » Mon regard vint percer les ténèbres de la chambre de la rouquine ; j'avais ouvert la porte sans ménagement afin de tirer Jane de sa sieste tardive. Ignorant derrière moi les éventuels marmonnements sourds d'Enorah qui habitait dans le même appartement, je finis par m'avancer avant de m'asseoir sur le sommier. D'une main tendre par la douceur qu'elle portait, mais ferme par la volonté de l'extirper de ses draps, j'agrippais son épaule avant de faire voler son duvet. Quelle ne fut pas l'agréable surprise de la découvrir dans une nuisette légère. « Oh, excuse-moi. » soufflais-je avant de détourner le regard et de me lever. Si les courbes de mon amante régulière ne m'étaient pas inconnues, Jane demeurait avant tout mon amie et je n'avais aucune envie de me faire passer pour un goujat se croyant tout permis. Gentleman jusqu'au bout des ongles à mes heures, je préférais m'éclipser pour lui laisser son intimité. Ce qui ne m'empêcha pas de souffler un : « Je t'attends dans le salon. » avant de fermer derrière moi en sortant, ami précieux qui supporterait la présence de Enorah rien que pour être certain d'accompagner Jane et sa dépression latente à la fameuse fête donnée par Hayleen.

« Très jolie. » Gratifiant la belle endormie fraichement lavée et habillée d'une robe noire sobre mais ravissante, je me levais enfin du canapé – non sans un soupir de soulagement – et tendis le bras à mon amie afin de mieux l'accompagner aux festivités improvisées. Les tours sud demeuraient un endroit plutôt surprenant quoique très pratique puisque nous étions à l'abri de quelques professeurs en quête de retenues à donner, sans compter que le charme des pierres froides de Poudlard offrait un aspect tamisé voire intimiste à la fête. Jane toujours à mon bras, je lâchai finalement mon amie afin de me diriger vers les personnes déjà présentes, non sans avoir noté au préalable le décor réussi et les tables bien chargées. Un bref signe de tête accompagné d'un semi-sourire (un effort en soi, pour quelqu'un d'aussi misanthrope) pour les quelques personnes que je ne connaissais pas, et un baise-main pour la ravissante Hayleen comme je plongeais mon regard de braise dans les siens avant de me prononcer dans un anglais accentué de la langue de Molière. « Ravi de te revoir, il était temps. » Bien sûr que j'avais déjà entraperçu la jolie Leen depuis mon arrivée à Poudlard, mais seulement au détour de couloirs ou pour quelques conversations rapides. « Je te présente Jane, une amie. Jane, je te présente Hayleen... Une amie également. » Et quelle large conception avais-je du mot "amie" depuis quelque temps ... Pitoyable.

Je passais une main sur mon visage, effaçant du bout des doigts les traces de mon manque de sommeil. Je dormais encore plus mal qu’à l’accoutumée. Le temps. L’obscurité. Le cadavre. L’ambiance de l’école changeait, s’assombrissant de jour en jour. Quelque chose se préparait entre les murs et au-delà. J’avais l’impression d’être plus touché que le reste de mes camarades. Mon secret me posait problème. Je sentais la partie sombre de mon être remonter la surface, luttant pour prendre le control. Il m’était arrivé de commencer à me transformer, sans que je puisse le contrôler… Du moins essayer. C’était douloureux. Et épuisant.
C’était surement inconscient de me rendre à la soirée organisée par Blackburn, mais Ludwig ne m’avait pas laissé le choix. Il pouvait être très agaçant, et persuasif quand il le décidait. J’avais capitulé, mais je restais sur mes gardes. Pour l’occasion, j’avais mes vêtements sombres contre un-t-shirt kaki, et un jean gris. Une paire de rangers. Enorme changement pour moi. Mes cheveux gouttaient encore de la douche que je venais de prendre, aplatissant mes mèches d’ordinaires si indisciplinés. Mes joues étaient habillées d’une barbe de trois jours ou plus, peut-être depuis la cérémonie des JO. Pour ce jour je m’étais fait beau d’après mes camarades. Les filles ne m’auraient jamais laissé aller en France dans un étant comme celui de ce soir. Elles m’auraient crucifiés.


La Tour sud. Un bâtiment partiellement détruit, l’endroit parfait pour une soirée clandestine. J’arrivais sur le dit lieu. Nous n’étions pas nombreux, et je ne savais pas si d’autres nous rejoindrais. Un rapide coup d’œil me fit remarquer la présence de l’organisatrice, et de gens que je ne connaissais pas. Des étrangers surement. J’avais entendu que des français étaient parmi nous. J’allais directement au bar me servir un verre. Dans mon cerveau déglingué j’avais émis une théorie comme quoi l’alcool pouvait m’aider à contrôler l’Autre, à l’endormir. Il n’y avait plus qu’à plus la vérifier. ET à éviter d’arracher la tête de quelqu’un.

La première invitée fit son entrée. Il s'agissait de Kathaleen, ancienne serpentarde qui avait quitté Poudlard à la fin de l'année dernière. Elle s'avança pour me saluer et me demander par la même occasion si c'était normal que je sois la seule en ces lieux. Je la rassurai donc en lui expliquant que le reste des invités ne devraient plus tarder à arriver. Et c'est ce qui se passa, puisque ce fut au tour d'un jeune homme de faire son entrée, chargé d'un paquet.

« Excusez moi ... laquelle de vous deux est Mademoiselle Blackburn ? J'ai votre commande de confiseries.
- C'est moi! Merci pour les confiseries, et si vous voulez vous joindre à nous, il n'y a aucun soucis! »

Je lui souris et lui pris le paquet des mains. Je me permis ensuite de les abandonner tous les deux pour me rendre jusqu'au buffet et disposer les confiseries pour que tous puissent s'en servir. Au même moment, fit son entrée une autre jeune fille de l'université. Décidément, mes soirées étaient si populaires que mêmes mes ainés venaient y participer?! J'étais plutôt contente, en plus il commençait à y avoir pas mal de monde : des élèves d'autres maisons, jeunes et moins jeunes, qui avaient été invité, ou qui avaient juste entendu parler de la soirée et avaient décidé de venir, d'autres universitaires et même des étrangers venus passer quelque temps en Ecosse. C'est d'ailleurs à ce moment que décida le bel Amadeus de faire son entrée, au bras d'une rousse qui m'était totalement inconnue. Il lâcha alors le bras de la jeune fille pour me saluer d'un baise-main, auquel je répondis par un large sourire.

« Ravi de te revoir, il était temps.
- Oui! Bon, pas que les discussions entre deux cours ne soient pas suffisantes, mais un peu quand même! »

Je finis tout de même par me tourner vers la rousse pour lui adresser également un sourire de bienvenue. Après tout, j'étais l'hôte de la soirée et il aurait été inconvenant de ne pas saluer mes invités. Mais quelque chose me gênait chez la jeune fille... peut-être parce qu'elle était venue au bras de mon ami et que je n'avais pas spécialement envie de le voir avec une autre...

« Je te présente Jane, une amie. Jane, je te présente Hayleen... Une amie également.
- Enchantée Hayleen.
- Enchantée! »

La jeune fille me tendit alors la main et je la serrai par politesse. Oui, quelque chose me gênait... et les présentations d'Amadeus n'aidèrent pas. Il y avait quelque chose dans sa définition du mot "ami" qui ne collait pas vraiment avec la situation. Pourtant la rousse n'avait par l'air méchante, loin de là, mais je n'avais pas envie d'en faire une amie. Après tout, je n'ai jamais dit que j'étais une gentille fille...

« J’ai besoin…d’un verre. Tu veux quelque chose ? »

Elle se dirigea ensuite vers le bar pour se servir et ramener un verre au français. Je profitai alors du court moment où elle n'était pas là, pour interroger mon ami.

« Amie? Elle est vraiment qu'une amie... J'ai un peu de mal à le croire. Avoue, Debussy! Vous ne faites pas que jouer aux échecs sorciers... »

Regard taquin, je donnai un léger coup de coude au français, tandis que je buvais une autre gorgée de mon verre. Je paraissais m'amuser de la situation - bien que me moquer du français m'amuser réellement - mais en réalité, cela ne me faisait pas plaisir de savoir que la rousse était plus qu'une amie pour Amadeus. Je ne connaissais pas la réelle nature de leur relation, mais j'étais assez experte dans ce domaine pour reconnaître deux amants. Amadeus aurait-il basculé du côté obscur, alors que je venais d'en sortir? Les rôles s'étaient finalement inversés... Et lui qui détestait les filles faciles, j'allais pouvoir jouer sur la situation pour l'embêter davantage.
D'un coup d’œil, je vis Vitali arriver. Je le saluai d'un rapide signe de tête lorsque nos regards se croisèrent, puis je le vis se diriger, lui aussi, vers le bar. Si Vitali était dans le coin, Simba ne devrait pas tarder. J'avais hâte que mon amie arrive.

Après qu'il soit entré, et qu'il ait remis le colis a sa juste propriétaire, le danois se retrouva un peu idiot au milieu des élèves qui commençaient d'affluer. Etait il opportun qu'il reste comme le proposait l'organisatrice ? 25 ans n'est pas immensément vieux, mais c'est déjà un peu plus que les personnes qui risquaient de se retrouver pour la soirée. Et puis, il n'était pas sur que sa condition physique le lui permette. Il avait déjà insisté pour écourter sa rééducation, prétextant que l'ambiance écossaise serait suffisamment reposante ... tu parles ... mais il avait tout de même du mal a tenir le rythme. Au moins pouvait il prétexter que c'était le coma et non le simple effet du temps. Mouaip.

Ses inquiétudes et hésitations stoppèrent quand il compris qu'il connaissait fort bien la silhouette qui s'avançait vers lui et qu'il n'avait pas jusqu'ici identifié, trop préoccupé par ses pensées. Rosaleen. Um oui bien ... il allait peut être rester un peu quand même. juste un peu n'est ce pas ? Juste assez pour papoter un peu, peut être danser et voila quoi. Il dut requérir tout son self control pour ne pas rougir jusqu'a la pointe des oreilles. On se détend, on respire. Avoir l'air naturel !

- Ey ... salut. Comment ça va ?

On aurait eu du mal a croire que cet homme ci était un littéraire, fils d'une comédienne de surcroits, tant sa façon de s'adresser a Rosaleen était pitoyable. Dès qu'elle était face a elle, il perdait ses précieux mots. Tant pis, on ne vit qu'une foi ... Carpe Diem. Il eu un sourire amical, et mit les mains dans les poches de sa veste dans une attitude faussement décontractée.

- Ca m'a tout l'air d'une soirée ... prometteuse.

Ca l'était a première vue, en effet. Même s'il ne connaissait pas les élèves présents, a part pour les avoir croisés a la boutique, il devait avouer que l'ambiance était assurée. Certains allaient boire un coup au bar, la plupart papotaient. Il y avait bien des traits inquiets et des sourires forcés, mais l'ex lion mettait cela sur le compte des événements calamiteux qui se précipitaient et non sur un défaut d'organisation de la fête. cette mademoiselle Blackburn semblait être quelqu'un de compétant dans ce domaine. Elle n'aurait certainement pas de mal a se lancer dans l'événementiel si c'était sa décision après sa scolarité. En tout cas, de par sa propre formation et les nombreuses soirées auxquelles il avait dut assister lors de son court emploi dans la société de Cicely Earnshaw, le commerçant était prêt a en mettre sa main au feu. Il sourit, et reporta de nouveau son attention sur Rosaleen.