Jeremiah ♦ « Avis ! »

Jeremiah ♦ « Avis ! Avis ! Avis ! »

Zazy-Timy tenta de se calmer, emportée par un nouveau fou-rire. Assise sur un banc de la cour, accompagnée de ses sous-fifres - pensant sincèrement être leurs amies - elles riaient encore de la vaine tentative d'un jeune garçon de Serdaigle, venu pour l'inviter à un rendez-vous. Un quatrième ou troisième année, qui a la moitié de son âge. Qui aurait pu le rejeter ainsi, alors qu'il était frêle et haut comme trois pommes, et qu'il était bouffé par la timidité? Zazy-Timy a tenté d'être gentille et de le recaler avec tact, c'était sans compter sur une des dindes qui traînaient avec elle. Le gosse est reparti les yeux larmoyants et cela fit rire la magnifique serpentarde. Décidément, ça l'a ferait toujours bien rire.

La jolie Darthmen a toujours été ainsi, désirée et enviée. Elle ne cesse de compter les prétendants à ses pieds, et n'imagine même pas combien la veulent en secret. Des hommes - et parfois, jeunes garçons - qui désiraient d'elle, bien plus qu'un regard condescendant. Mais ce que les gens ne savaient pas, c'était que son coeur était à un autre. Un homme charmeur, aux traits angéliques et elle cultive pour lui, un amour inconditionnel. Personne ne la méritait mieux que lui.

« Hey, regarde cette empotée, gloussa la rouquine à ses côtés.

Zazy suivit le doigt de la jeune fille et son regard tomba sur une petite silhouette frêle. Une minuscule blonde s'acharnait à lancer un sort mais rien de concluant. Aux couleurs de son uniforme, elle compris qu'elle faisait partie des Poursouffle. Elle ricana. C'était bien connu. Tous les sorciers sous doués et réellement sans talent s'y trouvait. Les deux sorcières à ses côtés gloussaient comme des dingues alors qu'un beau russe venait de passer devant le groupe, et elles oublièrent vite la jeune blonde.

Zazy-Timy se leva alors, avec une grâce incommensurable, et marcha jusqu'à la jaune. Celle-ci se retourna alors vers elle, et son visage jusqu'ici fripé par la concentration, se figea de surprise et de stupeur. La serpentarde la bouscula un peu.

« Tu t'acharnes sur un sort qui n'est même pas de ton niveau, gamine.

Elle dégaina sa baguette et d'un coup sûr, la courba tout en prononçant le nom du sortilège « Avis. » Soudain, des petits oiseaux jaunes s'envolèrent vers le ciel grisatre de Pré-au-Lard.

Jeremiah ♦ « Ah euh... Désolée, je... Pardon mais... Enfin, c'est pas que c'est ça mais... Euh... Désolée encore une fois et... »

J'entendis la Serpentard soupirer, comme si je l'exaspérais. Et si c'était vrai ? Si je l'exaspérais réellement ? Accepterait-elle d'être malgré tout ma grande sœur ? Je n'aimais pas exaspéré ma famille, c'était comme un échec. Je voulais réussir, j'étais déterminée à tout faire pour faire la fierté de ma mère. Mon père ? Il ne me connaissait pas. Si j'avais pris la peine d'entrer en contact avec lui, il m'aurait peut-être ignorée. J'en aurais été que plus blessée. Blessée d'une reconnaissance que je n'aurais jamais, blessée qu'il ne sache même pas que je suis sa fille. Peut-être qu'il le savait, mais il n'avait fait aucun pas pour venir vers moi. Je n'osais rien dire à ma mère, rien. Pourquoi ? Parce que j'avais peur qu'elle m'interdise. Je voulais connaître mon père, revenir aux racines. Pourtant, si on m'a si longtemps caché qui il était, il devait bien y avoir une raison. Cette raison, je commençais à la découvrir, petit à petit, maintenant.
Lorsque je relevais le regard, je vis ses yeux, qui me regardaient. J'étais encore plus mal à l'aise que d'habitude. Ces yeux clairs, qui s'incrustaient au fond de moi... Ces yeux verts qui cherchaient quelque chose... Ils faisaient tomber mes défenses, celles que j'avais mis longtemps à construire et qui, malgré le fait qu'elles étaient bancales, me servaient lors de petites futilités. Pourtant, là, cette Serpentard n'était plus une futilité. C'était une nécessité. La nécessité que j'avais de prendre contact avec cette branche familiale qui m'était inconnue. Je la vis ranger sa baguette et mettre ses mains sur ses hanches. Qu'elle avait l'air menaçante ! Elle me faisait peur. Si ça n'avait pas été ma sœur, je me serais enfuie à toutes jambes et je l'aurais faite sûrement rire. C'est une Serpentard, ne l'oublions pas !

Zazy-Timy ♦ « Ne t'excuse pas, gamine. C'est un signe de faiblesse. »
Jeremiah ♦ « Mais... Mais, je... »

Je la fixais, maladroitement. Tantôt je la regardais dans les yeux, tantôt je fixais le reste de son visage. J'essayais de trouver une ressemblance entre elle et moi, mais mes efforts furent vains. Il fallait que je me rende à l'évidence, il n'y en avait pas. Pas de visibles.

Jeremiah ♦ « Je... Euh... Je m'appelle Jeremiah Do... Do... Dowell et... et... »

Devais-je lui révéler tout de suite que son père était aussi le mien ? Ou devais-je attendre au contraire que ce semblant de conversation se déroule ?

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Les seules personnes assez proches de Zazy-Timy, qui pouvaient jurer qu’elle se comportait différemment qu’à l’accoutumé, sont très rares. Voir trop. Le cœur de la jeune femme balance entre paraitre, ou ne pas paraitre. Jamais elle ne laissera son image s'effriter entre ses doigts. Le contrôle, la jeune femme désire ardemment garder le contrôle de la situation. Le contrôle de sa vie. Pour elle, tout était chronométré. Tout était planifié. Jamais elle ne se laissait aller, et paraitre était beaucoup plus important autre chose.

« Je... Euh... Je m'appelle Jeremiah Do... Do... Dowell et... et... » balbutia la pauvre petite blonde.

Zazy l’observa un peu plus longuement. Petite, fine, et aussi maigre d’une branche de saule pleureur. Ses joues étaient bombées, son visage maigrichon mais soulignait son jeune age. Elle était jolie. Elle devait plaire aux jeunes garçons de son âge. Et il est clair que plus tard, lorsqu’elle aura muri, cette petite fille sera une magnifique jeune femme.

La verte et argent soupira devant les bégaiements de la gamine et lança un regard noir aux deux dindes qui gloussaient au loin. Ces dernières se figèrent et comprirent tout de suite le message. Elles se levèrent à la hâte et déguerpirent très vite.

Plus personne n’était dans ce coin de la cours, bien que quelques élèves passaient de si et de la. Zazy se détendit alors et sourit doucement à la blondinette.

« Zazy-Timy Darthmen. Enfin, je ne me présente que pour la forme. »

En effet, elle savait que les gens la connaissaient. Elle était la championne de Poudlard. Et en plus une Darthmen. Elle savait qu’elle avait une image à tenir. Même si ça la gavait parfois.

Tout le monde veut une vie heureuse; mais lorsqu'il s'agit de voir clairement ce qui la rend telle, c'est le plein brouillard.

Sénèque

Je sentis ses yeux me détailler. Je me sentis mal à l'aise sous le regard inquisiteur de cette grande perche. Je ne savais plus où me mettre. Je regardais tantôt le sol, tantôt la Serpentard, et tantôt le ciel. En même temps, je me triturais les mains, mal à l'aise de l'avoir en face de moi. J'étais si facilement impressionnée, si influençable ! On pouvait me faire faire n'importe quoi, je me rendrais pas compte. J'étais trop malléable, peut-être. En attendant, je me trouvais devant elle, et j'étais incapable de bouger. Elle devait détenir un pouvoir qui me clouait sur place, qui m'empêchait de mettre un pied devant l'autre, qui m'empêchait d'articuler une phrase sans hésiter. Alors, je respirais un grand coup, espérant que cela ferait remonter le si peu de confiance que j'avais en moi.
Les yeux fixés sur le sol. Comme s'il m'attirait tout à coup, comme si je lui trouvais un intérêt quelconque et que je désirais approfondir ma connaissance de chaque brin d'herbe qui poussait ici et là. Et je l'entendis soupirer. Exaspération ? Fatigue ? Insuffisance respiratoire passagère ? Je relevais mes yeux du sol et vis qu'elle fixait d'un air à faire fuir une Ombrage enragée. Quelque peu intriguée par cet étrange spectacle, je continuais de regarder les filles à qui ce regard meurtrier était adressé. Elles se levèrent et partirent rapidement. Dans ma poitrine, mon cœur battait à la chamade. Je plaignais ces pauvres filles, qui n'avaient rien demandé. Se faire descendre ainsi par un « emblème » de Poudlard, fallait le faire. Quoique chez les Serpentard, tout prétexte était bon pour descendre les gens.
Maintenant, il n'y avait plus personne dehors. Enfin, quelques élèves passaient de temps à autre, et s'évanouissaient dans les couloirs bordant la cour. J'évitais de poser mon regard sur ce visage qui me regardait sûrement de nouveau. Je jetais de temps à autre des regards à un banc vide, si on ne comptait pas le livre qui trainait dessus. Pourtant, je ne pus m'empêcher de fixer son visage, me demandant quelles ressemblances pouvais-je avoir avec cette fille. Elle me sourit, ce que je considérais comme une bonne chose. Peut-être qu'en fin de compte, l'annonce que j'aurais à lui faire ne se fera pas dans une ambiance chaotique, comme j'aurais pu le croire. Et elle se présenta.

« Je... Je sais que tu es Zazy-Timy. Je l'ai lu quelque part, chez ma maman. Ah, c'est toi la championne de Poudlard ? Je... J'ai cru entendre quelque part, enfin c'est ce qui court dans les couloirs, que tu n'avais pas l'étoffe d'une championne. Et on dit aussi que ton nom n'aurait jamais dû être jeté dans la Coupe de Feu, qu'il aurait dû aller visiter les toilettes de Mimi Geignarde. Ce... Euh, ce n'est pas moi qui le dit, je rapporte ce que j'entends. »

C'est comme si je venais de jeter une enclume dans la mer, une grosse tâche d'encre sur un parchemin vierge. Comment allait-elle réagir ? Je ne savais pas. C'était le risque à prendre, de toute façon. C'était soit ça, soit elle se casserait les dents sur des faux-semblants.