FLASHBACK

Octobre 2056

Un mois qu'elle se trouvait là, dans l'infirmerie de Poudlard à voir défiler des dizaines et des dizaines d'élèves. A son époque, c'était un lieu paisible et très rarement rempli. Elle aimait beaucoup s'y rendre mais elle doutait que ce soit encore le cas pour les élèves du Château. Ils ne venaient pas ici pour de banales blessures faites pendant les pauses en jouant avec des amis ou après un match de Quidditch bien disputé, non, ils venaient pour des problèmes beaucoup plus graves liés aux  dérèglements magiques, aux inféris et toutes autres choses qui frappaient le Château une à une.
Julia avait du mal à entrer dans le moule de la parfaite petite infirmière. Elle essayait de garder le plus possible ses distances avec les élèves car elle savait que si elle devait partir, aussi contente serait-elle, elle aurait du mal à les quitter.
Cela ne faisait qu'un mois et pourtant elle cultivait déjà l'espoir que cette situation ne durerait pas. Bien sûr, la Confrérie l'avait kidnappée et la surveillait à chaque minute, bien sûr ils l'avaient faite passer pour morte et maintenant elle répondait au prénom de Clarke mais elle avait l'impression que les gens qui l'aimaient ne l'avaient pas encore oubliée. D'un côté les autorités n'avaient pas pu leur donner son corps alors comme elle, ils devaient nourrir l'espoir d'un retour. Ils, enfin... Il. Dorian. Son meilleur ami, son mari, son amour. Elle le croisait quelquefois, le regard vide, son alliance toujours autour du cou. Il ne la reconnaissait pas avec les cheveux blonds car il ne regardait aucune autre femme et elle savait qu'il serait en danger si elle le mettait au courant. Ça la soulageait car elle ne savait pas comment elle aurait réagi au cas où il aurait commencé à courir les jupons mais d'un autre coté elle l'aimait tellement qu'au fond elle se disait que si jamais il devait vraiment lui arriver quelque chose, elle préférerait qu'il soit heureux et qu'il refasse sa vie... Maintenant, il était complètement seul. Il n'était même pas au courant qu'elle était enceinte au moment de son kidnapping... Toutes les nuits, elle se réveillait en sursaut en pensant entendre les pleurs de son bébé. Pleurs qu'elle n'avait entendu en tout et pour tout qu'une fois au moment de l'accouchement avant que la Confrérie le prenne et le mette dans une famille d’accueil.
Pour une fois, en regardant autour d'elle, Julia ne vit pas grand monde. A ne pas vouloir trop s'impliquer avec les élèves, la jeune femme s'avérait être une infirmière très efficace et très professionnelle. Elle alla se chercher un verre d'eau et s'installa dans un coin de la grande pièce. Pour une fois qu'elle avait un petit moment de répit, elle allait en profiter. Elle savait bien que comme d'habitude c'était le calme avant la tempête mais bon...
Et à peine y avait-elle pensé que quelqu'un poussa la porte de l'infirmerie. Clarke se leva aussitôt à la rencontre de la jeune fille, un sourire bienveillant aux lèvres.

C l a r k e – « Qu'est-ce qu'il t’arrive ? »

A voir le visage et la dégaine de la jeune fille, il devait sûrement s'agir d'un problème de dérèglement magique.
Julia ne pouvait pas en parler étant donné son appartenance à la Confrérie de l'Oracle mais elle aussi avait un don et ce dernier comme les autres était affecté par les dérèglements. Elle se rendait donc bien compte de l'épreuve que cela représentait en ce moment d'avoir un don. Bien sûr, ils n'étaient pas tous affectés de la même façon, ni même à un niveau égal et à vrai dire pour Julia ce n'était pas un très gros problème. Certes les premières fois, ça l'avait un peu surprise mais finalement ce n'était pas plus mal. Elle était arithmancienne depuis toute petite. Elle avait vu de bonnes comme d'horribles choses et maintenant qu'elle avait pris la place de son père auprès de la Pythie et était sous sa coupe, Julia ne supportait pas de mettre son don au service d'une Organisation qui avait tué sa mère, kidnappé son bébé et faite passer pour morte. En d'autres termes, c'était une aubaine pour elle.
Avant même que la jeune fille ne réponde à sa question, Clarke l'installa sur un lit près d'une fenêtre et lui déposa un verre d'eau sur la petite table de chevet juste à côté. Automatiquement, l'infirmière alla chercher une chaise au cas où, prête à écouter l'histoire de sa patiente. Elle savait bien que ce n'était jamais facile de se rendre ici, demander de l'aide, admettre avoir un problème et elle essayait de rendre ce lieu le plus accueillant possible. C'était une personne de confiance et elle prenait à cœur le fait d'aider et de se rendre utile comme elle le prenait à cœur lorsqu'elle travaillait comme médicomage à Sainte-Mangouste.