VULNERA SAMENTO FERME SES PORTES ▲
Merci à tous pour avoir pris part à cette formidable aventure.

en savoir plus
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM]
ϟ celui qui lit ce titre est un elfe de maison. Ceci était la touche d'humour de Thor.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:27.



bon sang ne saurait mentir
mets tes pas dans les miens

★ noms des participants: Aubépine de Séverac, Pénélope Courterois
★ statut du sujet: Privé
★ date: Dimanche 22 octobre 2056
★ heure: Un peu avant minuit
★ météo: Nuageux
★ saison: Saison #2
★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: n°2
★ numéro et titre de l'intrigue en cours: n°2
★ intervention de dominus: Non merci !
★ récompenses: Non.







Dernière édition par Pénélope I. Courterois le Mer 26 Sep - 20:02, édité 1 fois
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:28.
Une semaine. Merlin, que le temps passe vite. Cela fait déjà presque un mois depuis l'agression de Matvei – un mois quasiment que j'ai remis Beauxbâtons entre les mains de Virgile. Un mois depuis que je me suis enfuie à Londres comme une réfugiée quittant un champ de bataille – je reviens à peine de mon audace, en y repensant. J'en ai parlé ce soir avec Avdotia, dans ses appartements où je suis allée la rejoindre pour parler, à cœur ouvert, de cette première semaine à Poudlard. En ce qui me concerne, retrouver un poste classique de professeur de Métamorphose m'a semblé étrange de prime abord, mais c'est un sentiment rafraîchissant de me contenter simplement d'enseigner, sans tous les aléas et les tracas liés à la direction d'une école. Je sais bien que les élèves de Poudlard sont curieux des raisons qui m'ont poussée dans leurs couloirs – la lettre ouverte adressée à mes étudiants français a fait l'actualité le jour de ma démission officielle et de ma prise de poste ici, en Angleterre, mais je ne m'en ouvrirai pas plus. Qu'ils sachent simplement que j'ai agi ainsi pour ramener la paix à Beauxbâtons. Ils n'ont pas besoin de savoir le doute qui me ronge, ni les remords qui m'obsèdent, pas plus que mes angoisses à l'endroit d'Aubépine.

Une semaine que je la vois évoluer ici. Rire, sourire, s'emporter, plaisanter. Exister. Ce matin au petit-déjeuner, j'ai vu ma chouette Stelmaria lui apporter le dernier de mes courriers. Je ne lui ai pas dit que je suis là, à portée de la main – elle sait que je ne suis plus aux côtés de son père, mais en déplacement professionnel. Ah, chère enfant. Je ne cesse de repenser à ce cours où je t'ai vue assise, à quelques mètres de moi. Comme les autres, elle s'est montrée curieuse, et je me suis habituée aux regards qui me dévisagent, détaillant ma tenue qui respire la France et l'élégance, déchiffrer la musicalité chantante de mon léger accent. Je suis, après tout, l'une des héroïnes très controversée de l'année passée. Certains regards me crucifient, d'autres m'apaisent – dans celui d'Aubépine, je me noie toute entière. Comment déchiffrer ce que ses yeux me disent ? Dans ses lettres, elle ne semble éprouver nulle antipathie à l'encontre de Pénélope Courterois, parachutée à Poudlard du jour au lendemain. Je n'ose pas lui poser plus de questions. Si elle se doutait... ?

Dounetchka et moi avons discuté bien plus tard que de raison, mais l'insomnie ne m'accorde de toute manière que de bien courtes nuits. Les douze coups viennent de sonner au clocher lointain de Pré-au-Lard, et le son porte loin sous la lune. Quittant les appartements de mon amie, je prends le chemin des miens, avançant dans le noir pour ne pas perturber le repos des portraits. J'ai vite pris mes repères entre le logement d'Avdotia et le mien... Un bruit de pas, soudain, m'arrête. Le froufrou discret de ma robe s'interrompt, et je tends l'oreille. Oui, c'est bel et bien le bruit d'une démarche qui se veut furtive, et la lueur d'une baguette me révèle la présence d'un élève hors de son dortoir. Et lorsque l'imprudent tourne l'angle du couloir et me découvre dans la lumière ténue, j'adopte le ton le plus réprobateur qui puisse être.

« Ne pensez-vous pas que l'heure est un peu tardive pour une promenade digestive ? »

La baguette s'abaisse alors que je lève la mienne et diffuse autour de nous une lumière ténue. Des boucles blondes, des yeux clairs à mi-chemin entre l'azur et l'orage – mon cœur rate un battement, je fais un pas en arrière. Aubépine. Ma fille, l'air coupable, errant tranquillement dans Poudlard au beau milieu de la nuit – Seigneur, j'ai bien fait de venir ici.

« Miss de Séverac. Please follow me. »

Je ne sais quoi dire, quoi faire. Je l'emmène dans mon bureau, la fais asseoir, prends place derrière le meuble de bois si peu élégant que l'on m'a attribué en attendant que le mien ne me soit livré depuis la boutique de marqueterie sorcière où je l'ai commandé. Aubépine. Là. Devant moi. Je réfrène sauvagement la pulsion qui voudrait que je la serre dans mes bras, pour me contenter de l'étudier plus attentivement, avidement, pour graver chaque trait de son visage dans ma mémoire, chaque nuance de ses prunelles, chaque mouvement involontaire. Je suis tout aussi émerveillée devant ce joyau que j'ai mis au monde, qu'agacée devant son imprudence et son déni des règles, et pour la première fois de ma vie, je suis sans voix tant je ne sais à quel saint me vouer.

Alors, j'attends.

Qu'elle parle la première.


Dernière édition par Pénélope I. Courterois le Mer 26 Sep - 19:53, édité 1 fois
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:49.
Cela faisait environ deux mois que les cours avaient commencé à Poudlard et à peu près autant de temps qu’Aubépine avait accidentellement croisé la route d’un loup-garou dans la forêt interdite. Si l’on pouvait qualifier d’accidentel le fait de se promener dans cette même forêt en espérant tomber sur un loup-garou pour l’étudier. Mais quelles étaient les probabilités qu’il y en ait justement un, le soir où elle souhaitait les observer ? Certes, la pleine lune avait aidé, évidemment…

Aubépine avait, malgré tout, été assez effrayée pour se tenir à carreau pendant deux mois… bien que les recherches qu’elle effectuait tardivement dans sa salle commune jouaient beaucoup là-dessus, à vrai dire. Elle ne pouvait pas se renseigner sur les êtres de l’eau et tenter de découvrir ce qui leur arrivait, et en même temps enquêter hors de la tour des Serdaigle. Et puis, qui sait si sa mère n’entendrait pas parler de ses escapades nocturnes ? Elle avait peut-être des contacts à Poudlard, qui le lui racontait.

Pas une seule seconde Aubépine n’aurait pensé que sa tante, avec qui elle était en correspondance, aurait laissé filtrer ses mésaventures avant quiconque : elle l’avait après tout encouragée à les lui dévoiler, plutôt qu’à sa mère, pour que cette dernière ne meurt pas de peur.

Aubépine secoua la tête, constatant qu’elle divaguait de son but premier : aller retrouver les êtres de l’eau dans le lac et discuter avec eux. Malheureusement pour elle, ces quelques minutes d’inattention eurent pour effet de la faire repérer par quelqu’un qu’elle n’avait point entendu dans les couloirs.

Si seulement elle avait une cape d’invisibilité, tout serait plus facile ! Quoi que, le rayon provenant de sa baguette frappée de Lumos trahissait amplement sa présence, bien qu’il soit indispensable. La maladresse légendaire d’Aubépine aurait fait des siennes, et ça n’aurait pas été une seule personne qui aurait entendu la jeune Serdaigle. Elle se serait probablement pris les pieds dans sa cape, aurait trébuché sur un animal qui pour une raison inconnue se baladerait dans les couloirs en plein milieu de la nuit et dans l’obscurité, geste qui l’aurait envoyé à tout élan sur les armures… armures qui telles des dominos se seraient écroulées les unes sur les autres dans un fracas de métal digne de réveiller un mort dans sa tête. Bref, il était nécessaire qu’elle s’éclaire, si elle ne souhaitait pas anticiper la fin du monde.

Elle frémit, en entendant son interlocuteur parler.

« Ne pensez-vous pas que l'heure est un peu tardive pour une promenade digestive ? […] Mademoiselle de Séverac. Veuillez me suivre, je vous prie. »

La fermeté du ton mit l’élève mal à l’aise, mais elle suivit sans dire mot le professeur dans son bureau, lorsque Pénélope de Courterois la somma de le faire. Beaucoup de gens critiquaient l’ancienne directrice de Beauxbâtons, dans son dos la plupart du temps – peu osaient la défier du regard. Il fallait dire qu’elle était impressionnante, avec son port altier, ses vêtements élégants, sa voix raffinée… Mais Aubépine n’était pas intimidée par elle. Elle n’était qu’admirative, en temps normal, du courage dont elle a fait preuve pour s’opposer à l’Organisation, par amour pour ses élèves. C’était une femme incroyable, dont l’âme devait être terriblement belle – qui pouvait lui reprocher ses premiers actes face à l’Organisation, qui en a terrorisé plus d’un ? Il ne serait même pas surprenant que certains soient littéralement morts de peu. Aubépine frémit à cette idée, puis se rappela où elle se trouvait. A Poudlard. Dans un couloir, en chemin vers le bureau de son professeur. La mine contrite, coupable – elle l’était, après tout -, elle ne disait mot, jusqu’à ce qu’elle soit invitée à s’asseoir, et que l’on attende visiblement qu’elle parle.

Que pouvait-elle dire ? Comment pouvait-elle justifier sa présence hors du dortoir, à cette heure tardive ? Elle était bonne pour une retenue, voire plusieurs, cela ne faisait aucun doute. Elle prit une longue inspiration, et s’apprêta à parler, les idées s’organisant déjà dans sa tête. Mais elle fut coupée dans son élan lorsqu’elle vit avec quelle intensité Madame de Courterois la dévisageait. Pourquoi la fixait-elle autant ? Cela mit véritablement l’élève mal à l’aise, et elle reprit une profonde inspiration pour se donner du courage.

« Je suis désolée, Madame, je suis consciente de mon infraction des règles, mais laissez moi vous expliquer, s’il vous plait. J’allais voir les êtres de l’eau. Cela fait deux mois que je cherche une solution au mal qui les ronge, à leur mal-être, et deux mois que l’on m’interdit de les voir, que l’on m’isole de l’avancée de leur maladie. Je suis inquiète, et je n’ai pas trouvé d’autres solutions que d’aller leur rendre visite durant la nuit, auprès du lac. Quitte à ce que des gens patrouillent, et que je me retrouve punie. Je dois les voir. Je suis réellement paniquée à l’idée que leur santé décline, et un peu de compagnie ne leur fera pas de mal. Vous savez, la guérison passe aussi par un mental d’acier, et se sentir soutenu aide pour cela, n’est-ce pas ?

Mais je sais que j’ai eu tort et que vous devez par conséquent me donner une retenue. Je n’y ferai aucune objection, il est de vôtre devoir de le faire, comme il est du mien d’aller voir les êtres de l’eau, et d’essayer de les soulager. Je suis désolée que je l’aie tenté de cette manière, mais il me semblait qu’il s’agissait de la seule option plausible.

Je ne tenterai pas de vous faire accéder à ma requête de les saluer et de converser avec eux : j’ai bien conscience de mon infraction et de n’avoir aucun droit après cela, rassurez-vous. J’accepterai sans soucis mon châtiment, et retournerai auprès de mes camarades dans mon dortoir.
»

Aubépine, quelque peu essoufflée par sa tirade, croisa les bras sans aucune impertinence et attendit le visage calme et moitié moins symbole de sa culpabilité une réponse de son professeur.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:50.
Mes pensées s'emballent et s'envolent. C'est tellement surréaliste, inattendu, inespéré, de me trouver là en tête à tête avec ma fille, avec elle, mon Aubépine – et même si les circonstances sont peu propices à un rapprochement, je veux néanmoins savourer ces instants volés qui abreuvent de joie la solitaire détresse de mon secret. Mes yeux ne semblent pas pouvoir se rassasier d'elle – je capte chaque détail de sa silhouette, chaque mouvement de ses mains, chaque trait de son visage, et ne peux m'empêcher de lui trouver des ressemblances avec Matvei, avec moi, tellement plus frappantes que sur les photographies qu'elle m'a envoyées. Ses yeux tirent plus vers l'azur pur de ceux de son père, mais ses cheveux ont la blondeur dorée des miens, ai-je décidé – de même, la passion dans sa voix est à moi, alors que l'intensité de son regard est celle de son père. Ah, ma fille. Quel choc de t'avoir ici, rien que pour moi, dans ce bureau terne et impersonnel que l'on m'a donné. Un instant, mes souvenirs de Beauxbâtons se manifestent – les rayons du soleil par les baies vitrées, l'or et les boiseries, la chaleur de la France – tout cela me manque, dans cette pièce toute de pierre et d'ombre, froide et silencieuse. Au moins ai-je pu redécorer mes appartements à ma guide : ajouter un baldaquin bleu marine au lit, des tentures de la couleur pâle d'un ciel d'hiver, des tapis épais dans lesquels j'aime à enfoncer les orteils au lever. Mais ici, dans ce bureau qui jouxte ma salle de classe, je n'ai pas encore pu apposer ma marque. Je ne m'y sens pas encore tout à fait à ma place – il a suffi qu'Aubépine s'installe sur l'une des chaises pour en faire un univers familier, mais en même temps totalement étranger.

Ma fille. Et son plaidoyer ardent, passionné, qui me tire un sourire involontaire là où il ne devrait y avoir que de la sévérité. Je le réprime bien vite – je me dois d'être ferme, quand bien même je voudrais la féliciter. Je me sens bien mal à l'aise, soudain, de l'autre côté de ce bureau un peu branlant qui doit avoir au moins trois cents ans. Que feraient les autres enseignants à ma place ? Je suis encore une étrangère parmi eux, une intruse – je sens leurs regards dans la salle des professeurs, les murmures dans mon dos, en dépit de ma cordialité et de ma discrétion. Que ferait Avdotia ? Elle se fâcherait, sûrement – je sais déjà qu'elle a terrorisé deux classes entières de première année. Alors que, pour le moment, ma première semaine s'est plutôt bien passée. Je suis parvenue à rester dans une neutre mais sévère bienveillance avec les Serpentard, les Poufsouffle semblent m'apprécier, les Serdaigle suivent mes cours sans rechigner, et les Gryffondor, bien qu'un peu turbulents, n'en sont pas moins attachants. Avec n'importe lequel d'entre eux, une remontrance et une retenue suffiraient – mais j'ai peur pour la sécurité d'Aubépine, tout en ne souhaitant absolument pas me montrer excessive.

Merlin qu'il est compliqué d'être mère.

Surtout quand votre enfant ne sait même pas qui vous êtes.

Je n'ose pas lui écrire sous ce nom d'Eden que j'ai usurpé pour lui demander ce qu'elle pense de son nouveau professeur. La réponse éventuelle me terrifie, et le procédé aussi bas que mesquin me déplaît, souverainement. Mais d'un autre côté, combien de temps vais-je le lui cacher ? Elle me haïra, sûrement quand elle saura, mais en attendant, je dois rester prudente. M'adossant contre le dossier de mon fauteuil, les bras croisés, je la toise sévèrement quelques instants. Elle ne doit pas retourner dans la Forêt.

« Mademoiselle, vos intentions sont louables. Et comme ton cœur est grand, mon enfant. Comme je suis fière de toi. Aussi pardonne-moi – je dois avant tout veiller sur toi. Mais votre mépris du règlement occulte la noblesse de votre raisonnement et je ne saurais cautionner cela. Vos parents en vous confiant à nous s'attendent à ce que nous garantissions votre sécurité – nous ne pouvons le faire si vous enfreignez nos règles. Aussi, mademoiselle, veuillez à l'avenir modérer vos élans et tempérer vos ardeurs. Il serait prétentieux de présumer de vos compétences. Ne me déteste pas. Je fais cela pour toi – je n'en pense pas le premier mot – alors, s'il te plaît, ne me hais pas. Je devrais certainement écrire également à vos parents pour les informer de votre inconduite. »

A cet instant, je suis certainement aussi hautaine, froide et prétentieuse que mes ennemis les plus acharnés ont pu me décrire par le passé. Fermement, je tiens à la bride à mes instincts maternels, à cette voix déchirée qui hurle dans ma tête, celle d'une enfant de seize ans à qui l'on vient d'arracher son bébé. Je ne veux pas qu'elle soit blessée – et si pour cela, elle devait moins m'apprécier... Je suis prête à en payer le prix. Ma priorité désormais, c'est sa survie.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:52.
Un silence inconfortable prend place, alors qu’Aubépine a fini d’exposer les raisons de son comportement – qui doivent sembler bien maigres au professeur en face d’elle, pour qu’elle manque ainsi de réaction. Cependant, la jeune fille est bien trop occupée à fixer le sol terne pour remarquer que la nouvelle venue à Poudlard est en fait en train de la regarder, de l’observer. Probablement aurait-elle trouvé ce regard trop insistant, si tant est qu’elle l’eut remarqué, mais elle n’y prêta nulle attention.

Elle croisa les mains, se tordant les doigts, le stress montant quelque peu en elle. Et si la Directrice bafouée n’était pas celle qu’Aubépine se représentait, ni courageuse ni aimante envers ses élèves ? Une femme qui, simplement, veillait à ses propres intérêts avant ceux des autres, jusqu’à être rattrapée par le remords comme à Beauxbâtons ? Impossible. Elle n’aurait jamais risqué sa vie comme cela, au dernier moment, pour défendre ses élèves, si elle n’avait pas une grandeur d’âme certaine, et un amour inconditionnel pour les pauvres ères sous sa protection à Beauxbâtons.

L’adolescente, ou la toute jeune adulte – elle était majeure dans la communauté sorcière, après tout –, frémit suite au regard dirigé sur elle, et baissa humblement la tête. Elle avait mérité les reproches qui allaient suivre, peu importe combien ses intentions étaient louables. Elle le savait, elle n’avait rien à dire pour sa défense. Uniquement à attendre que le courroux légitime de l’enseignante passe. Elle s’apprêtait à subir sans mot ce qui l’attendait, mais Pénélope de Courterois emprunta malheureusement une voie qu’Aubépine ne pouvait accepter sans se taire. Une voie trop douloureuse pour la jeune fille, un sujet encore trop sensible.

D’après Ludwig, elle était chanceuse d’être en relation avec ses parents biologiques – ou du moins sa mère qui lui parlait d’eux -, en plus d’avoir deux parents adoptifs qui l’aimaient toujours même si elle recherchait l’admiration de ses parents biologiques. Et pourtant, un trou subsistait dans sa vie, à fortiori depuis que sa mère lui avait appris il y a quelques semaines de cela que son père était dans le coma. Elle essayait de se montrer ferme, de puiser des forces dans les rapports que sa mère lui faisait, mais il était tout de même douloureux pour elle de penser à cela. Bien trop douloureux. Bien trop privé. Si bien que la jeune fille, décidée auparavant à accepter sa punition méritée, s’emporta… d’une manière dont elle aura probablement honte bien plus tard : on ne traita pas ainsi un Professeur.

« Prévenir mes parents, Madame ? Lesquels ? Je suis adoptée, je suis en relation avec ma mère biologique par courrier, mon père que je n’ai jamais eu la chance de connaître est dans le coma et je pleure chaque jour cet état de fait, ne sachant pas s’il changera un jour. Mes parents adoptifs sont bel et bien joignables, mais ne pensez-vous pas qu’avec les désastres qui ont eu lieu, ils aient autre chose à faire ? Quant à ma mère biologique, je ne peux pas vous donner son identité, je ne la connais pas, mais elle ne mérite pas tant d’inquiétude. Vous allez dire que c’est là ma faute, de sortir ainsi dans les couloirs, mais vous ne savez pas ce par quoi elle est passée. Elle se protège, des gens malhonnêtes ayant attenté à la vie de mon père, et souhaitant peut-être attenter à la sienne. Et vous pensez raviver ses plaies, en l’inquiétant inutilement à propos de sa fille ? Je ne serai pas morte dans le parc de l’école. Nous sommes en sureté, vous le savez. D’autant plus que des mesures ont surement été prises pour renforcer la sécurité de l’école après les évènements passés. Je ne serai pas, comme mon père, victime d’un assassinat raté, quoi que je fasse. »

Aubépine ne s’était pas entendue parler, et lorsqu’elle eut fini sa diatribe, elle prit conscience de l’inconvenance de ce qu’elle venait de faire. Elle qui s’entendait généralement très bien avec les adultes, les respectait plus que tout, venait-elle vraiment de dire tout cela ? Honteuse à nouveau, ses nerfs à vif lui jouèrent des tours, alors qu’elle avait en tête tous les malheurs qui frappaient sa famille. Elle eut ainsi une réaction inattendue : de gros sanglots vinrent secouer son corps… Visiblement, encaisser le coma de son père lui était plus difficile qu’elle ne le croyait. Elle balbutia un « désolée » dont elle n’était même pas sûre qu’il soit entendu par son interlocutrice.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:54.
Je suis perdue. Je me doutais bien que mes paroles provoqueraient une certaine résistance de sa part, quelque rébellion de principes, du moins un désaccord quelconque – je ne m'attendais pas à cette diatribe tellement poignante qu'elle en devient émouvante. Aubépine parle, Aubépine confesse, Aubépine s'emporte – et moi je bois ses paroles, j'écoute ses sentiments s'exprimer, dans cette tornade de mots qui l'emporte toute entière. Oh, comme je me vois en elle ! Cette rage, ce désespoir, cette impuissance si insupportable qu'elle est prête à tout pour lui échapper, cette volonté farouche de se battre et d'exister, de changer les choses, de faire la différence – oh oui, que je me vois en elle, dans sa voix, son regard, dans chacun de ses choix.

Elle parle de moi. Quelques mots neutres, rien qui ne dévoile ce qu'elle pense de cette inconnue, somme toute, qui lui a donné naissance – elle mentionne seulement son père par son coma. Un instant, je me fige. Un attentat ? Je ne lui en ai rien dit. Veillant à ne pas trop l'inquiéter. Qui alors ? Avdotia, sûrement. Il faudra que nous prenions garde à ne pas trop dévoiler d'indices à Aubépine – elle a de l'esprit, une vive intelligence, et un instinct passionné qui sauraient bien lui faire relier les points et retracer son arbre généalogique. En attendant, je dois rester prudente. Je ne sais trop sur quel pied danser face à cette toute jeune femme qui se révolte et tempête contre les forces qui lui arrachent sa vie et sa liberté d'agir. Oh, chère enfant. Comme je comprends tes tourments.

L'entendre évoquer Matvei me serre le cœur. Elle pleure, chaque jour ? Comment lui dire que ses larmes font écho aux miennes, celles qui coulent non pas sur mes joues aux yeux de tous, mais bien dans le secret de mon âme en deuil ? Comment lui avouer que sa détresse est jumelle de la mienne, et qu'à Poudlard Avdotia est la troisième personne à la partager – comment lui dire qu'à part Cassandre, les trois autres femmes de la vie de Matvei sont réunies ici ? Impossible, évidemment. Je ne saurais exposer Avdotia ni l'identité du Ministre de la Magie – seule la mienne est sujette à débat, mais je ne sais pas si ma fille est prête pour ça. Au moment où je voudrais parler, la renvoyer se coucher – elle m'interrompt, quand je vois le premier sanglot secouer ses épaules.

Elle pleure.

Elle pleure, de toute son âme, de tout son cœur, et je ne le supporte pas. Une main glaciale vient s'emparer de la flamme dans ma poitrine, et la serre à l'étouffer – je me revois, dix-sept ans plus tôt, plus jeune qu'elle – debout, devant mes parents, le ventre gros d'Aubépine, affrontant leur regard méprisant, et leurs remarques acerbes avant qu'ils ne m'envoient chez une tante, recluse, cachée dans la honte. Les torrents de larmes qui avaient bercé ma grossesse jusqu'à la naissance de mon bébé – et l'amour instantané, soudain, et merveilleux, pour ce tout petit bout de moi qui respirait. Je me souviens, ces quelques jours où on me l'a laissée – quand elle dormait, lovée contre moi, son tout petit poids sur mon ventre, ses doigts minuscules crispés sur mon index avec une force étonnante. Les larmes de ma fille déverrouillent mon cœur, et je retrouve intacte la douleur de la séparation, l'angoisse de l'inconnu, les remords, la culpabilité.

J'ai abandonné mon bébé.

Elle ne pourra jamais m'en pardonner.

Les larmes me montent aux yeux à mon tour. Je voudrais me précipiter à ses côtés, la prendre dans mes bras, et la bercer tant que ses pleurs n'auront pas séché – mais à ses yeux, je ne suis pas sa mère, rien d'autre que son professeur, et ce geste serait sûrement mal perçu, mal reçu, mal interprété. D'ailleurs, je ne suis guère à l'aise – mes propres sanglots menacent de se frayer un chemin malgré toute ma volonté, et je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps, à la regarder s'épancher sans agir. J'ai l'habitude des larmes pourtant – j'ai recueilli celles de Gaïa sur mon épaule, répandu les miennes sur le col de Matvei, consolé Lëtalia, offert certaines à la lune en pensant à Gabrielle. Oui, j'ai l'habitude des larmes – mais celles de ma fille me brûlent toute entière, me dévorent de l'intérieur, et l'ampleur de la trahison me terrasse.

Elle pleure à cause de moi.

Je suis une mère indigne.

Tout cela est insensé.

D'un bond, je me lève, me tourne face au mur. Lui tournant le dos, carrément, tant la vue de sa détresse me paralyse, tant mes bras sont douloureux de ne pas pouvoir l'enlacer. J'inspire profondément, assurant ma voix, crispant mes mains l'une contre l'autre pour maîtriser leur tremblement. Délibérément, je rends ma voix de glace, y glisse un soupçon de mépris que je n'ai jamais utilisé que contre mes plus grands ennemis. Pardonne-moi, ma toute petite : je ne suis pas assez forte pour augmenter ma propre peine de toute l'ampleur de la tienne, et je ne veux surtout pas faire peser sur toi mon propre fardeau.

« Cessez de vous donner en spectacle, mademoiselle. Je pensais pourtant que même en Angleterre, l'on enseignait aux enfants un rudiment de dignité. »
Insensible, hautaine, cruelle oui – je suis tout cela, et contrairement à la rumeur c'est la première fois. C'est tellement facile que je m'en effraie – il est donc si simple de blesser les innocents, de trahir ses propres sentiments ? La voix terrible de ma honte hurle à en perdre le souffle, et mon cœur se déchire, lentement, mot après mot, lambeau après lambeau. Je ne peux en dire plus sans que ma voix ne cède – aussi, je me tais, me mordant les lèvres, et fixant obstinément le mur comme si sa vue me dégoûtait, alors que je ne peux tout simplement pas supporter le spectacle de toute cette douleur si pareille à la mienne. Instinctivement, à travers le tissu fin de mon châle qui recouvre mes épaules, j'agrippe le collier qu'elle m'a offert et dont je ne me sépare plus, comme si ce talisman pouvait atténuer l'impact affreux du mal que je lui fais, sacrifiant mon bonheur et sa sérénité pour assurer sa sauvegarde et sa tranquillité.

Oh Merlin, pourquoi tant de cruauté.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:55.
La jeune élève ne contrôlait pas ses larmes, et elle appréciait peu de perdre son sang-froid dans un moment pareil. Qu’allait penser son professeur ? Qu’elle geignait et feignait l’affliction, pour échapper à une punition qu’elle savait justifiée ? Probablement. Et cela dérangeait Aubépine, qui cherchait comment se sortir de cette situation sans passer pour une jeune fille écervelée qui avait des priorités insignifiantes dans la vie et qui ne se souciait guère de l’image qu’elle véhiculait. Ca n’était pas le cas, et ça ne le serait jamais. Comment pouvait-elle être indifférente de son image, alors même qu’elle n’avait qu’elle pour plaire à ses parents biologiques, et qu’elle ne voulait pas leur donner l’occasion d’avoir une mauvaise opinion d’elle ?

Mais c’était plus fort qu’elle, les jours, les semaines même, de pleurs silencieux, dans l’obscurité d’un endroit isolé ne lui suffisaient plus, et elle craquait. Littéralement. Devant cette inconnue qui, finalement, lui semblait bien plus désagréable qu’elle n’avait voulu le croire. Son attitude, et la réponse qu’elle fournit à Aubépine, poussaient fortement la Serdaigle à croire cela. Comment pouvait-on faire preuve d’autant d’insensibilité, alors même qu’une élève craquait nerveusement dans son bureau ? Se focaliser sur ces pensées, et sur le caractère de Madame Courterois, permit à Aubépine de se calmer, et de reprendre ses esprits, pour répondre avec un ton aussi sec et aussi glacé que celui qu’on lui avait infligé.

« Pensez ce que vous voulez, Madame, il ne me sied guère d’être un monstre de glace, je préfère porter mes émotions et montrer ma sensibilité sur mon front, quitte à passer pour une jeune écervelée. La dignité ne consiste pas à masquer ses émotions à tout instant, mais plutôt à savoir les manifester quand l’occasion s’y prête, plutôt que de les enfouir en soi et d’en souffrir, Madame. Il n’était pas dans mon intention de céder ainsi aux miennes ici, je saisis bien que ça n’est ni le lieu, ni le moment de le faire, mais n’avez vous donc jamais – et bien involontairement – réagi à un sujet plus que sensible ?

Si mon manque de dignité vous effraie, contentez d’aborder des sujets plus banals, et exprimez donc le châtiment que j’aurai pour mon infraction des règles de cette école. Je vous ai déjà dit que je l’accepterai sans sourciller, entièrement consciente de devoir respecter un règlement mis en place et les sanctions qui vont de pair lorsque l’on enfreint ce règlement.

Quant à me faire passer l’envie de recommencer… Renseignez-vous auprès de vos collègues déjà présents durant mes six années à Poudlard, ils vous en diront plus à ce sujet-là.
»

Elle n’avait pas totalement recouvré ses esprits, mais bien qu’elle recherche généralement une entente totale avec les adultes de l’établissement, dont elle a toujours été bien plus proche que des élèves, la réaction effarouchée de la française l’avait exaspérée, et elle prenait comme un challenge de la provoquer et de la faire sortir de sa réserve. Madame Courterois lui refusait elle-même toute dignité, en refusant de rester en face d’elle alors qu’elle pleurait.

« Manifester mes sentiments, ma tristesse, la blessure qui déchire mon cœur vous effraie tant que cela ? Au point que vous ne puissiez même pas me regarder ? Avez-vous tellement peur de vous livrer que vous ayez en horreur cette vision d’une élève dont la peine est si grande qu’elle ne peut se contrôler ? »

Elle allait bien plus loin qu’elle ne l’aurait souhaité, mais elle se laissait emporter… comme bien trop souvent à vrai dire. Dans l’élan, elle se mit instinctivement à parler français, comme pour se protéger de l’influence de ses propos, comme pour les soustraire aux oreilles des autres.

« Les Français sont pourtant réputés pour leur amour de la passion. La réserve n’est pas leur caractéristique principale. Paris, la ville de l’amour… Qu’en pensez-vous ? Je ne puis croire que vous êtes, Madame, aussi insensible que vous souhaitiez le paraître. Vous n’auriez jamais eu le courage de vous rebeller contre l’Organisation comme vous l’avez fait, si vous l’étiez. Je suis persuadée que vous tenez à vos élèves. Pourquoi, sinon, avoir commis un tel acte de bravoure qui, je ne vous le cacherai pas, m’a grandement impressionnée lorsque je l’ai vu, et m’a rendue fière de vous – malgré le fait que je ne vous connaisse pas ? Pourquoi, aussi, être venue enseigner à Poudlard, si ça n’est pas le fruit d’une grande affection pour vos élèves – qui ne la saisissent évidemment pas, d’après les correspondances que j’échange avec certains d’entre eux -, pour leur éviter de plonger dans un chaos sans nom ? »

Elle était impertinente, sans même le souhaiter, mais elle ne pouvait s’empêcher de dire ce qu’elle avait sur le cœur. Au fond, elle était sure que la jeune femme en face d’elle se construisait un bouclier, pour ne pas être touchée par les flèches qu’on lui lançait. Mais à quoi bon, si ça nous coupait aussi de toute affection, de toute amitié ? Aubépine n’aurait jamais survécu sans l’amour de ses parents, de sa mère biologique, de ses Enfants Perdus. Et pourtant, elle était là, à 17 ans, croquant sa jeunesse à pleines dents et se battant pour ses convictions, pour son amour de la vie, des gens, de tout ce qui l’entourait. Alors qu’elle aurait du faire profil bas et attendre la sanction, elle essayait de raisonner son professeur, bien que pas forcément de la meilleure des manières possibles.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:56.
Sa voix me crucifie. Tout ce qu'elle me dit, d'autres déjà me l'ont envoyé au visage, mais par dépit, ou par rancœur – jamais encore ces reproches n'avaient été justifiés. Comment aurais-je pu deviner qu'un jour je me ferais insensible face aux larmes d'une de mes élèves, que je nierais sa détresse, son besoin de réconfort ? A l'instant même où je formule cette pensée, je rectifie, de moi-même, l'erreur qu'elle contient. Ce n'est pas des larmes d'une élève dont je me détourne – c'est de celles de ma fille, de mon enfant, tant elles me blessent et me dévorent toute entière. Je suis venue ici pour la voir rire, s'épanouir, pas pour la voir pleurer. Quelle mère souhaiterait constater la tristesse de son bébé ? Une larme s'échappe de mes paupières étroitement closes. Une seule – je parviens à retenir les autres. Et Aubépine continue de parler – son passage au français ne me surprend pas.

J'ai mal.

J'encaisse ce qu'elle dit, ces pierres aiguës dont elle me lapide, ces échardes qu'elle enfonce sous mes ongles, les flammes cruelles dont elle embrase mon bûcher. J'écoute la sécheresse de son ton, je devine la colère froide qui doit s'être imprimée sur son visage. Mais que lui dire ? Je ne peux qu'écouter, graver ses intonations et la musique de ses paroles dans ma mémoire, quels que soient les mots qu'elle me dit. Elle est impertinente, oui, mais je ne peux m'empêcher de vibrer devant la passion qui l'anime, cette force de conviction qui pourrait bien bouger des montagnes si on la laissait faire. J'ai maintenant un respect encore plus grand pour les Séverac : ils ont bien élevé la fille que je leur ai confiée.

Je brûle.

Ses mots me marquent comme un ardent fer rouge qui s'enfoncerait dans ma chair inopinément. Elle me parle de mes anciens élèves, de Beauxbâtons – de sa certitude que j'ai agi pour une louable intention, que j'ai agi par affection, par considération pour eux. Et elle ne comprend pas ma froideur – comment pourrais-je le lui expliquer ? Elle a raison, bien sûr. Je suis partie pour ramener la paix à Beauxbâtons déchirée entre mes détracteurs et mes partisans – mais je suis aussi venue ici pour elle. Pour la voir, la côtoyer – et lui dire, peut-être, un jour, de qui elle est née. Une fraction de seconde, mes pensées volent vers Matvei, étendu dans son lit d'hôpital, inconscient de ce qui l'entoure, ignorant de mes choix, de mes actes. M'approuverait-il ? Je sais qu'il prévoyait de lui dire qui il est, quand elle serait diplômée, majeure, hors de danger. Majeure, elle l'est aujourd'hui – mais je n'ose présumer de la sécurité offerte par Poudlard, pas après l'année écoulée. Que se passerait-il si elle savait ? Comment me jugerait-elle, est-ce qu'elle m'accepterait ? Et si jamais la nouvelle devait se répandre ? Les journalistes, sans cesse, sur ses talons, à sa porte ? La tache qui assombrirait son nom, l'associant à celui de Pénélope Courterois, la collaboratrice, celle qui a vendu son école, permis le massacre de ses élèves ? Quelle horreur. Je n'ose y penser. Mais elle ne bougera pas d'ici tant qu'elle n'aura pas été congédiée, je le pressens, aussi, je rassemble ce que j'ai de force en moi et me tourne vers elle, à nouveau, l'air sévère et la mine sombre.

Elle semble bien plus triste qu'en colère.

Déçue, presque.

Je peux tout supporter, endurer le mépris, la haine, le dégoût. Mais pas cette déception dans les yeux d'Aubépine. Pas ce déni de ma personne, ce doute sur mes motivations, sur ce qui a fait de moi une bonne directrice, malgré la mort et l'horreur. Je voudrais lui expliquer. Que je n'agis pas ainsi pour la blesser, mais pour assurer sa protection – que sa survie est devenu mon seul objectif après l'attentat perpétré contre son père, que je veux la savoir en sécurité, saine, et sauve. J'ouvre la bouche. Je voudrais parler, mais ses yeux m'imposent le silence. Comme si les faux-semblants que j'ai voulu dresser autour de moi refusaient de se laisser formuler, tant qu'elle me regarde ainsi, de ces yeux qui me rappellent tellement son père. Je m'appuie au mur, ferme les yeux. Passe la main sur mon front – l'autre agrippe toujours le pendentif sous mon châle. J'inspire, j'expire. Le calme revient. Je suis de nouveau souveraine de moi-même, maîtresse de mes décisions.

J'ouvre les yeux sur son regard.

C'est mon enfant qui me regarde – ces yeux-là sont les siens. Ma fille. Mon sang.

Quelque chose se brise en moi, loin, si profondément que je n'ai pas de nom pour le décrire. J'entends juste le son prophétique du destin qui déraille et change son cours.

« Chère enfant. »
Rien de plus. C'est en français que j'ai parlé. Ce nom que je lui donne, l'ouverture de mes lettres. D'autres sûrement l'ont déjà appelée ainsi – moi en tout cas, je ne l'ai jamais appelée que comme ça. Je ne sais pas si elle va comprendre, deviner. Je n'en sais rien et le doute m'angoisse, mais cela ne peut continuer ainsi. Vais-je donc trembler à chaque semaine qui s'écoule, à chacune de ses incartades et de ses entorses au règlement ? Non. Ce n'est pas moi. Je ne vais pas non plus lui mentir pendant des mois – ce ne serait pas digne de Pénélope Courterois.

Je lâche la bride au Destin – qu'il décide, lui, de ce que sera demain...
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:58.
Aubépine avait continué sa litanie, surprise de n’être point interrompue, passionnée, investie totalement dans son discours, comme si sa vie en dépendait. Elle en avait les joues rosies, le souffle court, les yeux brillants. Comme si rien n’était plus important que les mots qu’elle plaçait les uns après les autres, que les idées qu’elle exprimait. Comme si elle était en train de changer le monde. Et qui sait, peut-être était-elle en train de le faire ? De changer le monde, son monde ?

Cependant, alors qu’elle voulait reprendre la parole, l’ancienne directrice se retourna vers elle, la fixa de son regard. Et tout ce qui en sortait stupéfiait la jeune fille. Il n’en ressortait pas de la colère, de l’outrance, de l’effarement. Non, on aurait dit que son interlocutrice était blessée, émue, mal à l’aise, incertaine… une multitude de sentiments contradictoires s’entremêlant, sans qu’aucun ne prenne clairement le dessus, et cohabitant de manière surnaturelle.

Pourquoi son professeur n’était-elle pas en colère ? Qu’est-ce qui justifiait ce changement soudain, le souffle court, le malaise presque, qu’Aubépine décelait chez elle ? La Serdaigle ne comprenait nullement ce qu’il en était, et était elle-même plus qu’indécise sur l’attitude à adopter. Elle se contenta donc de dévisager celle qui la décontenançait de plus en plus, sans rien dire, réfléchissant à quelle action effectuer. Se transformer en animal, en puce de préférence, pour disparaître et ne plus être confrontée à cette situation surréaliste ? Non. Elle n’était ni animagus, ni en état de recourir à un sortilège de métamorphose assez puissant pour cela.

Elle n’eut que la force de se rassoir sur le siège qu’elle avait occupé au début de cet entretien, sans quitter Madame Courterois des yeux pour autant. Dans l’expectative, elle se contentait de respirer de temps à autre, histoire de ne pas s’étouffer. Inconsciemment, elle ferme les yeux, tombant dans une semi inconscience – la pression qui se relâche, surement, et lui transmet une petite vague de sommeil. Si la seule autre personne présente la regardait, elle croirait qu’elle s’était endormait. Et pourtant, la jeune adulte était pleinement consciente, ses autres sens étant décuplés par cette privation de l’un d’entre eux. Elle se concentrait sur tout ce qui lui était accessible, alors qu’elle était privée de sa vision.

C’est ainsi qu’elle manqua de s’étouffer quand, clairement, deux mots tintèrent à ses oreilles. Deux mots que jamais personne n’avait utilisé, pas même ses parents adoptifs. Personne, sauf une… Une seule, et unique. Dans un premier temps, l’élève commença par s’insurger en elle-même. Comment Madame Courterois osait-elle utiliser cette appellation affective ? Comment pouvait-elle la bafouer ainsi ? Comment, même, était-elle au courant que l’on appelait Aubépine ainsi ? Etait-elle un des ennemis de sa Mère, s tendre, belle, chère, Maman ?

Ses méninges tournaient à cent à l’heure, et bien vite Aubépine arriva à une autre conclusion… Se pouvait-il que celle qui était en face d’elle depuis tout à l’heure ne soit nulle autre que… Son cœur subit un battement plus fort, puis deux, puis trois, et puis les battements rapides s’accélérèrent, et Aubépine sentit qu’elle ne survivrait pas à la déception, si elle se trompait… Elle ouvrit les lèvres, une fois, puis deux, puis trois, les refermant aussitôt, la bouche sèche, incapable d’articuler un mot. Déglutissant, elle prit une brève inspiration, puis une, plus longue, comme pour se donner du courage. Elle ferma à nouveau les yeux, et articula cette fois-ci un mot, un seul, parfaitement audible, dans un français dépourvu – ou presque – d’accent…

« Maman ? »

La jeune fille ne dit pas un mot de plus, ne rouvrit pas les yeux, ne se levant pas, fermant la bouche, comme si elle avait été scellée magiquement, incapable de supporter la pression qui était montée en flèche en elle. Incapable de savoir si elle souhaitait la vérité ou préférait rester dans l’incertitude, plutôt que de faire monter ses espoirs.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:58.
Le silence égrène ses secondes, lentement, dans l'obscurité de ce bureau où règnent les ombres. Je n'entends que sa respiration, le bruit ténu de son souffle irrégulier, et j'attends. Je ne veux pas rompre ce moment de paix, ces derniers instants de quiétude avant le tonnerre que je sens s'approcher. Il roule à mes oreilles, tempête dans mon âme, dévaste mon cœur sous ses vents tellement violents qu'ils pourraient bien m'emporter, dans une multitude multicolore d'émotions et de sensations. Je sens l'appel du vide – comme si un abîme insondable s'étendait sous moi et que je pourrais m'y laisser tomber d'un simple pas en avant. Cette sensation perturbante de vertige, quand on sent la tête vous tourner et que tout vacille alentour.

J'ai peur.

Je suis terrifiée.

Je vais tomber.

Tomber oui, m'enfoncer dans l'abîme, et me noyer dans les démons qui en tapissent le fond. J'attends, et j'ai peur : peur qu'elle ne comprenne pas, que l'allusion lui échappe et que je n'aie plus jamais le courage de tendre la main vers elle pour lui révéler ce secret que j'ai porté, seule, pendant des années. Peur qu'elle comprenne – et qu'elle s'enfuie, qu'elle me renie, qu'elle ait honte de moi et abhorre mon nom – peur qu'elle comprenne, et qu'elle m'aime pour ce que je suis, car j'aurais tellement plus à perdre ensuite... Et c'est alors que sa voix résonne. Un mot, tout simple, anodin, tellement répété que la plupart des femmes concernées sûrement s'en sont lassées – mais moi, je n'ai pas l'habitude que l'on m'appelle ainsi, et mon cœur s'emballe.

Maman.

Elle l'a dit.

Je rouvre les yeux. Elle a clos les siens, droite et figée sur ce siège où elle s'est réfugiée. Elle doit sûrement avoir aussi peur que moi. Je n'ose pas bouger. Un seul petit mouvement pourrait rompre l'équilibre du moment, et j'ai peur, terriblement peur de faire quelque chose d'irrémédiable, de gâcher à tout jamais mes chances de connaître ma fille. Je fais un pas, timide. Malaisé. Pénible. Furtivement, je contourne le bureau, m'avance vers elle, avant de m'agenouiller près de sa chaise, visage levé vers le sien, étudiant intensément son expression. Timidement, je tends la main – l'extrémité de mes doigts entre en contact avec sa joue. Tout mon corps en frémit – c'est ma fille. Là. A portée de la main. Mon enfant, mon bébé perdu, envolé – là, retrouvée. « Chère enfant. » Ma voix se brise. Je ne peux en dire plus – comment le pourrais-je ? Je n'ai plus de larmes à verser, mais dans ma tête les voix de mes remords hurlent à la mort, me déniant le droit de la connaître, de l'enlacer, comme une mère et sa fille le feraient.

Je n'ose plus bouger. Mes doigts sur sa joue – ma main toujours crispée sur le pendentif que j'étreins comme un talisman. Une part de moi n'en revient pas de pouvoir la toucher, la voir, lui parler – une part de moi s'effraie de l'infernal danger dans lequel je la mets, à ainsi vouloir me dévoiler. Je n'ai plus de larmes pour pleurer, mais mes yeux me brûlent – mes doigts tremblent, et elle doit le sentir. Je me fais violence pour trouver un filet de voix – pour articuler quelques paroles, et rompre le silence inconfortable qui s'est installé entre nous. La somme de mes rêves et de mes espoirs, cristallisée autour d'elle, doit lui sembler bien pesante – mais je suis fatiguée d'hésiter, fatiguée de vivre cachée, fatiguée de devoir lui mentir et me dissimuler.

C'est de moi qu'elle est née.

« Regarde-moi. Ne me fuis pas. La route a été longue pour venir jusqu'à toi – j'ai quitté le chevet de ton père pour te rejoindre et veiller sur toi, pour te voir, te parler – pour te connaître, et me faire connaître de toi. J'inspire. A fond. Mon cœur bat si vite que j'ai l'impression qu'il pourrait s'envoler, tambourinant dans ma poitrine le rythme éperdu de mes angoisses et de mes espoirs fous. D'un murmure, je reprends, ma main sur sa joue et la gorge serrée. Regarde-moi, Aubépine. Je suis là. »
Et j'attends.

Qu'elle ouvre les yeux.

Sa réaction va me tuer ou me ressusciter, et je suis suspendue au moindre de ses mouvements. C'est un moment important – je regrette que Matvei ne soit pas là, à mes côtés, pour partager cette angoisse et cette attente, mais je me fais la promesse que ce jour viendra, qu'il doit venir, à n'importe quel prix. J'ai tellement attendu. Toutes ces années, depuis sa naissance, en imaginant ses rires de bébés, ses premiers mots, ses premiers pas. En inventant sa voix, ses yeux, sa première dent de lait tombée, son entrée à l'école. Ses premiers amis, ses premiers amours, ses grandes joies comme ses douleurs personnelles, ses ambitions d'avenir, la beauté de son caractère et la force de ses convictions. J'ai tellement attendu – toute une vie en suspens, pour cet unique moment.

Et j'attends.

Qu'elle décide.

Enfin.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mer 26 Sep - 19:59.
Les yeux toujours fermés, le silence interminable n’étant rompu par nul son – pas même le bourdonnemment d’un billywig -, Aubépine sentait se presser en elle la peur et l’envie de prendre ses jambes à son cou. Sortir de ce bureau, prendre une gorgée d’air frais, peut-être même se baigner dans le lac de Poudlard – quoi que, ça n’était pas forcément prudent, étant donné tout ce qui arrivait aux êtres de l’eau. Mais elle avait tant la sensation d’étouffer qu’elle avait besoin de fraicheur. Besoin d’espace, et non pas d’une pièce confinée comme cela. Surtout pas d’une pièce confinée comme cela, en fait.

Alors qu’elle s’efforçait de respirer doucement, les effets du stress qu’elle subissait commencèrent à apparaître, notamment par une difficulté à faire pénétrer l’air dans ses poumons. Bien qu’elle ne s’en rendait pas compte, trop anxieuse à cause de la situation dans laquelle elle était et sur laquelle toutes ses pensées étaient concentrées, elle commençait une des crises d’asthme qu’elle avait fréquemment eues depuis toujours, disparaissant pendant un long moment, pour revenir sans crier gare.

Elle n’y prêta pas attention, toutefois, trop absorbée par les gestes de son enseignante à son égard. Une main fraiche sur sa joue, dont la température est trop élevée. Cela soulage quelque peu la demoiselle, ayant bien trop chaud, se sentant fiévreuse... l’étant probablement. Ce geste, ce symbole de familiarité, de proximité, suffit à faire couler les larmes qu’elle retenait… Les larmes de bonheur, un bonheur insoupçonné, un bonheur auquel elle ne pouvait croire.

C’était donc vrai ? Elle avait, enfin, décidé de se présenter à elle ? Décidé d’accepter sa fille telle qu’elle était, décidé de reconnaître celle qu’elle avait mise au monde ? Cela voulait-il dire qu’elle était fière de ce qu’elle avait accompli ? Qu’elle n’avait pas honte d’elle ? Que tout ce qu’Aubépine avait fait – être studieuse, appliquée, n’avoir que de bonnes notes, se battre vaillamment contre l’Organisation Secrète, s’entrainer à devenir une meilleure artiste, une meilleure créatrice, une meilleure personne – n’était pas vain ? Etait-ce une partie de son rêve, qui devenait réalité ? Allait-elle apprendre à connaître, réellement, pour tout, sa mère ?

Elle ne pouvait plus empêcher le flot des sanglots qui s’échappait de ses yeux. Mais sa mère ne bougeait plus, gardant sa main sur sa joue. Qu’attendait-elle ? Emettait-elle des réserves ? Voulait-elle fuir, ne pas prendre en charge Aubépine ? Dans un geste désespéré, sa fille se leva, les yeux toujours fermés, et se jeta dans ses bras, l’étreignant comme si elle ne voulait plus jamais la laisser partir. Comme un enfant de trois ans qui va à l’école pour la première fois, et qui est effrayé que ses parents l’abandonnent. Elle posa son front fiévreux sur l’épaule de sa mère, qui ne manquerait surement pas de constater la température corporelle élevée de la jeune fille, et se blottit contre elle.

C’est alors qu’elle remarqua qu’elle avait du mal à respirer, et paniquant à cette idée, sa respiration se fit de plus en plus sifflante. Elle savait ce qui lui arrivait et que c’était probablement causée par une trop haute dose de joie, de peur, d’appréhension… Un trop plein d’émotions contradictoires condensées, qui fait boom.

« Ma… man… de l’air… frais… s’il te plait… »

Ca n’était pas la première fois qu’une crise d’asthme survenait chez la jeune fille en cas de contrariété ou d’émotion trop intense, mais sa mère ne le savait surement pas. Cependant, Aubépine savait elle que ça serait réglé rapidement, si elle pouvait aller à l’air frais. Il fallait simplement qu’elle s’asseye ou s’allonge, en expirant ou inspirant lentement, pour retrouver un rythme respiratoire normal.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Dim 14 Oct - 20:57.
Il me faut un instant avant de comprendre ce qu'il se passe. Il y a quelques secondes à peine, j'avais ma fille devant moi, un peu pâle certes mais en pleine santé, belle et merveilleuse – et voilà qu'elle glisse au sol comme une fleur fanée, le souffle coupé, en proie à ce qui ressemble à une crise d'asthme violente et inopinée. L'adrénaline a tellement envahi mon organisme que tout semble se dérouler au ralenti, et les secondes qui s'écoulent alors me permettent d'envisager une multitude de possibilités. Que faire ? Appeler l'infirmière, demander des secours, ameuter tout le château à cette heure nocturne où tous sont supposés dormir ?

Non. Pas ici, pas maintenant. Je viens à peine de retrouver ma fille, mon enfant, la chair de ma chair, le sang de mon sang. Je ne veux pas encore la partager avec qui que ce soit, pas au soir de nos retrouvailles, alors que j'attends encore de savoir comment elle réagit à cette découverte qui doit certainement la choquer au-delà du possible. Délicatement, je l'aide à s'asseoir, par terre, le dos au mur, et d'un sortilège de Têtenbulle bien appliqué, je lui apporte cet air frais qu'elle me réclame, inquiète au fond pour cette crise à laquelle je ne m'attendais pas. Est-ce ma faute ? L'ai-je trop bouleversée, est-elle horrifiée de ce qu'elle découvre, ne veut-elle pas de moi ? Je ne sais comment réagir à cette perspective. Je n'avais jamais envisagé qu'elle puisse me rejeter. Après tout, comment s'en étonner ? Je suis sûrement, à ses yeux, une traîtresse et une collaboratrice, infâme dans mes choix comme dans mes actes.

D'un geste d'une infinie tendresse, j'écarte les mèches blondes de son visage. Maintenant que je l'ai en face de moi, je vois à quel point elle me ressemble, et cela me fait peur – comment aurais-je réagi, à sa place, confrontée à une telle situation ? J'aurais paniqué, je pense. J'aurais haï cette femme versatile qui osait s'imposer là où j'aurais sûrement idéalisé une mère inconnue. Aubépine a-t-elle besoin de cette révélation dans sa vie, saura-t-elle l'accepter, et surtout pourra-t-elle m'accepter, moi, avec la honte et l'horreur qui entachent mon nom et la souillure affreuse de ma réputation ?

Alors, j'attends.

Qu'elle ouvre les yeux.

J'attends, crucifiée par l'angoisse et le doute, rongée par la peur et les remords. J'attends qu'elle me regarde, de ces yeux clairs qui ressemblent tellement à ceux de son père, j'attends qu'elle prenne une décision sur la place que j'aurai le droit d'occuper dans son cœur. J'entends déjà hurler le chœur antique des tragédiens pleurant le naufrage de notre relation filiale avant qu'elle ne commence véritablement, et dans un sursaut d'orgueil je reprends maîtrise sur moi.

Et j'attends.

Encore.

Elle respire mieux maintenant. Je voudrais tendre les bras, la serrer contre moi, m'assurer réellement qu'elle est vivante et qu'elle va bien, mais je n'ose pas – après tout, je suis l'inconnue, et je n'ai rien fait pour mériter sa confiance.

Regarde-moi, Aubépine.

Je suis là.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Dim 14 Oct - 23:41.
Aubépine sent que sa mère l’assoie le dos bien droit contre le mur, et voit la bulle qui apparaît autour de sa tête. Un sortilège de têtenbulle, très intelligent. Elle n’y avait jamais pensé, alors que l’air à l’intérieur était du coup purifié et en quantité inépuisable. Elle s’efforça de retrouver doucement sa respiration, tout en tentant d’assimiler ce qu’elle vivait. Si quelqu’un d’autre le lui avait dit, elle ne l’aurait pas cru…

Pénélope Courterois, sa mère ? Quelle surprise. Elle n’aurait jamais cru qu’en face d’elle se trouvait non pas l’ex directrice de Beauxbâtons qu’elle avait tant admiré durant la grande bataille après l’incroyable geste qu’elle avait effectué, celui de s’opposer à l’Organisation pour sauver ses élèves. Ainsi, elle n’était pas une prof froide et insensible, mais une mère qui voyait sa fille pleurer, et ne savait surement pas comment réagir.

Si elle aurait voulu que sa mère le fasse elle-même, Aubépine ne put plus attendre pour effectuer un geste dont elle avait rêvé toute sa vie durant… Elle se leva, doucement, et serra sa mère dans ses bras, avec un peu de retenue, effrayée de la réaction qu’elle pourrait avoir. Peut-être ne voudrait-elle pas la prendre dans ses bras ?

Au pire, elle la rejetterait, mais au moins la Serdaigle aurait expérimenté cette douceur pendant un instant – un court instant, surement, bien trop court même, mais tout de même un instant. Les larmes parsemaient encore ses joues, à mi chemin entre les larmes de tristesse et les larmes de bonheur. C’était des larmes de soulagement, de joie, de pouvoir peut-être découvrir cette présence qui lui avait manqué toute une vie.

« Maman… Je ne sais pas si tu souhaites que je te nomme ainsi, mais si tu savais comme il est doux de prononcer ce nom, pour te désigner, en sachant qui tu es… J’ai imaginé à de multiples reprises notre rencontre, mais jamais je n’aurai cru qu’elle se passerait comme cela. Jamais je n’aurai cru que tu serais mon professeur, jamais je n’aurai cru que tu serais Pénélope Courterois. Jamais, Ô grand jamais, je n’aurai cru que je te verrais à Poudlard. »

Elle murmura à voix basse trois petits mots, dans lesquels son inquiétude ressortait plus que si elle avait fait n’importe quel geste. Ne m’abandonne plus. Elle ne savait pas si sa mère l’avait entendue, mais elle espérait que non, ces mots s’étant échappés bien malgré elle de sa bouche.

« Comment vas-tu ? Je sais que les élèves sont méchants, je te défendrais contre eux, si je les entends dire du mal de toi. Je t’aime. Très fort. Et dis moi, comment va… mon papa, mon vrai papa ? Je suis désolée pour ce que j’ai dit tout à l’heure, je t’en prie, ne t’inquiète pas pour moi. J’irai bien. Et tu es là maintenant. »
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Dim 28 Oct - 23:58.
Un instant le monde s'arrêta de tourner. Comme si le destin au moment de frapper avait décidé de retenir sa main. Comme si la fatalité avait décidé de respecter les larmes de cette mère et de sa fille qui se retrouvaient, après tant d'années. Comme si le tisserand à son métier, loin, si loin d'ici, avait accepté d'unir à nouveau leurs deux fils, enfin.

Le monde s'arrêta, et dans cette seconde absolue où l'enfant étreignit la femme, lui donnant après toute cette douleur et cette détresse partagées le nom de mère, il se para de mille couleurs chatoyantes. Dans ce vieux château poussiéreux, après le sang, l'oppression, le combat, les doutes et l'angoisse, la flamme de l'espoir se ravivait pour ces deux âmes qui s'étaient trouvées, s'accrochant l'une à l'autre dans le courant puissant qui les ballotait au fil de la vie qu'elles s'étaient chacune choisie. Oui, il était là, ce sentiment immuable qui avait justifié les choix de Pénélope, ce sentiment sans nom qui l'avait menée aux portes de la trahison, ce sentiment si fort qu'il avait été son phare dans les ténèbres depuis la perte de l'homme qu'elle aimait, ce sentiment si beau, si lumineux, qu'il rachetait à lui seul la somme immense de ses défauts.

Il était là ce soir, dans la pièce sombre, au beau milieu de la nuit – il était né il y avait déjà dix-sept années, il avait grandi dans l'obscurité, et quand la lumière avait jailli il s'était épanoui, magnifique et merveilleux, autour de ces deux femmes rivées l'une à l'autre, leurs deux cœurs battant à l'unisson le rythme solennel de ces instants précieux. Pénélope tremblait. Elle tremblait de tous ses membres, feuille secouée dans le vent, caillou secoué par le torrent, elle tremblait d'angoisse et de terreur, elle tremblait de joie et de bonheur. Elle tremblait de tenir enfin sa fille dans ses bras, là, tout contre elle, parce que la dernière fois remontait à si longtemps, et qu'elle-même n'était encore qu'une enfant. Elle aurait bien voulu la regarder plus attentivement, cette fille perdue qui lui disait enfin « Maman », mais pour le moment elle se contentait de la serrer contre elle et de noyer ses larmes dans ses cheveux, et ça lui suffisait, parce que bouger aurait pu tout briser et qu'elle n'osait pas ouvrir les yeux sur un rêve de plus saccagé par la réalité du monde cruel dans lequel elle vivait.

Était-ce un rêve ? Quelle illusion déformée, quelque glorieuse chimère née d'un esprit dérangé, qui avait fini par céder et basculer dans l'abîme de folie qui guettait depuis si longtemps sous ses pieds, avide de la voir trébucher pour pouvoir l'avaler ? Est-ce que tout allait s'évanouir et disparaître, s'envoler en fumée si jamais elle osait ouvrir les yeux, recommencer à respirer ? Pénélope savait bien, cette nuit-là, qu'elle ne supporterait pas de perdre Aubépine après avoir déjà perdu tout le reste : Beauxbâtons, la confiance de ses élèves, la présence de Matvei. Le soutien d'Avdotia et l'affection de Gabrielle ne suffiraient pas à combler le vide immense qui s'était creusé en elle – ce vide qu'une blonde enfant de dix-sept ans pouvait combler si l'envie lui en venait. L'abandonner ? Merlin, jamais. Plus jamais, plus jamais ça. Elle avait déjà bien assez souffert de cette exclusion forcée de la vie de cette enfant qu'elle avait mise au monde sans pouvoir la connaître, comment pourrait-elle la quitter maintenant que leur histoire commençait enfin ?

Alors Pénélope serra Aubépine contre elle. Elle la serra, fort, et dans un murmure étouffé lui répondit, si bas que personne n'aurait pu l'entendre sans être serré entre elles, sous leurs mèches blondes entremêlées, alors que la mère serrait étroitement sa fille contre elle, les yeux clos et le souffle court, tremblant de tous ses membres sous le contrecoup de l'émotion sans nom qui pulsait dans ses veines, galopant au rythme fou de ce sang qu'elles partageaient.

« Chère enfant, ô ma fille, ma toute petite. Aubépine. Je ne te quitterai pas. Je voudrais que ton père soit là, pour partager ça – je voudrais qu'il te voie, mais il ne peut pas. Oh, comme j'aimerais que nous soyons tous les trois... »

Il ne pouvait pas, non – il dormait, de ce sommeil profond dont dormaient les princesses dans les contes moldus, il rêvait un monde bien loin du nôtre, au-delà de toute atteinte. Il était loin, si loin d'elle, que Pénélope se mourrait un peu plus chaque jour de cette absence – mais Pénélope avait trouvé Aubépine, et Pénélope survivrait aux ravages du chagrin dans son cœur de femme, puisque son cœur de mère, lui, vibrait encore. Regarde, Aubépine : ouvre les yeux sur cette mère bouleversée qui t'offrait son âme. Peux-tu voir tout ce qu'elle avait pleuré pour toi, peux-tu voir l'ampleur de ce qu'elle avait sacrifié pour te protéger ? Peux-tu voir l'intensité de ce qu'elle éprouvait pour toi, la force de ce sentiment qu'elle refusait d'admettre tant elle avait peur de le perdre si tu le lui enlevais ?

Peux-tu voir, petite Aubépine, combien ta mère t'aimait ?

Le monde se remit en marche. L'instant de grâce était passé. Ce soir-là, le premier de tous les soirs, Pénélope repoussa doucement sa fille, se dégagea de son étreinte. Ce soir-là, Pénélope comprit le danger qu'elle faisait courir à son enfant, le danger qui couvait près d'elle si elle venait à trop en apprendre sur son père - et Pénélope fit un choix.

« Mais il ne peut pas être là. Il ne peut pas, et chère enfant, je ne peux pas non plus. Je ne peux pas te garder près de moi. Tu auras toujours une place dans mon cœur, mais cela reste une erreur – une belle, une magnifique erreur, et je suis fière de voir la femme que tu as grandi pour devenir, mais tu es une erreur, chère enfant. Je ne peux pas permettre que tu deviennes une faute. Essaie de comprendre, et pardonne-moi, si tu le peux. Chère, très chère petite... »

Un cadeau, hurlait son cœur de mère. Une merveille. Un joyau. Pardonne-moi.

Ce soir-là, le premier de tous les soirs... Le monde bascula. Encore une fois.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Dim 4 Nov - 11:39.
Spoiler:

Tu avais quitté Pénélope depuis quelques temps déjà. Assise à ton bureau, tu t'étais efforcée de corriger des copies qui ne te passionnaient pas plus que ça, mais qu'il fallait bien que tu corriges si tu voulais t'en débarrasser. Tu n'étais pas faite pour être enseignante, tu le savais depuis bien longtemps, mais l'intérêt de cette couverture était que personne n'irait te chercher ici. Bon, l'ennui, c'était qu'il y avait cette plaie de Varvara Pritchard, une amie de ta douce sœur, et rien que la pensée de Lia te donnait envie de régurgiter ton dîner. Tu étais presque sûre que c'était cette teigne qui faisait courir des rumeurs sur toi et Pénélope, puisqu'elle vous avait surpris entrer toutes les deux dans ta chambre, une fois. Qu'importe, après tout, au moins, ça assurait une certaine sécurité à vos deux existences. Et pourtant.
Pourtant, il y avait des éléments qui vous rattachaient à votre passé, à la réalité de votre vie, à vos mensonges et vos secrets. Poudlard n'était pas exempt à la règle. Et puis, si tu étais venue dans cette école de merde, c'était bien parce que ta nièce y était. L'enfant que Matvei et Pénélope avaient eu ensemble, mais qu'ils n'avaient jamais élevée. Elle ne savait pas qui étaient ses parents, pas plus qu'elle ne connaissait ton identité. Et pourtant, tu lui avais écrit. Tu avais corrigé sa copie quelques minutes plus tôt et… Merlin. Et si elle reconnaissait ton écriture ? Tu repris sa copie… Tu n'avais pas écrit grand chose. Et tu l'avais fait avec une plume qui écrivait ce que tu lui dictais… Donc ça irait, ton écriture n'était pas la même. Tu soupiras, rassurée.

Et puis quelque chose toqua à ta fenêtre. Intriguée, tu fonçais ouvrir à l'oiseau nocturne et tu pris la missive qu'il t'apportait. Dépliant la lettre, tu lus les quelques mots qui y étaient inscrits… Et tu bondis hors de ton bureau, sans te soucier de ton apparence. Tes cheveux blonds (blonds ! Matvei aurait tellement ri de te voir ainsi) volaient derrière toi et retombèrent comme un soufflé lorsque tu ouvris la porte de la Salle de Métamorphose, en l'appelant, croyant qu'elle serait dans son bureau :

« PENNIA ! »

Ton cri meurt dans ta gorge alors que tes yeux se posent sur une jeune fille qui s'est retournée en t'entendant arriver. Aubépine. Ton regard va de Pénélope à Aubépine, d'Aubépine à Pénélope, ainsi de suite sans s'arrêter. Tes sourcils se froncent, tu ne sais pas ce qu'il s'est passé. Et tu finis par demander en russe à Pénélope, en espérant que ta nièce ne parle pas une broque de cette merveilleuse langue :

« Что случилось? Что ты сказала? Знает ли она? »
« Que s'est-il passé ? Que lui as-tu dit ? Est-ce qu'elle sait ? »

Tu t'approchais de ton amie, tenant toujours la missive qui t'avait fait quitter immédiatement ton bureau pour te rendre auprès de Pénélope. Étais-tu inquiète ? Toi même tu ne pouvais mettre des mots sur ce que tu ressentais. Tu étais partagée. Les informations sur Matvei t'avaient redonné espoir, mais la situation dans laquelle tu débarquais n'était pas sans t'étonner.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Mar 6 Nov - 22:35.
En quelques minutes, voire même quelques secondes, Aubépine avait senti la joie gonfler son cœur. Sa plus grande détresse n’avait pas pris fin, son père n’était pas sauvé, mais elle avait trouvé sa mère. Celle-ci s’était dévoilée à elle. Enfin, mère et fille, liées par un lien indéfectible, se reconnaissaient, s’aimaient, sans être séparées par du papier, par un manquement visuel.

La jeune Serdaigle était immergée dans ce bonheur qu’elle ressentait, à l’idée d’enfin ne plus être seule. A l’idée d’avoir une vraie famille. Même si elle adorait sa famille adoptive, elle n’avait pas pris conscience avant ce soir là à quel point c’était insuffisant. Elle ne la quitterait pas. C’était presque trop. Tant de bonheur pour une seule personne, c’était impossible.

Et la suite des évènements lui prouva qu’en effet, nul n’avait le droit à tant de bonheur. Comment une simple personne insignifiante comme elle aurait pu y avoir droit ? Elle était condamnée à souffrir en silence, à ne pas fréquenter sa mère, sa famille, ceux de son sang. Une fois de plus, sa mère la rejetait. Une fois de trop, surement. Elle l’abandonnait, lui disait qu’elle ne voulait pas d’elle. Leonid et Lulu avaient surement raison, en fin de compte.

Elle n’était qu’une erreur, sa mère ne l’aimait pas, elle le disait si bien. La jeune fille avait subitement pali, et la terreur avait remplacé le bonheur. Elle luttait douloureusement contre les larmes qui montaient. Elle recula autant que possible pour se blottir contre le mur. Très peu. Elle était trop proche de celle qui venait de lui briser le cœur, une nouvelle fois.

Elle se leva, indécise quant à ce qu’elle devait faire. Ses jambes tremblaient et elle contenait les larmes de plus en plus difficilement. Elle resta ainsi quelques secondes, peut-être une minute complète, avant de se décider. Elle devait partir. Elle ne pouvait plus, ne voulait plus, regarder celle qui était sa mère. Ainsi, elle était aussi cruelle qu’on le disait ? Elle l’avait amadouée, pour mieux lui briser le cœur ?

Aubépine, en réalité, n’en pensait pas autant, voire pas du tout. Mais avec tout ce qu’elle avait vécu, une certaine colère l’habitait. Contre ses parents adoptifs, qui ne voulaient pas la laisser arrêter les études après Poudlard, contre sa mère biologique qui la rejetait, contre le monde, enfin, pour ne pas l’avoir fait naître dans une famille qui pouvait l’accueillir pour de vrai. Elle se dirigea donc vers la porte, et s’apprêta à l’ouvrir quand elle s’ouvrit subitement devant elle.

La Serdaigle manqua de peu de faire une crise cardiaque, surprise par l’arrivée inattendue de sa nouvelle professeur, arrivée en même temps que sa mère à l’école de sorcellerie. Elle recula spontanément, perdue, ne comprenant décemment pas cette arrivée, cette intrusion. Sa mère avait-elle convié un témoin à son désarroi ? Aubépine secoua la tête : non, la douleur lui faisait s’imaginer des choses. Personne ne pouvait être si cruel. Au final, les larmes avaient commencé à couler sur ses joues, sans que la jeune adulte ne s’en rende compte.

La professeur qui était entrée comme une tornade dans la pièce commença à parler dans une langue qu’Aubépine ne comprenait pas, augmentant donc sa confusion et sa colère à l’idée d’être rejetée, mise à l’écart… Pas aimée, finalement. Etait-elle donc condamnée à être rejetée par tous ? Ses amis allaient-ils finir par l’abandonner, comme sa mère à deux reprises ? Aubépine restait debout, bouche bée, perdue.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Ven 9 Nov - 22:03.
Le temps a suspendu son cours solennel, et voilà que dans un hoquet choqué il reprend son cours trépidant, erratique et inconstant. Le calme étrange de ce bureau empli de peine et d'une joie si intense qu'elle en devient douloureuse vient de voler en éclats alors que la porte s'ouvre brusquement, me faisait sursauter : je n'attends personne à cette heure avancée, et un instant je peine à reconnaître la cascade de mèches blondes qui couronne désormais le front d'Avdotia. Senka. Merlin prenne pitié de moi, je ne m'y ferai jamais – grossière mascarade qui me fait hurler quand j'y pense, saccage enchevêtré de vies piétinées par le destin.

Je veux écouter ce que Senka veut me dire. Elle est arrivée telle la bourrasque, soufflant un vent résolu et fantasque dans ce bureau cerné par l'obscurité, et la tempête qui semble couver dans ses yeux réveille l'orage qui gronde au fond de mes pensées. Je veux l'écouter, car elle est arrivée avec sur les lèvres ce nom affectueux que Matvei et elles partagent, ce petit mot tout simple qui me rappelle ma jeunesse et qui me rattachent à la naissance de ma fille. Ma fille que je viens de percer d'un trait plus amer que tout le reste, ma fille dont je m'ampute à nouveau, tranchant les liens timides et ténus qui s'étaient tissés entre nous au fur et à mesure que nos lettres nous attachaient l'une à l'autre, filant la trame fragile d'un amour partagé que je viens de renier de la plus vile des manières, trahissant l'espoir farouche qui s'était allumé dans ses yeux clairs qui me rappellent tant son père.

C'est en russe que je réponds à Avdotia, dans cette langue que nous employons ensemble en privé, tant elle nous semble plus familière que l'anglais qui nous est étranger à l'une comme à l'autre, même si elle le parle bien avec un accent chantant qui m'évoque son frère. Ce russe que nous partageons comme un secret précieux et qui a sûrement encouragé les folles rumeurs qui courent sur elle et moi, dont l'origine est cette Varvara importune qui nous accable de sa méfiance – rumeurs qui nous amusent et nous agacent tout autant. Ce russe qui, quelque part, me rappelle un peu les temps plus heureux qui ont précédé l'attentat et le coma de cet homme que nous aimons profondément toutes les deux, chacune à notre façon.

« Elle sait pour moi, Dounetchka – elle sait pour moi, mais c'était une erreur, et je vais la corriger, parce qu'elle la met en danger, et que je ne supporterai pas une deuxième fois l'idée de la perdre. »

Ma fille qui s'est envolée vers la porte, perdue dans sa détresse, indignée par mes paroles – ma fille qui se détourne de moi et qui s'enfuit, pour étouffer son chagrin sur quelque épaule amicale loin de moi. Amères larmes, pauvres et dérisoires armes, dans ce monde qui l'agresse et la blesse, de toutes parts... Que le temps s'arrête, qu'il suspende son cours – qu'il existe pour Aubépine une chance de voir de meilleurs jours. Pour cela, un chemin, un seul destin : je dois disparaître, je le sais bien. La laisser seule, abandonnée, lui faire croire que sa mère l'a oubliée.

Oublier.

Il le faut.

Levant ma baguette, je l'immobilise, d'un sortilège informulé qui la tétanise. Je lui tourne le dos, aussi ne puis-je voir son regard se faire vitreux, ses yeux errer dans le vague – Senka, elle, lui fait face, et je sais qu'elle a deviné l'Oubliettes que je viens de lancer, qu'elle sait ce que je suis en train de lui ôter : la souvenir de mes lettres, mes paroles de ce soir, la révélation de ces liens qui nous unissent, tout ce qui a fait de nous une mère et une fille depuis l'accident de Matvei. Je ne lui laisse rien – elle ne saura pas que son père est plongé dans le coma, elle ne saura pas non plus que sa mère l'a serrée dans ses bras. Quelques secondes s'écoulent, et mon cœur bat seul dans le silence qui nous emprisonne, volant toute chaleur à mon âme qui hurle et pleure dans le secret de mon être contre le crime que je suis en train de commettre.

Mon devoir accompli, je double mon méfait en lui infligeant un sortilège de Sommeil Enchanté, la rattrapant alors qu'elle vacille. Je l'étends délicatement au sol, profondément endormie – je la réveillerai dans quelques minutes, mais d'abord, je dois faire quelque chose d'essentiel. De quelques pas rapides, je me rapproche d'Avdotia, qui ne comprend pas, qui ne comprend plus. Elle sait je l'espère, au fond d'elle, que savoir qui je suis mettrait ma fille, sa nièce, dans un danger redoutable – mais je crains qu'elle n'ait pas encore accepté que pour vivre en paix, Aubépine doit vivre loin de nous, jusqu'au jour où peut-être, son père se lèvera de son long sommeil. Alors, je m'approche d'Avdotia, et je me blottis contre elle, cachant dans ses cheveux blonds les larmes amères qui débordent et coulent maintenant, silencieux torrent qui emporte en son cours tumultueux les cendres éparses de mon cœur de mère qui s'est arraché pour agoniser sans bruit.

« J'ai mal, Dounetchka ! J'ai tellement mal ! »


Dernière édition par Pénélope I. Courterois le Sam 10 Nov - 1:29, édité 1 fois
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Sam 10 Nov - 1:28.
Musique d'ambiance *yek yek*


Les choses allèrent trop vite pour que tu puisses réellement agir au moment opportun. L'enfant t'avait regardée sans comprendre, et toi-même tu n'avais pas compris ce qu'elle faisait. Jusqu'à ce que Pénélope te confie l'incroyable situation : l'enfant savait. Aubépine savait que sa mère était Pénélope Courterois. Stupéfaite, tu n'avais rien fait. Ça, et la nouvelle que tu avais eue, c'était trop à encaisser pour une même soirée. Il ne manquerait plus que tu te rendes compte que tu étais enceinte, et ça aurait été la cerise sur le gâteau. Mais il n'était pas question de toi, pour le moment. Le drame t'était extérieur. Il touchait des personnes qui comptaient pour toi, mais tu n'étais pas directement concernée. Tu avais fini par contacter ta nièce, oui. Tu avais bien dû le faire. Tu l'avais fait tardivement, bien entendu. Mais elle n'était que ta nièce. Pas ta fille.

Tu suivis, interdite, sans dire mot, le mouvement de Pénélope vers sa fille : un geste pour l'immobiliser, un sortilège supplémentaire lancé et… Merci. Les yeux vitreux de l'enfant te firent comprendre ce que Pénélope venait de faire. Elle lui avait effacé la mémoire. Elle s'était effacée de la mémoire de sa fille. Tout ça pour ne pas risquer de la perdre comme elle avait manqué de perdre Matvei.

Et puis l'enfant vacilla, et Pénélope la rattrapa juste à temps, posant doucement le corps de sa fille contre le sol. Sans doute un des seuls contacts qu'elle aurait jamais avec la chair de sa chair. Cette pensée t'attrista, mais tu fis ce que tu pouvais pour ne rien laisser paraître. Tu savais que Pénélope perdait énormément dans l'affaire, pour préserver sa fille. Tu te devais de la soutenir et au moins de ne pas la laisser regretter. Ce qui était fait était fait, elle ne pourrait plus revenir en arrière, alors pourquoi l'accabler ?

Tu ouvris tes bras pour réceptionner ton amie qui se blottit très vite contre toi. Si Varvara était passée par là, elle aurait pu répandre ses ragots comme une trainée de poudre. Mais la porte était fermée derrière toi, et tu tenais enlacée ton amie, une des rares Françaises que tu pouvais supporter, et qui avait grandement besoin de toi en ce moment précis. Lui caressant doucement les cheveux, tu la laissais pleurer et épancher son désespoir. Des larmes à toi se mêlaient, silencieuses, aux sanglots de ton amie. Tu comprenais, passée la stupeur, ce à quoi elle renonçait, et ce geste d'amour maternel t'emplissait de tristesse. Murmurant doucement, tu lui fis une promesse, en russe toujours :

« Je te promets qu'un jour, Pennia, tu pourras de nouveau le lui dire. Et en attendant, je veillerai sur elle comme s'il s'agissait de ma propre fille. »

Tu la tenais toujours enlacée, la missive que tu apportais gisant à terre depuis que tu l'avais lâchée pour accueillir Pennia contre toi. De fines larmes s'échappaient de tes yeux mais puisqu'elle se serrait contre toi, elle ne les verrait pas, ce qui étaient mieux pour tout le monde. Son renoncement, tu avais dû le faire lorsque tu avais finalement brûlé la lettre que tu aurais voulu envoyer à ton époux. Celle qui lui disait que tu étais encore en vie. Celle qui l'assurait que tu n'avais pas péri dans l'explosion provoquée par cette enflure de Vsevolod Nedzelski. Et encore ! Si tu avais aimé Tomey de tout ton cœur, et que tu étais encore meurtrie par ce renoncement, ça n'était pas comme si tu avais un enfant à qui tu avais dû renoncer en même temps.

Vous restiez enlacées un moment, elle toujours blottie contre toi, et toi avec le spectacle de ta nièce endormie sur le sol de la salle de métamorphose. Et puis, au bout de plusieurs minutes, lorsque les sanglots retenus depuis tant de temps de la part de Pénélope se furent apaisés, tu finis par lui demander, d'une voix toute douce, en russe toujours, d'une voix quelque peu nouée, certes :

« Ça serait peut-être le moment pour une bonne nouvelle, non ? »

Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Sam 10 Nov - 2:47.
Elle est là. Par terre, au sol, profondément endormie, emportée bien loin de nous, bien loin de moi, par la bienheureuse inconscience dans laquelle je l'ai plongée. Elle est là et pourtant elle est si loin que je ne pourrai jamais plus sûrement l'approcher, lui parler, la toucher comme je l'ai fait pendant ces trop brèves minutes qui appartiennent désormais au passé et que je vais devoir m'accommoder, maintenant qu'elle a tout oublié et que c'est son absence que je vais devoir supporter. Encore. J'ai parfois la sensation que le temps me joue de biens vilains tours, à sans cesse revenir sur lui-même de la sorte pour m'enfermer dans ce perpétuel cycle d'errance et de souffrance – combien de fois vais-je devoir perdre ceux que j'aime, combien de fois devrais-je abandonner ma fille, pour qu'enfin les forces du destin ne s'annoncent satisfaites et ne me laissent reposer en paix ? Je ne sais pas. Je ne sais plus. Je suis totalement perdue et une moitié de mon être regrette intensément le geste que je viens de commettre, alors que l'autre en est profondément soulagée. Déchirée, crucifiée. Un intense sentiment de vide affreux sous mes pieds m'obsède et me tourmente – le même que celui que j'avais ressenti face à Cassandre, au-dessus du corps inerte de Matvei, dans cette chambre d'hôpital stérile et désolée.

Et Avdotia, qui me serre contre elle, comme ce soir où je l'ai vue ressusciter pour me retrouver au Chaudron Baveur. Ce soir où elle a bercé mes larmes et ma faiblesse, chargeant ses épaules de mon propre fardeau, sans jamais gémir du mal qui brûlait déjà ses entrailles, sans jamais se plaindre. Brave Avdotia, courageuse Avdotia – le respect que j'ai pour elle ne fait que grandir à chaque instant, et je ne sais trop où j'en serais ce soir si elle n'avait pas été là. Je sais qu'elle partage mes inquiétudes pour Aubépine – je le sens, à la manière dont elle m'enlace et me caresse les cheveux, pour me calmer, comme on le ferait d'un tout petit enfant. Suis-je donc devenue si vulnérable ? Je crois qu'une part de moi réalise seulement combien je me suis reposée sur Dounetchka depuis que je l'ai découverte en vie. Sur elle j'ai tout lâché – entre ses mains, j'ai remis ma vie, confiante dans ce qu'elle en ferait. Je me suis sûrement trop reposée sur elle, d'ailleurs, confinée dans ma douleur égoïste et oublieuse de tout le reste.

Je regarde le tableau de nos vies et une envie de rire, saugrenue, me prend soudain. Comment lui dire que j'ai pleinement conscience des épaves bancales que nos vies sont devenues, et que c'en est tellement tragique que l'on ne peut guère qu'en rire ? Elle, cachée, fugitive, officiellement mort et enterrée, loin de son époux et de ses amis, et moi, expulsée de Beauxbâtons par la bisbille entre mes élèves, privée de l'homme que j'aime et qu'elle aime aussi à sa manière, privée de ma fille qui est aussi sa nièce ? Je ne sais qui a choisi ces couleurs-là pour peindre nos vies, mais j'ose espérer qu'il aura bientôt fini, et comme un bateau porté par sa voile, doucement le pinceau glisse sur la toile – au sol, ma fille dort, et sur les joues d'Avdotia une pluie de larmes ruisselle doucement dans le silence solennel de cette nuit d'automne. Elle parle d'une bonne nouvelle pourtant – je n'ose plus croire, je n'ose plus espérer, mais voilà la femme qui croise avec ses yeux, le temps d'un éclair, le regard des dieux. Que pourrait me coûter de lui laisser ma foi, quelques minutes encore ? D'une main, j'essaie les larmes sur sa joue, de l'autre je m'agrippe à elle, un peu plus longtemps, un peu plus fort.

« Quelle bonne nouvelle, Dounetchka ? Est-ce qu'il reste seulement quelque de beau dans ce monde, dis... ? »
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Dim 9 Déc - 22:48.
Musique d'ambiance *yek yek*


Tu la serres dans tes bras, vos larmes se mêlent et votre peine est commune. Vous avez chacune une affliction particulière, mais vous souffrez en chœur. Rester, l'une pour l'autre. Soutenir l'autre, et ne pas la laisser sombrer dans un désespoir trop grand. C'était vos missions. Vos attributions tacites. C'était pour elle aussi que tu avais quitté Londres. Le hasard avait bien fait les choses, il avait fallu que tu vides les lieux. Et Pennia avait besoin de toi. Et elle avait encore eu besoin de toi ce soir, avec sa fille à qui elle s'était révélée, pour mieux se dissimuler de nouveau. Et tu venais de lui donner de l'espoir de nouveau, en lui annonçant une bonne nouvelle (quoique tu doutais finalement du bon côté de la nouvelle… oh, si, quand même).
La faisant s'asseoir, doucement, sur une table, en faisant attention à ne pas trébucher sur ta nièce, bien sûr, tu lui pris les mains, et tu finis par lui avouer :

« J'ai reçu une lettre… De Vera. Matvei est en vie. Les Médicomages ont constaté qu'il avait un sommeil assez agité. Il a parlé. »

Par égard pour elle, tu ne voulus pas lui dire ce que Matvei avait dit. Parce que c'était ton prénom qu'il avait répété, comme s'il était paniqué, comme s'il savait ce que tu faisais, comme s'il avait compris, dans son coma, tous les mensonges dont tu t'étais drapée. Il restait inconscient la plupart du temps, mais tout n'était pas perdu.

« Ça va aller, Pennia. Je te le promets. »

Tu l'embrassas sur les deux joues, l'enlaças fort fort fort. Et puis tu promis d'aller coucher Aubépine et de veiller sur elle, encore une fois. Tu t'éclipsas en faisant léviter l'enfant devant toi. Et puis une fois que tu eus fait ton devoir d'enseignante, tu revins auprès de Pennia, pour t'assurer qu'elle allait bien. Tu t'endormis dans sa chambre, et ça jasa le lendemain matin. Mais ça n'était pas grave, le principal était qu'elle aille un peu mieux. Et qu'elle sache que tu étais là pour elle, et que tu le serais toujours.
Anonymous
Invité
this is the wizzarding world of
Invité
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté Jeu 28 Fév - 19:07.
RP TERMINE.
Contenu sponsorisé
this is the wizzarding world of
informations



Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM] Empty
Message Posté .

Bon sang ne saurait mentir ¤ Aubépine & Pénélope [PM]

T H E . F E A T H E R . O F . A . P H O E N I X :: Saison 2

Sujets similaires

-
» Sometimes you just need a little luck again... ♥ [PM] Pénélope & Aubépine
» [PM] I'm sorry... I need your help.... (Pénélope)
» Quête2x02 - LA FILLE {PENELOPE}
» Oh, why is it so painful? ♣ [PM] Pénélope Courterois
» ▲ DISCUSSION {Aubépine &. Kathaleen}

Réponse rapide

pour répondre plus vite que le vent, t'as vu !

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sauter vers: