La lumière du soleil pénétrait par la fenêtre du dortoir des Gryffondors et arrivait directement dans la figure de la jeune fille, allongée à plat ventre sur son lit, un cahier entre les mains. D’un mouvement agacé, Daisy se redressa et ferma d’un coup sec le rideau, plongeant ainsi la pièce dans une semi obscurité. Ah, c’était beaucoup mieux ainsi !

• Ou en étais-je Journal ?
  
  Ah oui, le cours de potion ! J’ai encore une fois failli me faire renvoyer de la salle par le professeur car j’ai commencé à lui crier dessus. Je trouve vraiment horrible de se servir de la bave de crapaud ! Je ne préfère même pas imaginer qu’elles sont leurs techniques pour l’extraire de la bouche de l’animal. Pauvres amphibiens, ils doivent souffrir ! Malheureusement le prof n’a visiblement pas la même vision de choses que moi, et le directeur non plus. Mais si je continue comme ça Journal, je vais mettre mon avenir en péril à me faire virer de tous les cours ! L’année n’a même pas encore réellement commencée… Il faut vraiment que je me calme. Peut-être qu’il faut que je trouve un autre centre d’intérêt ?! M’ouvrir aux autres serait peut-être un bon moyen de détourner mon attention de toute cette bataille écologique… Tient, ça me fait penser que j’ai rendez-vous avec Jordyn aujourd’hui ! Olala, j’ai pas vu le temps passer, faut vraiment que je me prépare sinon je vais être en retard.

En effet, depuis quelque temps, les deux jeunes filles s’étaient rapprochées. Tout d’abords parce qu’elles avaient beaucoup de points communs. Elles adoraient toutes deux l’eau ! C’était d’ailleurs près du lac que les deux demoiselles étaient tombées l’une sur l’autre. Un heureux hasard. Depuis, la jeune Poufsouffle aidait sa compère de Gryffondor à être plus extravertie. Car niveau caractère, Daisy et Jordyn étaient totalement opposées ! La première étant renfermée sur elle-même, dans ses délires de révolution verte, et la seconde plus ouverte et avenante. Elles se complétaient en quelque sorte.

La lionne ne prit le temps que de prendre son petit sac en bandoulière et se précipita hors des dortoirs, et de la salle commune. Grâce aux escaliers, qui étaient plutôt dociles aujourd’hui, la belle rejoignit le hall sans grandes difficultés. Elle croisa sur sa route plusieurs personnes se dirigeant vers la partie démolie du château. Depuis la fin de l’organisation, tout le monde s’affairait à la reconstruction du site, et la jeune fille mettait elle-même la main à la patte de temps à autre ! La rentrée approchait à grands pas, et il ne fallait pas trainer. Que penseraient les premières années s’ils étaient accueillis dans un manoir en ruine ? Non, ça ferait vraiment très mauvaise impression.

La chaleur du mois d’aout était accablante, et Daisy en ressentait les effets. Un petit séjour au lac ne lui ferait pas de mal. La température était d’ailleurs beaucoup plus douce au niveau de l’eau cristalline. Pas de Jordyn à l’horizon. Ouf, cela voulait donc dire qu’elle n’était pas en retard. La Gryffondor entreprit donc de descendre jusqu’au bord du lac. Une fois arrivée, la demoiselle ôta rapidement ses chaussures -par chance elle n’avait pas mis de chaussettes- et plongea ses pieds dans l’eau. Elle se sentit immédiatement soulagée. Comme cette fraicheur faisait du bien… Il ne manquait plus que la Poufsouffle maintenant pour compléter ce tableau !

Une légère brise vint soulever la chevelure de la brunette. La nature, y’a que ça de vrai ! Cette phrase résumait parfaitement l’humeur de la lionne en ce moment précis. Elle ne remarquait même pas que la Poufsouffle avait un petit retard, tellement elle se sentait bien. C’était en quelque sorte son petit délire. Le petit truc qui la faisait passer pour une vraie cinglée aux yeux de tout Poudlard. Cette passion était en même son fléau. Elle était la cause de sa mise à l’écart des autres élèves de l’école. D’un geste ample, Daisy sortit son petit carnet de son sac à main –constitué de laine de mouton, que la jeune fille avait elle-même tondu pour s’assurer que l’animal ne souffrait pas- et commença à écrire.

• Cher Journal,
  
  Jordyn n’est toujours pas arrivée. Je ne sais pas ce qu’elle fabrique ! Mais bon, le temps est tellement magnifique que je lui pardonne ce léger retard –j’espère qu’il ne va pas durer trop longtemps non plus-. La forêt est vraiment superbe aujourd’hui, tout comme le lac. Je peux presque apercevoir des poissons d’où je suis ! Je me demande ce que je vais faire avec Jordyn aujourd’hui ? Han, j’espère qu’elle ne va pas me faire faire ces exercices un peu ridicules où je dois crier de toutes mes forces. Je dois bien avouer que ce genre de trucs me met assez mal à l’aise. Mais bon c’est comme ça. Elle est déjà bien gentille de m’aider, je vais pas en plus refuser ses exercices ! Attend Journal, j’aperçois quelque chose au loin…

En effet, la demoiselle voyait une jeune fille arriver au pas de course. Sans plus se poser de question, Daisy en déduisit qu’il s’agissait de son amie, et rangea rapidement son cahier dans son sac. Ce petit bouquin était son jardin secret, et elle n’était pas encore prête à le dévoiler à quelqu’un. Peut-être qu’un jour, la Gryffondor décidera de le montrer à Jordyn, mais ce n’était pas aujourd’hui, et elle serait terriblement embarrassée si cela devait arriver.

La jaune et noire arriva toute essoufflée devant la jeune lionne, bégayant des excuses sur son retard. « Ah nan mais t’inquiète pas ! En plus, ça fait pas si longtemps que ça que je t’attends. J’ai même pas vraiment remarqué que t’étais en retard. » Daisy afficha sur son visage le sourire angélique qu’elle savait si bien faire. Ce sourire ne l’avait pourtant pas vraiment aidé à se faire de nouveaux amis. Car mis à part Sonny, Jordyn et Fulmina, la Gryffondor ne connaissait pas grand monde à Poudlard. Mais malheureusement pour elle, beaucoup de gens la connaissaient. Elle était presque devenue, en sept ans, la mascotte de l’école ! Tous les lycées ont leur élève mis à l’écart et bizarroïde. A Poudlard, c’était elle la fille bizarre ! Heureusement pour elle, certaines personnes étaient ouvertes d’esprit, comme pouvait l’être la Poufsouffle. « Alors, qu’est ce qui est au programme aujourd’hui ? »

Jordyn avait l’air vraiment abattu par son retard, bien que Daisy lui ait assuré que cela ne l’avait en aucun cas dérangé. La Poufsouffle pouvait être très dure avec elle-même. Depuis que la jaune et noire était devenue son amie, Daisy avait bien souvent remarqué cet aspect de sa personnalité. Mais qu’à cela ne tienne ! La journée était parfaitement belle, et le soleil de la fin d’après-midi arracha bientôt la vilaine grimace que Jordyn affichait sur son visage, pour laisser place à un large sourire. Ah, c’était bien mieux comme ça ! La Gryffondor devait s’entrainer aujourd’hui et son professeur ne pouvait pas se permettre d’être de mauvaise humeur, car elle le ressentirait aussitôt et se fermerait comme une huitre. Mais ce n’était pas le genre de la belle hawaïenne de faire la tête pour si peu.

Lorsque Jordyn répondit à la question de la jeune lionne, celle-ci se sentit, comment dire… Perturbée. Oui voilà. Cette réponse l’avait décontenancé, et sa bonne humeur laissa place à du doute et de l’incertitude. Comment ça devenir son amie ?! Elles l’étaient déjà non ? Une affreuse pensée traversa l’esprit de la demoiselle. Et si Jordyn ne la considérait pas comme une véritable amie, mais juste comme un sujet d’étude ? Non, ce n’était pas possible. La jeune Wright n’était pas aussi perfide que ça ! « D’accord » Sans plus tarder, Daisy suivit sa camarade sur un petit chemin qui longeait le lac noir. La nature était vraiment magnifique dans ce coin de Poudlard, plus belle que nulle part ailleurs. Mais la Gryffondor n’arrivait pas à apprécier ce moment précieux à sa juste valeur. En effet, elle était bien trop occupée à réfléchir à l’exercice que Jordyn lui avait préparé. Daisy était tellement concentrée, qu’elle faillit rentrer dans son amie lorsque celle-ci se stoppa.

Les deux jeunes élèves s’étaient arrêtées dans un magnifique endroit. Bien que stressée, la rouge et or poussa un petit cri admiratif lorsqu’elle aperçut le saule pleureur avec l’écureuil ou bien les petits papillons. Mais la magie de la nature n’enleva pas l’inquiétude que Daisy portait en elle. La jeune fille suivit sa camarde, et prit place sur la pierre en face de celle-ci. Le petit discours de Jordyn paniqua encore plus la Gryffondor. Mais qu’allait-elle devoir faire bon sang ! C’est donc avec une petite voix incertaine qu’elle répondit à son amie : « Oui… »

La simple évocation de la notion de se faire des amis donna de l’urticaire à la lionne. Elle ne put s’empêcher de se gratter frénétiquement la jambe, jusqu’à ce qu’une petite plaque rouge se forme. Daisy allait donc relever un vrai défi personnel aujourd’hui. Même si cela était plus facile avec Jordyn, qu’elle connaissait bien, l’exercice n’allait pas être du gâteau pour la jeune anglaise. Et cette histoire de compte rendu… Daisy n’osa même pas y penser pour l’instant, craignant de faire une crise de panique. Concentrons-nous pour le moment sur l’instant présent, il y avait déjà bien à faire. « Oui, l’endroit est super… Je me demande juste ce que tu m’as réservé… » En effet, la jeune McBerry était à la fois impatiente, et réservée face à la suite des événements, qui s’annonçait déjà comme surprenant…