Je le serrai aussi fort que je le pouvais. Mon visage dans sa nuque, je humai son parfum qui m’avait manqué. Je le sentis enrouler ses bras autour de moi et je me dis que finalement, ses sentiments non plus ne s’étaient pas envolés. Heureusement pour moi bien sûr, quoique je ne doutais plus de ses intentions. Je ne savais pas combien de temps nous étions restés ainsi, mais ça me parut comme des secondes magnifiques d’éternité. Si je me lançais dans le mielleux, c’était réussi… Je ne voulais pas le lâcher, garder ses bras autour de mon cou, sentir son odeur pour ne pas qu’elle s’en aille. Si on m’avait dit qu’un jour j’aurais des pensées pareilles, croyez bien que j’aurais ri.

« On dirait pas comme ça mais… Deux mois, c’est long. Surtout loin de toi. »

Pouvais-je simplement répondre que je n’aurais pas mieux dit ? En tous cas, c’était ce à quoi je pensais, ce que je ressentais. Ça avait été un peu étouffé du fait que sa bouche fut plus ou moins collée à mon cou, mais j’avais compris l’essentiel et surtout l’intention. Je me retins de sourire bêtement. D’autant plus qu’il décida de se détacher de moi, je ne voulais pas paraître idiot surtout devant lui, même si je n’étais plus à ça près. Je pus enfin le contempler à ma guise, quoique ça ne dura pas très longtemps. Il me regarda droit dans les yeux, et je ne sentis plus cette gêne qu’il y avait lors de l’aveu de ses sentiments et pendant nos balades. Une telle assurance me surpris très agréablement et je tâchai de faire passer mon ressenti dans le regard que je lui rendis.

« Tu vois… Moi je dirais même que tu m’as TROP manqué. »

Je souris complètement cette fois devant son air adorable ; je ne pouvais pas résister. Encore quelques mois plus tôt, je n’aurais jamais laissé paraître une chose pareille, maintenant il m’était difficile de me contenir. Le pire, c’est que j’ignorais si c’était bien ou non. Du moins me concernant. Est-ce que j’allais perdre mon assurance ? Mon air intimidant ? Est-ce que j’allais encore être capable de répondre aux emmerdeurs ? Ce dernier point, je savais que oui. Mais si je me faisais trop doux, ils allaient être de plus en plus nombreux.

Je n’eus finalement rien le temps de répondre car je me retrouvais à nouveau contre lui la seconde suivante. Mais cette fois, c’était contre ses lèvres. Douces, sucrées, je pouvais bien avouer qu’elles m’avaient énormément manquées. Je souris désespérément dans le baiser tellement je fus heureux d’un tel gain de sûreté de sa part. Le temps s’était arrêté. Je me fichais bien du pub, comme je me fichais bien des regards qu’on pouvait nous lancer, tout comme les murmures qui affluaient déjà parmi les tablées d’abrutis qui nous entouraient. Je passais une main sa nuque et une autre dans son dos pour le plaquer encore plus à moi. Toujours plus. Il m’en fallait plus. Si j’étais destiné à éprouver de plus en plus de choses, je commençais à m’inquiéter pour ma crédibilité et surtout si j’allais arriver à supporter tout ça. Ce manque, cette envie, cette avidité ; cette soif de lui toujours plus grande, plus intense. Je crois bien que je finis par lui mordre la lèvre dans le baiser, car je m’éloignais vivement, autant de peur de lui avoir fait mal que d’étonnement de ma part. Ça ne me ressemblait absolument pas et ma fougue me faisait quelque peu peur.

« Je… Désolé. »

Je portai la main à ma bouche. J’avais du mal à contrôler mes émotions, et c’était surtout ce point qui m’inquiétait. J’avais beau avoir dix-neuf ans, tout ceci était complètement nouveau pour moi, en un sens. Il fallait que je m’y habitue, que je me détente, et surtout que j’accepte. Mes sentiments pour Declan étaient totalement assimilés, mais il me fallait accepter de devenir mielleux. Déjà que j’avais dû accepter ma condition de bisexualité sur le tas…

Spoiler:

Après m’avoir rassuré, Declan se détacha finalement de moi, même si pour l’un comme l’autre, c’était à regret. Il émit une pression sur une de mes mains pour m’inviter à m’asseoir à ses côtés. Je lui souris mais me retournai cependant pour retourner à ma table où je récupérai ma bière au beurre que j’avais laissé en apercevant mon brun. Après quoi je le rejoignis et me posai enfin. Je jetai un coup d’œil alentour, sûrement encore rouge, et je me rendis compte que l’ambiance était redevenue normale. Alors je posai à nouveau les yeux sur mon vis-à-vis. Qu’il était mignon…

« Alors, bien ces vacances ? »

Question stupide. Et même trop vaste. Je levai les yeux au ciel devant la banalité que j’avais réussi à sortir, puis je pris une gorgée de bière au beurre pour garder de la contenance. Soucieux de ne pas paraître ridicule, même si je n’étais plus vraiment à ça près, j’enchaînais avec une autre question.

« Je veux dire, qu’as-tu fait de beau ? »

Bon, ça n’était pas encore la perfection, mais ça rattrapait quand même quelque peu la connerie précédente. Comment lui expliquer qu’il m’avait manqué au point de sortir des répliques aussi stupides ? Que je ne savais pas quoi lui dire de censé, de réfléchi, d’ordonné, surtout. Tout ce qui m’importait en cet instant avait été sa présence, le retrouver, le tenir par la main. Des petites pressions régulières suffisaient à rappeler l’état émotionnel de l’autre comme si nous nous étions toujours entendus sur ce plan-là. Comme si nous étions destinés à partager ce genre de relation, au final. Bien que je ne crusse pas du tout au destin, et tutti quanti. Vu l’expérience que j’avais dans la vie en elle-même, le destin et autre tracement de Dieu dans l’avenir, ça me passait bien au-dessus.

Bref, en cet instant, j’étais juste très bien. Pas de tracas de la rentrée, pas d’appréhension des cours, pas de réelle prise de tête sur les abrutis qu’on allait revoir. D’ordinaire, ça m’aurait gonflé d’avance. Mais cette année, ayant une préoccupation toute autre, je n’y faisais plus vraiment attention. Peut-être que, comme je m’en étais douté, je m’étais adouci. Bien sûr, ça ne m’empêchait pas de faire la tronche dans les couloirs ni de penser à autre chose en cours, mais je n’avais pas ce petit plus qui me faisait sourire jaune concernant les idiots que j’allais pouvoir remettre à leur place. Je pouvais toujours y prendre du plaisir et je le ferais très certainement, mais disons juste que je n’y pensais actuellement pas outre mesure. Non, cette année, ça serait Declan et moi. Et les cours, bien entendu, il ne fallait pas rater notre diplôme.

J’allais relever les yeux à nouveau vers lui, conscient que j’étais perdu dans mes pensées, avant de m’apercevoir que je le regardais déjà. J’attendais sa réponse et je lui souris vivement, heureux face à la perspective de cette nouvelle année qui finalement, s’annonçait plutôt bonne. Voire potentiellement merveilleuse. Et puis je me dis que jamais je n’avais sincèrement pensé ce mot… « Merveilleuse »…

Je ne voulais pas avoir l’air niais, ni désespéré. Mais faute est d’avouée que lorsque Meryc me regardait, j’avais TOUJOURS un air niais, qui me rendait inlassablement désespéré de mon attitude. C’était vraiment un foutu cercle vicieux dont j’avais du mal à me sortir. Mais ce petit contra riment restait quand même la preuve irréfutable de sa présence et son importance pour ma personne. Sa très grande importance pour ma personne désormais.

Même si nous avions du écourté nos effusions, je n’en loupais pas une. Le beau blond qui me servait de petit-ami était retourné cherchait sa boisson qu’il avait en fait laissait tombé pour venir me rejoindre. Et autant vous dire que Meryc de face… C’est aussi tentant que Meryc de dos. Sans hésitation. Je ne sais pas s’il m’avait aperçu en train de le reluquer sans ménagement, mais en tout cas, les tables à côté ne semblaient pas avoir manqué mon regard, il faut dire, pas particulièrement discret. Je fus néanmoins jovial lorsqu’il revint, qu’il m’ait vu ou non, cela n’avait aucune importance, tant qu’il continuait à ne sourire ainsi, rien que pour moi.

Mon dieu que je pouvais faire jeune fille effarouchée. Cela m'exaspérait au plus haut point. Je voulais bien être gay, mais j’avais des limites tout de même. Et ce côté parfois ressortissant de ma personnalité ne m’égayer pas outre mesure. Heureusement pour moi, j’avais un boyfriend absolument parfait dans ce cas de figure. Même si j’avais senti qu’il s’était plus ou moins adouci, si je puis dire, Meryc restait Meryc. Et n’importe qu’elle fille ou garçon qui l’apercevait ne voyait en lui que force et beauté, et masculinité et… Enfin, tout un tas de choses qui parfois me faisait totalement partir dans mes pensées et perdre le fil de la conversation. Chance pour moi, il répéta sa question, ayant peut-être saisi que je n’avais pas tout à fait prêté attention à sa bouche, ou du moins au paroles qui en sortaient. (Car tout le monde sait que je me préoccupe plus que quiconque de ce qui peut arriver à la bouche de Meryc Malaot.)

« - Mes vacances ? Et bien… Plutôt longues si tu veux mon avis. Je ne suis pas parti cette année, mes parents ne semblaient pas trop enclins à faire ce rude effort qui pourtant aurait peut-être occupé mes journées. A défaut de penser à autre chose… »

Un sourire fendit mon visage à l’allusion du temps que j’avais passé à penser à lui durant de longues heures d’absolue ennui dans ma petite chambre de mon petit appartement -bon j’abuse peut-être un peu- de Londres. Mais il faut dire qu’il était difficile, étant séparé pendant presque deux mois, de ne pas avoir continuellement pensé à lui. De plus, j’avais de stupides craintes en ce qui concernait notre relation.

« Et toi alors ? Tu as du certainement partir, non ? »

Je pris une gorgée de bière avant de reporter mon attention sur Meryc. C’était drôle comme sensation. Le sentiment de commencer l’année du bon pied, pour une fois. De pouvoir m’appuyer sur quelqu’un que je savais capable de m’apprécier pour ce que j’étais et de me distraire tout en respectant le besoin de réussir nos études. Il est évident, lui comme moi, que nous ne voulions pas louper nos examens. Cela se révèlerait être un véritable échec cuisant pour ma personne, comme pour la sienne.

Mais cela me soulagé de me dire que je n’allais pas être acharné sur le travail, ou du moins avec de quoi vivre des moments de détente et d’apaisement avec lui. J’avais encore du mal à croire qu’on était ensemble, ou du moins, que l’on était toujours ensemble, et même si arrivais à plus ou moins me maitriser, j’étais vraiment, mais vraiment dans un état d’excitation totale en le revoyant. État qui ne m’avait décemment pas quitter depuis nos retrouvailles.

Sur le coup, je ne fus pas sûr que Declan ait entendu mes questions. D’ailleurs, ça n’était pas plus mal puisqu’elles avaient été particulièrement pitoyables. Est-ce que c’était ça, la béatitude atroce dans laquelle vous plongeait l’amour ? Ça n’était pas une expérience que j’avais réellement envie de renouveler. Non pas que je voulais me séparer de Declan, loin de là, mais je préférais encore avoir toutes mes facultés pour parler correctement et surtout avoir l’assurance de sortir des choses intéressantes. J’avais été ridicule. Je le fixai sans même m'en rendre compte, et sans réaliser que la chose était réciproque. C’est là que je me suis demandé s’il m’avait vraiment entendu. Et puis finalement, il répondit. « Mes vacances ? Et bien… Plutôt longues si tu veux mon avis. Je ne suis pas parti cette année, mes parents ne semblaient pas trop enclins à faire ce rude effort qui pourtant aurait peut-être occupé mes journées. A défaut de penser à autre chose… » Je tiquai sur la fin de sa phrase. Suggérait-il qu’il avait pensé à moi toutes les vacances ? Je réprimai un sourire idiot. Ça ne me ressemblait vraiment pas. Changer autant en si peu de temps, c’était déroutant. Non pas que ça ne me plaisait pas, mais c’était réellement étrange. Le plus dur sur le coup était de ne pas répliquer de suite que ç’avait été la même chose de mon côté. J’étais retourné à Londres, j’étais resté avec mon frère et ma sœur et nous n’avions pas bougé outre mesure. Alors penser à lui, ça y était allé bon train.

« Et toi alors ? Tu as du certainement partir, non ? » J’aurais dû m’attendre à ce qu’il me pose la question en retour, pourtant je fus surpris. Encore une preuve que j’étais totalement perdu dans mes pensées. Il allait falloir que je trouve une solution pour ça, sinon j’étais bon pour repiquer mon année. Ce qui évidemment, n’était pas dans mon intention. Je le vis boire une gorgée de bière au beurre avant de finalement réellement sourire. Quoi que, je cherchais mes mots. Je devais avoir une expression tout à fait bizarre sur le visage, j’en étais conscient. « Hum, non… En fait je suis resté à Londres chez le tuteur de ma sœur. Enfin, mon tuteur aussi, du coup. » Après réflexion, je me rendis compte d’une chose. Ses parents habitaient à Londres également, non ? Nous avions donc passé deux mois à quelques petits kilomètres l’un de l’autre sans le savoir. Ce qui était tout à fait stupide vu comment nous nous étions manqués, finalement. Alors je me promis que les prochaines vacances, nous les passerions ensemble.

« J’ai rien fait d’exceptionnel. Pour moi, les vacances c’est pas forcément synonyme de devoir courir à droite à gauche pour visiter ci ou ça. » J’avais déjà bien assez couru comme ça lorsque j’étais esclave, tout comme Estalna et Naïrick, ça n’était pas pour continuer maintenant. Il n’y avait rien de tel pour me faire penser à ce passé sur lequel j’aurais préféré facilement faire une croix. Nos déplacements en ville pour voler de quoi se nourrir, nos déménagements de hangars dans des pays toujours nouveaux, les ordres que nous devions exécuter. Au final, la seule chose positive qui en était ressorti fut l’apprentissage de plusieurs langues. Ça pouvait être réellement utile, et puis je trouvais ça intéressant. Dans l’hypothèse bien sûr où nous pouvions retirer de « bonnes » choses d’un tel passé. Je me rendis compte que j’avais perdu mon sourire. Je pris sur moi et me changeai les idées. Loin de moi l’envie de paraître déprimé devant Declan, surtout pour cette raison. Je ne voulais pas qu’il s’inquiète, il n’y avait d’ailleurs pas de quoi. Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à ces choses-là et j’allais devoir vivre avec toute ma vie. Il ne fallait donc pas s’en faire pour moi. Je bus à mon tour une gorgée de bière avant de redonner un semblant de joie à mon visage. J’étais avec Declan, j’étais bien. Tout allait bien.

Depuis que je lui avais répondu, je faisais tout pour ne pas paraître en déprime. Je ne l’étais pas d’ailleurs, mais il suffisait que je me mette à penser à mon passé pour que mon expression change, je le savais bien. Et la dernière chose que je voulais fut que Declan s’inquiète. Bon, je ne pouvais pas l’en empêcher, mais je ne le voulais quand même pas. Sa main sur la mienne, je sentis qu’elles se pressaient un peu plus. Et finalement, il me sourit. Curieusement, il sourit en coin, un poil de malice alimentant ses yeux. Je ne savais pas ce qu’il avait en tête, mais à présent, j’avais hâte de le découvrir. Après quelques secondes, il opta pour une moue boudeuse absolument exquise. « Et dire que tu étais à Londres tout le temps, et que je n’ai même pas pu te voir… Je savais qu’il me manquait un pouvoir de légimencie. C’est définitivement nécessaire, Meryc. » Il improvisa un soupire carrément exaspéré. Si je ne rentrai pas dans son jeu, il me fit au moins sourire. Il pouvait être une vraie crapule lorsqu’il le voulait. Et je ne parlais pas forcément de notre relation. Nous avions été amis avant cela, et j’avais tendance à l’oublier, à présent. Nous nous connaissions mieux que ma tête me le laissait supposer.

Je le regardai prendre une nouvelle gorgée de bière avant de sourire pleinement. Même si ses dires m’amusaient, après réflexion il était préférable qu’il ne soit pas un légimen. Arpenter mes pensées n’était pas la meilleure chose qui soit, étant donné les images qui y résidaient. Je ne souhaitais à personne de voir tout ça. Mais non désireux de recommencer à m’enfouir dans mes plus mauvaises pensées, je levai un sourcil, amusé. « Ne te prends pas pour plus fort que tu ne l’es, va. » Evidemment, je le taquinais. Il pouvait bien apprendre la légimencie si ça l’amusait, je n’avais à le lui interdire. Mais lui demander de ne pas fouiller mon cerveau, ça, je pouvais. Et j’avais assez confiance en lui pour savoir qu’il respecterait ma demande. Je le vis prendre un air faussement outré. Nous avions l’habitude de nous envoyer réciproquement des piques, ça n’était pas aujourd’hui que nous allions réellement prendre ça au sérieux, voire en souffrir. Après réflexion, je me rendais compte qu’il devait s’intéresser à moi depuis un bout de temps. Je me rappelais sa façon d’être, ses sourires, ses moqueries, ses rires, ses déceptions même, parfois. Jusqu’à ce qu’il ne commence à me mener la vie dure. Ça n’avait pas dû être facile pour lui, je le réalisais.

« Au moins, on sait que la prochaine fois qu’on va à Londres, il est impossible qu’on ne se voie pas. » Je ne pouvais plus m’imaginer passer deux mois, ou même deux semaines là-bas, sans me rappeler qu’il y était également, et sans le retrouver. Je pouvais même le présenter à Estalna. Naïrick le connaissait déjà plus ou moins. Ils n’avaient jamais échangé, mais je le soupçonnais de m’avoir déjà croisé avec lui, à en juger par le sourire ambigu qu’il avait affiché toutes les vacances. Et puis, ma sœur m’avait bien fait comprendre qu’elle était curieuse de découvrir « cette personne qui te rend comme ça », qu’elle m’avait dit. « De toute façon t’as pas le choix, ou je viens te chercher par la peau du cul. » Encore une fois, je savais qu’il n’allait pas mal prendre mes propos. Nous étions comme ça, à nous chercher. J’étais sérieux de toute manière. Je ne savais pas comment j’allais pouvoir me débrouiller, mais s’il oubliait que l’on devait se voir, je trouverais bien un moyen pour me rendre chez lui.

« Je vais faire d’autant plus attention à mon remarquable et très admiré postérieur alors ! » Je le vis sourire. Alors qu’il avait l’air de vouloir jouer sur sa réplique en prenant un air innocent, il ne se passa pas dix secondes avant que ce sourire se transforme en quelques chose d’adorable, de sincère et de craquant. Je m’étonnais moi-même d’aimer voir ça, et de ce que ça voulait dire. Je secouai la tête, faussement blasé. « Comme s’il était admiré, comme tu le dis si bien. » Il ne se préoccupa pas de mes dires et enchaîna. « Tu sais, je crois que tu n’auras pas le temps de dire ouf, que tu m’auras déjà collé à tes basques ! Mais au moins je t’aurais prévenu ! » Ben tiens ! Je lâchais un ricanement cette fois. Mais avant que j’aie eu le temps de répliquer quoi que ce soit, Declan s’avança vers mon visage pour m’embrasser. Ces moments me déboussolaient complètement. Parce que j’appréciais, parce que c’était magique, parce que ça restait bizarrement nouveau. Je ne m’étais déjà pas préparé à sortir avec quelqu’un, encore moins lui. Et dieu que ça se passait bien. Mais je rabâchais, là.

Je déposai ma main sur sa joue et la fis glisser jusqu’à sa nuque pour ne pas qu’il rompe le baiser trop rapidement. Simplement, je commençais à m’enflammer. A contre cœur, je me détachai donc de lui et plissai mes lèvres en signe de frustration. Tous ces petits gestes qui me venaient naturellement alors que je n’y étais pas habitué étaient étranges. Je gardai sa main dans la mienne en collant à nouveau mon dos à la chaise. De l’autre j’attrapai ma bière pour la finir. Je jetai un regard circulaire pour observer la pièce et l’ambiance. Si certaines personnes nous jetaient de temps à autres des coups d’œil, la plupart des clients étaient de retour dans leur affaires et finalement, ne se préoccupaient plus des deux garçons qui s’embrassaient au beau milieu du pub. D’ailleurs, j’étais certains que l’idée que lesdits garçons n’aillaient même pas ensemble avait traversé leur esprit. Et après réflexion, il était clair que personne n’aurait pu penser qu’un mec de mon gabarit devienne… « tendre » avec un petit brun tel que Declan suspendu à ses lèvres. Ça me fit même sourire. Au moins, un fait restait le même : j’étais imprévisible.

« On bouge un peu ? » J’étais bien au chaud avec Declan en face de moi, mais je ne disais pas non à une balade avec lui, c’était d’autant meilleur. D’ailleurs, nous pouvions plus nous lâcher ainsi qu’avec une foule nous entourant. Je le laissai finir sa bière et nous finîmes par sortir du pub. Je lui attrapai la main et le rapprochai de moi tout en marchant. Il faisait à peine frais mais j’étais bien. C’était encore un temps doux à cette époque de l’année. « Impatient de reprendre les cours ? » Moi, je l’étais et je ne l’étais pas. Etudier ne me dérangeait pas, au contraire. Et j’avais hâte d’en finir avec les examens qui nous attendaient. Seulement, je ne savais toujours quoi faire après l’arrêt de Poudlard. Aller à l’université ? Pour y étudier quoi ? Aucune idée. Et puis maintenant, j’avais une nouvelle raison de ne pas vouloir aller en cours : Declan.

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