NOWHERE LEFT TO RUN

If you leave me, I would die. Without you, I can’t live.

C’était du grand n’importe quoi à Poudlard. Peu après l’attaque de la volière, l’école avait été attaquée de nouveau, et les assaillants étaient toujours présents. L’Organisation, voilà comment s’appelaient ces hommes masqués. Ils s’étaient approprié le château, postant des Inféris comme gardiens. Nous n’étions plus en sécurité, surtout nous les Serpentards, non loin de nos dortoirs, s’entassaient les corps d’élèves défunts. Oui, des camarades avaient péris. Soit en se revolant soit en tentant de s’échapper. D’autres étaient portés disparus, comme Hayleen. Je n’avais pas eu de nouvelle depuis son départ pour Beauxbâtons.Nous vivions des temps sombres, et quelque chose me disait que c’était loin d’être finis.

J’étais avec des camarades de chambrée dans la cour intérieure du château, profitant d’un peu de calme pour essayer de nous changer les idées. Nous savions qu’il était dangereux de ne pas être dans nos dortoirs à cette heure-ci, mais que voulez-vous ? Nous sommes des rebelles. Pourquoi se laisser faire ? Au nom de quoi devrions-nous nous soumettre devant cette bande de crétins en capuches ? Même si j’avais peur pour mes amis, pour ma famille et aussi Seth, je n’allais pas rester sans rien faire.
Ce soir-là, nous étions dans assise sous la leur de la lune à discuter des dernières disparitions. Des amis, des connaissances. Nous avions tous perdu quelqu’un. Je serais les poings dans les poches de mon jogging en pensant à tout ce mal que l’Organisation provoquait sur son passage. « On devrait foutre ces crétins dans les cachots, les forcer à regarder les morts dont ils sont responsables ! » Une de mes amie acquiesça silencieusement. Même si j’étais convaincu de ce que je pensais, je ne pouvais exécuter mes idées. Ils étaient plus doués que nous, plus cruels. On était faible, même les plus forts d’entre nous.
Alors que nous allions regagner notre dortoir, nous nous fîmes rapidement encerclés. Les ennuis allaient commencer. Ces mêmes silhouettes encapuchonnées se tenaient devant nous. J’avais l’impression de voir les Mangemorts des anciens journaux se tenir devant nous. Je les fixais dans les yeux – du moins le peu que je pouvais en voir – et ne baissais pas la tête. « Tiens tiens un groupe de serpentard. Et je parie que Mlle Kaffman est parmis vous. » Je fus surprise de savoir qu’ils connaissaient mon nom. Enfin pas tellement, je me rebellais assez souvent en cours et j’avais eu le droit à de nombreuses punitions pour cela. « D’ailleurs, la miss en question va nous suivre. » J’aurais pu ne pas bouger, me cacher mais je ne voulais pas que mes amis soient punis alors je m’étais avancée. Automatiquement celui qui avait parlé m’avait prit par le bras, congédier mes camarades et entrainer à sa suite. J’aurais pu me transformer mais ça aurait voulu dire abandonner ma baguette et révéler mon secret, mon peut-être unique moyen de me sauver. Ils marchaient vite les bougres, me tirant par le bras et je cru même entendre certains ricaner. Rapidement nous arrivâmes à l’endroit où ils voulaient que je sois. La forêt interdite.

J’avançais, ou plutôt mon geôlier me forçait à le faire. Qu’allait-il m’obliger à faire ? Cette Organisation était capable de tout. Celui qui me tenait par le bras me poussa en avant une fois arrivés aux premiers arbres. Je me retenais de ne pas leur balancer un bon sort en pleine figure et de détaler. Je leurs fis face, campée sur mes deux jambes. « Vous allez me tuer c’est ça ? » Ils éclatèrent tous de rire, et celui qui avait parlé tout à l’heure me répondit. « Et ou serait le plaisir ? Ca serait bien trop facile. » « Alors quoi, vous allez me laisser ici dans le froid en espérant que j’implore votre pitié. » Ma grande bouche me perdrait un jour. L’homme, le capitaine car il était le seul à parler, fit un pas en avant. « Tu ne devrais pas te montrer si arrogante, où ce que nous avons prévu pourrait être plus cruel qu’à l’origine. » Il tendit la main vers moi, frôlant mon oreille, me montrant ainsi un bout de papier accroché à une branche. J’hésitais quelques secondes avant de m’en saisir et de le lire.


Louve B. Kaffman & Seth W. Blackburn

Pourquoi mon nom se trouvait-il sur ce papier ? Et celui de Seth ? Oh.. Et s’ils avaient découvert ce que je ressentais pour lui ? J’étais persuadée qu’ils s’en serviraient contre moi. Ils voulaient me punir. Je serais les dents et essayais de ne rien laisser paraître. « Et je suis censé faire quoi avec ce pouffsouffle ? Lui donner le biberon ? » De nouveau il éclata de rire. « Ah ah, ça tu le découvriras bientôt ma jolie. Ca va beaucoup nous amuser en tout cas. »
Je déglutissais. Du coin de l’œil je remarquais un groupe qui s’avançait vers nous. Caramba, ce soir ça allait être ma fête.

-Héé j'ai un scoop miss! Tu vois Seth Blackburn ?
-Heuu... Nan mais trop quoi.
-Mais siii! Tu sais le BG de Poufsouffle!
-Nan nan!
-En 6ième année j'te dis !
Petit rictus aguicheur aux lèvres, adossé contre le mur, Seth se délectait des compliments que les jeunes femmes -ou plutôt une- disait de lui. Un petit soupir satisfait s'échappa de ses narines, entendre ces louanges venants de la part d'inconnue le contentait au plus haut point.
-Nan mais Cop's cherche pas, je le connais pas!
-Franchement si tu le connais ! On peut pas rater un BG comme lui, avec son petit air mystérieux sa sœur qui hurle partout et sa cousine qu'est trop une bonnasse !
-Heum …
-Pis sa meuf, fin, je crois, ou plutôt son ex, ou ptetre sa sex-friend c'est Louve! Franchement c'est sur tu le connais!
-Aaah maintenant que tu le dis oui je vois!
-Bah apparemment, ce soir, 21 heures ils participent à la chasse organisée par l'Orga! Lui il chasse et elle essaye de sauver sa peau! Et bien sur ! Le tout dans la forêt interdite, sinon c'est pas drôle !
Gloups. Une chasse ? La chasse organisée par l'organisation secrète ? Il cligna rapidement des yeux, quitta son mur, et commença à marcher. Une chasse ? Il n'en avait pas entendu parler. D'un air révolté il passa sa main dans ses cheveux, fit un rapide clin d'œil à al jeune demoiselle et se hâta d'aller diner

Le jeune homme ne pipait pas mot. Depuis les récents évènements, depuis sa dispute avec Louve, depuis l'arrivée de l'Organisation Secrète à Poudlard, Seth n'allait pas bien. Il essayait tant bien que mal de sauver les apparences, en se montrant souriant, en restant aimable, mais l'envie n'y était. Tout comme l'OS, il portait un masque. Un masque qu'il s'efforçait de ne jamais enlever. Hayleen n'était pas là, il ne pouvait pas vider son sac, s'apaiser, se libérer de tout ces poids qui commençaient déjà à lui peser. Il devait rester fort. D'un rapide coup de main, il coupa un bout de pomme de terre en deux, en planta un avec son couteau et l'engloutit aussitôt.

Trois gorgées d'eau plus tard, le jeune homme était débout, se dirigeant vers la forêt interdite. Il voulait en savoir plus pour cette chasse. Arrivé, devant l'un des troncs il remarqua un petit bout de papier :

L'Organisation Secrète a écrit:

Heure de la chasse : 21 heures.
Chasseur : Seth William Blackburn Poufsouffle 6ième année.
Chassée : Louve Beth Kaffman Serpentard 7ième année.

D'accord. D'accord, d'accord, d'accord. Bon et bien, vu l'heure, autant rester ici à attendre bien sagement un quelconque signe des maitres de la mort. Ploc. Le ciel se couvrait, et la Lune commençait déjà à apparaître. Éclaircissant les lieux d'un pâle halo de lumière. L'heure se rapprochait. Son ventre se nouait quelque peu. Il ne voulait pas faire de mal à Louve. Seth ne comprenait pas. Il ne comprenait pas ce que les membres de l'Os voulaient, et surtout ce qu'ils allaient devoir faire pour assouvir leurs besoins malsains. Ploc. Une nouvelle goutte s'abattit sur son visage. D'un geste de la main tremblant, il s'essuya.

D'où il était, il pouvait entendre Louve se débattre. Ça ne sentait vraiment pas bon. Il baissa la tête. Seth ne voulait pas la voir. Il ne voulait pas croiser son regard. Il avait peur de croiser son regard. Il était faible & il le savait.

Les voilà, ils sont là. Et toi, toi tu es là, tête baissée, à les ignorer, à essayer de faire abstraction de tout. Tu sais déjà ce qu'il va se passer, mais elle, elle ne le sait pas. Tu aurais bien envie de lui dire, de lui crier que c'est pous assister à un combat qu'ils sont là, pas pour une balade. Mais non, aucun son ne sort de ta gorge. Tu n'en as pas envie. Ou bien, tu n'en as pas la force ? Une de ces sous merde daigne bouger son cul pour aller cherche ce foutu papier et le montrer à ta femme. Oui ta femme. Car au plus profond de toi tu sais pertinemment que rien n'est terminé entre vous, et que, justement, ça ne fait que commencer. Tu ne fais pas attention aux paroles de Louve, ni à celles des autres, tu te prépares à te battre. Peut-être même tuer ? Qui sait.

Pour la première fois depuis qu'ils sont arrivés, tu commences à te dandiner. Tes pieds bougent, et, maladroitement tu arrives enfin à enlever ces satanées chaussures. Tu t'abaisses et enlèves tes chaussettes. Pourquoi ça ? Pour te rappeler que tu es humain, et que tu ne dois jamais l'oublier. Que tu ne dois jamais devenir comme euc. eux qui se marrent bien en te voyant pieds nus dans la terre. Ils baragouinent quelques mots, c'est le moment d'y aller. Ça commence.

Tu sors ta baguette et tu commences à courir, tout droit, sans réfléchir. Une grimace se forme rapidement sur ton visage : les racines; les cailloux, ou tout autres résidus s'enfoncent dans tes pieds. Tu es vivant. Tu es humain. Et en aucun tu ne feras de mal à Louve, car chaque seconde, chaque fois qu'une de ces grimaces ne se forment sur ton visage, tu l'aimes encore plus.

Maintenant tu dois réfléchir. Comment vous sauvez de tout ce merdier ?

Avant même que la silhouette ou le groupe soit proche de moi, le « chef » m’avait poussé vers les bois. Avec un seul conseil. Courir et ne pas regarder en arrière. Je ne savais pas ce qui allait se passer, ce que je faisais là. Mais mon instinct me disait de courir le plus vite possible. Ce que je fis sans tarder. J’avais l’avantage de connaître la forêt pour y avoir erré pendant plusieurs nuits. La lune éclairait mon chemin, et je continuais sans relâche.
Mon cœur cognait dans ma poitrine. J’avais l’impression qu’il pouvait à tout instinct jaillir de ma poitrine et s’écraser mollement sur le sol. Pourquoi cette course ? Pourquoi Seth ? Quel était le but ?
Mais la plus grande question était de savoir comment il avait pu découvrir ma plus grande faiblesse. Parce que oui c’était Seth mon talon d’Achille. Je l’aimais à en crever, je pourrais tout faire pour lui. Même jusqu’à donner ma vie si il le fallait. Il ne devait pas s’en douter vu comment nous nous étions séparées. Les disputes entravaient nos échanges, repoussant un peu plus à chaque fois le moment où nous pourrions être de nouveau ensemble. Si un jour ça se faisait.

Mes pieds foulaient le sol à une cadence rythmée. J’avais l’habitude de courir, surtout à quatre pattes. Mais ce soir je ne pouvais pas me transformer, du moins pas tout de suite. C’était ma dernière solution pour échapper au danger qui me courrait après. Je tenais fermement ma baguette , au cas où j’en aurais besoin. Arrivée dans une sorte de clairière, je me stoppais. Ma respiration était saccadée et bruyante, il fallait que je me calme si je ne voulais pas être repérée. Les dangers étaient multiples ici. Autant mes poursuivants que les habitants de la forêt. Je me faufilais derrière un énorme arbre, le tronc suffisamment large pour me cacher. Au moins pour me reposer.
Je levais le regard jusqu’à l’astre lunaire, j’avais peur. Oui j’étais morte de trouille. Ces crétins encapuchonnés étaient capables de tout. SI je devais me battre contre eux, je ne reculerais pas devant l’obstacle. Je me battrais jusqu’au bout, et si fuir était le seul moyen de survivre alors je le ferais.
Alors que j’étais perdu dans mes pensées, un bruit se répercuta dans le silence de la forêt. Des pas, quelqu’un qui court. Aussitôt mon cœur se remit à frétiller dans ma poitrine à tel point que je du poser ma main sur celui-ci. Je m’efforçais de respirer par le nez. Les pas s’approchaient, une foulée contrôlée, sourde. Pied nu à mon avis. Comment je le savais ? Mes sens se décuplaient le soir venu, car habituellement je gambadais au ras du sol. Puis le bruit fut difficile à repérer car des goûtes de pluie firent leur apparition. Une brise glaciale balaya ma peau, et je me mordis les lèvres. Lentement je bougeais pour tenter d’apercevoir qui était à l’origine de ce bruit. Aussitôt je repérais une silhouette sombre, à l’entrée de la clairière. Fine, taille moyenne. Impossible de voir si c’était un homme ou une femme. Je me re-plaquais contre l’arbre. Il fallait que je me sorte de ce pétrin.

Je me mis à penser à ma vie. On dit que quand la mort est proche votre vie défile devant ses yeux. Je ne voulais pas mourir sans avoir revu mes parents, sans serer dans mes bras mes meilleurs amis, avoir discuté avec Hayleen. Hayleen que je n’étais même pas sur de revoir. Et puis Seth. J’aurais voulu lui dire que je l’aimais, que j’aurais pu faire ma vie avec lui. Etre à ses côtés pour le reste de mes jours m’aurait plu. Nos sales caractères auraient mouvementés notre vie. Et ça je n’y aurais pas le droit. Je serais les dents et me mis de nouveau à courir. Je savais que je me ferais repérer mais j’allais ruser. Je fonçais droit devant, à travers la clairière ou ma silhouette se dessinerait sous la lueur de la lune. D’une voix moqueuse je m’adressais à mon poursuivant. « Attrape moi si tu peux mon chou. »

Tu ne retournais même pas. Tu n'avais pas le temps, ici, dans cette arène, une seconde de plus ou de moins peut tout changer. Ton souffle se faisait de plus en plus haletant, tes pas s'abattaient avec puissance sur le sol boueux de la forêt. Vite. Il fallait que tu fasses vite. Réfléchies, réfléchies, réfléchies! Trouver une solution, trouver la solution qui vous permettrait de vous sortir de ce guet-apen sans trop d'égratignures.

Dans leurs orbites, tes yeux tournaient à toute vitesse, inlassablement tu la cherchais. Louve. Tu n'aimais pas ne pas l'avoir dans ton champ de vision, encore plus maintenant. Non seulement tu devais la chasser, la ramener à moitié morte aux membres de l'Organisation, mais en plus de ça, dans cette forêt elle risquait sa vie. Toi aussi, mais c'était sans importance. Du moment qu'elle irait bien, tu irais bien. A cette idée, un triste rictus se forma sur ton visage d'ange déchu. Dans toute cette ambiance morbide, tu avais grandi, trop subitement, trop vite. Tu n'étais plus l'enfant pur et chaste que tu étais lors de la rentrée, tu étais un homme. Un vrai. Comme ceux qui partent sur le front, la peur au ventre, mais qui regarde tout de même la mort droit dans les yeux. Mais là, c'était toi la mort.

Tes pieds s'écrasaient sur les racines irrégulières de la forêt. La douleur aurait pu te faire pousser un hurlement, mais non. Tu ne pipais mot. Cette douleur, cette souffrance physique te rappelait chaque seconde que tu vivant, que tu étais un humain. Mais elle n'était rien comparée à celle que tu éprouvais au plus profond de toi. Tout t'échappait, tu ne contrôlais plus rien, tu suivais le rythme tel un mouton. Emporté par cette danse infernale, tu n'étais plus toi, tu n'étais plus rien. Réveilles toi, je t'en prie. Bats toi. Bats toi pour toi, pour elle, pour ta famille. Rends les fiers! Leur fierté t'a toujours motivé, pourquoi avoir perdu cette flamme qui te faisait vivre ?

Ton pieds se coinça sous une des nombreuses racines, et tu chutes. Plus un bruit, plus souffle. Tu restais là, allongé dans cette boue, à faire le vide. Et subitement, un souvenir te frappa. L'inondation. Tu avais prévenu Hayleen, avec ton patronus. Ton paon. Il est temps de recommencer. Tu levas ta tête, regardant rapidement autour de toi. Personne. Ni une ni deux, te revoilà debout, prêt à vous! Tu saisis ta baguette, la pointe et formules l'incantation pour invoquer ton messager. «  Préviens là, que je ne lui ferais rien. Que si on se croise, je resterais soft, dans tous les cas, un de nous devra rapporter l'autre dans un mauvais état. Tant qu'à faire, autant qu'elle m'achève. ». Et sur ces mots bruts, ton messager s'éclipse.

Ton moulinet du poignet tu allumais ta baguette. Tu voulais être remarquable. Déjà une demie heure de course acharnée, les membres de l'organisation devaient commencer à perdre patience. Bras tendu, tu repartais en courant à toute vitesse pour la retrouver au plus vite. Sur le chemin, tu priais pour que ton tour de passe-passe ait marché, sinon c'était finit pour vous.

La forêt se désépaissit, laissant place à un champ. Tu levas ton bras bien au dessus de ta tête, bien haut, pour te démarquer de toute cette brousse. Tes dents claquaient, le froid de l'air, le froid du sol commençait à t'atteindre. Tes mains tremblaient. Le froid ? Non. C'est la peur qui les animaient.

Je courrais droit devant moi, j’essayais de ne pas penser à ce qui me pourchassait. Je n’étais pas une trouillarde, du moins pas trop. Et là je balançais entre ma fierté mal placée et ma peur de l’inconnu. Mes pieds foulaient le sol inégal de la forêt, je me disais que j’arriverais mieux à courir si j’étais pieds nus. Je n’avais pas le temps de me débarrasser du superflu. L’obscurité commençait à prendre le dessus, les arbres filtrant les rayons de la lune. Peut-être avais-je une chance d’échapper à mon poursuiveur si celui-ci se mangeait un arbre. Je souris furtivement. Et quelque chose se passa. Quelque chose que je n’avais pas du tout prévu. Une forme lumineuse, argentée se matérialisa devant moi. Un patronus, un paon. Lorsqu’il délivra son message, je ne pus m’empêcher d’haleter. C’était sa voix à lui, c’était lui le poursuiveur. Il ne me voulait pas de mal, qu’il ferait attention au pire je devrais l’achever. Ma main se plaqua sur ma bouche. On l’avait obligé à me poursuivre et à me blesser. J’étais persuadée qu’il ne le ferait pas – comme moi je ne le toucherais pas – mais quelle serait la punition pour avoir échoué ? Je ne pouvais pas m’enfuir, ne penser qu’à moi et le laisser se faire blesser. Je ne bougeais pas pendant quelques secondes, le patronus se dispersa. Me laissant de nouveau dans le noir. Il fallait que je le trouve.

Je fis demi-tour et courrais dans la direction que je venais de fuir. Le danger m’effrayait encore, mais ce n’était pas comparable à la peur que j’avais de le voir blesser par ma faute. Je ne savais pas vraiment où le trouver, et plusieurs fois je me retiens de crier son nom. La meilleure chose que je pouvais faire était de me mettre à découvert. La clairière que j’avais fuie. Là il ne pourrait me louper. Je revenais donc sur mes pas, et me plaçais au centre. Immobile. Quelques instants suffirent pour que Seth arrive là où je voulais le voir. Sa silhouette, éclairée par la lune, se dessina devant moi. De là où j’étais je pouvais voir des tremblements parcouraient son corps. Il avait froid, et il était pied nu. Mon cœur se serra en voyant ce qu’il subissait à cause de moi. Et sans réfléchir j’avançais vers lui, comme une brebis qui se vient à la rencontre du loup. Une part de moi était résolue sur l’idée qu’il ne me blesserait pas, mais il y avait toujours un doute. Je lui avais fait mal, il avait la parfaite occasion de se venger. Je me mordais la lèvre et avançais toujours vers lui. Tout mon être était attiré par lui. Je n’avais qu’une envie, me coller à lui et ne plus jamais le lâcher.

Je m’arrêtais lorsque quelques pas nous séparaient. Mon regard balayait son corps. Et malgré la situation, jamais il n’avait été plus beau que maintenant. Le regard perçant, de la boue sur le visage et son corps crispé. Il était résolu. Je ne savais pas à quoi mais j’allais l’empêcher de se faire blesser. « Blesse moi. Si tu ne le fais pas, c’est sur toi qu’ils se vengeront. » Je n’avais pas peur d’avoir mal, enfin pas trop. Mais le voir lui souffrir, c’était au-dessus de mes forces. Je soufflais, et mes épaules s’affaissèrent. « Je ne le supporterais pas. » J’avançais vers lui, remontant un peu mon jogging qui me descendait sur les hanches. Comment réagirait-il si je me jetais dans ses bras ?

Je le fixais dans les yeux, je me rappelais de l’amour que j’avais pu y voir autrefois. Je donnerais beaucoup pour revoir cela à nouveau. Mais entre nous, est-ce que l’amour avait de nouveau sa place ? Moi et ma peur avait tout gâché. Et si ce soir l’issu de cette chasse était fatale, il faudrait qu’il sache ce que je ressens. Je levais ma main et frôlais sa joue du bout des doigts. « Et tu sais pourquoi ? Parce que le plus bel amour est celui qui éveil l’âme, et nous fait nous surpasser. Celui qui enflamme notre cœur et apaise nos esprit. C’est ce que tu m’as apporté...»* Je retirais ma main de sa peau, savourant encore la texture douce sous mes doigts. Un faible sourire était né sur mes lèvres. Je me redressais, rangeant ma baguette dans la poche kangourou de mon sweat. J’étais à sa merci. « Maintenant, blesse moi. »

* Citation de The Notebook (a)

Baguette en main, tu avançais. La forêt commençait à s'amoindrir, tu étais visible. Tu sortais enfin de ce guet-apens en vie. C'était déjà ça. Car oui, même sans compter le fait que tu devais chasser Louve, vous étiez dans la forêt interdite. Chaque seconde que tu passais dans cet endroit te rapprochait, indéniablement, de la mort. Une mort subite, violente, sanglante. Tu secouas rapidement ta tête, essayant de chasser toutes ces idées superflues. Il fallait faire vite!

Rapide coup d'œil sur les alentours, tu la cherchais. Tu avais besoin de la voir, de la sentir prêt de toi pour avoir envie de survivre. Sans elle, la vie n'avait plus de sens. «  Louve... viens je t'en prie... » . Des bruits de pas. Tu te retournas, aux aguets, prêt à attaquer, prêt à te battre pour ta survie. C'était Louve. Un rictus s'esquissa de nouveau sur ton visage. Tout allait se jouer maintenant. Dans quelques secondes tout allait se terminer. Enfin. Tu lui lanças un dernier regard aguicheur, en espérant qu'elle garderait cette image de toi : un petit bout d'homme toujours prêt à tout pour les siens.

Elle parlait, expliquant ce que tu devais faire, essayant de te convaincre de la blesser. Elle était sérieuse ? Un petit rire cristallin s'échappa de tes entrailles. Vous risquiez votre vie, et toi, toi tu rigolais. Situation hilarante hein ? Non non. «  Je ne crois pas que tu comprennes le réel enjeu de cette chasse. Ce n'est qu'un prétexte. Un prétexte pour nous punir de notre résistance, pour nous voir souffrir. Dans Poudlard, ils nous connaissent, puisqu'ils sont Poudlard. Ce n'est pas une coïncidence si nous sommes face à face. Ce n'est qu'un avant goût, qu'une mise en bouche, dans les jours, les semaines, les mois, ça sera pire. Ils veulent nous tester, voir jusqu'où on peut aller pour survivre. Et moi, moi je ne veux pas survivre sans toi. Autant mourir. » . Tu fais un pas. Le pas qui vous séparait, tu passas tes mains sur ses joues, dans ses cheveux. Tu avances ta tête, te rapprochant de plus en plus de la sienne, pour enfin y déposer tes lèvres. Un dernier baiser. Voilà ce qu'il te manquait. Maintenant, tu as la force de mettre ton plan en marche.

Ta main se crispas sur ta baguette, et sans quitter les lèvres de Louves, tu commençais déjà à l'agiter. C'était trop tard, tu avais déjà commencé, Louve ne pourrait plus rien faire quand tu les préviendra. Ta baguette surchauffe, elle te brûle la main. Enfin, tu quittes le visage de Louve. Les premières étincelles apparaissent. Elles se transforment en flammes. De plus en plus grandes! Vous êtes encerclés pas le feu. Par ton feu. «  Désolé …  » . Nouveau moulinet tu poignet, ta baguette percute le visage de Louve, créant une entaille sur son visage angélique salit de la chasse. Son sang coule. Ta gorge se noue. Tu t'en veux. Mais tu dois le faire, tu dois mettre ta perte en scène. Car oui, là, c'est toi qui va perdre, pas elle. Tes yeux se ferment, des perles en sortent pour rouler sur tes joues. Vas-y. Vas-y finis-en une bonne fois pour toute! Tu pointes ta baguette en direction du ciel étoilé et murmure une avant dernière incantation. Des étincelles rouges explosent : vous êtes repérés. Ils vont arriver dans quelques secondes. «  … mais te blesser, jamais.  » . Ultime déclaration. Tu pointes ta baguette contre ta poitrine et hurle un dernier sort «  INCARCEREM! » . Des chaînes énormes s'abattent sur toi. C'est enfin fini. Tu peux souffler. Un timing parfait, car au moment ou tu t'écrasais au sol, ils arrivaient voir ce qu'il se passait! Béat, tu souris une dernière fois, au ciel, et t'évanouis. Toute cette magie t'avait épuisé.

Le temps s’arrête. Le moment se fige. Et mon cœur se brise. Je n’ai pas le temps d’agir que Seth agite sa baguette. Ses lèvres sur les miennes, ce baiser qui a un goût d’adieu. Un feu puissant nous entoure, la chaleur m’étouffe. Et quelques secondes plus tard, une douleur fend ma peau au niveau de la joue. Je ne comprends pas ce qui arrive, je n’ai pas le temps de comprendre qu’il lance un sort, sur sa poitrine. Seth s’effondre à terre. Et je me précipite à côté de lui.
Mais on m’en empêche. Des bras m’encerclent et me tirent en arrière. Je me débats, je crie. Je ne veux pas m’en aller. Plus de force, je tape, pousse. Un bras passe sous ma gorge et me force à relever la tête. « Lâchez moi ! Tout de suite ! » Des rires. Et Seth toujours à terre. « C’est qu’elle mordrait la petite. » « Tu crois pas si bien dire.. » Et je plantais mes dents dans le bras qui me faisait prisonnière. Comme un chien je ne lâchais pas malgré les coups qu’on me portait. Le sang envahit ma bouche et enfin je lâchais prise, retombant durement sur le sol. Du coin de l’œil je vis un des membres de l’OS se tenir le bras en jurant, avant de m’envoyer un coup de pied dans les côtes. « Tu veux rester ici avec cette lopette ? Grand bien te fasse. Que tu crèves ici, ce n’est pas notre problème. » Le souffle coupé, j’essayais de me redresser. Du revers de la main j’essuyais le sang de mes lèvres et levais les yeux vers les crétins à capuche. Tous étaient tournés vers moi, l’un deux glissait sa baguette sur son bras, là où j’avais mordu. Un vieux réflex. « Je m’en fous de crever, mais jamais je ne le laisserais. Même à genoux je continuerais. Et pareil pour l’école. » Encore une fois ils éclatèrent de rire, et firent demi-tour. Le blessé partit le dernier et s’adressa à moi une dernière fois, de dos. « Rebellez-vous, et vous périrez. Bande d’imbéciles. »

Ils disparurent, me laissant à terre. Avec lui. Je reprenais le peu de force que j’avais pour le rejoindre. Il était toujours inconscient, son visage sali et sans émotions. Je tremblais en posant mes mains sur son visage, caressant ses joues et je me penchais pour embrasser ses lèvres. « Seth ! Pourquoi t’as fait ça ? On s’en serait sortis. » Les larmes perlèrent sur mes joues. Il ne m’entendait pas bien entendu. Mais la pression vous fait faire n’importe quoi. Je dégageais les mèches de son visage, déposant des baisers sur ses lèvres. « Je t’aime. A un point que tu ne peux imaginer. Alors tu n’as pas le droit de me laisser ici, seule… » Je me blottis contre lui un instant, le feu autour de nous baissait en intensité et je l’éteignis d’un sort. Seth avait besoin de soin, il fallait que je l’emmène à l’infirmerie. J’essuyais mon visage et d’un mouvement de baguette je soulevais son corps. La peur de le perdre animait mon cœur comme jamais auparavant. Il était celui pour lequel je me sacrifierais au nom de l’amour que je lui porte. Son corps flottait devant moi, je prenais soin de le faire avancer lentement mais surement. Ce soir j'aurais pu mourir. Mais le pire aurait été de le perdre, lui. C’est dans ce genre de situation que l’on prend conscience de nos sentiments. La forêt était maintenant derrière moi et malgré ma fatigue je continuais d’avancer. Son corps malmené avançait devant moi comme relié à ma baguette, mais au-delà de ça c’est mon être relié au sien que je voyais. Jamais je n’aurais pu imaginer tomber amoureuse. Et voilà qu’aujourd’hui je vivais une expérience que tout le monde autour de moi avait eue. Mais personne ne pourrait me séparer de lui. L’organisation avait essayé, et elle avait échoué. Même nous, nous avions tentés de nous détruire. Maintenant je savais que rien ne pourrait briser tout ça.

Je pénétrais dans le château, le cœur lourd et le corps tremblant, et me dirigeais vers l’infirmerie. Le château était moins calme que je l’imaginais. Je croisais des élèves qui me fixèrent, effarés. Que pensaient-ils ? Que je l’avais tué ? Je n’avais même pas la force de me justifier, il fallait le soigner.
Et enfin, l’infirmerie. Je puisais dans mes dernières réserves pour l’emmener à l’intérieur. Je sentais la pression redescendre, et la fatigue m’envahir. L’infirmière accourue, choquée, et prit le relais. Je tombais à genoux, et regardais l’homme de ma vie être allongé sur un lit. Il était sain et sauf, mon cœur aussi. Je sombrais dans l’inconscience…