‹ I am gonna remember this day. Forever. › C'est sur ces mots qu'Allunia s'endormit alors que les doigts d'Aurore passaient déjà sur l'horizon. Et on peut la comprendre vu les évènements de la nuit précédente. Remontons quelques heures auparavant, dans le même dortoir que celui où est endormie en ce moment même une petite tête blonde s'apprêtant à sécher ses classes de la journée pour rattraper la nuit qu'elle n'avait pas eu...

Le marchand de sable n'était pas passé, Allunia se demandait d'ailleurs pourquoi mais dans tous les cas, elle savait qu'elle ne pourrait trouver le sommeil. Pourtant, têtue comme pas deux, elle essaya en se tournant et se retournant dans son lit. Elle ferma les yeux, ce qu'elle voyait? Rien. Elle ouvrait les yeux, ce qu'elle voyait? Toujours rien. Et rien jusqu'au bout. Elle était terriblement épuisée mais elle n'arrivait pas à s'endormir alors elle se leva, se dirigea vers sa valise et prononça ‹ lumos › à voix basse. Elle cherchait les somnifère qu'elle avait sûrement dû amené au milieu de toutes ses affaires emmêlés: vêtements, chaussures, bijoux, boîtes vides et inutiles, magasines vieux et démodés. Il y avait de tout, sauf de somnifère là-dedans. Alors elle eut l'illumination de sa vie et dit ‹ accio sleeping pill ›. Elle attendit quelques seconde avant de se rendre à l'évidence. Pas de somnifères pour elle ce soir.

Il fallait qu'elle fasse quelque chose, Allunia ne pouvait rester ici toute la nuit sans pouvoir fermer l’œil, surtout que sa voisine respirait de plus en plus fort, signe qu'elle était sur le point d’émettre des ronflements bestiaux très régulièrement. A pas de loups, elle quitta son dortoir - même si c'était interdit. Quoi? La légende dit qu'Harry Potter même aimait contourner le règlement - à de bonnes fins, cela va de soi. Alors elle se balada, tout en se rappelant ce qu'il lui était arrivé la dernière fois qu'elle s'était "baladée": elle était tombée sur la salle d'entraînement de Goderic Gryffondor et ça, elle allait s'en souvenir. Elle fit un tour dans les salles de classes. Elle ne manqua pas d'y laisser une trace de son passage: By AB, time to bed! Un peu plus loin, elle tomba sur les cuisines, les elfes de maison se hâtaient à préparer le petit déjeuné du lendemain, rien qui n'eusse une tête à avoir envie de manger, alors la blonde passa son chemin. Sans avoir trouvé ni son bonheur ni le sommeil, elle se dirigea lacement vers le grand hall de Poudlard, centre de... à peu près tout ici. Comme dans les films d'action, elle se cacha derrière un mur en imitant une arme avec ses mains puis jeta un coup d’œil furtif à la pièce. Clear. Après cet épisode de pseudo action suivi un gros blanc émotionnel, qu'est-ce qu'on pouvait s'ennuyer au beau milieu de la nuit!

Allunia fit le tour de la pièce, rien d'intéressant... à part de bol rempli de dragées surprises à l'abandon! Elle regarda dans son dos avant de s'emparer jalousement de son butin. Elle réfléchi quelques (milli)secondes: les manger ou ne pas les manger, telle était la question. La balance pencha pour la réponse positive, après tout, des élèves avaient dû passer par là, ils ne pouvaient pas être bien dangereux après tout. ‹ Keep that in mind ›. Elle prit un dragée vert entre ses doigts et le regarda suspicieusement avant de le mettre dans sa bouche. Goût salade. Génial, ça faisait longtemps qu'elle n'en avait pas mangé. Un autre, orange cette fois-ci, goût... orange. Étonnement prévisible. Puis elle continua: un rouge foncé, puis un rose clair avant de prendre un rouge tacheté. Ils étaient très bons jusqu'à présent mais elle allait bientôt regretter de les avoir un jour croisé.

L'avantage d'être préfète, c'est qu'on peut se balader dans les couloirs après l'heure sans avoir à se justifier. Et des justifications, je ne voulais en donner à personne. Surtout pas à ce moment précis. Plus d'une heure que je tentais de sortir ce maudit sort d'Aguamenti et que rien, rien ne venait! J'étais encore une fois sans raison dans ces moments où tout flux de magie me quittait sans raison. Je me retrouvais ainsi bête, à ne plus pouvoir rien faire. C'était rageant et plus je tentais de faire quelque chose, moins j'y arrivais. Le pire dans tout ça, c'est que je n'avais fichtrement aucune idée de quand je pourrais à nouveau faire de la magie. Ma première crise avait duré des mois ! Soupirant, je rangeai rageusement ma baguette dans ma poche et quittai la salle de classe que j'avais utilisée pour m'entraîner, marchant en silence. Je n'avais pas vu l'heure, et même en étant, préfète, j'aurai bien du mal à justifier ma présence aussi loin du dortoir des Serdaigle.

Marchant à pas rapides et silencieux, je parcourais le château, profitant de l'étrange calme qui y régnait. J'étais habituée à cet énorme brouhaha ambiant qu'il régnait dans le château, et ce silence me parraissait étrange et presque déplacé. Mais en réalité, mes pensées étaient fixées sur la dernière missive de cet Aleksandrov ! Je fulminais, réellement. Et sans Zoey, j'aurai hurlé, véritablement. Je me sentais tellement impuissante face à cette union imposée. Je me battais contre cette idée accablante tous les jours, et tous les jours elle n'en devenait que plus concrète. Et depuis la récéption de cette lettre, je ne pouvais plus faire de magie. J'avais d'abord essayer d'appliquer les méthodes du docteur Stevens, mais rien ne fonctionnait. Et voilà que cette colère montait encore en mois. Non mais pour qui il se prenait, ce pauvre type, hein ?

J'arrivais dans le hall quand j'entendis un bruit. Une personne visiblement. Enfin visiblement, pas vraiment, vu que tout était actuellement plongé dans le noir. Mon estomac se contracta un instant : c'était de la véritable inconscience que de se promener à cette heure-ci, alors qu'on tueur se baladait dans le château, celui qui avait tué nos animaux sacrés et qui semait la panique dans le château. Je pris ma baguette et marmonna un lumos par réflèxe. Comme par miracle, le bout de ma baguette s'alluma, et pourtant, je ne sentais toujours aucun flux magique en moi. Je me retrouvais face à une fille que je ne connaissais pas, même pas de vue en train de se gaver de bonbons, ce qui me rappela que je n'avais pas mangé ce soir, et que je commençais à avoir vraiment faim. «  Tu sais que tu ne devrais pas être là, surtout à cette heure-ci ? » dis-je. J'étais dans mon rôle de préfète après tout, même si moi-même je ne pouvais pas justifier ma présence ici. «  Tu as dévalisé les réserves de bonbons de Honeydukes ? » ajoutai-je avec un sourire, histoire ne pas pas paraître trop pimbêche ? Je n'avais pas envie de me prendre la tête ce soir. Et puis les Dragées Surprises de Bertie Crochue faisaient partie de mes friandises préférées. «  On ne devrait pas rester par ici, si on se fait choper, on va passer un sale quart d'heure et je suis pas sûre ne pouvoir nous couvrir toutes les deux. »

Et je n'avais pas franchement envie de m'expliquer avec le directeur de ma maison où celui de l'école tout simplement, et en particulier à cette heure-ci. Je n'étais pas encore suicidaire au point de me jeter dans le premier piège grossier venu.