Ce ne fut pas son réveil qui réveilla le jeune polonais ce matin de mars, mais plutôt des pas précipités dans les escaliers qui résonnaient à travers tous les murs du château. Loin d'imaginer ce qu'il se passait, Ibrahim sortit de son lit, quelque peu agacé par le bruit régnant dans l'enceinte du château à une heure aussi matinale. Il n'avait pas coutume de se lever aussi tôt, encore moins un dimanche matin. Mais les pas rapides qui martelaient le sol le poussèrent à sortir de son dortoir. Dans sa salle commune, des visages étaient incrédules, écoutant attentivement ce que l'autre disait et partant en courant vers les escaliers magiques. Ibrahim, empli d'incompréhension, attrapa l'épaule d'un Seconde année qui se précipitait vers la sortie de la salle commune.

- Qu'est ce qu'il se passe ici à la fin ? Vous avez vu l'heure ? Où sont les préfets ?
- Les animaux !! ils ont été égorgés !
- quoi ? .... Comment ça ?

Mais Ibrahim n'eut pas sa réponse et relâcha sa pression sur l'épaule de son camarade de maison. Se libérant de l'emprise du polonais, l'élève courut vers le couloir où se pressait une masse importante d’élèves. Il ne fallut pas longtemps à Ibrahim pour se joindre au groupe qui descendait avec effervescence vers le Hall, d'où provenait le plus gros du brouhaha. Sans savoir ce qu'il se passait, Ibrahim s'imagina tout plein de choses, mais il était loin de penser à ce qu'il s'était réellement passé... Alors qu'il atteignait les troisième étage, un hurlement strident fit trembler les murs du château et le cœur d'Ibrahim fit un bond. L'inquiétude le gagnant, il se mit à courir et atteignit en moins de deux le Hall du château. Si on pouvait encore appeler cela un Hall...

Le jeune Gryffondor se figea à la vue du spectacle peu commun qui s'offrait à lui. Éparpillés sur les dalles fraiches du sol en un tableau sanglant, les quatre animaux sacrés gisaient, littéralement baignés dans leur propre sang. La vue de toute cette hémoglobine associée à l'image emblématique des quatre maisons de Poudlard souleva le cœur d'ibrahim qui mit une main devant sa bouche. Il se trouvait face à quelque chose qu'il aurait aimé ne jamais voir, et pourtant, il ne pouvait s'empêcher de garder le regard rivé sur les cadavres sanglant . Quatre icônes, quatre meurtres, qui avait pu faire une chose aussi horrible ?

Presque au niveau de l'entrée, le Serpent, emblème de Salazar Serpentard. Lacéré et éventré sur toute sa longueur, le sang du reptile n'avait pas du mettre longtemps avant de s'en échapper, tant son corps offrait de plaies. Son sang noir avait eu le temps de sécher un peu, rendant l'image abjecte et montrant ouvertement dans quelles violences le Serpent avait du mourir. Au premier coup d’œil, on aurait pu croire que ce dernier avait été atteint du sort Sectumsempra, mais à bien y regarder, on comprenait vite que ce carnage avait été fait artisanalement. Ibrahim déglutit, détournant le regard du corps inerte du reptile.

Vers l'entrée de la grande salle, on pouvait voir le blaireau, emblème d'Helga Poufsouffle. Ses pattes avaient été mutilées aussi sauvagement que le corps du Reptile de Salazar. A la différence près que le blaireau avait des poils, lui. Sa robe normalement d'un noir et blanc soyeux, se trouvait en cet instant maculée de sang d'un rouge écarlate. Du tronc ensanglanté de l'animal émanait une curieuse sensation d'injustice. Il était évident que l'animal avait souffert, et que l’effet ressenti à sa vue, était celui recherché par le criminel. La peau du museau de l'animal avait été arrachée, mettant à nu ses dents et la chaire de sa bouche. Déposée à coté, elle semblait ordonner de se taire à tout jamais, si l'envie nous prenait de trop parler. Ibrahim voyait là dedans comme une sorte de vengeance, de punition, montrant qu'a trop parler, on se ferait rapidement clouer le bec.

Le troisième animal, lui, avait été carrément égorgé. Il s'agissait du Lion représentant la maison de Godric Gryffondor. Sa belle crinière, auparavant touffue et soyeuse, semblait maintenant rêche, pour le peu qu'il restait à en juger. En effet, tuer l'animal n'avait probablement pas suffit à l'auteur, puisque ce dernier avait également rasé la crinière du roi des animaux. Se moquant de son image, il en avait seulement laissé quelques maigres touffes, répandant le reste des poils en un espèce de cercle autour de l'animal. Mêlés au sang qui s'était écoulé du corps de la bête, les poils faisaient comme une sorte de barrage, empêchant le sang de s'écouler dans tout le hall. La gueule du lion avait été laissée ouverte, dévoilant une absence totale de canines. En effet, Ibrahim constata avec effroi que les dites canines reposaient dans chacune des pattes de l'animal. Elle avaient probablement été arrachées de la bouche du carnassier puis plantées dans ses pattes lourdes. Blessé au plus profond de lui même, Ibrahim sentit son cœur chavirer devant cette vision d'horreur. Comment pouvait on être aussi cruel et si soigneux du détail en même temps ? Ne supportant plus l'image du lion ainsi bafouée, il détourna le regard.

Il se posa finalement sur l'icône de Rowena Serdaigle. Tout comme les précédents, le corps de l'aigle avait subi le courroux de son agresseur. Il avait une aile totalement déplumée, ces dernières baignant tout comme les poils du lion dans le sang réparti autour du défunt animal. Mais l’agresseur ne s'en était pas satisfait. Il avait également sectionné une patte au volatile, qu'il avait posé à coté de lui, droite, debout. Ce qui surprit Ibrahim, c'est que contrairement aux trois autres mises en scènes, la patte de l'aigle semblait posée là comme un cheveu sur la soupe. Ou alors, quelque chose échappait au jeune Polonais. Reposant son regard sur l'aigle, il vit que son ventre avait été découpé, probablement par une lame, en forme de croix inclinée. Du sang s'en écoulait encore, créant un petit flux sur le sol, un filet de liquide rougeâtre qui déambulait à sa guise sur les dalles du hall, lentement, surement.

Après le brouhaha incessant qu'il y avait eu, la vision de cette boucherie semblait avoir anéanti toute envie de parler. On n'entendait plus aucun bruit, à peine le bruits des respirations. Ibrahim jeta un regard vers l'assemblée, et comprit que s'il n'entendait plus rien, c'est parce qu'il était assommé par l'horreur qu'il venait de voir. A sa gauche, une jeune élève de Poufsouffle qu'il ne connaissait pas se mit à sangloter, se tenant le visage dans les mains, parcourue de convulsions. Ibrahim passa un bras par dessus ses épaules et l'entraina à l'écart, pour ne pas lui infliger la vision des corps décimés et déchiquetés plus longtemps. C'est à ce moment là que les fantômes de Salazar, Rowena, Godric et Helga firent leur apparition, faisant trembler les murs, obligeant Ibrahim et sa nouvelle protégée à se mettre à l'abri.