C'était à quand sonnera le glas. Mordred avait attendu toute la journée cet instant. C'était un bruit qui courait, une graine semée au vent. Un présage. En tant que maraudeur, il n'avait pas tardé à être au courant. La Garde, dans son statut de bourreau, n'avait pas tout détruit. Ils avaient volé, menti, dissimulé, mais ne s'étaient pas résolus à annihiler. Ils avaient laissé place à un peu d'espoir. Très mauvais calcul pour eux, ils ne se rendaient pas compte de ce que ces objets pouvaient représenter. Ou alors l'idée qu'on outrepassât leurs interdictions et qu'on découvrît la présence de ces objets dans des lieux interdits ne leur avait pas traversée l'esprit, mais Mordred en doutait : ne pas sous-estimer l'ennemi, c'était essentiel dans leur situation.
Des objets pour communiquer avec l'extérieur, pour sortir de la cage qu'était devenue Poudlard, c'était primordial. Recevoir les journaux, même s'ils sont contrôlés, pouvoir en apprendre plus. Dans leur situation, Londres pourrait être rayée de la carte qu'ils seraient à peine au courant. Les ressources de Pré-au-Lard n'étaient pas suffisantes. Les plus jeunes n'avaient presque plus de nouvelles de leur famille -et vice-versa. Le manque d'informations pesait à tout le monde tandis que la République se remplissait le ventre et les poches en se moquant de ceux qu'ils opprimaient.
Toutes ces raisons auraient déjà été suffisantes pour Mordred pour qu'il se précipitât à cette escapade annoncée pour la soirée. Mais il avait des raisons plus personnelles aussi -quoique, "personnel" avec lui lie malgré tous les intérêts de la liberté. Mais il n'avait plus de nouvelles d'Elisa. Toute la journée durant il avait tourné et retourné sa bague autour de son doigt en se répétant les mêmes mots. "Elle est à Durmstrang, elle est plus en sécurité là-bas que n'importe où d'autre. Elle m'aidera." En plus d'être inquiet pour elle, il avait besoin d'elle. Il n'avait pas assez de liens avec les résistants pour leur demander des informations, de l'aide, leur affirmer qu'un groupe était à leur côté dans Poudlard. Il était d'autant plus empressé de pouvoir communiquer avec elle qu'à ses derniers mémos, elle semblait peu encline à lui apporter son soutien et il ne comprenait pas pourquoi. En plus, au début de l'interdiction de communiquer, certaines lettres passaient encore, et ses courriers adressés à "Mlle Jovanovich, locataire de Saint-Pétersbourg" passaient mieux qu'un courrier pour un "M. Hudson, chef de la Résistance", par exemple. Mais très vite la Garde avait sévi et les lettres ne passaient plus, même celle de Pré-au-Lard venant d'un Classe 1 étaient saisies.
Ces objets étaient primordiaux.
Alors, quand 18h sonna enfin, Mordred s'était faufilé dans les couloirs, utilisant les recoins sombres qui s'élargissaient à mesure que le soleil déclinait. Sa discrétion, il la devait à l'habitude et à sa connaissance des recoins du château et des tours de garde des républicains. Sûrement pas à sa façon de se mouvoir, légèrement bruyante malgré ses efforts pour reconquérir sa jambe qui ne suivait pas toujours ce que sa tête ordonnait.
Il y avait déjà du monde quand il arriva. Des visages familiers voire très connu par lui. Il n'eut pas le temps de réagir avant qu'Emma ne glisse un mot à Lila et ne se précipite vers la Garde. Une diversion, c'était nécessaire, c'était prévisible, c'était dangereux. Il grinça des dents, esquissa un geste pour l'en empêcher, mais Destiny la poursuivait déjà. Elles crachèrent des injures à la tête des gardes et s'enfuirent dans les couloirs, abandonnant leurs médaillons jetés au sol. Huit aurors se lancèrent à leur poursuite.
Mordred les aurait bien confrontés directement par colère d'avoir vu les trois autres se faire prendre, mais il savait que ce ne serait pas judicieux, ce serait juste un geste fait sur un coup de tête et une manière naïve de prouver qu'il vaut mieux qu'eux. Or, il n'est pas comme cela. Il fallait trouver autre chose, et vite, car d'autres aurors arriveraient bientôt. L'alarme sonnait déjà, ils ne seraient donc pas "plus" repérés. Mais il fallait traverser la limite de l'aile, et ce au plus vite.
Mordred oscillait entre plusieurs sentiments. Inquiétude, pour les trois qui s'étaient sacrifiés, principalement Emma qu'il connaissait mieux dans leur trio, et il restait assez surpris de la réaction de Destiny, il ne l'imaginait pas ainsi. Satisfaction, en voyant tout ce monde présent pour cette excursion, ils n'étaient pas si peu nombreux ceux qui voulait combattre le mal qui avait pris possession de l'école. Et excitation, avec la montée d'adrénaline qui accompagne ces moments tendus et qui lui ferait presque oublier sa douleur.
Il sortit sa baguette et la tint fermement dans sa main. Puis il se tourna vers les autres, un grand sourire malicieux et déterminé sur le visage.
- Il est temps.

« T'as intérêt à trouver quelque chose, parce que je vais pas monter au sixième étage pour rien. »

Lila voulu esquisser un geste pour retenir Emma, ne pas la laisser faire ça, il devait y avoir un autre moyen, mais elle était déjà parti prendre le parchemin de Destiny, pour ensuite s'avancer vers les aurors. Elle allait leur donner cette diversion dont ils avaient tellement besoin pour passer de l'autre côté. Tentant en vain d'étouffer cette vague de culpabilité qui naissait en elle, elle serra les poings, alors que huit aurors prenaient la poudre d'escampette pour poursuivre ses camarades.

Détournant rapidement le regard, elle aperçu Mordred, bien sûr qu'il allait venir, on ne pouvait pas être Maraudeur et résister au bruit de cette rumeur qui planait dans le château. Pourtant, elle fut surprise de le voir rester là, elle s'était presque attendu a le voir voler au secours des filles, il était rare pour ce grand idéaliste de ne pas jouer au héros. Haussant mentalement les épaules, bien sûr il n'était pas le dernier des imbéciles, loin de là, mais on ne pouvait pas dire qu'il avait toujours la tête sur les épaules...

Deux aurors étaient restés , deux petits malheureux aurors. Comme elle aurait aimé alors avoir sa baguette, elle aurait été bien plus rassurée, elle se sentait presque nue sans elle. Non, rectification, elle se sentait nue sans elle, elle pourrait tout aussi bien être à poil dans ce couloir sombre que cela ,ne changerait pas grand chose à son sentiment d'insécurité. Vulnérable comme au jour de sa naissance ou presque. Il lui restait toujours ses poings et ses pieds, mais cela ne pèserait pas bien lourd contre un baguette.

- Il est temps.

La voix de Mordred se fit entendre, la sortant de ses rêveries de bagarres, et quand elle posa son regard sur lui, le voyant sourire de la sorte, si confiant, elle ne put s’empêcher de sourire à son tour. Oui, il était temps, grand temps même de passer à l'action. Et en le voyant ainsi, elle se dit qu'il n'était pas à la tête des Maraudeurs pour rien en fin de comptes...Acquiesçant d'un signe de tête, un grand sourire aux lèvres, elle ajouta, tapant son poing droit contre la paume de sa main gauche.

- Allons-y.

A quoi elle joue ? Il était furieux. Les poings serrés à s’en blanchir les phalanges, il réfrénait difficilement l’envie de se les écharper contre un mur pour passer le sentiment incandescent qui lui consumait les tripes. Le bouche à oreille avait si bien fonctionné que l’information lui était même parvenue ; une vendetta contre la Garde et leurs méthodes archaïques se tiendrait au crépuscule afin de leur dérober il ne savait quels objets qui pourraient leur permettre de reprendre un peu de leur liberté arrachée. L’idée était noble ; mais comme tout sursaut d’héroïsme, il était teinté de témérité, d’audace et de culot qui flirtaient dangereusement avec l’inconcevable, l’irréalisable, et ce d’autant plus qu’ils n’étaient que des adolescents. Des enfants. Des gamins qui apprenaient encore comment manier une baguette sans se brûler les doigts, des gamins qui se souciaient davantage de leurs mètres de parchemins incomplets plutôt que de l’élection du Premier ministre moldu. Contre des Aurors ? C’était de la folie.

Il n’était pas un révolutionnaire. Il n’avait pas l’intention de se mêler d’affaires qui le dépassait ; par peur, évidemment. Elle le paralysait, faisait miroiter devant ses pupilles hantées leurs corps exsangues marqués des stigmates qui striaient le siens. Ses blessures, sur leurs visages, sur leurs bras, dans leur dos, autour de leurs gorges offertes. Elle le torturait, rappelant le souvenir évanescent de la douleur embrasée qui le percutait comme une lame de fond. Il avait peur. Il mourrait de peur. Il crevait de peur.

Elle s’alliait très mal à la colère.

Emma. Il ne s’était pas demandé si elle y serait, il savait qu’elle y serait. Qu’elle se jetterait dans la gueule du loup. Qu’elle oserait. L’intention de la protéger était louable, mais bien utopique ; bien sûr qu’il n’aurait jamais pu l’empêcher de s’y rendre, de prendre des risques inconsidérés au nom d’un idéal poignardé. Malgré tout, il avait espéré ; et ça le rendait fou. Ca le rendait fou de la voir là, postée comme une déesse vengeresse, à défier ses aînés de ses maigres armes, cet éclat qu’il ne connaissait que trop bien dans l’encolure des iris. Que Destiny se joigne à elle n’était pas surprenant ; l’aplomb de Daisy l’était cependant plus. Une à une, il les dévisagea, dissimulé dans l’ombre d’un retrait, il les dévisagea tour à tour alors qu’elles piétinaient leurs médaillons et scandaient la mort de la République. Pourquoi avait-il fallu que ce soit elles ? L’univers avait un drôle de sens de l’humour.

Il préféra détourner les yeux lorsqu’elles s’enfuirent, talonnées par huit des adultes membres de leur garde rapprochée. Il n’en restait que deux ; et tous ceux qui ne s’étaient pas sacrifiés pour une cause sublimée par l’idéal. Ludwig avisa Mordred ; il lisait sur son visage sa confiance et son ardeur à défendre la veuve et l’orphelin. Le révolutionnaire en marche. Le type qui voyait dans le sacrifice la défense de l’honneur de leur cause. Il avait envie de lui décocher un crochet du droit dont il se souviendrait encore dans trois ans.

« Merde. » Les bras croisés, il glissa son regard vers la silhouette qui se tenait à côté de lui et avait observé avec lui, silencieuse, la scène de la diversion. « Si tu veux un conseil, ne tombe pas amoureuse en période de crise. Ca n’apporte que des emmerdes. »

Il déplia et replia lentement les doigts de sa main droite, réactivant la circulation du sang jusqu’au bout de ses doigts blanchis. De nouveau, il contempla l’endroit où elles s’étaient tenues quelques secondes auparavant, imaginant où elles devaient désormais se trouver. C’était prévisible, mais il n’avait pas voulu y croire. Il ne voulait pas y croire. Et tout ça pour quoi ? Il soupira. Elle avait choisi de se faire lacérer pour leur donner une chance ; et il ne supporterait pas qu’elle se soit sacrifiée pour rien.

« Tu m’accompagnes ? Ça risque d’être drôle. »

Il ne savait pas pourquoi Hayleen était présente, pourquoi elle avait répondu à l’appel, pourquoi elle comptait s’engager dans ce qui les dépassait. Au fond, ça ne l’étonnait pas ; elle s’était engagée dans la précédente résistance. Alors, quand elle hocha la tête, il ne se posa pas de questions.

Il croisa brièvement le regard de Mordred alors qu’ils s’approchèrent de lui et de Lila. Ses prunelles étincelaient encore de la colère qui le disputait à la peur qui le dévorait. Il tira sa baguette, qui lui avait été accordée du fait d'un cours qu'il était en train de sécher, de sa poche et inspira profondément.

« J’ai un petit faible pour le type de droite, on a un compte à régler. Tu t’occupes de celui de gauche ? »

La seconde suivante, Hayleen et lui invoquèrent un incarcerem ; la chaîne qui se déroula au bout de sa baguette s’enroulèrent autour des bras, des jambes mais également du cou de son adversaire, qu’elle enserra avec une rage qui faisait un étrange et atroce écho à la fureur qui faisait encore trembler les mains de Ludwig.

Tout c'était enchaîné très vite. La rumeur s'était plutôt bien propagée, bien qu'une grande partie des personnes présentes faisaient partis des Maraudeurs - dont moi - et alors que nous étions enfin un bon petit groupe, Emma avait décidé de prendre les choses en main en piquant le parchemin de Destiny, avant de courir vers les Aurors, qui bloquaient l'accès au reste de l'étage. Destiny la rejoignit donc très rapidement, suivit par Daisy, une gryffondor. Elles se mirent alors à tenir des propos tout à fait déplacé envers le ministère, avant d'envoyer leur médaillon aux pieds des Aurors. Elles étaient complètement folles. Se jeter dans la gueule du loup pour faire diversion était une idée totalement absurde. Elles étaient peut-être courageuse, mais aussi totalement suicidaire... Personnellement, je ne me serais pas utiliser comme appât, j'aurais préféré trouver une autre solution, comme un sortilège paralysant ou une potion de sommeil, ou que sais-je d'autre...

« Si tu veux un conseil, ne tombe pas amoureuse en période de crise. Ca n’apporte que des emmerdes.
- On est bien d'accord... Mais c'est un peu tard maintenant. »

Je n'avais même pas remarqué que Ludwig s'était retrouvé à côté de moi pendant tout ce temps, j'avais été trop obnubilée par la diversion des filles. Ma tête se tourna alors dans sa direction et je pus constater qu'il avait l'air quelque peu perturbé. Mon regard se posa aussitôt sur sa main droite qu'il pliait et dépliait, signe de frustration. Je me suis alors rappelée qu'il sortait avec Emma Gray, et je compris bien mieux les mots qu'il venait de sortir plus tôt. Cette impuissance face à une situation délicate, je l'avais bien connu. Au final, nous souffrions tous deux du même mal : l'amour. Et même si je ne voulais pas l'admettre - hé je suis censée le détester après tout! - cela me faisait de la peine pour Ludwig.

« Tu m’accompagnes ? Ça risque d’être drôle. »

Pas un mot, juste un hochement de tête qui voulait tout dire. Ils m'avaient laissé mon statut de Classe 1 : très mauvais choix. A présent, je comptais bien l'utiliser pour mes propres idéaux. Il avait déjà été suffisamment exploité pour leur compte, Ludwig en était d'ailleurs une victime - je trouvais même étrange qu'il ne me fasse pas de remarque là-dessus, le connaissant - maintenant je voulais que cela se retourne contre eux. Dans le groupe, nous étions peu à posséder encore notre baguette et avoir assez de magie dans nos médaillons pour les utiliser, alors la mienne servirait.
Alors que nous nous rapprochions de Lila et Mordred, qui auraient voulu en faire davantage mais qui, de par leur statut de classe 3, ne le pouvaient pas, je sortis ma baguette de ma poche, avant de la brandir fermement.

« J’ai un petit faible pour le type de droite, on a un compte à régler. Tu t’occupes de celui de gauche ?
- Le rate pas! »

J'aurais bien voulu m'occuper aussi de celui de droite, tous trois ayant eu une petite histoire, mais Ludwig avait plus à se venger que moi. Ainsi, la seconde suivante, nous lancions simultanément un incarcerem. Une chaîne sortit aussitôt du bout de ma baguette pour s'enrouler autour du corps de l'Auror. Ses bras, ses jambes et même son cou étaient totalement ligotés par la chaîne qui continuait d'exercer une pression vengeresse sur mon adversaire. A présent, nous ne pouvions bel et bien plus faire marche arrière...

« Bien joué le Lion. Maintenant, on fonce! »

Elle était là pour une bonne raison. Du moins elle essayait de s'en convaincre et finalement, ce n'était pas si compliqué que ça. Elle n'avait jamais été du genre à défier l'autorité. Elle était toujours restée discrète, jamais un pas de travers. Elle ne s'était jamais rebellée, ni contre ses parents, ni contre ses professeurs. Quelques petites crises bien sur mais quelque chose de vrai, quelque chose de grand, jamais.
Elle avait rejoint le petit groupe, elle savait où ils allaient, elle s'y était déjà rendue mais cette fois-ci elle allait rester, ils allaient rester et trouver quelque chose. Quelque chose qui les aiderait à sortir, à sortir ne serait-ce qu'une information à l'extérieur. Depuis le temps qu'ils étaient tous là sans nouvelles, aucunes nouvelles... Ça ne pouvait plus durer.
Comment un Ministre pouvait penser jouer le beau rôle en privant toute un école de ses libertés ? Clairement les seules personnes qui semblaient trouver ça juste étaient des employés du Ministère... Traqueurs, aurors...
Elle avait été élevée dans le respect des dirigeants du Monde Magique, du Ministère et de ses employés. Aurors, profession des plus respectables... Mais c'était différent maintenant.
L'infirmière ne trouvait pas ses mots et s'était sans adressé une parole aux autres qu'elle avait rejoint le groupe.
Lorsqu'ils arrivèrent enfin devant la porte, Julia ne fut pas surprise de voir un comité d’accueil prêt. Dix aurors se trouvaient devant la porte. Il fallait trouver une solution et avant qu'ils aient tous eu le temps de donner leurs idées ou de réfléchir, trois jeunes filles s'élancèrent vers les aurors en les provocants. Emma, Daisy et... Destiny. Julia reconnaissait cette dernière que trop bien. Elle se souvenait encore de la Cérémonie du 31 décembre avec un goût amer. Elle n'avait pas encore choisi son camp, les autres l'avaient décidé pour elle... Le Ministre. Alors que Destiny lui était malencontreusement tombée dessus, l'infirmière l'avait attrapée, baguette levée... Elle avait même été félicitée par un auror...
Les trois jeunes filles disparurent rapidement suivis par huit aurors. Comment pouvaient-ils être si stupides... Huit pour trois élèves. Destiny n'avait pas baissé les bras, ne s'était pas repliée sur elle-même. Après tout ce qui avait pu lui arriver elle était toujours là. Elle se sacrifiait, pour les autres, pour qu'ils aient accès à ce qui se trouvait derrière cette porte... Elle se sacrifiait, pour Clarke.

L'infirmière savait bien que la jeune fille ne l'avait sûrement pas reconnu ou remarquée mais Julia n'oublierait jamais et elle prenait ce moment comme un moyen de se racheter. Il fallait faire quelque chose. Il ne fallait pas reculer.
L'infirmière hésitait... Devait-elle courir à la poursuite des trois héroïnes pour les secourir ou prêter main forte à ceux qui étaient restés. Ludwig, Lila... des visages connus qu'elle ne pouvait pas laisser tomber. Ils étaient tous fragiles... Et alors qu'elle s’apprêtait à sortir sa baguette, à côté d'elle, deux Classe 1 lancèrent un Incarcerem.

La main de la jeune femme se referma un peu plus sur sa baguette levée, elle était prête.

Elle a entendu les bruits. Elle ne pouvait pas se promener dans les couloirs à cette heure, mais son instinct lui a dicté de sortir, d'aller voir, et qui sait, d'aller les aider. Elle les avait entendus parler pendant la journée, et il semblait qu'il était l'heure de l'offensive. Elle ne savait pas ce qui se préparait, mais il fallait absolument qu'elle participe. Elle en avait plus qu'assez de la tournure que prenaient les événements, la tension permanente qui circulait comme une trainée d'empestine dans le château. Si quelqu'un était en train de se rebeller, elle voulait y prendre part, tout de suite.

Elle les avait vus passer au pas de course et les avait suivis jusqu'à la porte qui menait à l'aile est du château. Deux personnes avaient lancé un incarcerem sur les aurors et ils étaient tombés. C'était presque trop facile. Pourtant, la porte était fermée à double tours, et il était impossible de la défoncer à mains nues. Il leur fallait un sortilège, un puissant sortilège pour les tirer de ce pétrin. Elle entendait déjà les bruits de pas qui indiquaient qu'on venait au secours des deux pauvres aurors allongés sur le sol, sonnés par leur chute brutale et inattendue. Il fallait faire vite, et tant pis pour la discrétion. Le seul moyen de passer était de lancer un bombarda maxima, elle en était convaincue.

"Vous deux, vous êtes de la classe un. Lancez un bombarda maxima sur cette porte. On a plus le temps de faire dans la dentelle, les renforts arrivent !"

Elle comptait sur son autorité naturelle pour les convaincre du bien-fondé de ses idées. Elle était sûre et certaine que c'était la chose à faire.

Notre sortilège avait fonctionné. Les deux aurors étaient à terre, saucissonnés dans nos lianes. Nous nous étions alors tous rapproché de la grande porte donnant accès au reste de l'étage, malheureusement cette dernière était verrouillée. L'idée de lancer un alhomora me parut plus judicieux, puisque plus discret. Je n'avais pas spécialement envie de voir débarquer le reste de la troupe d'Auror ainsi que la Garde, alors autant éviter de les alarmer. Mais une professeure de l'université n'eut pas l'air d'accord sur la marche à suivre.

« Vous deux, vous êtes de la classe un. Lancez un bombarda maxima sur cette porte. On a plus le temps de faire dans la dentelle, les renforts arrivent ! »

Elle s'adressait forcément à moi, puisque j'étais en Classe 1, et une des rares de notre petit groupe apparemment. Je n'étais toujours pas très motivée à lancer un bombarda, qui rameuterait les aurors bien plus rapidement. Cependant, elle n'avait pas tord. Nous n'avions plus le temps de chipoter, il fallait nous dépêcher à traverser ses portes.

« Ok, mais reculez-vous! »

Ne voulant pas prendre le risque que quelqu'un soit blessé à cause de l'explosion qu'allait créer le sortilège, je trouvais plus judicieux que tout le monde respecte une distance de sécurité. Aussitôt fait, je lançai un bombarda maxima en direction de la porte, en espérant de toutes mes forces que c'était la meilleure solution.

Lila lui rendit son sourire. La même confiance et le même courage, ils partageaient cela, ensemble, avec la majorité des maraudeurs surtout depuis que le brin de folie festive était devenue accessoire dans le petit groupe. Ca s'agita derrière et Mordred entendit Ludwig souffler avant même de voir le regard sombre qu'il posait autour de lui. Mordred fut d'abord surpris, avant d'être pleinement fier et satisfait. Ainsi donc, le nonchalant et flegmatique Ludwig avait répondu à l'appel de l'action et de l'engagement contre l’oppression.
Bon, l'ex-gryffondor a beau être idéaliste, il ne lui fallut pas longtemps pour revoir son jugement et faire le lien avec la présence inévitable de Emma dans les environs qui aurait poussé Ludwig à faire les pires folies -enfin, presque. Mais vu le regard noir et perturbé de son ami, Mordred s'abstint de tout commentaire, il s'abstint même d'intervenir quand Ludwig et Hayleen prirent les choses en main. De un parce que le jeune homme avait clairement précisé qu'il s'adressait à Hayleen, de deux parce que Mordred avait une toute confiance en les capacités de ces deux là, même si les deux l’agaçaient parfois au plus haut point. L'un parce qu'il pouvait être utile, il pouvait être un leader, un héro s'il s'en donnait les moyens, chose qu'il ne faisait pas ou bien trop peu ; l'autre parce qu'une rivalité s'était installé entre eux deux pour être à la tête des maraudeurs -pas que Mordred l'avait particulièrement cherché, mais maintenant il ne voulait plus laisser son siège.
Bref, aurors maitrisé, porte trouvée. Mais l'idée proposée par un enseignante qui semblait vouloir participer à l'excursion ne fut pas du gout de Mordred, surtout par crainte du bruit que ca pourrait entrainé. Il s'avance donc de trois pas en claudicant, mais un bruit sourd l'arrêta un instant. Il soupira et se résolu, mais suivre le mouvement l’agaçait un peu. Voire beaucoup. Il rentra donc en premier dans la salle et s'autorisa même un petit sourire en direction de Ludwig qui signifiait, entre autre "Je le savais. J'ai gagné. Tu as fait le bon choix." Puis il accéléra parce qu'il ne voulait pas se prendre le coup dans la tête que son ami pourrais lui réserver.
Pièce exigüe. Essais infructueux. Autres passages en force et d'autres plus en douceur. Soupir.
Et puis les araignées. Nombreuses, de plus en plus nombreuses tandis qu'un couloir de plus en plus long s'ouvrait à leurs yeux. Cette fois-ci, Mordred prit les devant, déjà parce que l'adrénaline le faisait réagir plus vite, ensuite parce que son orgueil ne supportait plus d'être à l'arrière.

- On les rassemble. Chacun un côté. Incendio. Maintenant !

Ses mots furent froids, tendus, autoritaires et efficaces. Il ne prit même pas la peine de vérifier si on l'écoutait, il n'en avait pas le temps et la pensée ne le traversa même pas. Pour lui, tous ceux qui résistaient étaient d'un même bloc, d'une même âme. Qu'on puisse ne pas partager son enthousiasme le dépassait un peu.
Il agit aussi vite que lui permis sa jambe et que l'autorisait la horde indénombrable de bêtes énormes qui couraient vers leur petit groupe.
Incendio
Il hurla son sort dans l'agitation. Le feu sortit puissant, brulant, dangereux. Les joues de Mordred brulaient sous la chaleur et sous l'action qui faisait battre son sang. Il dirigea son sort sur le côté droit de l'amas d'arachnides, l'une lui arrivait dessus. Il lui donna un coup de pied et leva donc sa jambe blessée pour ne pas s’écrouler sur le sol. Il grimaça sous la douleur qui remonta le long de son échine mais se fit violence pour garder le contrôle de son feu. Ne pas laisser tomber. Jamais.

Nous avions finalement réussi à rentrer à l'intérieur de la salle que protégeaient ses gardes. Mais nous nous étions retrouvé dans un cul de sac. Une salle vide et fermée, sans aucune sortie en dehors de celle que nous avions emprunté pour entrer. Après de nombreux essais pour résoudre le mystère de la pièce, nous nous sommes mis d'accord en cassant de mystérieuses pierres roses incrustées dans le mur. Aussitôt, le sortilège de la salle se brisa pour nous révéler un immense couloir. Mordred fit les premiers pas, mais cela rameuta une horde d'araignées. Je détestais ces bestioles! Il y en avait bien des milliers... et nous étions moins de dix... Le combat n'étais pas à notre avantage. Surtout que nous étions très peu à avoir une baguette pour nous tirer de cette affaire. Je n'eus donc pas d'autre choix que de me mettre en première ligne pour protéger les plus démunis d'entre nous.
Cette fois-ci, Mordred prit les choses en mains. Peut-être en avait-il eu marre de nous suivre, Ludwig et moi, ou alors était-il seulement celui qui avait réagit le plus rapidement... Toujours est-il qu'il avait l'air d'avoir un plan pour tuer ces foutues araignées.

« On les rassemble. Chacun un côté. Incendio. Maintenant ! »

Et il parti aussitôt mettre à exécution ses ordres. Je jetai un coup d’œil à Ludwig, espérant qu'il serait de la partie pour repousser ces créatures, puis, sans prononcer un seul mot, je fonçai à mon tour dans le tas. Incendio. Le sort fusa, brûlant et puissant, sur le côté gauche de la horde, puisque Mordred avait pris le côté droit. J'espérais que cela serait efficace, que ces araignées allaient être assez idiotes pour se rassembler, parce qu'elles auraient eu trop peur du feu. Je l'espérais vraiment, parce qu'une fois regroupées, il serait plus simple de toutes les exterminer en même temps et d'un seul coup. Alors je continuai à garder le contrôle et à alimenter en puissance mon sortilège, pour éloigner petit à petit les araignées de nous.

« Bordel de merde. »

Jurer était plus facile que de penser à ce vers quoi ils fonçaient tête baissée – et résumait de façon pertinente le pétrin dans lequel ils venaient de se fourrer avec toute la bonne volonté du monde. Même en s’engageant, il n’avait pas eu un bon pressentiment sur le déroulement de l’affaire – ce genre de quête contre le crime organisée se finissait toujours mal, quoiqu’on fasse, même en se débarrassant de l’ennemi principal. Et ce qu’ils découvrirent dans ce couloir enténébré ne faisait que donner une confirmation tangible à ses spéculations. Poudlard lui-même ne semblait pas être de leur côté, et savait accueillir qui n’était pas autorisé à découvrir ses secrets : Ludwig n’était pas un grand ami des bêtes, sans pour autant les haïr, mais il devait avouer que ces monstres qui se précipitaient sur eux du haut de leurs huit affreuses pattes – par tête – n’était pas pour renforcer son amour inné pour la nature. C’est que c’était franchement moche, en plus.

Il sursauta presque lorsque la voix puissante, autoritaire et convaincue de Mordred éclata dans le capharnaüm provoqué par les monstres ; oh tiens, j’avais presque oublié notre héros en herbe, songea-t-il en haussant un sourcil, devinant l’égratignure que son soudain élan de leadership avait gravé dans son orgueil. Il se fit la promesse de lui rendre le regard de convenance qu’il lui avait lancé quelques instants auparavant quand ils en auront fini – et se rappela que l’optimisme n’était pas une arme très efficace contre une horde d’araignées géantes. Se lançant en avant, Mordred brandit sa baguette pour provoquer une sortilège de feu qu’il dirigea vers la droite du groupe d’immondes créatures qui commençaient sérieusement à grignoter leur espace vital. L’une d’entre elles fit un bon de côté pour éviter les flammes et percuta l’une de ses collègues, les faisant rouler dans un enchevêtrement indistinct de pattes ; l’odeur de pourriture carbonisée qui grimpa dans l’air révéla qu’elle n’avait pas été assez rapide – ou agile. Génial, si on ne meurt pas dévorés, on devrait pouvoir en finir par l’asphyxie. Puis Hayleen s’avança et se fit un devoir de maintenir le troupeau de l’autre côté. Les araignées, qui s’étaient rassemblées sur la gauche, furent davantage touchées, et l’odeur, lourde et âcre, se renforça dans ce couloir où l’air ne circulait pas. La fumée des flammes, mêlée à celle du barbecue improvisé, commençait à prendre de l’épaisseur, et il sentit bientôt sa respiration siffler dans sa gorge.

Quelques secondes. C’était tout ce qu’ils avaient. Tout ce qu’ils avaient, face à la détermination évidente de ces créatures de les broyer pour en faire leur prochain repas. Ludwig n’était jamais très fier de ses premières idées, qui incluaient, le plus souvent, un recours à la force, mais à cet instant, il n’eut pas d’autre idée. Lorsque l’araignée qui avait déjà attenté à la vie de Mordred se releva une seconde après pour repartir à l’assaut, Ludwig l’envoya dans le troupeau d’un aragna exumaï avant de pointer sa baguette vers le plafond du couloir. Poudlard, je t’en supplie, sois avec nous.

Il aurait deux mots à dire à Emma, s’il s’en sortait.

« Bombarda maxima ! »

Clarke était bien présente, de tous cœur avec ses élèves, mais elle restait en retrait, dans l'ombre. Elle observait ces jeunes gens risquer leur vie, se donner cœurs et âmes pour sauver leur école, sauver leur vie, découvrir la vérité et gagner.
Elle serrait sa baguette entre ses doigts qui se voulaient sûrs mais qui ne pouvaient s'empêcher de légèrement trembler.
Elle savait qu'en restant, elle allait en voir de toutes les couleurs, découvrir des choses qu'elle n'avait imaginé et auxquels elle devrait faire face.
Avec les restrictions ce n'était pas facile de se battre équitablement avec ce qui avait été mis en place par les Aurors mais ils réussissaient à avancer, pas après pas, porte après porte.

Finalement, ils arrivèrent dans un pièce qui abritaient d'étranges cristaux. Ces derniers les avaient bien retardé mais après avoir compris qu'il fallait les casser il purent enfin continuer leur aventure.

Un couloir. Long et sombre. Clarke ne pouvait s'empêcher d'imaginer le pire. C'était étrange mais le fait de se trouver avec ses élèves la rassurait. Au moins ils n'étaient pas seuls, au moins si l'un d'entre eux venait à être blessé, elle serait là, elle pourrait s'en occuper. Elle savait qu'elle n'était pas en sécurité, qu'ils n'étaient pas en sécurité mais elle avait confiance en elle et en eux.

Et alors qu'elle faisait attention où elle mettait les pieds tout en regardant autour d'elle... apparurent ds araignées. Elle ne pouvait évaluer combien il y en avait mais assez pour être effrayée. Deux trois élèves se rassemblèrent pour lancer un incendio contre l'armée de bestioles tandis qu'elle n'arretait pas de lancer des aragna exumae sur les araignées qui essayaient de sortir du cercle de feu et de s'attaquer aux classes 2 et 3. A côté d'elle se trouvait Ludwig, ça faisait un moment qu'elle ne l'avait pas croisé à l'infirmerie... Il avait l'air plutôt en forme... Enfin, dans une situation pareille c'était une façon de parler...

L u d w i g – « Bombarda Maxima ! »

Voilà qui avait plus de sens que d'essayer de les éloigner une par une. Décidément, elle n'était plus vraiment surprise par l'intelligence du Gryffondor. Toujours aussi réfléchit et sensé. Elle esquissa un coin de sourire en regardant le plafond s'écrouler sur les araignées. Elle priait pour que ça fonctionne, elle priait pour qu'il ait réussi et surtout pour qu'ils en aient enfin terminé.

Il était temps que ça s'arrête.