Aubépine était une vraie pile électrique, ce matin. Elle attendait avec tellement d'impatience de pouvoir soulager un Elfe de maison de son travail ! Elle les connaissait bien, pour souvent aller les voir et leur proposer leur aide... qu'ils refusaient indéniablement, et qu'elle leur apportait quand même contre leur gré. Ils avaient petit à petit - après plus de six ans à leur imposer son aide - fini par accepter sa présence et la laisser faire. Mais quelques uns d'entre eux avaient encore des problèmes avec l'insistance d'Aubépine, considérant qu'elle les ennuyait plus qu'autre chose.

C'est pourquoi Aubépine grimaça, en apercevant Tournever. Cet elfe, en particulier, ne l'appréciait pas du tout. Espérons au moins qu'il ne s'en prendrait pas à Molly, juste pour la contrarier. Elle inspira longuement, et se tourna vers son amie.

« Je le connais, c’est une vraie teigne. Contente toi de lui obéir le plus rapidement possible, et d’être toujours active, sinon il se peut que sa colère te tombe dessus, et il peut-être très très pénible. »

Elle sourit à son amie, et entra dans les toilettes de Mimi, sans faire attention à la grosse flaque se trouvant devant elle. Ni une ni deux, elle glissa, sa tête heurtant le sol, le choc quelque peu amorti par l’important amoncellement d’eau sous elle. Se relevant, elle tangua, des étoiles dans les yeux.

« Oh, c’est marrant, le château a été trafiqué, il fait nuit. »

Complètement sonnée, Aubépine saisit une serpillère, et la passait activement sur certaines parties du sol, comme si elle y distinguait quelque chose qu’elle seule pouvait voir.

« Mollynette, regarde, je fais bouger les étoiles ! Elles s’enfuient quand j’approche l’étoile filante que je tiens ! »

Le choc avait du être plus rude que ce qu’Aubépine avait ressenti, mais cette dernière ne se rendait compte de rien, continuant frénétiquement de passer la serpillère qu’elle prenait pour une étoile filante dans le ciel, évoluant au milieu de ses compatriotes étoiles. Elle entendit cependant des pleurs, et se décida à aller voir ce qu’il y avait.

« Ecoute Molly ! Regarde ! Une étoile pleure, mais elle est à des années lumière d’ici ! Prends ton étoile filante, et suis-moi, il faut trouver ce qu’elle a, et la réconforter ! »

Ni une ni deux, Aubépine partit en glissant vers l’endroit des pleurs, bien décidée à consoler cette pauvre petite étoile qui avait surement perdu son papa ou sa maman.

Des elfes ? Mais non, elles n’étaient pas des elfes, elles aidaient les elfes. Et puis, Aubépine n’était pas une étoile, elle chevauchait une étoile filante. Décidemment, Molly avait une vision perturbée des évènements qui avaient lieu. Ne voyait-elle donc pas l’immensité du ciel ? Ne se sentait-elle pas comme Peter Pan en route vers le pays imaginaire ? Bah, si Molly voulait s’immerger dans son monde et se prendre pour un elfe qui nettoie au lieu de voir la réalité, tant mieux !

Aubépine s’amusait de ses jeux, et elle pouvait très bien être un elfe de maison sur une étoile filante qui nettoyait le ciel des débris d’astéroïdes qui avaient explosé dans cet immense univers. Elle continuait à aller frénétiquement d’un bout à l’autre, à la recherche des pleurs qu’elle entendait, nettoyant bien plus efficacement que si elle ne faisait que ça, sans voir un monde tout autre.

Elle s’apprêtait à répondre à Molly, quand Tournever lui sauta dessus, au plus grand déplaisir d’Aubépine. Elle recouvra aussitôt ses esprits, et se rendit compte qu’elle n’était pas une étoile filante. Elle sortit sa baguette, lança un sortilège de lévitation, et plaça l’elfe de maison qui devait les superviser sur un rebord situé bien en hauteur, d’où il lui serait difficile de descendre, même si elle répugnait à utiliser ainsi sa magie. Il pourrait toujours les surveiller et râler, mais il n’agresserait plus Molly… sauf s’il se déplaçait ailleurs, pouvoir qu’ils avaient qu’Aubépine avait oublié.

Aubépine n’entendait plus les pleurs, mais fut saisie par un cri strident, terrifiant, venant d’en-dessous d’eux. De qui cela pouvait-il bien venir ? Et pourquoi cette personne souffrait-elle tellement ? C’était inhumain, de souffrir autant. Aubépine n’hésita pas, prit sa baguette, et lança un evanesco sur le sol, espérant en faire disparaitre un morceau pour passer à travers.