Deux juin, je savais ce que cette date signifiait. Date que je redoutais tous les mois depuis maintenant près de six ans et que je redouterai d'ailleurs toute ma vie. Nombre de fois où je me suis persuadée que je m'y habituerai que ce n'était qu'un mauvais moment à passer, en vain. Malheureusement quand cette chose monstrueuse sommeille en vous, vous pouvez tenter de lutter autant que vous le voulez, cela ne changera rien. Oui, être un loup-garou n'a absolument pas le moindre avantage. Cela faisait de moi, quelqu'un de différent, oui... Cependant, je ne considérais pas cela comme une chance mais, plutôt comme un véritable fardeau. Ma mère m'avait toujours dit que mon intrépidité me perdrait et elle avait raison. Si seulement je ne m'étais pas aventurée dans la fôret interdite lors de mes premiers jours à Poudlard, cela m'aurait évité ce genre de contraintes. Mais, j'avais toujours eu le chic pour m'attirer des ennuis et ce coup-ci je dois dire que j'avais fais fort. Jamais je n'aurai pu douter, à l'époque que cette petite escapade nocturne allait changer ma vie.

Depuis ce jour, je n'étais plus véritablement la même. Un étrange voile de surnaturel occupait mon regard, ma démarche flottante et légère, n'avait plus grand-chose d'humain, tout en moi reflétait le changement. La jeune fille si joyeuse que j'étais plus jeune a disparu pour laisser place à une jeune femme si renfermée et mystérieuse.

Onze heures, quinze minutes. Sans plus attendre je traversais la salle commune des Gryffondor pour me rendre dans la fôret interdite, seul endroit où ma transformation passait inaperçue. Seul endroit également où j'étais la moins vulnérable envers autrui. C'est avec le plus grand silence que j'arpentais les couloirs de Poudlard. Il ne fallait en aucun cas que quelqu'un me remarque, sinon... J'avais tout fait jusqu'à présent pour préserver ce lourd secret, seule deux personnes du corps enseignant étaient au courant. Cependant, nombre de fois où j'ai eu envie de me confier à des personnes que j'appréciais ma véritable nature mais, il valait mieux pour tout le monde que je m'abstienne.

La nuit était tombée depuis bien longtemps mais, la lune éclairait le vaste paysage qui se trouvait devant moi. Le soir, l'endroit était calme, seul une légère brise venait remuer mes longs cheveux blonds. C'est frissonnante donc que j'empruntai le chemin, menant à la fôret dite interdite. Je sentais mes poils se hérisser à chaque pas que je faisais. Cette forêt épaisse, parsemée d'arbres de toutes sortes se tenaient là, devant moi. Je pris une grande respiration avant de m'engouffrer dans ce lieu qui, aujourd'hui me semblait plutôtfamilier mais, que je haïssais plus que tout. Connaissant le chemin par coeur, je m'engouffrai à travers un passage feuillu. Un calme assez pesant régnait, seul le léger cliquettement de mes dents se faisait entendre. Je continuais d'avancer à travers les feuillages, poussant les quelques branchages se trouvant devant moi. Après quelques minutes de marche, j'apercevais enfin la clairière. Cet endroit était en quelque sorte notre " point de ralliement ". Oui, mieux valait être dans un endroit sûr, où j'étais sûre de ne faire de mal à quiconque. Monsieur Elwes, qui était mon professeur de potions depuis plusieurs mois maintenant, était déjà sur place, il m'attendait. Je m'avançais vers lui, avec un petit sourire en coin, essayant tant bien que mal de penser à autre chose.

« Bonsoir...professeur » disais-je doucement. Le son de ma voix exprimait une grande nervosité mais, c'était plus fort que moi. Je ne pouvais faire comme si de rien n'était, pas maintenant, pas dans ces circonstances, pas avec Mr. Elwes pour qui, j'éprouvais une affection certaine. Oui, il était à près tout, la seule personne connaissant ma véritable identité, la seule connaissant le monstre qui sommeillait en moi. Lorsque j'avais fais sa connaissance il y a maintenant un an et demi de cela, j'avais tout de suite eu une grande confiance en lui. Ainsi, il n'était pas rare que je reste à la finde la plupart de ses cours afin d'échanger quelques mots sur les potions ou sur ma lycanthropie. Non seulement car, j'appréciais vraiment la matière qu'il enseignait mais, j'appréciais également le lien assez particulier que j'avais avec lui. Bon, certes il pouvait paraître quelques fois un peu étrange, certains élèves le prenait même pour un barge mais, au fond, c'était vraiment un chic type.

Mon regard se posa sur la fiole qu'il tenait dans ses mains. Ce fameux breuvage du nom de " Tue-Loup " avait un goût infecte mais m'évitais de souffrir davantage lors de ma transformation. Je relevais alors la tête et lui dis : « Pour la centième fois, avec tout le respect que je vous dois professeur vous êtes vraiment quelqu'un de tenace, il serait surement préférable pour vous de regagner le château ? Je ne voudrais vraiment pas vous faire du mal, vous comprenez... ». Depuis ses débuts à Poudlard, monsieur Elwes avait comme habitude de m'accompagner et de rester non loin de moi lors de ma transformation. J'appréciais évidemment le geste, je connaissais bien évidemment ses compétences en magie mais, j'éprouvais toujours cette peur de m'acharner sur un être humain. Bien évidemment je n'étais pas en temps normal, capable de faire du mal à une mouche mais, je ne savais contrôler l'abominable chose qui se trouvait en moi...