Les cours se terminaient enfin. Même si la journée avait été agréable, c’était un soulagement de pouvoir souffler. Non pas que je travaillais d’arrache-pied, mais il me fallait tout de même un moment de répit. Le prochain petit plaisir : rentrer à la salle commune. J’aimais l’ambiance qui y régnait et je passai beaucoup de temps à écouter mes amis ou participer à leur conversation. Encore une fois, ça n’était le cas qu’avec ceux que j’appréciai vraiment ; entendre les vies insignifiantes les personnes inintéressantes, j’avais du mal à le supporter. Alors quand j’avais besoin du boucan joyeux de la salle commune, je m’asseyais la plupart du temps dans un fauteuil et observais les autres, souriais lorsque j’interceptais des conversations drôles ou intéressantes, soupirais quand des commères se faisaient trop entendre.

Cette fois-ci, je m’étais entouré de mes compagnons de chambrée, à savoir Bryan, Phil et Seth. Et même si je ne participais pas beaucoup, je les écoutais néanmoins avec soin et plaçais une réplique que je considérais amusante quand le moment était opportun. Il y avait beaucoup de mouvement cet après-midi-là, et ma tête commençait à bourdonner un peu. Un peu plus loin, un autre groupe était assis. Des têtes que j’avais déjà croisées, mais qui ne m’inspiraient pas trop, et avec qui je n’avais jamais parlé. Ils avaient l’air de pas mal rire, et malgré le fait que leur aussi puissante joie m’insupportait, je gardais mon attention sur eux un moment. Ou plus particulièrement sur une jeune fille, blonde. Je ne me souvenais pas l’avoir jamais vue ici, et même si je ne connaissais pas tous les Poufsouffles à cause de mon super caractère, je me rappelais quand même, après six années de « vie commune », des têtes de mes camarades.

Mais elle, non, impossible. Elle avait l’air d’avoir remarqué que je l’observais, car elle le fit en retour et je plissai les yeux pour essayer de deviner ce qu’elle avait en tête. La seule chose claire qui m’apparût fut qu’elle n’était pas une Poufsouffle, c’était évident. Alors j’attendis, curieux de voir si elle comptait rester ou non, en lui jetant des regards de temps à autres. L’après-midi se passa lentement, comme si le temps avait décidé de se jouer de moi. Mais, enfin, alors qu’il commençait à se faire tard, elle se leva. Je la suivis des yeux, jusqu’à ce qu’elle quitte la salle commune. Et c’est après un « ne m’attendez pas pour manger » lancé à Bryan que j’abandonnai mon siège et franchis l’entrée de la salle presque en courant.

Je tournai la tête rapidement pour trouver la demoiselle parmi les élèves qui marchaient là, et la repérai, fort heureusement. Je n’étais pas sûr de ce que j’allais faire, et à vrai dire, je n’y avais pas vraiment réfléchi. Alors je levais les yeux au ciel pour me dire « et alors ? » et couru vers elle dans le but d’attraper son bras. Elle se retourna, à peine étonnée. Ne me souciant pas de si elle allait se défendre ou non, je lançai :

« Que faisais-tu dans notre salle commune ? Tu n’es pas une Poufsouffle, je le sais. »

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