NOAH & STEPHAN
and the memory of this night invades me;

La nuit n’allait pas tarder à tomber. Déjà le soleil descendait à l’horizon, rougeoyant, plongeant l’école et les alentours dans le crépuscule. De petits points lumineux commençaient à s’allumer dans le ciel teinté des mille couleurs du soir. C’était magnifique, à n’en point douter. Stephan était accoudée à la fenêtre de son dortoir, écoutant distraitement les bavardages incessants de sa jeune amie Elisabeth Blackburn. La jaune et noire n’aurait su dire de quoi elle parlait, à vrai dire, – son nouvel amoureux sans doute – trop occupée à observer le paysage. Elle soupira. La sorcière avait des envies d’évasion, d’espace ; lassée d’être enfermée entre les murs du château anglais, elle aurait tout donné pour s’échapper juste un instant, quelques heures tout au plus. Mais avec les récents évènements qui troublaient la tranquillité habituelle des lieux – à savoir ces histoires de meurtres – il était impossible de se déplacer sans croiser un professeur ou un fantôme qui surveillait les couloirs inlassablement. En clair, ses envies d’escapade seraient repoussées à des jours meilleurs. Mais si vous avez cru un instant que cette surveillance intensive allait arrêter notre héroïne, vous vous êtes fourré le doigt dans l’œil jusqu’au coude. Une lueur étrange alluma son regard et elle se redressa, des idées plein la tête. Certes, elle n’avait pas de cape d’invisibilité, mais la Poufsouffle maîtrisait plus ou moins le sortilège de Désillusion qui lui permettrait de sortir en douce en ce début de soirée. Ravie de son plan, elle se jeta sur sa valise, provoquant une exclamation de la part de son amie qui blablatait joyeusement dans son coin. Stephan attrapa sa baguette et la pointa au dessus de sa tête, en se concentrant au maximum. « Que… Steph’ qu’est ce que tu fabriques ? » . L’intéressée jeta un coup d’œil à Lily, un sourire entendu peint sur ses lèvres.

« Je vais me promener. » . Répondit-elle simplement en fixant de nouveau son attention sur le sortilège qu’elle allait lancer. Elle fit tourner sa baguette en murmurant une formule tandis que la jeune Blackburn se levait d’un bond, s’approchait de son amie en sautillant et s’écriait : « Chouette ! Je viens avec toi, on va où ? » . Stephan se stoppa net dans sa procédure. Elle lui lança un regard désolé en haussant les sourcils et déclara subitement. « Non ! Enfin je veux dire… j’ai besoin d’être seule. » . Non pas que la sorcière refusait que sa meilleure amie l’accompagne dans sa nouvelle aventure, mais elle avait vraiment envie de s’enfuir seule le temps d’une soirée. Lily afficha un air déçu, ses épaules retombant. Elle marmonna quelque chose que Stephan n’entendit pas distinctement et s’éloigna en trainant les pieds. La jeune fille se mordit la lèvre, s’en voulant d’avoir blessé son amie. Néanmoins elle ne laissa pas les remords s’emparer d’elle aussi vite, replaçant sa baguette sur sa tête et finissant la formule qu’elle avait débuté plus tôt. Une drôle de sensation la parcourut tandis qu’elle observait ses doigts, puis ses mains et ses bras s’effacer sous ses yeux. Elle jeta un coup d’œil au miroir d’en face et, n’apercevant pas son reflet, elle descendit dans la salle commune en souriant. Elle esquiva comme elle pouvait ses camarades, essayant de ne pas les toucher et de faire le moins de bruit possible. Enfin, elle franchi l’ouverture de la pièce en passant par le tableau et déboucha dans les couloirs de Poudlard.

Le plus silencieusement possible, elle tourna dans les dédalles du château en évitant soigneusement toutes les personnes qu’elle croisait. La tâche était ardue puisque le sortilège de Désillusion rendait certes invisible, mais n’étouffait pas les bruits, ni n’effaçait la masse du corps. Il suffisait que Stephan ouvre la bouche ou rentre dans quelqu’un pour qu’elle soit découverte. Néanmoins, elle atteint la porte principale sans encombre, la poussa de toutes ses forces, sortit et se hâta de la refermer. Enfin dehors, elle observa le parc qui sombrait peu à peu dans l’obscurité, inspira profondément l’air frais du soir et laissa un sourire éclairer son visage – bien que personne soit dans la possibilité de le voir. Puis, elle s’avança dans l’étendue du parc, le traversant au pas de charge et atteignant enfin la grille de l’école, elle l’ouvrit du coup de baguette et s’engagea dans le chemin qui menait à Pré-au-Lard. Liberté ! Stephan aurait voulu crier son contentement, sa joie de s’être libérée des chaines de Poudlard. Tout en marchant, elle rigolait toute seule, fière de son coup.

En arrivant dans l’unique village de sorciers des alentours, Stephan se rendit compte qu’elle ne savait pas où aller. Elle ne voulait pas prendre le risque de croiser quelqu’un qu’elle connaissait en débarquant aux Trois Balais, bien que l’envie de se saouler à la Bierraubeurre et au Whisky Purfeu soit grande. Les autres boutiques étant fermées, elle continua de marcher dans les rues presque désertes. Arrivée au bout, elle marqua une pause. Et maintenant ? La Poufsouffle savait que son envie d’évasion avait ses limites et elle les avait atteintes désormais. La jeune fille soupira et elle regarda autour d’elle en pivotant. Soudain une idée vint éclairer son esprit tandis que ses pupilles se posaient sur le sentier menant à l’endroit qui faisait peur à tous les habitants de Pré-au-Lard depuis les années 70 : la Cabane Hurlante. Stephan s’était toujours demandée ce qu’elle pouvait bien renfermer et elle était bien décidée à le découvrir ce soir. La jaune et noire était curieuse de nature, insouciante peut être. Le danger ne lui faisait pas peur et l’aventure faisait partie de son quotidien. Alors une vieille cabane abandonnée et en ruine n’allait sûrement pas la faire partir en courant loin de là. Au contraire, ce lieu l’attirait comme un aimant et ses pieds semblaient la guider tout seuls vers ce but tant convoité.

La sorcière marcha bien cinq bonnes minutes lorsqu’enfin elle aperçu la cabane de ses rêves. Essoufflée, elle se pencha pour tenter de respirer convenablement, puis, en ricanant comme une dément, elle observa la bâtisse. Le bois miteux qui la constituait était garni de trous, sûrement eux-mêmes remplis de mites. Les fenêtres étaient barricadées, ainsi que toutes les entrées possibles. A moins de faire exploser les barrières, il était impossible de pénétrer dans ce vieux bâtiment. Mais cela n’allait pas arrêter Stephan qui enjamba une branche et s’approcha à pas lents de la cabane. C’était sans compter les bruits de pas qu’elle entendit soudainement dans son dos ; tirant sa baguette de sa poche, elle se retourna vivement en pointant son arme devant elle. Un jeune homme au visage familier – la jaune et noire connaissait pas mal de monde au château – s’avançait à son tour sur le sentier, ne semblant pas l’avoir vu. Tant mieux, cela prouvait une fois de plus que son sortilège de Désillusion était convenable. En cherchant dans ses souvenirs, Stephan se rappela que le garçon était dans la maison du serpent, bien qu’elle ne le connaisse pas personnellement. Oubliant la Cabane Hurlante un instant, elle revint silencieusement sur ses pas, pointant toujours sa baguette sur le nouveau venu. C’est ainsi qu’elle s’aperçu que ses doigts redevenaient visibles, tout comme le reste de son corps. Une chose était sûre, elle n’allait pas rester incognito bien longtemps. Un craquement de bois et le Serpentard se retourna vivement, observant la jeune fille avec des yeux ronds. Elle ne baissa pas sa baguette, attendant une quelconque réaction de sa part.