Le vent a fouetté son visage et emmêlé ses cheveux. La pluie a mouillé ses vêtements et fait pleurer ses yeux. Elle est rentrée en vitesse, à moitié gelée. Elle a juré contre la terre, contre Merlin. Et personne ne lui a rien dit. Il n'y apersonne dans les couloirs. Seule son ombre marche à ses côtés. Poudlard semble mort, ainsi. Inhabité. La solitude l'emplit. Lui troue le ventre. Le bruit de ses pas lui fait siffler les oreilles. Dehors, le bruit de la pluie s'éclate contre le carreau de la fenêtre. Elle la regarde un instant, coulée le long de celle-ci. Elle a l'impression de glisser, de faner, comme elle. Elle a les bas chargés de paquets. Elle ne sait pas si elle doit en rire ou bien en pleurer. Ils sont arrivés ici, elle ne sait pourquoi, comment. Elle sait simplement qu'ils lui sont destinés. Elle ne les ouvrira pas de suite, elle en est sûre. Quelque part, elle a peur de ce qu'ils peuvent contenir. Quand elle a vu l'expéditeur sur la boîte, elle n'a pas osé la prendre, elle a eu envie de la laisser, comme ça, à la vue de tout le monde, pour que le moindre petit con qui passe la lui prenne. Mais elle a décidé de laisser tomber toutes ses conneries, alors elle a serré les dents et elle l'a prit. Ce n'est pas lourd. Elle se fiche de tout de toute façon. Plus rien n'a plus vraiment d'importance en ce moment. Le calme est revenu sur Poudlard. C'est une sensation qu'elle a depuis longtemps oubliée. Pourtant, elle n'a jamais fait autant pour l'école qu'à présent. Mais ça ne change rien. Elle se sent toujours aussi inutile, autant seule.

Auparavant, lorsque l'on la voyait déambuler dans les couloirs, c'était seule. Toujours seule. Elle aimait s'isoler, pouvoir écrire, penser. C'est tellement différent, à présent. Maintenant qu'elle a connu la compagnie, l'amour, comment peut-elle revenir à une vie sans but tout d'un coup ? Ça brûle les tympans la solitude. Et il est parti sans lui donner aucune explication ni aucune nouvelle. Seul le bruit de son souffle haletant et de ses pas précipités sur le carrelage froid lui revienne à l'esprit. Et il y a ce dernier baisé mouillé. Elle se souvient, il portait son pull avec une tête de lion orage sur le côté, elle se rappelle même avoir recousu une de ses oreilles un beau jour. Il avait les cheveux en pagaille et les yeux mouillés. Elle l'a vu arrivé si vite qu'elle n'a pas tout de suite compris. Il était là, face à elle, avec son petit regard un peu fou. Elle a froncé les sourcils et il a parlé précipitamment, sans reprendre sa respiration, comme si c'était la dernière phrase qu'il allait dire dans sa vie, la plus importante. « Je m'en vais, Destiny. Peut-être qu'un jour nous aurons l'occasion de nous revoir. J'aimerais te dire que je reviendrai mais ce serait te mentir. Et depuis ce dimanche soir, je me suis juré que jamais plus je ne te mentirai. ». Elle est restée là, plantée. Elle n'a rien osé dire, rien put dire. La respiration est restée bloquée et les mots ne voulaient pas sortir. Et les mots ne voulaient pas se former dans son esprit. Puis, il l'a embrassé. Tendrement. Elle lui a rendu son baisé. Et il est parti, la laissant totalement seule au milieu de la salle sur demande. Elle n'a pas pleuré. C'est la dernière fois qu'ils se sont embrassés. Les jours suivants, elle n'a pas bougé de sa chambre, pas même pour se rendre en cours ou pour se brosser les dents. Et elle a écrit, beaucoup. Ça lui avait manqué, ça faisait longtemps. Quand elle est sorti, la première chose qu'elle a dite, c'était « sang-de-bourbe », juste pour se prouver qu'elle avait encore la capacité de le dire. Pour prouver qu'il n'était plus là pour lui faire des remontrances sur ses paroles. Qu'il n'était plus là pour elle. Parti. Envolé.

Dix minutes ont passé et depuis, la petite goûte glissant sur la fenêtre a été remplacée par des milliers d'autres. Elle a secoué la tête un instant, pour chasser les images souriantes de Connor qui prenait place dans son esprit. De toute manière, il ne reviendra pas, il la laissera à jamais seule, comme elle l'était, comme avant. Elle a repris sa marche, un peu déboussolée et, au lieu de prendre la direction du dortoir des classes 2, elle s'est arrêté au premier étage et a décidé de se rendre à l'infirmerie, où elle y a amené un camarade de classe il n'y a pas si longtemps. Elle aurait voulu dire que c'est pour lui qu'elle est entrée, mais c'était totalement faux. C'est pour elle, pour qu'elle ne soit pas face à son paquet provenant de Connor. Pour ne pas qu'elle ouvre et qu'elle y trouve des excuses déjà tous faites qui ne changeront rien à la situation.

En entrant, elle l'a tout de suite vu. Elle s'est dirigé vers lui avec un petit sourire timide, car c'est un peu à cause d'elle s'il est là aujourd'hui. Elle a glissé dans les escaliers et le pauvre à tout prit en essayant de la retenir. Elle a pris une chaise sur le côté et s'y est assis. Il l'a regardé en souriant, un peu sonné. Sur son bandage, il y a du sang. Elle a retiré une de ces mèches avec ses doigts délicatement. Elle n'est pas tendre, d'habitude, mais le changement dans ses émotions et la façon dont il l'a regardé, avec ses yeux à moitié fermés lui faisait profondément de la peine. Elle a posé son paquet au sol et s'est concentré sur lui. Elle lui a pris la main et il lui a serré très fort. Elle a eu un léger rire, pas du tout crédible. Et des bruits de pas se sont approchés d'eux. Elle tourna la tête en sachant très bien qu'elle allait se faire réprimandé, il était fatigué et il fallait qu'elle le laisse tranquille. Avant même que l'infirmière blonde, celle qui l'avait bousculé dans un couloir sans montrer aucun signe de politesse quelques jours plus tôt, elle a lâché sa main. Ses sourcils se sont froncés en sa direction.  « J'allais partir, pas la peine de me faire l'habituel sermon, ça ne servira à rien. »