« Mlle Haley, tournez moins vite, vous en mettez partout. Et ne jetez pas tout d’un coup dans votre chaudron à moins de vouloir faire exploser le château ! ». La jeune fille pouffa. Décidément, elle était vraiment trop pressée de finir cette potion ; si pressée qu’elle faisait n’importe quoi. Avec application, elle rajouta les épines de porc épique une par une dans la mixture et, suivant les conseils de son professeur, remua doucement. Des bulles se formèrent à la surface du liquide tandis qu’une odeur piquante atteignait ses narines. Elle se frotta le nez et pencha la tête dans son chaudron. Merde, elle avait foiré sa potion… En soupirant, Stephan attrapa sa baguette et d’un mouvement vida le chaudron. Elle était déçue ; c’était une des premières fois qu’elle ratait sa mixture. La sorcière était pourtant douée dans cette matière et c’était d’ailleurs sa préférée : elle adorait mélanger des choses bizarres avec d’autres pour obtenir des liquides aux vertus impressionnantes. Le prof passa de nouveau à côté d’elle et déclara en levant un sourcil réprobateur : « Je vous avais prévenu Mlle Haley… Voilà ce que ça donne quand on veut aller trop vite. ». L’intéressée marmonna un juron en rangeant ses affaires. Elle n’avait plus rien à faire ici. Avec colère elle balança son livre et ses ingrédients dans son sac, le jeta sur son épaules et quitta la salle d’un pas décidé. Le professeur ne dit rien, habitué aux sautes d’humeur de son élève.

Stephan parcourut le couloir rapidement, les nerfs à vif. Oui, la jeune fille était énormément susceptible et détestait ne pas réussir. Sa potion ratée lui restait dans la gorge. Elle voulait être la meilleure et foirer quoi que ce soit lui était insupportable. Arrivée au bout du couloir, elle lança son sac par terre et se laissa glisser le long du mur pour se retrouver assise. Elle se sentait bête. Péter un câble pour si peu était franchement idiot. Parfois, la jeune fille ne se comprenait plus. Elle fourra sa tête entre ses mains et respira profondément. Inspire. Expire. Elle se releva et se mit à faire les cents pas. Inspire. Expire. Inspire… Non merde ! Dans un nouvel excès de colère, elle donna un coup de pied dans le mur. C’était inutile, bon pour se faire mal, mais ça défoulait. Elle se plaqua contre le mur, contre la pierre froide du cachot et tira vivement sur une mèche de ses cheveux bruns. Elle aimait se faire du mal. Son masochisme l’aidait à se sentir mieux. Et encore, ce n’était rien comparé à ce qu’elle pouvait faire d’ordinaire.

Au bout d’une demi-heure restée collé à la paroi glacée du bâtiment, Stephan estima qu’elle était calmée. Elle passa ses doigts dans ses cheveux pour y remettre de l’ordre, frotta ses paupières et renifla avec dédain. Elle se sépara alors du mur, se pencha pour attraper son bagage et se mit en route. Elle allait rentrer à la salle commune, se laisser tomber dans une des fauteuils moelleux près du feu et se laisser aller tranquillement jusqu’à ce que le soir vienne. Elle jouerait un peu de la guitare peut être et s’empiffrerai de Chocogrenouilles et Patacitrouilles. Oui, c’était une bonne option. Allez c’est parti. Elle ouvrit la porte de l’escalier en colimaçon qu’elle empruntait si souvent et si mis à monter doucement, marche par marche. Mais arrivée à mi-parcours, elle fut stoppée dans sa progression par un balai pointé sur elle. Un jeune homme à l’air franchement irrité déclara alors : « J'suis désolé mais va falloir que tu changes d'escalier ma grande... L'un de nous deux est de trop ici... ! ». Stephan éclata de rire. Non mais, pour qui il se prenait celui-là ? Elle lui jeta un regard noir avant de cracher : « Vous êtes qui pour me parler comme ça, monsieur le concierge ? C’est toi qui va bouger, j’vois pas pourquoi je ne monterais pas par là.. » Et elle monta une marche de plus, comme pour le mettre au défi de la contredire.

hors-rpg; désolé, c'est court et pas génial mais c'est mon post d'ouverture. je me rattrape au prochain, promis (a)

Stephan ne voyait absolument pas où était le problème. Quoi, cet escalier était totalement réservé par le garçon et personne n’avait le droit de l’emprunter à par lui ? C’était ridicule. Stephan voulait simplement retourner dans sa salle commune surchauffée pour se laisser mourir dans un fauteuil moelleux ; où était le mal là-dedans ? Elle était de très mauvaise humeur alors mieux vaudrait pour lui qu’il se bouge de là et qu’il la laisse grimper jusqu’à l’étage au dessus sinon elle risquait d’en venir à la baguette. Un petit Stupéfix était bien vite partit, croyez moi. La jaune et noire plongea une main dans la poche de sa robe de sorcière, caressant du bout des doigts le bois rude qui composait sa chère baguette. Tandis que ce garçon bizarre la regardait avec un air… bizarre, la sorcière soupira en lui lançant un regard noir qui en disait long sur ce qu’elle pensait de la situation.

« Wowowo ! Déjà tu essaies pas de m'embrouiller avec des mix de vouvoiements et tutoiements, ok ? On va dire qu'on se tutoie d'accord ? Puis de toute façon, le vouvoiement, c'est pour les vieux...! Puis même, c'est pas la question ! Pour le moment, t'es pas en position de force, car c'est moi qui manie l'engin ! » . Le jeune homme désigna ensuite son balai tandis que Stephan ricanait. Il délirait complètement le pauvre et cherchait à embrouiller la sorcière, c’était certain. Elle sourcilla tandis qu’il continuait son monologue de follie. « Alors je te conseille de faire gaffe car ce que tu sais pas, c'est que je maîtrise de supers techniques que j'ai apprise dans de vieux dessins animés qui racontent l'histoire de tortues expertes en arts martiaux... Tu fais pas le poids ! » . Cette fois, la jeune fille s’esclaffa franchement, se retenant au mur pour ne pas tomber. Il se fichait d’elle, c’est ça ? En tout cas, elle devait avouer que ce concierge avait un sacré sens de l’humour. Stephan en oublia presque sa potion ratée alors qu’elle le regardait manier son instrument de ménage comme une arme fatale.

Evidemment, ce n’était qu’un coup de bluff, de la frime pure. En réalité, ce garçon était parfaitement idiot et Stephan espérait pour lui que personne ne voit son numéro de clown sinon sa réputation était faite, il était bon pour finir attaché à l’un des lits de l’hôpital Sainte-Mangouste. Et puis franchement, ce n’était ni le lieu, ni le moment de faire son beau avec un… balai. S’il tentait de l’impressionner, c’était loupé. De nouveau, elle soupira. Le jeune homme l’ennuyait au plus haut point et tout ce qu’elle voulait, c’était monter les dernières marches et sortir de cet escalier. Il y avait trop de fous dans les parages à son goût.

Dans une dernière pirouette, le garçon – dont elle ne connaissait toujours pas le nom d’ailleurs – essaya de faire passer son engin dans son dos. Tentative désespérée et suicidaire à vrai dire, puisqu’un faux mouvement le fit tanguer sur ses pieds. Il vacilla, s’emmêla littéralement les pinceaux et… BAOUM ! La Poufsouffle ferma les yeux et plaqua ses mains sur ses oreilles pour tenter d’étouffer le vacarme provoqué par la chute du ninja débutant. Heureusement, il avait pris soin de ne pas tomber sur elle, l’entraînant par la même occasion au bas de l’escalier de la mort. Après quelques secondes, la sorcière rouvrit les yeux doucement et observa la scène. Le jeune homme avait dévalé toutes les marches pour se retrouver dans une posture plutôt embarrassante, les quatres fers en l’air comme on dit. Oubliant leur minable conflit – et en bonne âme charitable qu’elle était – Stephan se précipita en bas du colimaçon, s’agenouilla à la hauteur du garçon et vérifia qu’il respirait. Après tout on ne sait jamais, il aurait pu se rompre le cou ! Comme sa poitrine bougeait au rythme de ses inspirations, elle e déduit qu’il était bel et bien en vie – elle soupira, quelque peu soulagée. « Merde, putain d’merde ! Rien de cassé heu… monsieur le concierge ? » . Demanda-t-elle en se penchant pour voir s’il ouvrait les yeux.

Voilà. L'orgueil et la vantardise ne menaient qu'à la punition. Faire le malin avait eu pour seul effet de faire tomber le garçon dans un fracas incroyable au bas des escaliers sur lesquels le deux jeunes gens se disputaient quelques secondes plus tôt. Surtout que Stephan n'avait pas été impressionnée le moins du monde par cette ridicule présentation. N'avait-il pas que ce qu'il méritait après tout ? Si, sans doute. Mais cette chute avait été effrayante. Et s'il s'était cassé le cou ? La jaune et noire ne pourrait s'empêcher de ressentir une pointe de remords, elle était comme ça. Elle était aussi de nature à secourir les gens — plus pour attirer l'attention sur ses prouesses héroïques que par pur acte de charité, il fallait l'avouer — et c'est tout naturellement mais néanmoins inquiète pour la santé du garçon qu'elle dévala le colimaçon qu'elle s'était acharnée à grimper l'instant précédent pour s'agenouiller près de lui et vérifier sa respiration ; pur principe de sécurité. Au moins respirait-il.

Bon, sa posture était assez ridicule mais le pauvre garçon était dans un sale état. Complètement sonné, il semblait être dans un autre monde, un espèce de sourire étrange étirant ses lèvres. Stephan lui aurait bien donné une claque pour le réveiller mais elle se retint de justesse, préférant finalement le secouer légèrement en jurant. Le garçon au nom inconnu ouvrit des yeux étonnés qui se posèrent sur la jeune fille et il recula d'un bond en poussant un cri strident digne d'une fillette apeurée. Merci du compliment, on repassera. Mais Stephan ne pût s'empêcher de ricaner dans sa barbe devant sa réaction. Décidément, ce garçon poussait au comble du ridicule. « On va dire que j'ai connu mieux. ». Répondit-il enfin à la précédente question de la Poufsouffle. Il secoua également la tête puis palpa le coté gauche de son buste à l'aide de ses doigts.

« Merci en tout cas d'avoir pris la peine de redescendre ces escaliers que tu semblais bien pressée de monter... Me semble t'avoir déjà vu en cours, tu t'appelles comment déjà ? ». La sorcière rigola à nouveau en s'asseyant en tailleur sur la pierre du cachot puis, se rendant compte de son erreur de jugement concernant ce fou furieux à l'humour tranchant, elle se stoppa net en lui lançant un regard d'incompréhension. Ainsi n'était-il pas concierge au château ? C'était un élève, tout comme elle, et apparemment, ils s'étaient déjà croisés en cours. Intéressant. Stephan aurait bien besoin qu'on lui rafraichisse la mémoire puisque son visage ne lui était pas vraiment familier... « Attends, tu... T'es pas le balayeur de service de Poudlard ? ». S'écria-t-elle en se frappant le front. Quelle idiote ! « Alors ça... Merde. Je t'ai pris pour quelqu'un d'autre ! ». Elle secoua la tête pour s'excuser et haussa les épaules en clignant des yeux. Bon, dans le genre "les deux pieds dans l'plat" la Poufsouffle se voyait décerner le premier prix. Bravo pour une première impression.

« Bon moi c'est Stephan, Stephan Haley. J'suis à Poufsouffle en sixième année. ». La sorcière baissa les yeux sur son uniforme et son regard tomba d'abord sur sa cravate rayée jaune et noire puis sur le blason représentant un blaireau cousu sur sa poitrine. Hm finalement il aurait peut être été inutile de préciser sa maison, c'était assez flagrant pour qu'on le devine tout seul. Et re les pieds dans le plat ! « Et toi t'es qui d'abord, je ne me souviens pas t'avoir déjà vu ? ». Franc, direct et légèrement cassant, on ne pouvait pas s'attendre à mieux de la part de Stephan Eilys Haley.

Bon, certes ce n'était pas très gentil de l'avoir confondu avec un balayeur mais ce n'était pas pour autant une raison de la regarder avec cet air blasé. Elle n'avait pas fait exprès. Excusez-moi, mais si vous croisiez un garçon en train de nettoyer les couloirs de l'école, ne croiriez-vous pas que c'était simplement le concierge qui vaquait à ses occupations habituelles qui faisaient son métier ? La situation portait à confusion et il n'y avait pas de quoi blâmer Stephan. Si ce n'était pas le ramasse-poussière et le récureur de toilettes, alors que faisait-il avec un balais à la main ? Là était la question ; il y avait de quoi intriguer la jeune fille. Mais le regard que lui lança le jeune homme la mis mal à l'aise et elle baissa les yeux. Ouais ok, sa remarque était bête et alors ? Stephan n'avait pas été envoyée à Poufsouffle pour rien, elle parlait souvent sans réfléchir. Les jaunes et noirs avaient cette sale réputation de simplets, mais ce qu'on ne savait pas, c'était non pas qu'ils étaient débiles profonds, c'était qu'ils parlaient trop vite. Oui, ils s'enthousiasmait trop vite et finissait par raconter des absurdités. Bref, la sorcière n'aimait pas l'étiquette qu'on collait à sa maison, même si c'était sûrement la première à dire des bêtises. Tourne sept fois la langue dans ta bouche avant de parler, lui disait-on quand elle était plus jeune. Ce dicton ne faisait apparemment pas partit des bagages de la jeune fille.

« Non, j'suis pas le balayeur... C'est l'autre concierge là ! Il m'a forcé à balayer tous les Cachots car j'avais les pieds sales quand je suis rentré dans le Hall ! Il mériterait de se faire Stupéfixier et que je m'en serve comme balais. Vu sa tignasse, y a largement de quoi ! ». Ha, tout s'expliquait enfin. Stephan ouvrit des yeux ronds en hochant la tête puis éclata d'un grand rire qui se répercuta dans les couloirs lugubres des cachots. Il était vrai que le concierge de Poudlard était un vieux schnock trop à cheval sur la propreté des lieux. Toujours, il fallait que le sol du hall brille de mille feux, que les rampes des escaliers soient resplendissantes, que les planchers soient cirés, les carrelages étincelants etc... Il ne cessait de tourner autour des élèves pour voir s'ils n'avaient pas un peu de poussière sous les pieds, pour vérifier qu'ils n'envoyaient pas de postillons sur les tableaux lorsqu'ils parlaient ou bien encore qu'ils ne salissaient pas l'air en le respirant. Un vrai parano. Souvent Stephan s'amusait à souiller les lieux qu'elle traversait aux côtés de sa chère Elisabeth et du petit Kyle rien que pour le voir enrager, taper du pied et courir chercher ses meilleurs amis, le sceau d'eau et la serpillère. Combien de fois avait-elle été collée pour nettoyer le château ? Elle ne les comptait plus. Un sourire ne put s'empêcher de venir étirer ses lèvres à cette pensée. Pour une fois que ce n'était pas elle la petite souillon, il y avait de quoi se réjouir.

Enfin vint le moment des présentations. En apprenant qu'il n'était pas le concierge de Poudlard - un instant, l'espoir que ce vieux débile fou qui balayait d'habitude avait été remplacé l'avait envahi, mais le garçon avait vite fait retomber sa joie, malheureusement - la sorcière s'était demandé qui il pouvait bien être dans ce cas. Il lui semblait ne l'avoir jamais vu auparavant et pourtant, la jeune fille en connaissait du monde, sans se vanter. Alors qui était-il ? Bientôt il mit fin au suspense devenu insoutenable: « Je m'appelle Ben Heafy. J'suis en Sixième Année comme toi. Mais vu que j'arrive souvent en retard en cours, que je sèche ou qu'on ne suit pas forcément les mêmes matières, y a quand même un infime risque que tu m'aies jamais vu, ce qui est très regrettable... ». Il y eut comme une sonnerie dans la tête de Stephan, un tilt. Une lumière vint éclairer son cerveau tandis qu'elle se répétait silencieusement le nom de ce garçon étrange. Ben Heafy, Ben Heafy, Ben... Ben ?! Elle fut prise d'un hoquet de stupeur qui la fit sursauter et s'écria: « Attends, Ben Heafy tu dis ? ». L'intéressé secoua la tête pour confirmer alors que Stephan se frappait le front une nouvelle fois. « Genre le Ben de Lily ? Le Ben ? Celui dont me parle tout le temps Elisabeth Blackburn ? Whoaw, j'me demandais quand est-ce que j'allais te rencontrer. Elle arrête pas de me bassiner avec toi sans jamais nous présenter. Elle me rendra toujours dingue cette petite. ». Se rendant soudain compte qu'elle en avait peut être trop dit - sans aucun doute en fait - elle se tut brutalement en se mordillant la lèvre. Oula, si Lily venait à apprendre que sa meilleure amie venait de l'afficher devant son Ben, elle était fichue. Elle croisa les doigts mentalement pour qu'il n'en laisse pas échapper un seul mot.

Vite, un changement de sujet s'il vous plait. Stephan s'était mise dans une galère pas possible, encore une fois. Elle était incorrigible: dévoiler que sa meilleure amie parlait sans arrêt du garçon qui se trouvait en se moment même en face d'elle était une terrible trahison. Déjà, elle voyait Lily se mettre à hurler, courir dans tous les sens en se prenant la tête entre les mains et maudissant de tout son être la Poufsouffle qui espérait maintenant que Ben soit atteint d'un énorme excès de surdité à cet instant précis et qu'il dérive sur un autre sujet. « Puis de toute façon, vu que tu m'as fais tomber et que t'es une gentille fille, tu vas bien m'aider à nettoyer la fin de ce foutu colimaçon, non ? ». Sa bonne étoile l'aurait-elle entendue ? Stephan soupira de soulagement et essaya de nouveau de sourire. Néanmoins, la nouvelle blague de Ben - c'était une blague n'est-ce pas ? - ne la faisait pas vraiment rire, pas du tout même. Et le revoilà reparti dans son délire. La chute aurait-elle eut des conséquences sur son cerveau ? Elle n'en doutait pas. En tirant un grimace, elle dit d'une voix hautaine en se redressant difficilement. « C'est cela oui. Tu croyais franchement que j'allais te filer un coup de main ? Tu me connais mal Ben... ». Elle haussa un sourcil et tout en lissant les plis qu'avaient pris son jean, elle poursuivit. « T'as pas mal au cul putain ! C'est absolument pas ma faute si tu te casses la gueule dans les escaliers en faisant le malin ; ça ne te réussit pas trop d'ailleurs, tu devrais arrêter tout de suite ce genre de manège. Tu étais ridicule. Heureusement qu'il y ait que moi qui t'ai vu. ». Stephan ricana. Oui, elle était bel et bien repartie pour répondre méchamment et faire la petite peste. Il l'avait cherché là. « Fais gaffe à toi maintenant Heafy, je pourrais te faire une sale réputation de troll sans cerveau avec ce que j'ai vu tout à l'heure... »

Plus elle parlait, plus le visage de Ben semblait se décomposer petit à petit. Il passait successivement d'un hochement de tête à un regard interrogateur puis inquiet, en alternant avec des clignements de paupières stressés. Stephan ne comprenait pas ce qu'il se passait chez le garçon. En avait-elle vraiment trop dit ? Mais finalement, le pseudo balayeur fini par afficher un petit sourire peu convainquant, sans se donner la peine de répondre aux enthousiasmes -et abusées- paroles de la Poufsouffle. D'un côté, tant mieux, pensa-t-elle. Elle espérait de tout son coeur que Ben n'était pas aussi bavard et peu discret qu'elle, et qu'il ne ferrait aucun commentaire ou autre compte-rendu de cette déclaration à la fameuse Lily. En pensant à son amie, Steph' ne put s'empêcher de ressentir une lourde et piquante pointe de culpabilité lui transpercer la poitrine ; comme si Elisabeth était présente en ce moment même à ses côtés et qu'elle lui faisait payer ces paroles balancées à la hâte. La jeune fille grimaça en plissant les yeux, sous l'oeil attentif et curieux du Gryffondor. Il devait la prendre pour une folle. Tant pis, ce qui était fait était fait. Elle n'avait plus qu'à prier que Ben ferme sa grande bouche. Et si jamais il ne pouvait se contenir, la sorcière se jura de l'étrangler de ses propres mains.

Mais apparemment, Ben n'en avait que faire de ces révélations sur la petite Blackburn. Non, au lieu de ça, il regarda à nouveau son balais -son arme de ninja ?- et demanda à la Poufsouffle de l'aider à finir vu qu'elle était la cause de sa chute. Pardon, la cause de sa chute vous dîtes ? Laissez-moi rire. Stephan s’esclaffa bruyamment au nez du garçon avant de reprendre subitement son sérieux, de planter ses pupilles dans les siennes avec un regard froid et de déclarer sèchement. « C'est cela oui. Tu croyais franchement que j'allais te filer un coup de main ? Tu me connais mal Ben... T'as pas mal au cul putain ! C'est absolument pas ma faute si tu te casses la gueule dans les escaliers en faisant le malin ; ça ne te réussit pas trop d'ailleurs, tu devrais arrêter tout de suite ce genre de manège. Tu étais ridicule. Heureusement qu'il y ait que moi qui t'ai vu. Fais gaffe à toi maintenant Heafy, je pourrais te faire une sale réputation de troll sans cerveau avec ce que j'ai vu tout à l'heure... ». Pendant tout son speech, une nouvelle fois, Ben n'avait rien dit. Il la regardait avec un air blasé assez perturbant qui fini d'agacer correctement la jeune fille qui se leva d'un bon. Elle lissa les plis de son jean et s'apprêta à reprendre son chemin.

Dans son dos, elle entendit le rouge et or soupirer mais ne se retourna pas pour autant. Ou du moins, pas tout de suite. « Plutôt que des menaces, tu veux pas qu'on se fasse un câlin pour oublier tout ça ? ». Stephan se stoppa et pouffa avant de se tourner doucement vers le garçon en fronçant les sourcils. Il s'était levé à son tour et ouvrait en large ses bras. Essayant de garder son sérieux, la sorcière lui jeta un regard interrogateur. Qu'est ce qu'il lui prenait à lui ? Il était vraiment toqué. « Toi, t'as vraiment dû te cogner la tête fort. ». Dit-elle en rigolant. Puis finalement, elle s'avança vers lui avec un sourire aux lèvres ; et à quelques centimètres des bras du garçon, alors qu'il allait les refermer autour d'elle, la Poufsouffle se baissa pour ramasser le balais. « Finalement je crois que je vais t'aider à balayer... ».