Je ne savais pas réellement pourquoi j’y étais entré. Parce que l’ambiance s’y prêtait, parce que j’étais curieux, parce que je ne disais jamais non à l’inconnu. Mais cette fois, c’était différent. Un peu trop étrange à mon goût. Irrémédiablement attiré vers cette façade, j’avais poussé la porte de ce restaurant sans vraiment me demander si j’avais faim ni même ce qu’ils pouvaient bien y servir. Je savais bien que je pouvais faire les pires conneries, pour le coup je n’étais pas rassuré. J’étais même soulagé qu’Althyna ne fût pas avec moi, pour une fois. Car une fois à l’intérieur, je restai… bête. Bête devant le fait que je ne m’attendais pas du tout à un tel endroit, un tel ressenti, une telle… ambiance, oui. A la vue des serveurs qui s’activaient dans tous les coins, il s’agissait bien d’un restaurant. Mais sans que je sache réellement dire pourquoi, il ne m’inspirait pas du tout, loin de là. Les clients assis devant leur assiette avaient quelque chose que je n’aurais su qualifier. Un regard fou, malsain, je ne savais pas vraiment. Je n’étais pas le seul à être entré « au hasard » dans le bâtiment. Car trois autres personnes m’avaient déjà rejoint et je pus voir à leur expression qu’ils étaient aussi déroutés que je ne l’étais.

L’endroit était relativement grand, quand on y regardait bien. Un serveur arriva de loin, sûrement pour nous inviter à prendre place à table. Mais étant donné la distance, j’eus le temps d’apercevoir les mets proposés, siégeant sur les plateaux des serveurs qui passaient à toute vitesse. Dans quoi m’étais-je embarqué ? Les plats ressemblaient à s’en méprendre à des… parties du corps humain. Un restaurant de cannibales ? Peut-être la raison du menu relativement caché à l’extérieur, que je n’avais pas pris la peine de lire. J’aurais dû, évidemment. Je ne contrôlai pas mes pas que je me retrouvai déjà à ouvrir une porte sur laquelle je m’étais rabattu au hasard, cherchant à fuir ce spectacle non désiré. Si je m’engouffrai dans cette nouvelle pièce, je n’avais pas prévu que les trois autres me suivraient. Nous nous retrouvâmes donc comme quatre paumés enfermés dans un endroit des plus froids. Une fois encore, je me maudis pour y être entré ; j’aurais évidemment mieux fait de revenir sur mes pas et courir loin du bâtiment. J’avais le cerveau tellement retourné que je ne compris pas de suite ce que j’avais devant les yeux. D’ailleurs, mon estomac ne se portait pas mieux.

La chambre froide du restaurant. Si on pouvait dire ça comme ça. C’était évident. Simplement, elle était loin de renfermer toutes sortes de viandes suspendues et stockées. Ses murs étaient ornés de casiers qui s’ouvrirent tous seuls, à la volée. Je ne voulais pas y croire. Et pourtant… Des corps en sortirent, pas vraiment entiers pour certains. Des zombies ? Le monde magique était rempli de créatures incroyables, mais celle là, je ne l’avais pas vue venir. J’étais tellement paniqué que je ne pus, dans un premier temps, pas bouger. Alors que mes trois compères bouillonnaient derrière moi, je sentais leur tension. La pièce était suffisamment grande pour que nous puissions penser à une échappatoire pendant que les zombies nous « fonçaient » dessus. Simplement, nous avions réellement été pris de court, et cet avantage ne nous servit à strictement rien. Si je finis par sortir ma baguette, la jeune blonde se trouvant à mes côtés n’eut pas cette chance. Elle me disait quelque chose. Je ne la connaissais pas mais l’avais déjà croisée dans les couloirs du château. Et voilà qu’elle se faisait mordre par un zombie… Je vous jure, la vie n’est pas tout le temps ce qu’on avait prévu qu’elle soit. Sans plus réfléchir, je lançai un alohomora. Seulement, ça n’ouvrit pas la porte qui s’était refermée derrière nous, loin de là. Je me retrouvai propulsé contre un mur sans casier, alors que les autres s’ouvraient de plus en plus rapidement. J’étais à moitié sonné, avec une bande de zombies prêts à me sauter dessus. D’ailleurs, elle était devenue quoi, la petite blonde ?