Zazy-Timy marchait dans les ruelles escarpées de Pré-au-lard, pensive. Sortie au départ pour une petite balade en solitaire, elle s’est retrouvée à faire les magasins alors qu’elle s’était promise de freiner sur les achats - autant dire qu’avec elle, c’était peine perdue. La rentrée était bien amorcée, et la jeune femme était morose à la pensée qu’elle passait sa dernière année à Poudlard. L’école anglaise avait été comme un refuge pour elle. Ses uniques et vrais amis, elle les avait rencontré ici et savoir qu’après toutes ces années de cohabitation plutôt mouvementées à certains moments, ils devraient se séparer, lui tordait le coeur. La sorcière était du genre à être pessimiste, et déprimait facilement, dirons-nous. En effet, elle pense déjà à la fin alors qu’elle vient seulement de retourner à l’école après ces longs mois de vacances...

Zazy-Timy observait les petites rues qu’elle longeait. Elle tournait en rond depuis longtemps mais qu’importe, elle se laissait porter par le vent qui faisait voler ses cheveux bruns. Elle resserra son manteau autour d’elle et plongea son visage dans son écharpe. Le temps s’était refroidi en ce début d’hiver et le soleil n’était pas au rendez-vous. Elle leva les yeux au ciel et remarqua que la luminosité du jour, bien que faible, commençait à décliner doucement. La jeune femme se hâta donc, comme elle put, et se fraya un chemin entre les passants.

Elle tourna alors brusquement au coin d’une ruelle, et percuta quelque chose de dur. Elle faillit perdre l’équilibre, mais se retint de justesse à la personne qu’elle venait de bousculer, en poussant un petit cri.

« Je suis vraiment navrée, murmura-t-elle confuse, alors qu’elle reprenait ses esprits.

Mais quand elle posa son regard sur le promeneur qu’elle tenait toujours pour ne pas sombrer, son sang se glaça et son coeur rata un battement...

Dire que Zazy-Timy hallucinait était un euphémisme. Complètement choquée, elle se laissa submerger par ses souvenirs les plus anciens. La brunette remonta dans le temps, se revoyant plus jeune, dans son gros manteau, une chapska sur sa petite tête et ses gros gants de fourrure pour affronter le froid glacial de Russie. C’était la première fois que la jeune Darthmen m’était un pied dans ce pays. Elle était partie y rejoindre son père pendant la période de noël et jamais elle n’avait été aussi heureuse de le voir. Cela faisait des mois qu’ils ne s’étaient pas vus alors elle avait acceptée de faire le voyage jusqu’à lui. Son père rendait visite à un très vieil ami et c’est là-bas qu’elle l’a rencontré...

Israël Daemon Hide.

Quand elle s’est présentée à lui et sa famille, elle l’a tout de suite rejeté en bloc. A vrai dire, il lui faisait un peu peur, ce grand gaillard. Les adolescents ne s’entendaient clairement pas mais leurs proches voulaient les rapprocher. Elle entendait encore les paroles de son père. « Fais un effort. Sois gentille avec lui, ses parents sont de très bons amis et je suis sûr que si tu y met un peu du tien, vous arriverez à vous entendre. » Pst, et il avait terminé sur un baiser sur sa joue en lui disant combien elle ressemblait à sa mère quant elle boudait ainsi. Zazy a toujours été capricieuse mais elle ne refusait rien à son vieux paternel. Alors elle a « fait une effort » et lui a parlé. Du mieux qu’elle pouvait. Et ça a plutôt réussi. Ils se sont fortement rapprochés, et Zazy se souvient même du béguin qu’elle avait pour lui.

Après tout ce temps, il n’avait pas changé. Enfin si, mais pas assez pour qu’elle le reconnaisse. Son regard était plongé dans le sien, toujours aussi mystérieux et magnifique.

Elle s’en voulait d’avoir coupé les ponts. Après quelques semaines passées en Russie en sa compagnie, Zazy-Timy et Israël se sont séparés pour que la jeune fille retourne en Angleterre. A partir de là, ils ne se sont jamais plus revus, ni reparlés. Durant une période, Zazy ne cessait de penser à lui et de souffrir de son absence. Elle songeait à lui écrire. Mais avec le temps, elle l’a oublié et a mené sa petite vie dans son coin. Elle s’en voulait presque de l’avoir oublié.

Le jeune homme la repoussa doucement et sourit malicieusement.

« Tu m’as marché sur le pied, Zazy. » dit-il d’une voix posée. Elle retrouva dans son accent, un bout de la Russie. Bizarrement, le pays lui manquait soudainement.

La sorcière ne savait pas quoi dire. Tout se bousculait dans sa tête et elle n’arrivait plus à penser. Mais sa joie la transporta et alors qu’il venait de se séparer, elle lui sauta au coin et enroula ses bras autour de sa nuque.

« Je suis si contente de te revoir... » murmurra-t-elle, la gorge serrée par l’émotion.

Zazy est la plus ancienne amie d’Israël, celle qui comptait le plus pour Israël. Ils s’étaient rencontrés chez ses parents des années plus tôt et avaient été forcés de se côtoyer régulièrement à cause de leurs pères. Ce fût la seule bonne chose qui lui était arrivée à cette époque se disait-il à chaque fois qu’il repensait à son ancienne vie. Car tout cela faisait partie du passée, sauf Zazy. Elle était restée la petite fille qu’il avait connue des années plus tôt. Elle avait toujours ce regard si triste et pétillant à la fois d’une petite fille qui ne sera jamais assez satisfaite de sa propre vie. Il revoyait son air boudeur irrésistible lorsque quelque chose la contrariait.

Cela faisait longtemps qu’ils ne s’étaient plus vu, ni adressé la parole. Contrairement à elle, il ne l’avait pas complètement oubliée, il avait souvent pensé à elle lors de se moments de totale solitude. Israël n’avait jamais eu grand monde à qui parler, et ce manque s’accroissait au fils des ans, bien qu’il ne le dise à personne. Après tout, personne n’aime la solitude, certains savent simplement mieux le cacher
que les autres. Le jeune homme la dévisagea un moment. Il passa sur ses yeux toujours aussi pétillants qu’autrefois, ses cheveux, son apparence. Elle avait changée oui, mais Zazy-Timy restait la même fillette qu’il avait connue.


Bien malgré lui, il du reculer d’un demi pas, ne s’attendant pas à ce que la jeune brunette lui saute au cou. Si des élèves de Durmstrang le voyaient, ils trouvaient à coup sûr cette situation bien étrange. Israël n’était pas du genre à accepter des témoignages de bonheur si prononcés. Seulement voilà, ce n’était pas n’importe qui, la fille qui avait les bras enroulés autour de sa nuque et qui sanglotait légèrement était une des rares amies qu’il avait, une des plus précieuses aussi.

Il passa ses bras autour de sa taille et la rapprocha délicatement de lui. La jeune homme la serra légèrement contre lui pour lui montrer qu’il était aussi touché par ces retrouvailles inattendues. Une de ses mains remonta jusqu’au visage de Zazy-Timy et lui caressa doucement les joues rougies par le froid. Ses yeux bleus plongèrent dans les yeux bruns de la Serpentard et un sourire prit naissance au coin de ses lèvres.

« Je suis si contente de te voir… »

Il lui déposa un léger baiser sur le bout du nez et la serra une fois de plus dans ses bras. Son parfum emplit les narines du jeune homme, et ce dernier se rappela encore une fois de tous les bons moments que les deux jeunes gens avaient passé ensemble.
Trêve de sanglotements et autres preuves stupides. Il décrocha les bras de la jeune femme de son cou et s’écarta d’un pas. Il la reluqua effrontément, un sourire narquois sur les lèvres.

« Dis donc toi, tu n’aurais pas un peu grossis ? » lança-t-il, sur le ton de la plaisanterie.

Israël était ainsi, il ne pouvait pas lui avouer qu’elle aussi lui avait manquer, ni qu’il était si heureux de la voir qu’il n’avait même plus froid par ce temps glacial. Voyant le visage étonné de son interlocutrice, il éclata d’un rire cristallin. Plusieurs passants le dévisagèrent curieusement, se demandant sûrement la raison de ce rire si brillant, par ce froid glaçant.
Il attira Zazy-Timy contre lui et passa un bras autour de ses épaules, et l’encouragea à poursuivre la balade.

« T’aurais perdu ton sens de l’humour en venant en Angleterre petite ?  » demanda-t-il, un léger mépris à la prononciation du mot Angleterre. Non, décidément, ce pays n’était pas le sien

« Alors, je suis sûre que tu as pleins de choses à me raconter, depuis le temps que l’on ne s’est plus parlé ! Ça fait combien de temps au fait ? 2 ans ? 3 ? » Il parlait vite, peut-être un peu trop, mais les mots se bousculait dans sa bouche sans qu’il ne puisse les retenir. Après tout, Israël avait toujours été bavard lorsqu’il était en bonne compagnie.

Cette époque semblait si loin pour la jeune serpentarde, mais elle se souvenait de tous les bons moments passés avec Israël. Elle n’avait jamais eu de grands amis, son côté un peu snobe et mystérieux lui empêchait de conserver le peu de copains qu’elle avait. Zazy aimait s’enfermer chez elle, rester dans son coin. Elle ne souffrait aucunement de la solitude et se fichait qu’on la voit seule. Elle préférait demeurer seule que mal accompagnée. Mais quand... quand elle a quitté son petit nid douillet pour la froideur et les paysages enneigés de Russie, et qu’elle a rencontré ce garçon qui lui a fait un boum au coeur, elle ne s’est plus sentie si incomprise et de côté. Israël, qu’elle n’aimait peut être pas au début et allez savoir pourquoi, était sans doute devenu l’homme le plus important dans sa vie, après son père. Sa bouille, son sourire en coin, et son rire l’avait séduite. Elle s’était promise de ne jamais lui avouer, mais elle avait ce béguin pour lui, quand elle était plus jeune. Aujourd’hui, elle ne savait plus. Après avoir grandi et gagné en maturité, Zazy-Timy ne ressentait certainement plus la même chose pour le jeune homme. En tout cas, elle ne savait pas, puisque cette rencontre lui faisait perdre ses moyens - ce qu’elle déteste par dessus tout.

Israël enroula de ses bras fort, la taille de Zazy-Timy. La sorcière avait cette boule à la gorge et elle tenta tant bien que mal de retenir ses larmes. Elle n’était pas triste - peut être un peu si, se rendre compte qu’ils avaient été séparés pendant tout ce temps lui pesait soudainement - au contraire. Le retrouver venait d’agailler sa journée et elle ne s’en remettrait surement pas avant la semaine prochaine. Lorsqu’elle sentit le petit baiser sur son nez, elle sourit timidement et enfouit son visage dans le cou de son ami, tout en raffermissant sa prise sur son cou. C’était si bon de partager sa chaleur. De l’avoir contre soi.

Le russe fit en sorte de les séparer et la détailla de haut en bas. Elle sourit malicieusement.

« Dis donc toi, tu n’aurais pas un peu grossis ? » dit-il soudainement.

Sa mâchoire se décrocha presque en entendant ceci. Grossi? Impossible. Zazy-Timy est de ces gens pour qui l’apparence compte plus que tous, alors elle s’est toujours promise de ne faire qu’un petit 36. Son ami éclata de rire devant sa réaction.

« T’aurais perdu ton sens de l’humour en venant en Angleterre petite ? » dit-il enjoué.

Elle aimait qu’il l’appelle ainsi.

« Alors, je suis sûre que tu as pleins de choses à me raconter, depuis le temps que l’on ne s’est plus parlé ! Ça fait combien de temps au fait ? 2 ans ? 3 ? »

Ils se rapprochèrent de nouveau, et commencèrent à marcher dans les petites rues de Pré-au-Lard. Instinctivement, Zazy-Timy passa son bras dans le dos d’Israël et s’accrocha à sa hanche. Ca semblait si naturel. Si des élèves de Poudlard la voyaient, ils se demanderaient certainement si un garçon a enfin réussi à conquérir le cœur de la Darthmen.

« Je ne sais plus mais ça me fait culpabiliser, tout ce temps sans nouvelles. » dit-elle comme pour sois-même, accompagné d’un petit rire. « Rien n’a... vraiment changé ici. Et toi? »

On pouvait sentir cette légère pointe de tristesse dans sa voix. Non, rien n'a changé depuis son départ de Russie, c'est bien le problème. Elle aurait tellement voulu que son père soit un peu plus présent après ça...