Bon, voici une bonne chose de faite ! J'avais enfin été me chercher un nouveau stock de mes plumes habituelles pour écrire, ainsi que du parchemin exactement comme je le souhaitais et de l'encre contenant les mêmes pigments qu'habituellement. Oui, dit ainsi, je passais très aisément pour quelqu'un qui avait ses petites habitudes qu'il ne fallait absolument pas chambouler, sous peine de subir mon courroux suprême. Eh bien, détrompez-vous, je ne suis pas comme cela ! Je prenais toujours la même chose pour écrire simplement parce que je n'étais pas aussi satisfait par les autres articles proposés, voilà tout ! En plus, il s'agissait de produits assez hauts de gamme, introuvables à Madagascar, ce qui expliquait ma présence ici.

Enfin, maintenant que j'avais terminé ces quelques emplettes et que je les avais glissé dans une poche de la veste noire que j'avais mise par-dessus ma chemise blanche, j'étais libre de toute contraire horaire et je décidais de me balader dans les rues de Pré-au-Lard. J'aimais beaucoup ce petit village, profitant de chaque sortie où je n'avais pas de copies à corriger ou de cours à donner pour m'y rendre. J'ignorais pourquoi j'appréciais tant un tel petit village entièrement sorcier, alors que j'avais vu tellement de choses dans le monde entier, plus incroyables que ce lieu, mais il était indéniable que j'avais grand plaisir à le voir. Passant devant les boutiques et saluant les quelques personnes que je connaissais, je me rendis enfin compte qu'il était bientôt l'heure de dîner et que, naturellement, je n'avais rien préparé pour me sustenter chez moi. Avec un faux regret mental, je me dirigeais donc vers les Trois-Balais.

Dès que j'ouvris la porte pour pénétrer à l'intérieur du pub, je m'imprégnai de l'ambiance toujours joviale qui y régnait à tout moment. Même si l'endroit n'était pas bondé comme en temps scolaire, il y avait tout de même pas mal d'habitués des lieux qui buvaient tranquillement au comptoir, ou mangeaient un morceau sur une des tables. Allant saluer Rosmerta et lui commandant un plat du jour (enfin, là, c'était plutôt le plat du soir), elle m'indiqua une table située non loin vers laquelle je me dirigeai. Tournant cependant juste la tête pour voir qui occupait le lieu voisin, j'eus la surprise d'apercevoir Callioppée. Cette Serdaigle, je la connaissais plutôt bien, surtout qu'elle était une excellente élève à qui je donnais des cours supplémentaires et à qui ma porte était grande ouverte à tout moment. Oui, avouons-le, c'était ma chouchoute. Enfin, pour le moment, la demoiselle semblait plutôt occupée à fixer un des clients, et je vis un morceau de sa baguette sous la table. M'arrêtant juste derrière elle tout en enlevant mon chapeau beige de sur ma tête, je pris la parole.

Voyons Callioppée, je vous pensais bien plus sérieuse ! Faire des farces aux clients n'est pas des plus amusants... pour eux !

La personne qui se trouvait à côté de moi était le professeur Brane, un de mes professeurs préférés. Il enseignait les sortilèges à Poudlard depuis pas mal de temps, et ses cours m'étaient toujours très agréables. Il me lança :

Voyons Callioppée, je vous pensais bien plus sérieuse ! Faire des farces aux clients n'est pas des plus amusants... pour eux !

Je rangeai discrètement ma baguette dans mon sac, espérant qu'il ne me voie pas le faire. Puis je lui lançait un sourire gêné, histoire de lui montrer que mes intentions n'étaient pas - à la base - mauvaises. Je ne sus pas vraiment quoi lui dire au départ, ignorant si je devais plus le jouer ironique ou bien si je devait jouer à la petite fille sage et innocente. Je choisit la première solution, voulant détendre l'atmosphère et le faire rire.

Veuillez m'en excuser professeur. J'ai du perdre la tête, le soleil me fait un effet étrange.

Je me retenais de pouffer de rire, sachant que le soleil j'adorais ça, je n'aimais pas quand il pleuvait ou qu'il y avait des nuages, et je me souvint le lui avoir dit un jour ; mais je ne pu m'empêcher de lâcher un très léger sourire. Mes lèvres restèrent courbés durant quelques secondes, et je regardais monsieur Brane, de haut en bas, de bas en haut, lui montrant avec l'expression de mon visage que j'allais dire encore quelque chose. Ces dires allaient bien entendu être idiots, je devais continuer de faire semblant, de jouer la folle qui ne se sentais plus. Comme si le personnage que j'avais inventé commençait à me faire honte... j'espérais que mon image face au professeur n'en pâtirait pas, et qu'il me prenne toujours pour une élève sérieuse et passionnée des sortilèges.

C'est le soleil, oui. C'est sûr et certain !

Seulement après avoir dit cela, je me rendit compte que l'endroit où nous nous trouvions était très sombre - même si l'ambiance était joviale - et que seules quelques petites fenêtres laissaient passer quelques rayons de l'astre qui m'avait soi disant rendue loufoque. Je regardait par l'une de ses petite ouverture, beaucoup de passants marchaient dans la rue. Je me demandais à présent si je n'avais pas été un peu trop convaincante en temps qu'idiote, et je souhaitais que le professeur ne me prenne pas trop au sérieux. Je crus alors le voir sourire, un sourire un coin me semblait-il. J'étais, au fond de moi, certaine qu'il avait trouver mes farces assez drôles, et qu'ils trouvait mon idiotie actuelle assez amusante. Peut-être me trompais-je, il me trouvait peut être réellement idiote, et il allait peut-être ne plus aimer travailler avec moi...

Il faut dire que Callioppée, je la connais depuis mon arrivée il y a deux ans. Dès le début, nous nous sommes extrêmement bien entendus, autant que peuvent l'être un professeur et une élève à mon avis. Je lui ouvrais toujours la porte de mes appartements si elle souhaitait me parler, je lui donnais de nombreux cours particuliers, et elle pouvait même être excusée si, une fois, elle n'avait pas fait son devoir. Même si le titre de "chouchoute du prof" n'était pas des plus évidents à porter, elle avait en échange quelques petits privilèges qui me semblaient équitables envers ce fardeau.

En tout cas, pour le moment, j'étais plus surpris qu'elle fasse ainsi des farces aux gens présents dans ce pub, avec sa magie d'autant plus. Durant mes cours, elle semblait pourtant être quelqu'un de très sérieux, avec la tête sur les épaules. Après, lorsque l'on se rencontrait en-dehors, elle semblait plus détendue et plutôt joyeuse. Toujours est-il que, maintenant, elle semblait surtout gênée, certainement parce que je l'avais surprise.

Veuillez m'en excuser professeur. J'ai du perdre la tête, le soleil me fait un effet étrange.

Hum... Étrange comme explication, surtout qu'il faisait certes beau dehors, mais pas au point d'attraper de coup de chaud... Ou alors étais-je bien trop habitué au temps de Madagascar ? Enfin, lorsque je vis qu'elle semblait de retenir de rire, je compris qu'il s'agissait certainement d'une de ces boutades sans réel sens logique, rien que pour souligner l'absurdité d'une situation au final banale. En plus, j'étais quasiment sûre qu'elle adorait le soleil.

Voyons Callioppée, mettez un chapeau la prochaine fois !

Vu le regard qu'elle me jeta, elle qui me dévisageait presque de haut en bas, je me demandais tout de même si elle était en pleine possession de ses moyens. Enfin, elle semblait apparemment prête à me parler de nouveau, et je n'allais certainement pas l'en empêcher, sous prétexte qu'elle semblait s'être faite piquer par une quelconque créature induisant la folie ! J'aurais été bien stupide de le faire en plus, pire qu'un psychorigide !

C'est le soleil, oui. C'est sûr et certain !

Hum... Où voyait-elle du soleil ici, dans ce pub ? Parce que vu le peu de fenêtre, c'était surtout de la lumière de bougies et autres artifices qui éclairait les lieux. D'ailleurs, en regardant par l'une de ces ouvertures sur l'extérieur, je vis qu'il y avait encore plus de monde que lorsque j'y étais : les gens devaient rentrer chez eux après leur travail peut-être. Enfin, toujours est-il que Rosmerta s'avança ensuite vers moi, le fameux plat du jour dans une main et un whisky pur feu dans l'autre. Alors qu'elle déposait ma commande sur la table, je la remercia et repris la parole d'une voix amusée.

Sinon, si nous dinions ensemble ? Je paie, bien évidemment. Enfin, je te dis cela, mais il ne faudrait pas que le soleil te dérange trop...

Le professeur avais garder son sérieux lorsque je m'étais mise dans mon rôle de folle. Il avait dû me prendre au sérieux, et cela me gênait, puisque mon but était de le faire rire. J'eus l'impression qu'il ne m'aimait plus autant, qu'en me voyant faire ces farces idiotes il ne me prendrais plus au sérieux... Peut-être que je venais de me faire un ennemi ? J'avais juste envie de m'excuser auprès de lui, d'un coup, comme ça, mais rien n'y fit, rien ne sortit.

Sinon, si nous dinions ensemble ? Je paie, bien évidemment. Enfin, je te dis cela, mais il ne faudrait pas que le soleil te dérange trop...

J'avais eu ma confirmation, il m'avais prise au sérieux. Je n'aurais pas du tenter cette manoeuvre idiote, j'aurais du lui dire la vérité tout de suite, comme je le faisait habituellement. Mais si je ne lui avait pas dit auparavant, c'est que je refusait de me l'admettre : je me sentais seule. J'en avais marre de la solitude durant les vacances d'été. Même si mes parents m'avaient donné carte blanche durant les vacances, je ne savais pas vraiment chez qui aller ou qui invité. Je n'avais l'adresse de personne, une lettre n'était donc même pas envisageable ; et lorsque j'allais à Pré-au-lard, je ne croisait personne que je connaissait. J'étais seule et j'en avait assez de cette situation, cela me menait à faire des farces idiotes. Je repensait à sa proposition de dîner, et regardait mon ventre pour voir ce qu'il en disait. J'avais faim. Et cela s'entendait. Mais je ne voulait pas vraiment profiter de la gentillesse de monsieur Brane.

Vous êtes sûr que cela ne vous dérange pas, de payer mon dîner ?

Je me concentrait pour tenter d'éviter que mon estomac ne fasse trop de bruit, loupé, il gargouilla encore et le professeur sembla l'entendre. Je lui sourit, puis lui lança :

Je crois que mon ventre réclame un bon petit plat de Rosmeta...

Je pris ma choppe en main puis bu quelques gorgées de ma bièreaubeurre. Il faut dire que j'étais très gênée qu'il ai proposer de payer mon dîner, et gêner aussi qu'il m'aie vu en trin de faire mes idioties qui étaient à la base pour me faire remarquer, c'était peine perdue.

Et... le soleil n'est pas la cause de mes farces idiotes.

Je restais mystérieuse, le laissait sans réponse concrète. Mais peut-être que revenir sur les blagues n'était pas très intelligent de ma pare. Si il me punissait ? Non. Il fallait que je parle à quelqu'un. J'en avait marre de garder mes soucis au fond de moi...

Cela ne me dérangeait pas de lui faire croire que je la prenais réellement pour une folle, pour cette fois-ci. Parfois, il fallait se détendre un peu, faire tourner en bourrique les personnes qui ne prendraient pas mal ce genre d'actions. Je me doutais que Callioppée m'était pas du genre à se vexer pour si peu, cela expliquait que je me laisse aller à lui faire cette douce farce. D'ailleurs, elle me semblait même pas voir que je m'amusais doucement de la situation, ni même que j'avais le sourire. Au contraire, elle semblait plutôt gênée.

Oui, j'étais quasiment sûre de voir une espèce de gène chez elle, comme si elle regrettait ce qu'elle venait de faire, comme si cette simple incartade allait changer l'opinion très positive que j'avais d'elle. Pas de chance pour elle, ce n'était pas mon genre. Il m'en fallait souvent pas mal pour changer d'avis sur une personne que j'appréciais. Naïveté ou non, c'était moi, tout simplement.

Vous êtes sûr que cela ne vous dérange pas, de payer mon dîner ? Je crois que mon ventre réclame un bon petit plat de Rosmerta...

Crois-tu que je te l'aurais proposé si cela me gênait ?

Il fallait aussi avouer que je savais être plutôt galant, quand je le souhaitais. Au pire, j'étais juste poli avec les demoiselles mais jamais je ne leur ferais aucun mal parce qu'elles n'étaient pas de sexe masculin. Mes parents m'avaient très bien étudié, je ne pouvais au moins pas dire le contraire là-dessus.

En tout cas, j'avais certainement bien fait de lui proposer de dîner à mes côtés, vu le gargouillement qu'émit son ventre. Il n'était guère discret, mais cela fit naître un sourire sur mon visage alors que je hélai de nouveau Rosmerta pour commander un deuxième plat du jour avec la boisson désirée par la demoiselle. Me faisant signe qu'elle avait compris, la commande arriva quelques minutes plus tard devant Callioppée, alors que je maintenais tranquillement mon plat chaud du bout de ma baguette. Après tout, je n'allais pas commencer à manger avant qu'elle ne puisse m'imiter, ce ne serait pas poli, n'est-ce pas ? Je l'avais bien observé pendant l'attente, alors qu'elle buvait sa bièreaubeurre, et elle ne semblait toujours pas à l'aise, comme si quelque chose la gênait. Alors que j'allais lui demander quelle était la raison de cette gène, elle me devança.

Et... le soleil n'est pas la cause de mes farces idiotes.

Je ne pus m'empêcher de rire doucement, comprenant que, peut-être, cela était la seule chose qui lui manquait pour être souriante comme habituellement devant moi. Réalisant cependant que cela pouvait la gêner, je m'arrêtais et pris la parole.

Je m'en doutais, tu sais. Mais cela ne fait pas de mal de se détendre un peu parfois, du moment que cela n'est pas méchant pour les autres, et tes actes ne l'étaient pas. Mais sinon, pourquoi faisais-tu cela ? Tu t'ennuyais ?

Je m'enfonçais. De plus en plus. Lui ne s'amusait pas en tout cas ne semblait pas s'amuser, et je n'étais plus d'humeur à raconter des blagues - ce qui était rare. Il m'avais parler. Je ne l'écoutait plus, dorénavant. Mais ce qu'il dit avait retenti au fond de mon crâne.

Crois-tu que je te l'aurais proposé si cela me gênait ?

Pas bête. Je me rendis compte que j'avais dit une idiotie, une bêtise comme tant d'autres. Je ne faisais que cela aujourd'hui : des idioties. J'étais, le temps d'une journée, retombée en enfance. J'étais à nouveau une gamine. Je tirais presque la langue lorsqu'il me parlait, en faisant " na na na na nère ". Sans commentaires. J'acquiesçai juste puis baissai la tête, puis vint mon aveux. Comme quoi le soleil n'était pour rien à mes farces. Et il me répondit très gentiment, comme d'ordinaire. L'espace d'une seconde, il sembla m'apprécier à nouveau.

Je m'en doutais, tu sais. Mais cela ne fait pas de mal de se détendre un peu parfois, du moment que cela n'est pas méchant pour les autres, et tes actes ne l'étaient pas. Mais sinon, pourquoi faisais-tu cela ? Tu t'ennuyais ?

Le professeur avait tapé dans le mile, mais lorsqu'il dit que mes actes n'étaient pas méchants, je me posais une question. Cela voulait-il dire que je n'avais jamais perdu l'estime de monsieur Brane et que, depuis le départ, il me faisait marcher ? Je m'étais fait roulée en beauté, alors. Je lui répondis simplement : Exact. Puis je baissait rapidement les yeux et fit un sourire très gêné. Je relevait la tête, puis le fixait. Nous étions yeux dans les yeux, et je me décidait enfin à tout lui dire.

Professeur. Tous les ans, pendant les vacances d'étés, je suis chez moi. Cet été, j'ai eu carte blanche de la pare de mes parents, et j'ai eu le droit de passer du monde moldu au monde magique à ma guise. Mais, comme tous les ans... je soupirais, une larme me monta à l'oeil et je repris. Comme tous les ans, je suis seule. La solitude, ça m'ennuie. L'ennuie, ça me rend étrange. J'en ai totalement ras le chaudron de cette solitude, et de cette ambiance morose. Mon ton monta, et je me levais progressivement, de plus en plus en colère. Mon texte enfin sorti de ma bouche, je me rendit compte que je m'étais enervée pour rien contre mon professeur, comme si j'avais en fasse de moi la personne responsable de ma solitude - ce qui était totalement faux. Je me rendit compte de mon idiotie.

Excusez-moi professeur.

Durant tout le temps où j'avais sorti mon discours, je ne vit même pas que Rosmeta me rapporta un plat du jour. De nouveau assise, gênée, je regardait mon assiette et lança " Bon appétit ", puis commençait à manger, remarquant qu'il avait tenu son assiette chaude pendant que je parlais.

Eh bien oui, j'avais décidé de lever le mystère : non, je ne lui en voulais absolument pas pour ses facéties innocentes, et elle n'était donc absolument pas descendu dans mon estime. Maintenant, il n'y avait plus qu'un problème à régler, même si ce n'était pas le plus infime : pourquoi avait-elle fait cela, si cela n'était pas par folie, elle qui est généralement si sérieuse ? La seule théorie qui me venait à l'esprit, et que je lui soumis, était celle de l'ennui. En effet, elle était là, apparemment non accompagnée, et le changement radical par rapport à Poudlard pouvait ennuyer ceux aimant le calme.

Exact.

Bon, au moins, j'avais raison sur un point, ce n'était pas si mal, non ? Je ne pouvais m'empêcher de me rappeler de mes propres vacances scolaires : je revenais chez mes parents qui avaient totalement accepté ma "particularité" comme ils disaient si bien, et je leur parlais de tout ce que l'on apprenait, même s'il y avait toujours la barrière de l'interdiction de faire de la magie pour les mineurs. Même s'ils avaient bien du mal à comprendre ce monde et ces concepts, ils étaient toujours heureux de m'accompagner au chemin de traverse ou dans le monde sorcier. Autant vous dire que lorsque je fus majeur, et que je leur montrais quelques sortilèges, ils furent surpris, un peu effrayés peut-être, mais séduits par ce don qu'ils n'avaient pas eu. Bien sûr, je leur ai toujours cachés le fait que les sang-purs s'amusaient à martyriser les nés-moldus comme moi, eux qui vouaient une haine aux "sangs impurs" : cela les aurait effrayés inutilement.

Maintenant, nous nous regardions les yeux dans les yeux, et je voyais dans les siens toujours cette gène, avec cependant un léger apaisement par rapport à l'instant précédent. Que pouvait-elle donc voir dans les miens ? La mélancolie du temps où j'étais encore élève ? Peut-être, et je n'en saurais sans doute rien.

Professeur. Tous les ans, pendant les vacances d'étés, je suis chez moi. Cet été, j'ai eu carte blanche de la pare de mes parents, et j'ai eu le droit de passer du monde moldu au monde magique à ma guise. Mais, comme tous les ans... Comme tous les ans, je suis seule. La solitude, ça m'ennuie. L'ennuie, ça me rend étrange. J'en ai totalement ras le chaudron de cette solitude, et de cette ambiance morose

Tu devrais déjà être beaucoup plus calme Callioppée. Sinon, je vais être accusé d'avoir voulu t'attaquer ou t'enlever.

Même si je la regardais avec un léger pétillement d'amusement dans le regard, je n'en menais pas forcément large. Imaginez-vous donc : une adolescente qui vous parlait comme si vous étiez responsable de ses malheurs, les regards des autres personnes présentes braqués sur nous et surtout sur moi... Bien sur, je n'avais absolument rien à me reprocher à cet instant, mais je ne pouvais m'empêcher d'être un peu gêné, une des contraintes de ma timidité habituelle : quel timide aimait être au centre de l'attention ?

Excusez-moi professeur.

Evite juste la prochaine fois de hurler ainsi, les gens vont me considérer comme un pervers sexuel ou un kidnappeur d'élèves de Poudlard en vacances.

Au moins, elle s'était rendue compte de son erreur, mais semblait encore plus gênée qu'auparavant. Passant une main dans mes cheveux en signe d'embarras, je faillis d'ailleurs donner un coup de coude à Rosmerta qui arrivait avec le plat de la Serdaigle. m'excusant platement, j'en profitais pour la payer pour les deux repas, et la regardais partir, laissant de nouveau le silence s'installer. J'aimais ce calme de nouveau revenu, juste brisé par le contre-sort servant à éteindre la chaleur émanant de ma baguette.

Bon appétit

Surtout pour toi, il te faut bien cela pour recharger les batteries après ce défoulement oral.

Émettant un rire encore légèrement nerveux, j'enfournai une bouchée de mon plat histoire de me reprendre tout en savourant ce délice qu'avait concocté la patronne des lieux. Après quelques minutes de silence plat, je posai mes couverts et pris enfin la parole, ayant eu assez de temps pour cogiter.

Sinon, pourquoi n'as-tu pas envoyé de hibou à tes amies ? Elles pourraient passer te voir, non ? Vous pourriez même vous inviter à tour de rôle !

Mon énervement avais dû être apprécier de tous les clients présents, ils devaient prendre cela comme un spectacle puisqu'ils ne nous lâchaient pas des yeux, monsieur Brane et moi. Je ne sus comment m'excuser, et ne levait pas les yeux de mon assiette.

Evite juste la prochaine fois de hurler ainsi, les gens vont me considérer comme un pervers sexuel ou un kidnappeur d'élèves de Poudlard en vacances.

Je ne pu m'empêcher de rigoler un peu, le simple fait de l'imaginer en kidnappeur ou en violeur me rendait malade. Lui, le professeur parfait ne pouvais pas faire de telles infamies. Il était tellement gentil... même si il voulait faire son méchant il n'y arriverait pas, je pense. Même en classe, il semblait dur pour lui de faire le mécontent. Il me répondit après que je lui souhaite un bon apétit.

Surtout pour toi, il te faut bien cela pour recharger les batteries après ce défoulement oral.

Je sourit, mais il ne me vit pas - je l'espérais. Je ne comprenais toujours pas ce qui m'avais pris quelques minutes auparavant, quand je lui avait ouvertement crier dessus, sans aucune raison. Et l'expression " recharger tes batteries " la fit rire encore plus. A vrai dire, les piles de la rousse étaient toujours pleines, seulement, elle cachait son énergie pour avoir l'air plus sérieuse et mature. Sinon, on l'aurais prise pour une gamine idiote et sans intérêt. Je restai muette. Contrairement aux autres clients qui papotaient dans tous les sens, nous deux restions sans mot dire. Il brisa enfin le silence qui me gênait un peu.


Sinon, pourquoi n'as-tu pas envoyé de hibou à tes amies ? Elles pourraient passer te voir, non ? Vous pourriez même vous inviter à tour de rôle !

Je n'avais aucune coordonnée, c'était ça le soucis. Et puis, presque personne n'étais dans le monde magique lors des vacances, alors que moi j'y allais sans cesse. La magie me réconfortais un peu, c'était la chose pour laquelle j'étais faite, et jamais je ne souhaitais la quitter. C'est pour cela que je flânais dans les rues de Pré-au-lard. Et sans adresse à qui envoyer de hibou...

Le soucis, professeur, c'est que lors des périodes scolaires je me concentre éxclusivement sur les cours. Du coup, j'ai totalement oublier de demander leurs adresses à mes camarades. Et même si vous trouvez ça idiot, j'aime étudier, et ne fait que ça durant la période scolaire. Je fais des farces aux autres élèves, mais ne voit jamais personne durant les vacances. C'est un fait.

Je surveillais de très près mon ton, car j'avais peur qu'il n'augmente à nouveau et que l'on nous prenne pour un spectacle de foire.

J'aimais ma solitude lors des vacances, mais cette année c'est étrange, je regrette le choix de solitude que j'avais fait il y a quelques années.

M'ouvrir à mon professeur me fit du bien mais me parût étrange en même temps. Je buvait un peu, puis avala une fourchette de l'excellent plat de madame Rosmeta. En parlant, je me rendit compte de ma bêtise. Ce que j'avais dit n'avais aucune sens, en fait. Je disait n'importe quoi ! La vrai raison, je ne la connaissait pas. L'histoire de ne pas avoir les adresses ou que ce fut un choix de solitude sonnais faux. Je me mentais à moi même. J'étais juste dans une période triste, ce qui était rare pour moi ; moi qui était d'habitude si rayonnante et si joyeuse...

Bon, quand est-ce que les clients des Trois Balais vont finir par nous lâcher du regard ? J'étais patient, cela était sûr, mais il y avait tout de même des limites à cela... En plus, je ne pouvais même pas fixer Callioppée, celle-ci ayant l'air de considérer l'assiette comme bien plus intéressante que moi-même. Aurais-je dû être vexé de ce qui pouvait être considéré comme un abandon de soutien ? J'en doutais, et je n'arrivais pas à l'être de toute façon.

Enfin, l'idée que je puisse être suspecté d'une quelconque activité criminelle semblait l'amuser, et je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. Je ne voyais pas forcément ce qu'il y avait de drôle dans le fait que je puisse être arrêté et jugé par le Magenmagot mais bon... Elle devait penser à autre chose, on va dire cela...

Par contre, je compris un peu plus la raison de son rire lorsque je l'enjoignis à manger pour recharger ses batteries. Après tout, même si elle semblait calme lorsque nous étions ensemble, en-dehors, je l'avais déjà surpris à être très active, presque trop. Je doutais donc qu'elle ait réellement besoin de cela pour être en pleine forme. Cela montrait en tout cas que j'appréciais la jeune femme : même si elle avait fait apparaître ma timidité, je ne lui en voulais même pas !

Cela me surprenait tout de même : avait-elle si peu d'amis qu'elle ne pouvait même pas compter sur des visites pour égayer un peu son quotidien ? Même si je n'avais pas réellement eu ce genre de problème, je n'aimais pas forcément voir les gens choisir la solitude extrême, qui pouvait être signe de problèmes personnels ou d'intégration. Pourtant, je doutais que la rousse Serdaigle puisse avoir du mal à se lier d'amitié avec d'autres élèves...

Le soucis, professeur, c'est que lors des périodes scolaires je me concentre exclusivement sur les cours. Du coup, j'ai totalement oublier de demander leurs adresses à mes camarades. Et même si vous trouvez ça idiot, j'aime étudier, et ne fait que ça durant la période scolaire. Je fais des farces aux autres élèves, mais ne voit jamais personne durant les vacances. C'est un fait.

Je ne te qualifierais pas d'idiote, pour deux raisons : la première est que je ne traite jamais ainsi mes élèves. La seconde serait parce que sinon, j'aurais été aussi un idiot durant ma scolarité.

Ne pouvant m'empêcher de pouffer doucement à mes propos, je savais qu'il s'agissait pourtant de la vérité. Après tout, j'adorais étudier, pour toutes les matières. Je travaillais certes tous les jours pendant les cours (même le week-end), mais aussi une très grande partie de mes vacances (même si je passais un peu de temps avec ma famille quand même, et que je ne pouvais pas faire de pratique). Le monde magique n'avait pas forcément ma préférence en plus, vu les merveilles naturelles dont pouvait regorger le monde moldu. Il fallait bien évidemment connaître les endroits et aimer voyager, mais c'était mon cas alors...

J'aimais ma solitude lors des vacances, mais cette année c'est étrange, je regrette le choix de solitude que j'avais fait il y a quelques années.

N'oublie pas que tu grandis aussi Callioppée.

Je doutais qu'elle comprenne réellement ce que je voulais dire, mais je voulais un peu la faire réfléchir. En fait, ce que je voulais lui faire entendre, c'était qu'elle voulait peut-être changer de vie sans s'en rendre compte. Après tout, le temps passait et elle devenait adulte, et elle pouvait s'ouvrir un peu à la vie en-dehors des études... comme j'avais pu le découvrir, à peu près à son âge.

La discussion avait virée de l'engueulade à la leçon de morale. Pfiou, sportif, non ? Tandis que je cogitait sur notre échange à moi et au professeur Brane en avalant une gorgée de bièreaubeurre, lui me lança une phrase tel un sage l'aurait prononcer.

N'oublie pas que tu grandis aussi Callioppée.

S'il voulait me faire reffléchir, il avait réussit, car ses mots me firent penser à un tas de choses. Par exemple, un souvenir resurgit. C'était un soir d'été, je devais avoir 7 ans, et j'avais vu une grosse araignée dans notre maison de campagne moldue. J'avais hurlée, et mon père, après m'avoir sauvée de la bête m'avais dit : " Tu grandit, ne l'oublie pas ma chérie. " Mais, sur le coup, je pensait à pleins d'autres choses aussi. Un silence se posa, et tout en cogitant, je mangeait par petites gorgées mon plat qui était d'ailleurs excellent. Le silence était pesant, et j'eu une idée qui, sur le moment, me sembla presque bonne.

Aujourd'hui on est partis un peu comment dire... en boulette.

Je pouffais ouvertement de rire, sans spécialement me gêner, mais en faisant quand même attention de ne pas embêter encore les autres clients. Je lui lançait donc :

On fait comme si il ne s'était rien passé aujourd'hui ? Comme si on n'avais pas encore parlé ?

Il ne semblait pas refuser, ni accepter de suite, alors je lui servit un sourire en coin puis patientait en attendant une réponse de la pare du professeur de sortilèges. Car après tout, aujourd'hui nous étions partis sur de mauvaises bases... du moins c'était mon avis, et je ne comptais pas connaître le sien, de peur de me compliquer la vie.