Séquence émotion à Poudlard. Voilà deux semaines que l'attaque avait eu lieu et tout le monde avait décidé de rendre hommage aux victimes (humains ou animaux) loin du château, de l'Organisation. Car oui cette soirée devait être la plus belle possible. Deux semaines que nos vies avaient changé, deux semaines que tout le craignait le pire, que des gens se faisent chasser sans raison, deux semaines que la peur habitait notre coeur constament. Mais cette nuit allait être et se devait d'être exceptionnelle pour eux. Car oui Poudlard était peut être le lieu du chaos mais c'était aussi un lieu rempli d'amour, de peine, d'amitié et d'amour détruits à cause de ces événements. Il était temps de rendre hommage à ceux qui c'étaient battu pour sauver nos vies et rendre hommage à ces animaux qui étaient fidèles à nos écrits depuis des années, parfois offert par un proche, parfois trouvé blessé dans un recoin de la forêt interdite. Alors que tous les élèves avaient revêtu leur uniformes de Poudlard pour montrer notre solidarité, je m'approchais du lac, une bougie blanche à la main. La couleur blanche représentant une paix voulu par tous ces élèves.

Mes jambes tremblaient car l'émotion était bien trop profonde. Des centaines d'élèves avançaient en silence vers ce lac. Nous pensions bien évidement aux victimes des autres écoles, aux disparus. Ma baguette était soigneusement rangée dans la poche d emon uniforme et j'espérais de tout coeur qu'elle allait être inutile sauf pour faire flotter cette bougie en même temps que les autres élèves feraient flotter la leur.Le silence était pour une fois appaisant et mes pas devenaient de plus en plus petit. J'arrivais dans la nuit noir, éclairée par la lueur des bougies, vers le lac. Alors que les professeurs se trouvaient sur le bord du lac, tous les élèves se mélangeaient derrière eux. Car aujourd'hui il n'était pas question de maison, de nationalité, d'opinion mais seulement d'amour. Filles, garçons, professeurs, visiteurs, blessés, peureux qui c'étaient cachés, tous les âges y étaient regrouppés. Les regards se penchaient vers le bas et la lueur de tristesse dans les yeux des uns se transformaient en regret de ne pas avoir connu les victimes pour d'autres.

Mes pas s'arrêtèrent, des dizaines d'élèves étaient entre moi et les professeurs. des élèves disposaient les photos de leurs proches décédés durant l'attaque, d'autres déposaient une plume en souvenir de leur hibou. Malgrè toutes les haines, les disputes qu'on avait pu connaitre, nous étions enfin unis pour une bonne cause. La chaleur de nos coeurs rechauffait le climat un peu frais et l'obscurité de la nuit et des ténèbres qui hantaient le château étaient chassées par la lueur de nos bougies ..

L'union fait la force, avait-on un jour dit. J'ignore qui avait bien pu prononcer ce genre de paroles mais jamais il n'aurait pu penser que cela s'avérerait doublement vrai. On le prouvait ce soir. Le mot avait tourné. Tous les élèves, tous les professeurs étaient invités à se joindre à un rassemblement près du lac. Nous n'avions rien à craindre. C'était une cérémonie de commémoration. Un dernier hommage à toutes ces personnes mortes deux semaines auparavant. Un moment qui allait être douloureux pour tout le monde. Des gens avaient perdu des proches dans la dernière attaque de l'ennemi. D'autres avaient vu périr leurs hiboux dans l'incendie et la démolition de la volière. Une perte moindre comparée au chagrin des familles. Cependant, une perte qui restait douloureuse. Je ressentais cette douleur. J'avais perdu mon hibou. Le même qui me suivait depuis des années. Celui qui avait voyagé à travers le monde pour que le destinataire des mes correspondances reçoive la lettre et qui avait fait demi-tour pour me donner les réponses. C'était mon hibou. Mon fidèle compagnon. Il allait me manquer. Mais il était temps que des choses changent. Il était temps de laisser côté certains détails, certaines pertes pour mieux avancer. Toutes ces mots, je les emmagasinais pour mieux me battre plus tard. Ce soir, aucune larme ne quitterait mes yeux. Je resterai passible. Je déposerai ma bougie à côté des autres et je consolerai mes amis. Voilà quel était mon programme. Pas après pas, je m'enfonçais un peu plus dans le parc de l'école. Tous d'un même rythme, nous marchions dans un silence funeste. A mesure où nous nous approchions du lac, je sentais les effets de ce rassemblement. Tout le monde était là pour une seule chose : rendre hommage. Personne n'allait tuer personne. Aucun sorcier ne serait blesser. Aucun élève ne serait enlevé. Nous étions unis plus que jamais. Ce lien qui manquait à Poudlard venait de renaitre. Le nouveau Poudlard était constitué de ses élèves et de ses professeurs. C'était une nouvelle ère qui débutait ici. Une ère qui s'achevait pour laisser place à une plus moderne. Elle naissait dans la peur mais elle n'en deviendrait que plus forte. Poudlard était de nouveau un seul être. Les inégalités n'existaient plus. Les différences étaient oubliées. Les maisons n'avaient plus lieu d'être.

Pour affronté la fraicheur nocturne, j'avais ressorti écharpe et manteau. Mains dans les poches comme à l'accoutumée, je suivais le rythme. Je me sentais déconnecté. Plus rien n'existait à part ce rythme qu'il fallait respecter. Le silence n'autorisait aucun son. La nuit ne laissait la chance à aucun faux pas. Il fallait suivre, il fallait se rappeler toutes ces personnes mortes deux semaines avant. Il fallait faire son deuil. Il fallait respecter le silence. Au fond d'une de mes poches, la bougie que j'allumerais plus tard. Je la sentais, je la serrai dans ma main. Tout à l'heure, je la laisserai partir au-dessus de l'eau, parmi toutes les autres. J'allais dire au revoir définitivement à mon hibou. Nous allions dire adieu pour de bon à des membres que nous aimions et que nous avaient quitté. A quelques mètres de moi, je vis Enora. Les traits tirés. Je n'irais pas la voir. Pas ce soir. Un autre, peut-être. Ou alors jamais. Je ne savais que faire avec elle. Elle m'avait révélé un secret qui pesait lourd. Très lourd. Et depuis, je lui en voulais. Plutôt que de la bouder, j'aurais plutôt dû l'aider à supporter ce poids. J'aurais dû être le véritable ami que je me disais être. Mais j'avais fui. J'étais parti, comme beaucoup de choses ces derniers temps. Et depuis, plus rien. Je n'étais pas allé la voir. Je ne lui avais pas parlé. Je n'avais pas échangé un seul regard avec elle ni même un message. Jusqu'à maintenant, je ne m'en portais que mieux. Je préférais cela à lui crier dessus ou à ressentir de la colère. Mon regard revint sur l'horizon. Bientôt, je fus obligé de m'arrêter. Une foule compact et silencieuse se formait autour du lac. Les professeurs en première ligne. Ce fut comme si on nous mettait sur pause. Il y eut un instant où rien ne se passa, où la nuit s'arrêta pour nous laisser le temps de réaliser. Dans quelques instants, nous irons déposer nos bougies près de l'espace d'eau et nous les élèverons dans les cieux. Un moment magique. Beaucoup plus magique que tout ce que l'on nous apprenait en cours. Cette fois, ce serait de la magie humaine, de la magie sentimentale. Cette magie, nous la sortirons de nous. Ma main extirpa la bougie blanche. Bizarrement, j'avais peur. J'appréhendais et j'étais excité par ce moment. Appréhension d'une chose que l'on ne pouvait contrôler. La crainte de laisser partir un être qui mettait cher.

La tristesse de cette journée, l'ambiance qui traînait dans Poudlard... Je ne l'aimai pas vraiment, j'avais déjà été trop triste et cela avait un goût de déjà vue. La bougie que j'avais préparée pour ce soir, je l'avais vu toute la journée et toute la journée, j'avais eu envie de la cacher à plusieurs reprises. Étais-je vraiment prête pour cet adieu ?

Le soir arriva trop vite à mon goût, pour une fois que je m'en plaignais. J'avais enfilé ma tenue de Serpentard, avais soigneusement mis ma baguette dans ma poche et bien sûr j'avais pris ma bougie.

J'étais bientôt vers le lac, il y avait du monde, les professeurs devant et les élèves juste derrière, je m'étais arrêtée pour allumer ma bougie, je la tenais légèrement devant moi, la flamme si belle, mes yeux ne pouvaient sans détacher, j'y voyais mon père un auror et ma mère qui travaillait à St-mangouste, j'étais inquiète pour eux et je ne pouvais plus avoir de nouvelles d'eux...Allaient-ils bien ? Pour eux j'avais toujours espoir, mais pour mon hibou je le savais, je l'avais retrouvé au sol sans vie... Je l'avais depuis que j'étais toute petite et il en avait fait des voyages entre Poudlard et chez Alexandre, il avait vu du paysage, je l'aimais tellement... Mais, je n'étais pas la seule à avoir perdu un hibou, nan il y en avait eu des centaines, sans vie et l'image était marquée dans mon esprit. Mais les hiboux n'était pas les seules, nan des personnes aussi avait été touché, avait disparu. Je pensais plus particulièrement à Sonja, la femme de la volière comme je m'amusais à l'appeler qu'était-elle devenu ? Et les autres, ceux qui ne sont plus de ce monde, ceux qui nous ont défendu...

Je pensais à tous ce monde, cette flamme était un vrai recueille de souvenir. J'avais continué à avancer tout doucement et j'étais presque à la hauteur des élèves, je reconnaissais certaines têtes, mais, je ne m'approchai pas plus. C'était silencieux, calme avec un léger reflet de la lune, les bougies fessaient toute l'ambiance. Maintenant il ne me restait plus qu'à attendre le moment où nos bougies iraient flotter sur le lac, un moment magique qui ne devra être gâché par rien, ni personne. Un moment triste pour chacun, un moment où on laisse partir quelqu'un pour toujours...

Il était étrange que nous soyons venus assister à cette magnifique cérémonie, très touchante. Enfaite, nous avions été guidées par notre curiosité, presque maladive. C’était malsain, terriblement provocateur et très, très, très amusant. Nous avions presque hâte de voir leur visage sur notre passage. Sentir que la jolie fête de rassemblement pouvait se transformer en une jolie fête de l’Organisation. Cependant, nous n’allions pas embêtés les petits élèves. Non, non. Nous allions juste observés, un sourire sarcastique au coin des lèvres. Nous resterons à l’écart, car il nous semble inapproprié de venir rendre hommage à des victimes que nous aurions pu tuer. L’avantage de cette sympathique soirée, était l’éventualité que nous puissions découvrir quelques récalcitrants. Après tout, notre soif de cruauté n’était jamais bien assouvie et la possibilité de remarquer un élève qui revendiquait un peu trop ouvertement son opposition à l’Organisation, était jubilatoire !



Tu te réveilles ce matin, l’esprit ailleurs. Tu ne sais plus exactement qui tu es. Tu as conscience cependant de ne pas être unie. Il y a Leyna, l’ancienne. La russe communiste ayant un fond délicat et gentil. Sans cruauté particulière. Puis il y a Leyna, la nouvelle. C’est-à-dire moi. Je suis méthodique, cruelle, sadique et violente. Je suis la partie sombre de toi. Celle que tu as refoulée et qui te domine aujourd’hui. D’ailleurs tu as pris conscience de mon pouvoir. Tu as commencé à te battre. Tu as crié que tu voulais TOUT arrêter. Tu gémissais comme une enfant : « Mon dieu, je ne veux plus de toi, je ne veux plus de l’Organisation, je veux redevenir LEYNA ! LAISSES MOI ! Je t’en prie…je t’en prie…tues moi… ». J’ai beaucoup ris…beaucoup, beaucoup ris. Ta façon de pleurer. Ta façon de te jeter à mes pieds. Ta façon d’essayer de me détruire en t’arrachant les cheveux. Ta façon de te soumettre à moi. J’ai aimé cette scène pathétique, cette prise de conscience. Mais je t’ai maté, comme on mate un cheval récalcitrant. J’ai essayé d’être douce, mais tu n’as rien écouté. Alors je t’ai menacé et finalement ma menace est devenue réalité. Maintenant tu as sur ton bras, une profonde plaie, très vilaine. Je n’ai pas touché de veines primordiales heureusement ! Mais tu as souffert tout de même. Puis Leyna, l’ancienne a pris congé et Nous nous sommes retrouvées.

Nous nous sommes préparées. Je sentais un étrange vide en toi. Comme si ce saignement purgatoire, t’avait enlevée la flamme de vie qu’il te restait. Tu t’es peut-être éteinte définitivement. Je ne le sais pas encore. A vrai dire, j’espère ne plus jamais le savoir. Je n’aime pas beaucoup te blesser. Nous avons été chez l’infirmière pour soigner cette horrible plaie. Elle nous a interrogées sur ce qui était arrivé. Nous lui avions dit que nous avions torturé un élève qui s’était un peu trop débattu. Elle est devenue blême ; nous avons ris. La nuit tombait doucement sur Poudlard. Nous sentions une ambiance maussade sur le château. Ambiance qui s’était installée depuis l’attaque et surtout…qui perdurait sans relâche. Aujourd’hui, ils allaient leur rendre hommage. Nous n’avions pas été là lors de l’attaque. Enfaîte, nous étions encore à l’institut…à « l’hôpital » psychiatrique. A l’endroit qui t’a détruit Leyna. A l’endroit qui m’a rendue vivante. Nous ne savions pas encore que nous allions les rejoindre. Enfaîte, nous étions dans un autre monde. Un monde qui ne brillait pas. Un monde qui ne brille toujours pas. Nous avons conscience de notre tristesse. Mais nous avons décidé d’essayer de la taire. Nous devons afficher une mine forte. Ne pas penser à Bryan. Ne plus penser qu’à la vengeance. Mais toi Leyna, je te sens si nostalgique parfois. Tu aimerais entendre ta berceuse, voir ta mère, retrouver les camarades, retourner à Durmstrang. Tu veux te retrouver, comme je veux te supprimer.

Nous avançons. Discrètement, furtivement. Une grande masse près du lac. Nous restons un peu éloignées. Nous voyons au loin Louna, celle de la chasse. C’est amusant de la voir sous un autre angle. Un léger aquilon transperce cette nuit d’hommages. Nous serrons le manteau contre nous. Il est presque émouvant de voir tant de gens s’attristaient des morts…Nous réalisons combien nous avons perdu la notion du bien et du mal. Un mort n’est que l’arrêt d’un corps. Ce n’est plus une personne, n’est-ce pas ? Nous restons en retrait, ombre cruelle face au cœur de Poudlard. Dans un chuchotement, nous osons dire :

« Oui mes enfants…rendez hommage aux morts…victorieux ? Quelle immense drôlerie ! » Un sourire ironique, sarcastique. Nous, NOUS sommes la puissance !

Il se sentait mal à l’aise. Il ne devrait pas se sentir mal à l’aise. Alors que chacun se déplaçait d’une lenteur mélancolique vers le lac noir, Lucas faisait tourner nerveusement la bougie blanche enfouie dans le fond de sa poche. La cire glissait aisément entre ses doigts et ses pas se faisaient de plus en plus lents au fur et à mesure que les élèves devant lui s’arrêtaient aux abords de l’eau sombre. Une brise fraîche soufflait et il resserra imperceptiblement son uniforme autour de lui. Du coin de l’œil Lucas en vit certains commencer à sortir les photos et plumes qu’ils avaient amenés, les maniant avec précaution comme s’ils étaient faits de cristal. Mais peut être l’étaient-ils justement. De simples choses retenant les souvenirs d’une personne, d’un animal aimé, de simples objets qu’ils allaient laisser dériver dans un dernier hommage. Certains comme lui avaient l’air déconnectés, marchant comme des automates, tandis que d’autres étaient effondrés mais se tenaient avec dignité, s’appuyant parfois sur un camarade tandis que roulaient sur leurs joues des larmes silencieuses. L’air était lourd mais pas étouffant. Le silence naturel. Lucas avait l’impression qu’aucun mot ne pourrait sortir de sa bouche même s’il le voulait.

Lucas sortit sa bougie et s’apprêta à sortir sa baguette quand une fille à ses côtés utilisa la flamme de sa bougie pour embraser la sienne. Il lui répondit par un léger sourire. A la lueur du feu il pouvait voir les larmes couler sur ses joues et son cœur se serra un peu plus. Avait-il le droit de se sentir si triste ? Lui qui n’avait pas une photo, pas une plume à déposer ? Aucun de ses amis proches n’avait été tué dans l’incendie et il avait honte d’admettre que les quelques victimes ne lui rappelait que vaguement quelque chose. Le regret l’enroula comme une couverture, paralysant ses membres. Il n’avait pas non plus de hiboux, se contentant d’utiliser ceux de l’école. Il déglutit douloureusement en se remémorant cet hibou grand duc qui semblait le détester profondément, hululant agressivement à son approche et le mordant régulièrement. Mais Lucas le choisissait toujours pour poster ses lettres. Juste pour l’embêter. Il était sans doute plus bouleversé par la perte de cet oiseau que par celui de ses camarades et il plongea son regard sur l’herbe humide. Il se sentait de trop. Mais il était là comme tout le monde. Parce qu’il le fallait. Parce que chacune des victimes méritait ce rassemblement, parce que Poudlard ne s’était jamais senti aussi uni et qu’ils en avaient tous besoin. La soirée avait beau être chargée de peine et de douleur, Lucas ne pouvait s’empêcher d’admirer un instant la beauté du moment. Les visages faiblement éclairés, baignant dans une aura dorée, les ondulations du lac, et par-dessus tout ce sentiment d’unité et de sécurité. Rien de mal n’arrivera ce soir. Rien ne pourra gâcher ce moment.

Tu n'es ici que par hasard. Tu n'aimes pas te mêler aux autres de toute façon, trop farouche, trop sauvage, trop animale pour te laisser approcher. Non, toi, tu préfères défier la hauteur vertigineuse des tour du château, tu préfères défier la forêt. Tu y es chez toi. Tout, là-bas, t'es naturel et familier. Les bruits, les odeurs, le silence lourd et oppressant parfois, les millions de bourdonnements, bruissements, chuchotements, que personne n'entend mais que toi, tu perçois et comprend. Tu as grandi en forêt, tu as grandi dans la nature. Tu as réussi à l'apprivoiser, cette dame capricieuse, tu te fonds en elle maintenant. Tu sens tous les arômes, toutes les effluves que le bois, les feuilles, tu les comprends, les interprètes.

Tu as passé la nuit dehors, tu as bravé les interdits pour t'accorder un moment de répits et de solitude. Les inferis ? Tu ne les crains pas. Tu ne crains pas la mort et ses horreurs. Cette pétasse, tu vis avec elle depuis toujours. Elle aussi, tu l'as domptée plusieurs fois, tu l'as défiée, tu lui as fait un bras magistral avec un sourire satisfait. C'est perchée dans un arbre que tu es restée dehors, à sentir, à vivre en harmonie avec tout ce que la forêt t'apporte : calme et équilibre. Tu supportes mal cette quarantaine improvisée, cet enfermement déguisé. Tu sa besoin de t'isoler pour ne pas sauter au cou de tout le monde, pour maîtriser cette rage animale, cette fureur qui se dresse devant ceux qui tentent de te dompter. Personne n'a le droit de te contraindre à quoi ce soit. Tu es libre, entière, farouche, sauvage. Tu n'es pas une fille domesticable et seuls les fous ne l'ont pas encore compris. Cette heure, c'est ton heure. Celle où tu domines, celle où la louve qui dort en toi, la louve qui est derrière chacun de tes pas, qui se tapit dans ton reflet et dans ton ombre, qui guide tes sens, ton instinct. Tu te prépares à sortir à nouveau. Tu vis louve à chaque instant.

Pourtant, alors que tu veux quitter le château pour te retrouver seule, tu remarques tous ces élèves qui marchent eux aussi, qui osent empiéter sur ton territoire. Intriguée, tu suis le mouvement. Tu ne sais pas ce qu'il se passe, tu as vécu complètement coupée des autres ces derniers temps, tu as fuit la présence humaine pour panser les plaies de l'animal qui dort en toi et qui se sent comme prit en cage. Tout le monde semble se diriger vers le lac. Tu laisses un grognement sourd s'échapper de tes lèvres. Il sera dur et malaisé de passer inaperçue. Mais tu es aussi intriguée, c'est la première fois depuis bien longtemps que tu vois un tel attroupement d'élèves. Tu regardes ces gens à la mine déconfite, qui semble porter le malheur du monde sur les épaules. Tous semblent tristes, accablés. Toi aussi, tu l'es, mais tu ne le montres pas à tout le monde, tu gardes pour toi tes sentiments. Tu le sais,tu ne perçois ni la vie ni la mort comme la majorité des gens. Tu as grandi avec la mort à tes côtés et l'idée d'une vie ratée et à moitié accomplie à chaque instant.

Une pensée pour Reagan aussi. Tu n'as pas reçu de lettre depuis longtemps de sa part et tu t'inquiètes. Tu penses aussi à Connor, coincé en Russie. Tu en viens presque à regretter les derniers mots que tu lui a lancé à la figure, venimeux. Quelque chose s'est brisé entre vous, sans que tu ne saches d'où ça vient et tu regrettes la tournure que votre relation à prise. Tu aimes Connor, mais tu ne sais plus que lui montrer avec les poings, et lui, patient avec toi, endosses ce rôle dans un soupire.

Vous arrivez enfin près de lac, et les gens de sortir photos, plume, bougie et objet. Toi, tu n'as rien sinon ta pauvre carcasse avec ta peau trop blanche, ton teint maladif et ta mine renfrognée. Tu regrettes d'être là. C'est d'un pathétique consommé, il n'y a vraiment que les vivants pour pleurer les morts. Les morts, eux, ne pleurent plus. Les morts, eux, ont pitié des vivants.

Tu sors une boîte d'allumettes de ta poche et en craques une, distraitement. L'odeur du souffre qui brûle, tu l'aimes. Tu regardes le bâtonnet de bois de consumer aussi vite que la vie humaine fuit et tu le jettes au sol avant de brûler le bout de tes doigts. Ce sera le seul hommage que tu rendras, un hommage à la vie et à la mort. Ce sera ton seul geste de la soirée. Après tout, toi, tu ne pleures pas les morts, mais tu a pitié des vivants et surtout des vivants qui pleurent la mort.

« Oui mes enfants…rendez hommage aux morts…victorieux ? Quelle immense drôlerie ! »

Tu retournes vers celle qui tient ces propos. Tu la connais pas, tu ne sais pas qui elle est, outre le fait qu'elle appartienne à cette organisation qui espère faire gober aux naïfs qu'ils sont là pour leurs biens. Pourtant, tu es d'accord avec elle. Pleurer les morts, c'est une perte de temps affligeante, ils ne sont pas là pour se rendre compte de cet hommage ridicule. L'amour, la compassion, la tristesse Cet étalage gratuit de bons sentiments de laisse bien indifférente. « C'est dommage qu'une personne telle que toi tienne des propos aussi sensés », marmonnes-tu dans tes dents. Tu ne cherches pas la provocation gratuite, ce soir. Tu sais, tu sens que si quelqu'un te provoques, tu auras du mal à contenir la violence qui dort en toi. La pleine lune approche, tu es sur les nerfs et tendue. Et si quelqu'un te fais une remarque, quelle qu'elle soit, tu le jures, tu lui arraches la tête.

• Pourquoi ? Pourquoi existait-il de méchantes personnes ? Pourquoi devait-on tous mourir un jour ? Pourquoi le destin s’acharnait-il à ce point à faire subir de dures épreuves aux gentilles personnes ? Tant de questions sans réponses. Tant d’interrogations que Cameron n’osait même pas formuler. Dans son petit cœur de princesse hippie, tous les évènements actuels étaient impensable, affreux, choquant, assurément encore plus bouleversant que pour les autres élèves de Poudlard.
  Fragile, enfantine, charmeuse et naïvement innocente, tels était les adjectifs que beaucoup utilisaient pour la décrire. Pourtant, c’était bien une Gryffondor, une personnalité forte, téméraire et engagée sous ses airs de poupée fragile. Il lui fallait simplement une motivation, un électrochoc, un interrupteur qui allume la flamme de ferveur qui sommeillait au creux de son coeur. Cet électrochoc si fit en deux temps. Le premier coup, inattendus, fou, assommant. Ce fut le jour où au réveil elle tomba sur le cadavre de 4 animaux majestueux étendus dans le hall de l’école. Anéantie pendant plusieurs jours, c’est grâce à cet amour si fort qu’elle partage avec ses sœurs et son frère que Cameron se relava un peu plus endurcie et en colère contre les monstres barbares responsables d’une telle tuerie.
  Le deuxième coup, encore plus fort, encore plus atroce, ce fut la nuit où la volière fut attaquée puis quand Poudlard fut envahis. Coup sur coup, l’école de magie a plongé dans les ténèbres. Petit à petit, Cameron avait arrêté de pleurer, arrêté de subir et était devenue une vraie Gryffondor, une vraie grande sœur parano qui surprotégeait les autres MacKinnon. Certaines personnes sortent de l’enfance très tôt, Cameron elle avait dus attendre ce fameux traumatisme pour enfin, à 16 ans se réveiller et s’endurcir un peu. Mais le chemin était encore long et semé d’embuche. Petit à petit Cameron grandit et se fait à cet état de siège au sein de Poudlard. Mais veuillez me croire, cette petite lionne n’acceptera pas longtemps de rester sous le joug de l’envahisseur !
  
  Ce soir, solennelle, sculptural dans son uniforme stricte de petite écolière modèle, Cameron avait suivi le gros de élèves jusqu’au lac noir. Son bras gauche agrippé aux épaules de son petit frère Liam, Cameron tenait une bougie blanche dans sa main droite. Elle l’avait allumée d’un simple coup de baguette magique et regardait d’un air sombre la flamme vacillante qui trônait au sommet de ce bâton de cire. Chez les MacKinnon, il était de tradition que chaque enfant envoie une lettre au domicile familiale chaque semaine. Et au fond de leur jardin était ainsi née une jolie petite volière où vivaient une bonne dizaine de hiboux. Pour cette famille de hippies modernes, la mort d’autant d’oiseaux majestueux était donc une chose terrible, d’autant plus que 3 des chouettes de la famille avaient péries dans l’attentat. Cameron avait pleuré, énormément. Mais ce soir son visage de porcelaine restait… de marbre. Aucune grimace, aucune ride, aucun mouvement. Pourtant sa peine était immanquable, car son regard était si sombre et vague qu’elle aurait pu faire de la peine à des harpies des montagnes.

Ce soir… je ne savais pas si j’allais y aller. Je ne savais même pas si j’étais assez courageux pour ne pas pleurer. L’Organisation devait avoir honte de leurs actes et j’hésitais mais je savais que ma force serait plus forte que ma raison. Si l’Organisation venait ce soir, je n’avais pas peur… je n’avais jamais peur. Je gardais la tête haute, mes mains n’étaient pas moites, mon regard était déterminé et ma haine était au plus haut point. J’étais préparé, j’allais dire en revoir à mon compagnon, à celui qui avait bercé toute mon enfance à Poudlard. Celui qui me ramenait souvent du courrier de la part de mon père ou même d’Antiope.

Ce soir était le grand soir, avaient plusieurs élèves nous avions décidé de leur donner droit à un hommage, un vrai hommage comme ceux qu’on faisait durant les guerres moldus pour les morts qui s’étaient battu pour la libération du pays. Ce soir c’était surtout pour un geste, un geste qui pouvait paraître ridicule mais qui était fort. Un geste qui allait nous faire du bien. Un geste qui allait montrer notre détermination pour montrer que les hiboux seraient les derniers morts. Je vais y aller, je sortais de la salle commune quand je tombai nez à nez avec les autres élèves. Je sentais que tout le monde voulait y aller.

Tout le monde avait perdu son hibou durant la destruction du lieu. Je me rendais donc au lac posant aussi ma bougie sur le lac, ce geste était si beau et le silence, oui ce silence qui se brisa bien assez tôt avec une voix que je connaissais celle de Leyna. Je lui lançai un regard noir. Je ne lui fis aucun sourire, j’allai à sa rencontre.

« Je ne savais pas que tu étais parmi nous dis donc, par contre si tu pouvais te taire un peu. Ce serait pas mal rien que pour que les autres puissent faire un hommage digne de ce nom. »

Je grommelai. Et je retournai à ma place, regardant les bougies.

Mon coeur battait fort. Je pensais à toutes ces victimes. Je repensais à ce soir là. J'avais bu, j'avais désobéis à Tyler. J'avais été si bête, stupide et irresponsable. Oui j'avais eu si peur de mes sentiments. Je voulais oublier ses mots. Je revoyais cette lettre dans ma tête. Je revoyais Tyler au loin, son regard plongé dans le mien, notre entreinte, notre premier baiser alors que le reste des élèves ne pensait qu'à suivivre, à se battre. Je ressentais ce bonheur ultime d'être enfin avec lui. J'avançais doucement en suivant le bas, ma bougie était toujours éteinte. Je me sentais comme une étrangère totalement perdue. Je cherchais mes proches des yeus. Maxim était là, à quelques mètres de moi. Deux jours auparavant, notre dispute avait résonnée dans les couloirs de l'école. Je comprenais sa colère mais j'avais envie d'être dans ses bras, de me sentir en sécurité et surtout pardonnée.

Encore quelques pas. Je fermais les yeux en baissant la tête. Je pensais à tous mes mensonges, le sacrifice de Tyler. Il m'avait sauvé la vie en se mettant entre un membre de l'Organisation secrête et moi. Je voyais son courage, son amour aussi. Je l'aimais, je l'aimais si fort. Mais je lui mentais encore et toujours.. Un poids beaucoup trop lourd pour une relation qui commençait à peine, malgré la force de notre amour et la hauteur de nos sentiments.

Mes yeux se rouvraient, je vis Cameron au loin et m'approcha doucement d'elle. ma main gauche venait caresser sa joue. Elle souffrait et je détestais savoir ma meilleure amie dans cet état. D'un coup de baguette j'allumais cette bougie doucemennt. Je fixais cette flamme qui représentais peut-être l'espoir. Un léger sourire en voyant les bougies blanches qui s'allumaient autour de moi. Un silence appaisant. Le moindre mot cassait cet équilibre.