Perpetua écouta attentivement les explications d'Ibrahim qu'il dessinait dans le vide. Puis après un petit moment, elle acquiesça et fit demi-tour tout comme son coéquipier. Elle attendit son signal et répéta les mêmes mouvements. Se baissant sur son balais, elle prit de la vitesse et le vent lui fouetta le visage la décoiffant encore plus. Perpetua plissa les yeux pour y voir mieux, le paysage défilait à une vitesse folle, tout était flou excepté Ibrahim qu'elle fixait. Il était dans la même position qu'elle et semblait avoir autant de mal à y voir. Elle serra un peu plus fort son manche à balais de peur de tomber de celui-ci, gardant le souaffle bien calé sous son bras. Cette fois-ci, elle ne le laisserait pas tomber, c'était hors de question. Elle tenta le diable encore un peu plus en attendant pour faire le fameux signal.

«-Encore un peu, presque...» marmonnait-elle pour elle-même.

Puis une fois arrivée au point de non retour, elle lâcha un inaudible «Maintenant ! » alors qu'elle haussait le sourcil gauche. Mais c'est avec horreur qu'elle se rendit compte que tout ce qu'elle arrivait à faire n'était qu'une grimace où ses deux sourcils étaient levés. Elle espéra qu'Ibrahim avait compris son signal un peu raté et s'apprêta à tourner violemment à gauche. Elle bascula son poids vers la gauche, restant couchée pour gagner encore plus de vitesse et au dernier moment, elle fit tomber tout son poids sur la gauche.

Raté.

Ibrahim n'avait pas compris. Non. Il n'avait pas déchiffré le signal irrecevable de Perpetua. Il avait compris ce qu'il avait vu : deux sourcils levés dans un bref spasme. Alors qu'il montait en piqué et que Perpetua, elle, tournait à gauche dans un ultime mouvement leurs balais se touchèrent. A cette vitesse là, deux balais qui se touchent ou même qui se frôlent provoquent un accident souvent énorme. Le balais de Perpetua changea brutalement de direction et l'éjecta elle et le souaffle. Ce mouvement qu'elle n'avait pas vu venir lui arracha un cri de peur.

Un bruit sourd.

Perpetua ouvra les yeux, instinctivement elle les avait fermés, s'attendant au pire. Le souaffle en tombant sur le terrain de Quidditch d'où la neige commençait à fondre avait produit un bruit sourd. Puis elle se rendit compte qu'elle n'était plus sur son balais, ses bras tendus supportaient son poids. Elle n'avait pas lâché le balais. «Par la barbe de Merlin» pensa-t-elle en leva les yeux vers ses mains. Elle était suspendue à une chute imminente qui volait sans but fixe. Son balais n'en faisait qu'à sa tête. Perpetua lâchait un petit cri à chaque changement de direction, de peur de se faire expulser pour la seconde fois. Son teint palissait à chaque virage brutal. Elle regarda autour d'elle mais ne put voir Ibrahim, la nuit était tombée et elle ne distinguait plus rien à trois mètres à la ronde.

«-Ibrahim ?! » aboya-t-elle entre deux cris.

Perpetua rassembla tout son courage et sa volonté pour remonter sur son balais. Elle y était presque lorsque le balais, dans un dernier élan de fureur, la ré-expulsa. Suspendue à présent par une seule main, elle chercha sa baguette. Afin de la garder sur elle et surtout, de ne pas la perdre, elle l'avait glissé dans sa chaussette. Elle la prit, manquant de tomber et la pointa sur son balais.

«-Impedimenta !» dit-elle sèchement.

Son balais ralentit considérablement et elle remonta dessus sans grand mal. Paniquée de ne rien entendre de la part de son coéquipier, alors qu'elle avait fait plus de bruit que des vélanes en colère, elle l'appela une nouvelle fois.

«-Ibrahim ?!» dit-elle, incapable de se calmer.

Son coeur battait à tout rompre. Et s'il était tombé de son balais et qu'il était tombé par terre ? Et s'il n'arrivait pas à calmer son balais ? Perpetua se sentait affreusement coupable, volant d'un bout à l'autre du terrain scrutant à la fois l'horizon et le sol.

Elle tremblait comme une feuille sur son balais, ses cheveux lui tombaient dans les yeux et elle essayait tant bien que mal de les remettre en place en tendant l'oreille. Cette fois, ils étaient cuits. Pire même, carbonisés. Perpetua avait l'impression que son coeur allait sortir de sa poitrine et tomber lui aussi par terre. Elle tendait l'oreille mais dans l'obscurité elle n'entendait rien. Sa baguette toujours en main - mains comme collées au manche de son balais par peur de revivre la même expérience. Elle agita sa baguette en chuchotant un « Lumos maxima. » Au même moment, un cri déchira la nuit.

«-Ici dans les gradins.»

C'était comme si elle se vidait d'elle même. Le poids dans son estomac s'intensifia lorsqu'elle entendit sa voix. Il allait bien. Perpetua afficha un grand sourire et en-trouva la bouche pour lui répondre que tout allait bien, qu'elle arrivait et qu'elle était contente qu'il aille bien lui aussi. Mais quels gradins ? Il y avait des centaines et des centaines de bancs autour de l'immense terrain de Quidditch. Elle commença à faire le tour de ceux-ci, éclairant au plus bas les gradins avec sa baguette. Mais comme disent les moldus. Ne jamais faire de conclusions hâtives.

«-J'ai besoin d'aide Perpetua ! »

Elle s'arrêta. Le ton de sa voix ne lui inspirait rien qui n'aille. Paniquée, elle accéléra, arrivant bientôt aux gradins de Serdaigle.«J'ai besoin d'aide Perpetua » Cette phrase résonnait dans sa tête comme un choc. Ibrahim n'allait pas bien. Ce n'était pas juste. Elle aurait dû tomber ou se fracasser contre les tribunes comme Ibrahim l'avait surement fait. «J'ai besoin d'aide Perpetua» Ses tremblements étaient incontrôlables et ralentissaient considérablement son allure puis elle l'aperçut, entre deux bancs. Elle fonça vers lui et sauta de son balais en plein vole. Lui, finit sa chute contre un des bancs tandis qu'elle tombait à genou, incapable de tenir debout tant elle avait eu peur pour son ami. Les yeux pleins de larmes elle lui demanda soulageait qu'il ne soit pas mort à l'heure qu'il était.

«-ça va ? » s'empressa-t-elle de lui demander. «Où...où est-ce que tu as mal ? Qu...qu'est-ce qui s'est passé ? » balbutia Perpetua qui ne savait pas où donner de la tête.

Sa baguette braquée sur Ibrahim, elle comprit rapidement que son épaule le faisait souffrir. Elle le regarda, se sentant encore plus coupable ne pouvant voir que de la douleur dans les yeux de son ami.

«-Je...Je vais arranger ça.» dit-elle se voulant rassurante. «J'ai lu quelque chose sur les premiers secours à la bibliothèque...» Elle savait que ça, ça n'était pas rassurant.

Se remémorant ce qu'elle avait lu, elle se concentra. «Nox.» chuchota-t-elle pour éteindre la lumière que produisait sa baguette. Puis la pointant approximativement vers l'épaule d'Ibrahim elle lança le sort qui lui paraissait être le plus approprié.

«-Ferula.»

Cloc.

«-Je suis désolée ! » s'empressa-t-elle de dire à Ibrahim avant qu'il ne puisse aligner deux mots sur ce qui venait de se produire. En faisant apparaître une attelle sur l'épaule d'Ibrahim, sa clavicule c'était remise en place dans un cloc sonore.