Ben était assis à la table des Gryffondor, en compagnie de ses camarades de maison. Il avait tout d'abord cru qu'il s'agissait d'un petit banquet improvisé et avait répondu à l'appel de la nourriture avec joie non dissimulée... avant de se rendre compte que, vu l'air solennel de la cérémonie, on ne venait pas de faire déplacer tous les élèves pour fêter les nouvelles récoltes de citrouilles. Mince ! Lui qui s'était préparé à savourer son herbe et ses graines tandis que ses amis se contenteraient de vieux rôtis, de volailles bien goûteuses, de bons gros plats saucés et d'énormes gratins croustillants de pommes de terre et de viande...
Quelle idée aussi d'être végétarien !

Il ne fallut que quelques minutes pour que notre jeune ami fasse le lien entre les banderoles rouges et or et l'identité de la maison du futur champion de Poudlard.

Tiens, y a du rouge partout... On a gagné la Coupe des Quatre Maisons ou quoi ? se demanda-t-il, visiblement perplexe. A moins que... Mais oui, eureka ! Décidément, je suis vraiment un génie... J'vais pas le dire aux autres par contre, ça leur fera une surprise !

Fier de se trouvaille, il attendait donc tranquillement que le grand manitou fasse son discours, jouant avec un cure-dent en le plantant un peu partout. Après quelques minutes d'attente ( et de nombreux voisins meurtris ), le grand sachem fit enfin son entrée en compagnie de sa docile cohorte professorale et de quelques membres du Ministère. Il commença son discours.

C'est à ce moment précis que Ben fut soudain pris d'une profonde envie de dormir. Résistant comme il pouvait à la tentation de laisser ses paupières se fermer, il fut sauvé par un événement anodin : son cure-dent venait de tomber sous la table. Il devait donc aller le récupérer !
Investi d'une nouvelle mission à la difficulté accrue de par toutes les jambes traînantes sous la table, il se mit à quatre pattes, à la recherche de son cure-dent perdu, tandis que dans la Grande Salle le discours du Directeur laissait place à un long silence.

« Ben Heafy »

PRESEEEE...AIE !!!!!

Il venait de se redresser et de se cogner la tête contre le bois massif de la table. De plus, toutes les jambes venaient de bouger brusquement, dans un quasi-même mouvement, ce qui lui donna droit à quelques menus coups de pieds plus ou moins bien placés.
Des salves d'applaudissement résonnèrent dans la Grande Salle pour ce garçon qui se trouvait actuellement en train de ramasser les miettes sous sa table. Mais heureusement pour lui, Ben était plutôt du genre réfléchi.

OUI ! OUI ! C'EST MOI ! C'est à quel sujet monsieur le directeur ? demanda-t-il à la foule en surgissant d'en dessous sa table.

La soirée avait pourtant bien commence… Une fête. C’était toujours bien une fête. C’est le sourire aux lèvres que Lily était descendue dans la grande salle. On ne savait pas vraiment quel était la raison de ce soudain banquet, mais des rumeurs circulaient… On disait que le nouveau champion allait être nommé. Lily, curieuse comme tout, se demandait bien qui pouvait avoir eut le courage de se présenter. C’était à la fois terriblement courageux… et totalement idiot ! Elle était d’ailleurs très contente de n’avoir jamais entendu fleurir une telle pensée dans la tête du moindre de ses proches. Elle avait l’impression qu’ainsi, elle laisserait ce mal, cette difficulté aux autres. Ceux qu’elle ne connaissait pas ou voir peut-être qu’elle n’aimait pas. Oui, ce genre de personnes, de flous humain… Pas SA famille, pas SES proches. Mais rien ne présageait ce qui allait ensuite se passer… Non, vraiment RIEN !

Il y eu ce mouvement de foule et ce nom qui retentit. La coupe qui était devenue violette, le directeur qui s’était levé. La salle décorée de rouge… Tant d’indices, tant de signes… Lily s’était toujours pensée observatrice. C’est à regret qu’elle réalisait qu’il n’en était rien. Elle n‘avait rien vu… Rien ressenti de particulier. C’était… impossible! Comment avait-elle pu manquer à ce point d’esprit !? Elle regardait la scène sans comprendre. Pourquoi lui ? Qui était le connard qui avait placé le nom de SON mec dans cette putain de coupe !? Qui était l’abruti fini capable d’un tel manque de cœur !? Mieux valait pour lui qu’il ne se trouve JAMAIS sous ses pates. Inconsciemment, elle s’était levée. D’un bond. Juste pour être bien sure que le Ben Heafy dont parlait le directeur était bien ce mec un peu con à houppette blonde qui jouait de la guitare comme un demi dieu… ?

Le silence seul répondit au directeur et un moment Lily s’en satisfit. Ce fut ce moment que Ben choisi pour sortir de sa table… La demoiselle se rassit avec la furieuse envie de ficher le camp. Qu’il s’amuse, qu’il s’amuse, elle le tuerait de ses propres mains ! Quelle idée lui avait pris ? Et surtout… surtout pourquoi ne lui avait-il rien dit ? S’inscrire à une telle mise à mort ça signifiait forcément quelque chose ! Il était… mort ! Elle attrapa ses couverts et les serra très fort. Ses dents étaient bloquées contre sa lèvre inférieure qu’elle mordait férocement. Ses yeux lançaient des éclairs. Il était mort de mort celui-là ! Elle jeta un regard en biais à son frère. Il semblait étrangement triste. Elle mit cela sur le compte d’un élan sympathique et altruiste, une sorte d’embarras partagé avec sa sœur. Mais, évidemment, il n’en était rien. Elle attrapa délicatement la main de son voisin, son frère, et lui lança un pauvre sourire, sans comprendre sa défaite… Comment aurait-elle put ? Personne n’avait jugé bon de la prévenir au sujet des candidatures ! Et puis, avec violence, son regard se déporta sur celui qu’elle aimait.

Yeux délicieux, bouche charnue et sensuelle, cheveux resplendissant. Sourire d’idiot, tronche de cake et voix criarde. Son esprit était partagé. Perdue entre haine et affection… Oui elle l’aimait. Mais pouvait-on aimer un suicidaire ? Pouvait-elle aimer un cachotier ? Elle le voulait pourtant… SON Ben à elle n’était pas un champion… C’était un gars sympa qui jouait de la guitare prés du lac pour se détendre et se vider la tête. C’était un garçon qui était capable de la suivre et d’aller jusqu’à la sortir des griffes de sa cousine. C’était un mec un peu mou du genou mais pourtant tellement gentil, généreux, altruiste et humainement beau, qu’on finissait indéniablement par tomber sur son charme. En fermant les yeux elle continuait encore de voir son regard doux, aimant… Mais elle ne voulait pas, elle ne pouvait plus ! Ce con était en train de mettre sa vie en jeu !

I'm not a perfect person
There's many things I wish I didn't do
But I continue learning
I never meant to do those things to you
And so I have to say before I go
That I just want you to know

Alors même que tout le monde semblait se réjouir, Lily sombrait. Elle serrait les poings plus forts autour de ses couverts. D’ailleurs, sa peau était devenue toute blanche aux articulations. Elle sentait le contact dorénavant chaud des couverts qui la blessaient. Mais elle ne voulait pas s’arrêter de serrer les dents. C’était ça ou faire une scène… Et une petite voix lui murmurait que ce n’était pas ce dont avait besoin son amoureux. C’était… son choix après tout. Elle l’espérait en tout cas… Si tel était sa décision, elle devait le suivre non ? Oui mais… Ben n’avait conscience de rien. Sortir avec lui était merveilleux, elle découvrait pleins de choses, pleins de nouveaux sentiments… Parmi ces nouveautés il y avait également ce besoin constant d’être là, de protéger les autres, de le protéger lui. Elle s’était faite maternelle sans même s’en rendre compte. Lily avait toujours était très protectrice envers les gens qu’elle aimait mais jamais à ce point. Jamais autant… Et si vite.

Il semblait perdu… Il attendait encore qu’on lui explique quoi faire… Elle avait envie d’aller le chercher et de lui murmurer à l’oreille tout ce qu’il devait faire maintenant. Mais elle n’avait pas envie de bouger. L’image d’une mort prochaine irradiait l’imagination de la demoiselle. Elle le voyait partout mort. Soit au cours de l’épreuve, soit bien avant… Non, elle ne comprenait pas ce qui avait bien pu attirer le garçon. Dans tous les cas il semblait vouloir mourir, car au vu des derniers événements, il était évident que tout sorcier présentant les épreuves serait destiné à mourir… Elle repensa à cette fille qui, lors du banquet chez les Russes, s’était mise à hurler son refus, lorsque ce Kurt avait été appelé… Et à vrai dire, elle la comprenait, maintenant. Elle aussi voulait hurler, lui dire de refuser, de ne pas être champion.

Mais elle ne pouvait pas. Ni hurler, ni même parler. Le moindre mouvement, la moindre parole lui était impossible. Elle était comme lui… perdue. Sauf que c’était moins visible. Elle avait envie de pleurer, ou plutôt, elle était soudainement très triste. Parce qu’un Blackburn ne pleure pas et n’a certainement pas peur de la mort. Il fallait qu’elle soit forte bordel ! Il fallait qu’elle assume, qu’elle s’assume !! Elle n’était plus cette petite cruche trop bavarde, elle avait 14 ans, elle était une Blackburn et elle devait résister à son envie soudaine de chialer comme une gamine ! Et pourquoi en plus ? Pour un stupide tournoi !? Pour un garçon !? Elle ferma les yeux… Non, pas pour UN garçon, pour CE garçon. Elle sourit. Elle ne pouvait plus rien faire pour lui… Il avait choisi seul d’entrer dans ce tournoi et il devait tout comme elle en assumer les conséquences. Mais à son échelle, à son âge, il lui était impossible d’agir… C’était bien la première fois qu’elle n’arrivait pas à obtenir ce qui lui faisait envie… Et cette fois-ci ni l’argent de ses parents, ni ses larmes n’y changerait quoi que ce soit…

Et soudain, elle réalisa qu’elle pouvait agir ! Ce qu’il fallait faire était évident. Le protéger. Comme elle l’aurait fait si sa cousine ou son frère, son cousin Barthelemy, sa meilleure amie Stephan, ou n’importe quel autre membre de son entourage, était devant un tel danger de mort. Elle allait se faire petite, et devenir ce qui risquait le plus de causer la mort de son amoureux. Elle allait rentrer dans l’organisation ! Oui, elle allait devenir une sorte de taupe. Elle imaginait bien que l’organisation ne refuserait jamais une Blackburn ! Bien sur, il faudrait qu’elle soit une parfaite comédienne pour faire croire aux membres de l’organisation qu’elle… qu’elle souhaitait SA mort. Ah… L’idée même lui était difficile. Elle dédaigna les couverts et durcit son regard qu’elle porta tout entier contre son verre vide. Comme elle…

I'm sorry that I hurt you
It's something I must live with everyday
And all the pain I put you through
I wish that I could take it all away
And be the one who catches all your tears
Thats why i need you to hear|

Beaucoup de bruit. Elle sortit soudainement de sa torpeur, réveillée par ce chahut plus fort soudainement. Que se passait-il ? Plusieurs élèves s’étaient levés pour saluer « leur » nouveau champion. « Leur », parce qu’il était déjà celui de Lily, mais certainement pas celui du tournoi à ses yeux. Oh, qu’ils rient, qu’ils chantent, qu’ils dansent ! Soyez heureux… Vous ne savez même pas ce que signifient ces chants. Ce sont des chants de morts, ce sont des danses funestes. Cette scène est triste. C’est moche de fêter quelqu’un qui court à sa perte ! Depuis quand fête t’on les suicidés ? Enfin, il n’était pas encore tout à fait mort, Lily avait plus d’une carte dans son jeu !

Elle se leva cependant. Un sourire totalement faux se peignit sur son visage. Drôle de contraste… Ses yeux rougis et ce sourire hypocrite. Cependant, son regard n’osait toujours se détacher de sa table. Elle ne voulait pas croiser celui de Ben. Pas encore… Elle n’avait jamais menti, jamais joué la comédie. Elle avait toujours été honnête et sincère, elle avait toujours agit comme son cœur lui dictait d’agir… C’était ça oui. Elle était vraie. Et mentir à Ben, lui cacher ce qu’elle comptait faire pour lui, c’était encore trop tôt…

Nonobstant son amoureux, elle récupéra la main de son frère qu’elle avait lâché sans le vouloir. « Il est fou ! » Seth avait-il seulement compris combien Lily aimait Ben ? Savait-il seulement ce que le rouge et or signifiait pour Lily ? C’est fou comme l’amour est grisant quand on a 14ans…

I've found a reason for me
To change who I used to be
A reason to start over new
and the reason is you

I've found a reason to show
A side of me you didn't know
A reason for all that I do
And the reason is you

Seth se doutait de la raison pour qu'une petite fête soit organisée à Poudlard : L'appel du nouveau champion. La découverte du corps de Zazy-Timy, la championne des anglais, avait forcé les organisateurs à retrouver un nouveau Champion. Malgré le danger, Seth voulait cette place, pour rendre fier son père. Lorsqu'il entra dans la grande salle, la déception ne se fit pas attendre : Elle était décorée aux couleurs des Gryffondor. Il n'avait donc pas réussi, il sentit sa gorge se nouer, baissa la tête et alla s'asseoir près de sa sœur à la table des Jaunes&Noirs. Seth restait tout de même curieux, il voulait voir qui était le nouveau champion, qui allait devoir les représenter à la seconde tâche, sans cette curiosité, il n'aurait même pas pris la peine d'aller s'asseoir.

Le directeur de Poudlard s'avança et annonça simplement un nom, «Ben Heafy». Il applaudit rapidement, sans même prendre la peine de se lever, attrapa son verre et le bû en entier. Il sentit la main blanchâtre de sa sœur saisir la sienne, il la regarda. Il pensait la voir en train de sourire, mais elle ne l'était pas. Seth resta de marbre quelques instants encore. Pourquoi n'était-elle pas heureuse ? C'était son mec qui était le nouveau champion, elle devait l'être! A moins que … Lily avait dû, d'une façon ou d'une autre savoir que Seth s'était présenté pour la place du tournoi. Et c'était donc pour ne pas l'énerver, ne pas le vexer qu'elle ne montrait pas son enthousiasme. Il ne put s'empêcher de lui sourire. Il voulait s'excuser, s'excuser d'avoir perdu, de ne pas pouvoir la rendre fière de lui. Plus il pensait au fait qu'il n'avait pas réussi à faire son rôle de grand frère, moins il se sentait à l'aise en la regardant.

Elle lâcha sa main, se leva et applaudit. Ces quelques secondes lui parurent longues, très longues. Seth voyait sa sœur grandir, plus le temps passait, moins elle avait besoin de lui. Et pour la première fois de sa vie, il comprit à quel point elle aimait Ben, il sentait ses mains tremblait, il essaya de se calmer, calmer sa peine, sa colère dû à son échec. Lorsque Lily se rassit, elle reprit sa main. Seth se tourna pour lui faire face, il ne prêtait pas vraiment attention à ce que disait sa sœur.

- Eli, je suis vraiment désolé ... plus il parlait, plus il sentait sa gorge se nouer, il laissa un instant passer, et il reprit J'voulais te faire plaisir en participant, je sais que tu sais que j'avais postulé pour devenir champion! Je voulais pas te décevoir, justement je voulais te rendre fière! Donc, te préoccupes pas de moi, et vas t'amuser, Ok ? Il lui sourit, l'enlaça aussi fort que possible. Il ne voulait gâcher la joie de sa sœur en lui montrant sa déception.

Il s'écarta légèrement d'elle, comme si il lui laissait sa liberté, comme si il n'avait été qu'un boule.t à sa cheville durant des années. Il fallait qu'il change, qu'il la laisse vivre sa vie.

Heureusement, Seth était là. Toujours là. Lui, n’avait décidé de lui cacher ses tendances suicidaires, oui, lui n’avait pas soudainement eut envie de tester le diable et de tenter le pari le plus dangereux du moment. Qui, vraiment, qui pouvait bien être suffisamment stupide pour ne voir que la gloire et oublier le danger !? Ah, qu’il était un fier Gryffondor aujourd’hui, ce Ben, (plus Son Ben, mais bien Ce Ben qu’elle ne connaissait pas encore et dont la bêtise la blessait) ; enorgueillit par cette coupe et cette promesse de fierté certainement, il avait décidé de jouer sa vie. Mais, chez les Poufsouffles tout ne semblait pas non plus pour le mieux…

Citation :

Eli, je suis vraiment désolé...

« Eli »… il l’avait appelée Eli. Eli c’était quand plus rien n’allait, quand il était triste ou qu’il tentait de lui faire reprendre sa raison… Mais dans ce cas présent, dans cette situation, ce mot, ce nom, Eli, ça n’avait rien à faire là. Le temps qu’il prit à lui parler, à délier sa langue dura une éternité. Elle crut comprendre qu’il partageait sa peine, et sa surprise peut-être aussi… Mais pourtant, son attitude sombre depuis le début du banquet, depuis cette nomination soudaine… Quelque chose clochait.

Citation :

J'voulais te faire plaisir en participant

Le glas sonna dans ta tête brune de l’enfant. Un son fort et bruyant qui résonna longuement et empêcha tout autre chose de pénétrer son esprit ; Elle était sonnée, perdue, et triste aussi. Elle ne comprenait plus, plus rien. Ben, puis Seth. Ne manquait plus qu’Hayleen pour que son désespoir soit total. Quoi, ils n’avait pas pu faire en sorte que cette peste de Lou Moriarty ou cette catin de Louve sur qui son frère coulait des regards d’amours et de désirs, soient choisies ? Non, il avait fallut qu’on tente de lui prendre son frére, et son amoureux… Ah, elle les détestait tous.

Il s’éloigna lentement d’elle. C’était comme s’il venait de construire un mur entre elle et lui. Et pour détruire ce mur, elle ne connaissait qu’un seul moyen. Elle serra ses poings comme elle l’avait fait plutôt avec ses couverts ? Cependant, cette fois-ci ils étaient loin et c’était ses doigts qu’elle sacrifiait à sa colère. Elle balança ses poings simultanément contre le visage et l’épaule de son frère. De toute ses force, de toutes sa colère, et de toutes ses larmes.

« SALES CONS ! PUTAIN MAIS VOUS ETES TOUS DEBILES OU QUOI. Toi, Lui !! »

Elle continuait d’offrir ses coups et de battre son frère. C’était le seul moyen qu’elle avait trouvé, le seul lui permettant de lui montrer toute sa colère et toute sa déception. Et sous ses coups, elle pleurait. « To go berserk ».

« Mais, qu’est-ce qui ta pris Seth ! Pourquoi t’as fait ça ! T’avais rien à prouver à personne ! Et surtout pas ça ! Tu crois vraiment que père avait envie d’un fils fou ?! Parce qu’en plus d’être cons faut vraiment avoir un grain pour tenter cette merde ! T’as envie de quoi ? Crever ? T’es vraiment con putain ! Vraiment con ouais !! »

Et ses coups, plus faibles maintenant pleuvaient toujours.

Un triste rictus se dessina sur le visage de Seth. Les yeux humides, il n'arrivait pas à regarder sa sœur. Il baissa la tête pour fixer ses chaussures. Il avait eu tord d'avouer à sa sœur qu'il avait participé au tournoi des trois sorciers pour la rendre fière de lui. Ou plus simplement, il avait fauté en allant déposer son nom dans la coupe de feu. Il n'avait pas pris conscience du danger qui rodait autour de cette stupide compétition. Il renifla. Il sentait sa gorge se nouer, ses mains commençaient à trembler. Il osa relever les yeux pour regarder sa sœur. Son visage exprimait le dégout, dégout qu'elle devait éprouver pour Seth. Il ne voulait pas craquer devant Elisabeth. Seth la laisser s'énerver.

Il reçut une gifle en pleine face. Cependant, il ne bougea pas. Il en reçut une seconde. Sa sœur avait beau le frapper, il ne réagissait plus. Il était perdu dans ses pensées. Lui qui essayait toujours de rendre sa cadette heureuse, était l'auteur de son malheur. Malgré la pluie de coup qu'il recevait, il ne gémissait pas. Sa sœur pleurait. Il cligna des yeux, sa bouche était entre-ouverte. Il essaya, vaguement, d'attraper les petits poignets de Lily, pour lui laisser le temps de s'excuser d'avoir été si bête en s'inscrivant. Mais elle allait trop vite, beaucoup trop vite pour lui.

«Mais, qu’est-ce qui ta pris Seth ! Pourquoi t’as fait ça ! T’avais rien à prouver à personne ! Et surtout pas ça ! Tu crois vraiment que père avait envie d’un fils fou ?! Parce qu’en plus d’être cons faut vraiment avoir un grain pour tenter cette merde ! T’as envie de quoi ? Crever ? T’es vraiment con putain ! Vraiment con ouais !! ». Lily avait raison sur toute la ligne. Lui qui croyait avoir été malchanceux d'avoir été recalé. Au contraire, c'était une chance. Il approuva d'un petit signe de tête. Il la regarda une dernière fois et se leva.

- Désolé, Lily. Désolé..

Il enjamba le banc, et commença à trottiner en direction de la sortie. C'était de trop pour le jeune-homme. Il ne supportait pas de voir sa sœur ainsi. Il sortit de l'enceinte du château, il courait sous la pluie, sous le ciel noir de la nuit. Il s'arrêta au bord du lac noir, l'eau était gelée en ce mois de Février. Il s'allongea, et regarda les étoiles. Il ne voulait plus revoir Lily, il ne voulait plus voir ses larmes, entendre ses cris. Il lui faisait plus de mal que de bien. Il savait qu'au quotidien il était un poids pour elle, il la surveillait constamment, il veillait toujours sur elle. Il était un mauvais frère, il s'en rendait compte à présent …

Son frère était parti. Et à vrai dire, vu la crise de nerf qu’elle venait de faire, elle le comprenait. Elle s’était si facilement en spectacle… Ses réactions étaient si soudaines, elle ne pouvait rien cacher. Et pourtant, Lily était persuadée d’avoir raison. Le tournoi était dangereux, cela lui semblait être un fait avéré, un fait qui s’était vérifié et qui se vérifierait encore. Elle jeta un regard neutre et relativement froid à l’assistance. Le manège des deux Poufsouffles, les cris de Lily autant que le départ précipité de Seth, n’avait pas aidé au retour du calme. Aussi, il semblait à la jeune fille que toute l’école avait les yeux rivés sur elle… Elle déglutit difficilement, peu habituée à être de façon si cérémonieuse au centre de l’attention. Peut-être ne faisait-elle qu’imaginait, mais le moindre regard porté dans sa direction semblait venimeux et possiblement mortel.

Elle renifla, le bruit sembla se répercuter. Elle sortit un mouchoir qui traînait dans sa poche et se mouche, ensuite, elle attrapa la serviette à sa place et essuya ses larmes avec. Elle se trouvait faible, une héroïne, une véritable héroïne n’aurait jamais réagit comme cela. Pleurer, c’était pour les faibles. Lily n’était pas faible. Elle grimpait jusqu’à la dixième branche du cerisier du jardin de ses grands parents depuis ses 9ans ; elle savait se défendre de Klaus depuis bien longtemps, et avait même appris à se défendre des attaques de petits poids de Mary ! Et maintenant elle pleurait… D’ailleurs, les larmes ne voulaient pas s’arrêter. Et puis, elle avait tellement honte… Elle avait si mal au cœur ! Putain, putain, putaiiin !

Fuir, partir, s’envoler, courir, s’échapper, partir, partir, partir.

Mais il fallait qu’elle reste, qu’elle apprenne à mentir. A sourire. Parce que celui qu’elle aimait était celui qu’on félicitait. Elle n’était plus une gamine, et elle savait qu’elle devait se forcer à rester.

Alors elle baissa encore la tête, ne regarda plus que son assiette désespérément vide. Son index sous son menton en un air de défi ou de honte.