Trop de monde. Trop de bruit. Pas assez d'espace vital. Besoin de fuir toute cette foule remuante et assourdissante. Les couloirs de l'école de sorcellerie écossaise étaient beaucoup plus bondés, plus bruyants et surtout plus invivables que dans les souvenirs de la bulgare. Ava ne reconnaissait presque pas cet endroit où elle avait pourtant appris à prendre ses marques durant deux semaines, lors du dernier mois de février. L'affluence qui s'était amassée au fur et à mesure des jours au sein de Poudlard, résultat de l'arrivée des curieux qui souhaitaient assister au Tournoi des trois sorciers, commençait à peser sévèrement sur son moral. En plus de cela, elle avait la sensation paranoïaque depuis qu'elle était arrivée que toute personne qui lui adressait un regard était en train de ricaner du fait qu'elle n'avait pas été sélectionnée par la Coupe de feu pour concourir. Ava était de plus en plus d'humeur morose, ce qui la rendait d'autant plus désagréable lorsqu'on essayait un tant soit peu de lui adresser la parole. Elle tentait le plus possible de fuir la cohue dans laquelle elle ne faisait qu'entendre le nom de sa douce ennemie, préférant les endroits délaissés par la populace où elle pouvait être en paix.

Aujourd'hui était une journée sans épreuve pour les championnes, ce qui permettait aux élèves et aux visiteurs de profiter de leur temps libre pour faire les activités qui leur plaisaient, visiter Pré-au-Lard, ou apprendre à mieux se connaître les uns les autres. Seulement, Ava n'avait absolument aucune envie de s'amuser, d'aller se promener au village, et encore moins de faire de nouvelles rencontres. Ce jour-là, elle aurait tout simplement voulu qu'on la laisse tranquille et oublier un peu le fait que pour le moment, il était de toute évidence irréfutable qu'elle n'avait pas été à la hauteur. Elle avait commencé à mettre au point dans un coin de sa tête un stratagème qui pourrait peut-être lui permettre d'empêcher Paula de continuer le tournoi. Mais jusqu'à présent, le trop grand nombre d'individus présents, mais surtout le fait qu'il était impossible d'approcher les championnes à cause des Aurors qui assuraient la sécurité du lieu, l'avaient empêcher de mettre en oeuvre son plan. Sans doute lui faudrait-il plutôt agir de façon indirecte, en faisant parvenir à la Radgentis un objet piégé ou quelque chose du genre. En réalité, la tâche s'annonçait réellement difficile et la bulgare avait du mal à ne pas se laisser aller à un certain accablement.

Contrairement à ce qu'elle avait espéré, Ava n'avait pas pu trouver la tranquillité dont elle avait besoin dans son dortoir. En effet, celui-ci avait été envahi par une multitude de jeunes pré-pubères qui jacassaient telles des dindes prêtes à être farcies pour Noël. Fortement agacée, la bulgare avait alors fermé d'un claquement fort le livre massif sur lequel elle essayait de se concentrer en vain, faisant du même coup stopper les caquètements incessants des jouvencelles. Les fusillant de son regard froid, elle avait préféré s'éclipser, de peur que ses nerfs ne finissent par lâcher et qu'on n'ait à déplorer un accident. Mais en ce jour, même le château semblait s'être ligué contre elle. Les escaliers capricieux de l'édifice légendaire n'avaient eu de cesse de lui jouer des tours, l'emmenant à chaque fois dans des directions qu'elle ne souhaitait pas prendre. Alors qu'ils avaient enfin décidé de stopper leurs mouvements interminables au niveau du deuxième étage, elle trouva refuge dans les toilettes désaffectées qui s'y trouvaient. Sauf que, contrairement à ce qu'il en était plusieurs mois auparavant, l'endroit avait été nettoyé de fond en comble et remis en état d'usage. Ce qui signifiait que même ici, elle risquait d'être dérangée par des indésirables. Afin de remédier à cela, la bulgare empoigna sa baguette de vingt-cinq centimètres et lança sur la porte un Collaporta. Ce ne fut qu'une fois cela fait qu'elle remarqua le silence étonnant qui régnait dans la pièce. Elle s'approcha de l'un des lavabos qui ornaient le mur en face des toilettes et fit couler de l'eau afin de s'humidifier le visage. Le contact de sa peau avec le liquide frais fit légèrement retomber la contrariété qui avait pu lui nouer le ventre juste avant. Elle se redressa et dévisagea son reflet dans le miroir qui lui faisait face. Appuyée ainsi contre le bord du lavabo, elle lança un regard aux larges bracelets en cuir qu'elle portait aux poignets. Personne ne pouvait les voir mais Ava savait bien qu'elles se cachaient en dessous, ces affreuses cicatrices que son père lui avait légué. C'était comme la marque d'une malédiction impossible à lever qui lui ferait se rappeler des sombres heures qu'ils lui avait fais passer, et ce jusqu'à la fin de ses jours.

Alors qu'elle avait à nouveau porté son regard sur sa propre silhouette, un bruit suspect provenant de l'un des toilettes derrière elle la fit sursauter. Sur ses gardes, Ava saisit sa baguette et se retourna, prête à faire face à l'intrus qui venait la déranger.

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