La journée avait mal commencé. Je m'étais levé en retard. J'étais parti en retard. J'étais arrivé à Poudlard en retard. Et quand j'avais voulu grimper à la bibliothèque, l'aile est avait été fermée. Ca faisait un bout de temps que les aurors l'avaient condamnée pour je ne sais quelle raison, mais j'arrivais pas à m'y faire. C'était le chemin le plus court et le plus utilisé. Alors, j'avais fait des détours. J'avais emprunté les couloirs. Je m'étais même perdu. J'avais salué la bibliothécaire avec un sourire. Je l'avais appelée par son prénom. J'avais complimenté sa tenue et la fraîcheur de sa peau. Mais ça n'avait pas marché. Les piles de bouquin à ranger étaient déjà hautes comme des montagnes. C'étaient mes travaux d'Hercule. J'ai balayé les rayons. J'ai lancé des sorts à la con. J'ai flirté avec les élèves. J'ai mis mon masque et mon costume pour ne pas penser à tout ce qui devenait trop compliqué. J'ai passé le temps. Et enfin, à midi, c'était la délivrance. J'ai rendu mon badge. J'ai claqué la porte. Et juste comme ça, la course pouvait commencer.  La course pour aller jusqu'à la grande salle. Pour me faufiler dans les cuisines. Pour voler ma nourriture. Pour ne pas me faire prendre par La Garde. Ni par personne d'autre, d'ailleurs.

Je descendais les dernières marches quand je l'ai vue. Lucy. Ca ne pouvait pas être qu'une coïncidence. Ca faisait des semaines que je voulais lui parler, mais à chaque fois que j'approchais, elle réussissait à s'en aller. Elle me filait entre les doigts, comme un mirage que je ne pourrais jamais atteindre. Et, parfois, j'en arrivais même à me demander si j'avais pas rêvé. Lucy, ça aurait dû être l'histoire d'une nuit. C'était comme ça que je l'avais vécu. C'était comme ça que je l'avais voulue. Mais je me souviendrais toujours du moment où je me suis réveillé et où j'ai vu son corps mutilé. Les cicatrices se mêlaient aux plaies et dansaient sur ses bras. Sa maigreur maladive m'avait fait peur. Je crois que c'est pour ça qu'elle est partie. Elle a lu dans mon regard toute la frayeur que j'éprouvais. En temps normal, je n'aurais pas cherché plus loin. Je l'aurais laissée fuir parce qu'elle ne m'était d'aucune utilité. Comme je l'ai dit, c'était juste un coup d'un soir. Et ça ne serait jamais plus que ça. Sauf que déjà, je me mentais. Déjà, elle était plus qu'un simple nom qui se rajoutait à la liste. Parce qu'elle était comme moi. Une écorchée vive. Et je savais que moi seul pourrait la sauver. Je m'étonnais moi même de mes élans de générosité, alors je me cachais derrière des prétextes. Lucy avait passé la nuit dans ma chambre moisie. Elle savait ce que j'étais. Ce serait ça, mon excuse. Ce serait ça, la clé.

Alors j'hésitais. A droite, les cuisines. A gauche, elle. A droite, la sécurité dans le risque. A gauche, le danger dans la fuite. Je me suis maudit  dans un soupir quand j'ai commencé à me diriger vers elle. Quel con. Mais quel con. Je ne comprenais pas pourquoi je faisais tout ça pour une fille. Pourquoi j'abandonnais ma survie pour la sienne. Ou plutôt, je ne voulais pas comprendre. C'était toujours plus simple de se réfugier dans des mensonges que de regarder la vérité droit dans les yeux. Je ne lui ai pas laissé une chance de s'enfuir. Ma main a serré son bras. Peut-être un peu trop fort. Peut-être un peu trop longtemps.

« Le moins qu'on puisse dire, c'est que t'es pas facile à trouver.   »

Elle s'est retournée vers moi. J'avais oublié combien elle était jolie. Je me suis senti con, perdu dans mon silence, dans mes mots, mais je ne pouvais pas perdre mes moyens. Pas maintenant que je la tenais. Pourtant, c'est ce que j'ai fait. J'ai oublié me stratégies et mes calculs. Et j'ai prononcé les mots, détaché, froid. Je ne trompais personne.

« La dernière fois, les marques sur tes bras. Tu m'expliques ?   »

J'ai relâché son bras. Elle pouvait s'enfuir si elle le voulait. Mais je savais qu'elle ne le ferait pas.

Fuir. Fuir pour mieux oublier, pour mieux garder les secrets les plus inavouables cachés aux yeux du monde. C’est ce que faisait Lucy. Elle fuyait pour ne pas parler de ça, pour ne pas avoir à s’expliquer, à expliquer le monstre qu’elle était. Depuis cette nuit-là, depuis le réveil difficile, elle n’avait cessé de se faire plus de mal multipliant les plaies sur son corps. Elle s’en voulait, elle se trouvait stupide d’avoir eu ce moment de faiblesse qui lui a été fatale. Il savait, il avait vu ces marques et elle le fuyait. Lorsqu’elle fermait les yeux et qu’il lu arrivait de penser à lui, tout ce qu’elle revoyait c’était ses yeux effrayés de voir ce qu’elle était. Elle s’était enfuie sans lui laisser le temps de faire quoique ce soit. Elle ne voulait pas lui expliquer, elle ne voulait pas lui avouer qu’elle se détestait. Mais elle se réconfortait en se disant qu’elle avait aussi percé à jour son secret. Elle ne le dirait à personne. Elle le comprenait tellement et pourtant, elle préférait l’éviter lorsqu’il essayait de l’approcher. Elle ne voulait pas faire face au jugement qu’elle verrait dans ses yeux. Elle avait peur de voir l’accusation et la pitié dans ses yeux alors elle préférait se mentir en se disant qu’il essayait de lui parler afin de lui demander de garder ce qu’elle savait pour elle. Pourquoi le dirait-elle de toute manière ? Elle qui ne fait que mentir à tout le monde en disant que tout va bien, qu’elle n’a jamais été aussi heureuse de sa vie depuis qu’elle est à Poudlard. Elle allait un peu mieux oui mais ses démons ne partaient pas eux.

Elle devait aller à la bibliothèque alors elle prit le chemin de l’aile est, oubliant une fois de plus qu’elle était fermée. Elle était en bas d’un escalier lorsqu’elle sentit une pression sur son bras qui la fit se retourner.

« Le moins qu'on puisse dire, c'est que t'es pas facile à trouver. »

Son cœur se mit à battre plus vite. Elle paniquait. Il avait réussi à lui mettre la main dessus. Elle le regarda et tout ce qu’elle vit dans son regard c’était des questions. Elle fut quelque peu déstabilisée. Elle pensait qu’elle verrait de tout sauf toutes ces questions qu’il avait envie de lui poser. Elle détourna son regard. Elle avait envie de lui dire que c’était tout simplement parce qu’elle l’évitait mais elle ne le fit pas. A quoi bon de toute manière, ça ne changerait rien. Il allait lui demander ce qui ne tourne pas rond chez elle. Et elle ne trouverait aucune excuse pour expliquer ses scarifications. Le silence était pesant entre eux. Il l’observait et elle essayait de ne pas rougir sous son beau regard. Finalement, il finit par prendre la parole.

« La dernière fois, les marques sur tes bras. Tu m'expliques ?   »

Sa voix avait été froide, son ton détaché. Lucy, elle, avait envie de le fuir mais quelque chose l’en empêchait. Elle avait l’impression que peut-être il pourrait l’aider, que peut-être il se sentait concerné au fond. Ce serait bien le seul d’ailleurs. Mais, elle n’était pas prête à lui lâcher la moindre information alors, elle changea de sujet.

« T’as vu tous ces aurors dans l’aile est ? J’ai bien envie d’aller voir ce qu’il se trame là-bas…Tu viens avec moi ? »

Cette invitation, c’était comme si c’était une décision qui serait la clé pour August. S’il décidait d’y aller avec elle alors elle lui expliquerait sûrement. S’il ne venait pas, elle ne lui dirait rien.

« T’as vu tous ces aurors dans l’aile est ? J’ai bien envie d’aller voir ce qu’il se trame là-bas…Tu viens avec moi ? »

J'ai froncé les sourcils. Elle se foutait de ma gueule. C'était pas possible autrement. J'avais l'impression de perdre mon temps à essayer de rattraper une fille qui n'en avait rien à faire. J'aurais pu me barrer. Peut-être même que j'aurais dû. J'ai jamais eu le courage de le faire.

« C'est une blague ?  »

Je me suis rapproché d'elle. J'ai essayé de peser le pour et le contre. J'ai regardé l'entrée des cuisines, toujours libre. J'ai repensé au vide dans mes placards. A la faim qui se faisait ressentir au milieu de la nuit. Puis j'ai repensé aux marques sur son corps. A la détresse dans son regard quand je l'ai surprise. A cette urgence de tout me cacher. Peut-être qu'elle avait raison. J'avais jamais fait partie des anges, et je finirai certainement par la faire souffrir, puisque c'était la seule façon que j'avais trouvé pour me protéger des autres. Le problème, c'était qu'elle savait que je mentais au monde entier. Elle savait que j'étais qu'un crève-la-faim qui se faisait passer pour ce qu'il n'était pas. De riche, je n'avais que le nom. Tout le reste, c'était une vaste illusion que je recréais jour après jour jusqu'à ce que personne ne puisse plus jamais y croire. Quelque part, j'étais persuadé qu'elle faisait la même chose. J'ai poussé un soupir, résigné.

« Bon, admettons que j'accepte. On procède comment ? Parce que vu la gueule qu'ils tirent, je doute qu'ils nous laissent passer, même si tu leur offres ton plus beau sourire, Blondie. »

« C’est une blague ? »

Il s’était rapproché d’elle. Elle l’avait laissé faire. Il n’avait pas l’air d’avoir apprécié la proposition de Lucy. Pourtant, s’il savait qu’à la fin de tout ça, elle finirait par tout lui dire, il n’aurait pas réagit pareil. Elle le voyait regarder vers les cuisines, elle le voyait hésiter entre la suivre ou sûrement aller chercher de la nourriture. Lucy n’était pas dupe, elle savait bien qu’il n’avait pas les moyens et qu’il ne devait pas manger à sa faim. Elle, elle s’était acheté un sandwich qu’elle n’avait pas mangé et qu’elle avait gardé dans son sac pour faire croire qu’elle allait l’avaler plus tard. Alors, elle envisageait de lui donner s’il venait avec elle.

« Bon, admettons que j'accepte. On procède comment ? Parce que vu la gueule qu'ils tirent, je doute qu'ils nous laissent passer, même si tu leur offres ton plus beau sourire, Blondie. »

Elle rit à ce surnom qu’il venait de lui donner. Si seulement il savait qu’elle avait failli se teindre en brune il y a peu.
« Mon plus beau sourire peu faire des ravages. » Elle lui sourit avant de reprendre mon sérieux. « On a qu’à les observer, essayer de voir leurs habitudes. Il y a bien un moment où ils font une pause pour qu’on puisse y rentrer. »

Elle prit son sac et chercha le sandwich. Elle lui donna en espérant qu’il ne fasse pas d’histoires ni qu’il essaie de l’en dissuader. Elle le referma et ils se mirent à faire des allers-retours tout au long de la journée. Bien sûr, il avait essayé de savoir ce qu’étaient les marques sur son corps mais elle éludait toujours ses questions par un autre sujet. August avait toujours l’air agacé par son attitude mais elle en avait cure. Ils finirent par remarquer qu’entre 14h et 14h20, la voie était libre. Ils décidèrent de se donner rendez-vous pour ce créneau là. Le lendemain, lorsqu’ils revinrent, ils eurent bien évidemment le champ libre et entrèrent dans l’aile est. Sauf que l’aile était vaste et que plusieurs chemins étaient possibles. Lucy regarda August.

« On passe par où ? »

Ils convinrent donc après discussion rapide de passer à droite pour voir ce qu’ils y trouveraient.

Celui qui a dit que la patience est d'or n'avait décidément pas vécu mon calvaire. Le pire, c'est que j'aurais pu abandonner. J'aurais pu lui dire d'aller se faire voir et continuer ma routine comme si de rien n'était. Mais non, j'étais revenu le lendemain, comme un con, à attendre des réponses que je n'aurais peut-être jamais, parce que j'avais beau lui demander franchement ou faire des sous entendus de moins en moins subtiles, elle continuait à fuir. La patience est d'or, mais la persévérance est de platine. Je me cachais derrière des prétextes. Parce qu'elle m'avait filé son sandwich la veille, peut-être qu'elle referait la même chose, et c'était un risque en moins pour moi. Ca n'avait aucune logique. Aucune. Parce que je risquais plus gros à me faire prendre dans ce couloir qu'à voler dans les cuisines. Mais j'y croyais, j'avais pas le choix. J'avais pas le droit de me faire avoir par une fille. Plus on avançait, plus on entendait des bruits étranges. Comme des souffles, des grognements. J'avais aucune idée de ce dont il pouvait s'agir, mais je continuais à la suivre, tout en surveillant nos arrières. On n'était que deux gamins face à cinq aurors. On ferait pas long feu s'ils nous trouvaient.

« Sérieusement, Blondie, j'espère que tu sais ce que tu fais. »

Après plusieurs minutes de marche, on s'est retrouvé devant une porte. Les souffles avaient l'air de provenir de là. Le problème, c'était que la porte était fermé. Et je me doutais bien qu'un simple alohomora ne ferait pas l'affaire. Excédé par son attitude, impatient d'obtenir des réponses et de sortir de cette galère, je lui ai fait signe de se reculer et j'ai lancé le premier sort qui m'est passé par la tête.

« Bombarda. »

La porte a volé en éclats dans un bruit trop fort pour ne pas nous faire repérer. Une fois que le nuage de poussière s'est dissipé, une fois que le silence a repris le contrôle de son royaume, une fois qu'on pensait que tout se terminerait, le destin lançait les dés et frappait à nouveau. Un troll, un horrible troll dégoutant qui puait la bouse de dragon s'élança vers nous. J'ai esquissé une moue dégoutée.

« Bon, eh bien je pense qu'il est temps de tester les pouvoirs  ce fameux sourire.  »

J'avais aucunement l'intention de combattre cette créature stupide alors j'ai commencé à reculer. Mais Lucy avait d'autres projets. Elle s'apprêtait à l'attaquer.

Ils étaient passés à droite. Elle ne savait pas pourquoi mais ça leur avait paru comme une évidence. Enfin, ça lui avait paru à elle comme une évidence. Lui, il la suivait juste pour essayer d’avoir des réponses qu’elle n’était pas prête à lui donner. En fait, elle avait peur en quelque sorte. Elle savait quel monstre elle était et le jugement qu’elle verrait dans ses yeux. Elle n’était pas dupe, elle savait qu’il la jugerait après tout, ça faisait partit des habitudes du milieu dans lequel il vient. Elle l’avait bien côtoyé et ça avait d’ailleurs contribué à sa descente aux enfers. Plus ils avançaient et plus ils entendaient des bruits, des sortes de grognements. Lucy n’était pas rassurée mais elle ne laissait rien paraître.

« Sérieusement, Blondie, j'espère que tu sais ce que tu fais. »
« Quoi ? T’as la trouille ? »

Elle plaisantait mais en fait, elle ne savait absolument pas ce qu’elle faisait et dans quoi elle les embarquait. Après quelques minutes encore à marcher, ils arrivèrent devant une porte. Les bruits étaient bien présents et après réflexion, ça venait bel et bien de derrière cette porte. Lucy essaya de l’ouvrir mais elle était fermée. August lui fit signe de se reculer d’un geste assez impatient. Elle s’exécuta.

« Bombarda. »

Lucy sursauta au fracas que la porte venait de faire en explosant. Elle était en colère contre lui. Le but n’était pas d’attirer l’attention et c’est clairement ce qu’il venait de faire. Mais elle ne lui dit rien, elle n’avait pas envie de commencer à se prendre la tête avec lui. Elle le fera déjà bien assez tôt lorsqu’elle lui déballera tout. Une fois la poussière dissipée, ils furent pris de court par l’imposant troll qui se trouvait devant eux. Il puait et c’était vraiment infect comme odeur. Lucy avait le cœur au bord des lèvres.

« Bon, eh bien je pense qu'il est temps de tester les pouvoirs de ce fameux sourire. »

Non, il était hors de questions qu’ils fassent machine arrière. Elle s’avança vers le troll. Elle était prête à l’attaquer, elle n’allait pas reculer maintenant et surtout, elle repoussait un peu plus sa discussion avec le bel étudiant.

Putain de troll. Lucy avait lancé un incarcerem sur la bête qui était tombée de tout son poids juste en face de moi, sans oublier de lâcher son gourdin en ma direction. Vous connaissez, ce sentiment ? Vous pensez tellement fort que vous allez mourir que vous ne prenez même pas la peine de bouger. Vous restez là, pétrifié, à attendre la sentence. Le temps s'arrête, votre vie défile sous vos yeux. Enfin, ça c'est ce qu'on aimerait nous faire croire. La vérité, c'est que tout va trop vite pour prendre conscience de l'ampleur des dégats. Le troll tombe avec un grognement immonde. Le gourdin s'abbat sur votre bras et déchire votre peau. Vous vous retenez de pousser un cri pour ne pas attirer plus l'attention, mais la douleur vous fend le crâne. La douleur prend possession de votre corps. Elle bat avec votre cœur. Elle vous saigne jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien. Ma vision s'est brouillée, et j'ai dû m'appuyer contre le mur pour ne pas tomber. Putain de troll. Ce con m'avait cassé le bras avec son gourdin de merde. J'étais dans une colère noire, parce que j'avais pas le luxe de me blesser. J'avais pas le luxe de prendre un jour de congé pour récupérer de l'attaque. J'avais pas le luxe de perdre du temps. Alors j'ai pris ma baguette à mon tour et j'ai lancé un lance flèche. Cette fois-ci, ça l'a immobilisé. J'ai appuyé avec mon autre main sur l'entaille pour éviter que ça ne saigne trop. Mais j'avais déjà perdu beaucoup de sang et je tiendrais pas bien longtemps. On est rentré dans la pièce qu'il semblait garder, et j'ai ouvert la bouche de stupeur. Des armoires à disparaître. Des tableaux. Des dossiers.  Des dossiers sur chacun d'entre nous. Mais surtout un cadavre qui empestait la mort.

« C'est quoi ce bordel ?  »

J'ai continué à râler. L'odeur me soulevait le cœur. J'en avais marre, on n'était pas censé être ici. Clairement, on n'était pas censéêtre ici. Et d'ici quelques minutes, ils reviendraient. Ils verraient les flèches fichées sur ce con de troll. Ils verraient le sang. Ils verraient tout le reste. Et on serait pris au piège. J'avais pas les moyens de me payer un avocat. J'avais pas les moyens de partir dans des aventures, comme ça. J'ai poussé un soupir. Et mon bras me faisait souffrir le martyr.

«  Il faut qu'on y aille.  Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ton copain le troll m'a foutu le bras en l'air. Et si tu crois que tu vas t'en sortir comme ça...  »

Lucy avait lancé un incarcerem qui avait valu à son camarade d’être blessé au bras. Elle s’en voulait et regrettait d’avoir lancé ce sort sans même réfléchir à deux fois. Mais, elle avait cru que les liens seraient assez solides pour qu’ils puissent passer sans que le troll ne se détache avant un petit moment. Elle s’était trompée et elle savait qu’August lui ferait payer. Il ne pourrait pas en être autrement surtout que c’était elle qui l’avait attiré là-dedans afin d’éviter la discussion qu’elle ne voulait pas avoir avec lui. ca pouvait paraître bête mais elle ne voulait pas lui exposer ses défauts, ses démons. Malgré qu’elle connaisse son secret, il avait quand même tout pour lui alors, lui parler de tout ça reviendrait à lui montrer à quel point elle est une merde à côté de lui. Il avait lancé un lance-flèche et ce sort avait marché. Elle regrettait de ne pas y avoir pensé avant et se maudissait intérieurement. Ils avancèrent et entrèrent dans une pièce où une odeur immonde régnait dans la pièce. L’odeur provenait d’un cadavre stocké au fond de la pièce. Cette dernière était constituée d’armoires, de tableaux, de dossiers à perte de vue. Elle n’en revenait pas et elle pouvait voir que le jeune homme aussi.

« C'est quoi ce bordel ? »
« Je sais pas… mais je le sens pas… »

Elle savait que ça aurait le don de l’irriter mais elle n’allait pas mentir. Elle ne savait pas ce que c’était et elle ne savait pas ce qu’ils allaient découvrir mais quelque chose lui disait qu’elle les avait embarqué dans une histoire qui risquait de finir mal. Ils étaient restés là un bon moment malgré l’odeur qui leur soulevait le cœur. Elle observait les moindres recoins de la pièce. Elle examinait chaque détail qui attirait son attention. Tout ça sans toucher à rien puisqu’ils n’avaient absolument pas le droit d’être là et elle ne voulait pas prendre le risque qu’on sache qu’ils étaient venus.

« Il faut qu'on y aille.  Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ton copain le troll m'a foutu le bras en l'air. Et si tu crois que tu vas t'en sortir comme ça... »

Elle roula des yeux et secoua sa tête dans un mouvement blasé. Il n’avait pas besoin de lui répéter ça, elle le savait déjà. Elle savait qu’il n’allait non seulement pas la lâcher mais qu’en plus, il allait lui remettre ça sur le tapis à chaque fois.

« Oui je sais monsieur rabat-joie. Sortons d’ici… »

Ils sortirent de la pièce mais bien vite, ils se rendirent compte qu’ils allaient avoir un léger problème. Les aurors étaient devant la porte et  à moins qu’ils se cachent et attendent pendant une journée jusqu’à ce qu’ils ne soient plus là, ils allaient devoir trouver un moyen de sortir de là. Lucy se mit à réfléchir à toute vitesse. Ils avaient trois choix : faire exploser la porte, passer par un des murs en faisant un trou dedans ou alors, sortir comme si de rien n’était par la porte. La meilleure solution était le mur selon elle. Alors, elle dit à August de se reculer et fit un trou dans un des murs. Son cœur battait à toute vitesse et elle savait qu’ils allaient devoir partir loin de cet endroit le plus vite possible.