Maksim&Perpetua

« see the night beyond the sky »

Vingt-heure passé et je trainais dehors. Je n’avais pas envie d’aller manger avec les autres. La rentrée n’allait pas tarder, et d’ici là d’autres élèves allaient arriver. Beaucoup d’élèves. Je n’étais pas du tout à l’aise avec l’idée d’être entouré d’inconnus. J’avais besoin de connaître mieux l’environnement qui m’entoure pour me sentir en sécurité. Même quatre années n’avait pas suffi à Durmstrang. J’avais, donc, encore quelques jours de « liberté » devant moi. Je m’étais éclipsé de la tour des Gryffondors avant le repas. Je ne comprenais toujours pas qu’on m’ait envoyé dans cette maison. Courage. Bravoure. Audace. Rien ne me correspondait. Folie. Inconscience. Stupidité. Je ne me voyais pas comme un héros. Je n’en serais jamais un. Comment un homme qui avait dévoré son frère, sous l’influence d’une créature immonde pourrait-il être un héros ?
Je marchais dans les couloirs de l’école, me dirigeant vers l’extérieur. Je devais avouer que cette école avait de quoi vous en mettre plein la vue. Une jolie architecture, un parc, un lac et la forêt interdite. Cette dernière m’intriguait et allait surement me servir pendant les pleines lunes. Personne ne devait être au courant pour mon secret. Je ne voulais pas blesser quelqu’un de nouveau. Etre métamorphe était aussi dangereux qu’être loup-garou. J’enviais leurs situations, eux ne se rappelait pas leurs méfaits. Ils n’ont pas à vivre avec ces images sanglantes, ces souvenirs atroces. Si je pouvais effacer de ma mémoire ce qui me trouble, je pourrais enfin dormir en paix. Mais c’est impossible. Chaque nuit je revois mes propres mains couvrirent le corps de Becks, répandant son sang partout sur sa peau et la mienne. J’avais beau me laver les mains des centaines de fois par jour, je sentais encore le liquide pourpre dégouliner de mon épiderme.

Le ciel s’assombrissait, partiellement étoilé, s’étalait enfin au-dessus de moi. Je continuais de marcher, mes pieds s’enfonçant dans la terre de ma nouvelle école. Je me dirigeais vers le lac, quand je distinguais une forme non loin des buts du terrain de Quidditch. Quelqu’un s’entrainait. Un faible sourire naquit sur mes lèvres à l’idée que quelqu’un d’autre loupait le repas. Je partageais cela. Le Quidditch. Un sport que jamais je n’aurais pensé pratiquer,à l’inverse de Becks. Il était fan de ce sport, se rêvant à devenir un champion aussi célèbre que Viktor Krum. Ses exploits avaient traversés les époques, rendant euphoriques bon nombre de garçonets. Sauf moi. Moi, ce que je voulais, c’était découvrir le monde. Voyager sans s’arrêter, en apprendre sur la magie, les sorciers et les créatures magiques. Si j’avais su que j’allais en devenir une…
Et voilà que j’étais batteur dans l’équipe de Gryffondor. Une idée folle des professeurs. Mon dossier scolaire parlait d’un trop plein d’énergie, d’agressivité. Et selon eux, je pourrais en faire bon usage en renvoyant leurs cognards. Je n’avais pu émettre mon avis, je devais obéir et c’est tout. Heureusement que j’étais déjà monter sur un balais auparavant, sinon je ne donnais pas cher de ma vie. J’empruntais le chemin menant au stade, curieux de savoir qui s’entrainait à cette heure-ci.

C'est alors qu'elle croisa son regard, d'abord étonné puis fermé. La porte se ferma dans le même grincement qui déchirait alors le silence de la nuit, tandis que le cliquetis de la serrure annonçait que cette fois-ci, le terrain de Quidditch était clos. Elle se débattit encore avec son balais et déchirant sur trois centimètres sa cape de sorciers , elle se leva et épousseta sa jupe pleine de terre et de poussière. Perpetua l'avait reconnu, le grand gaillard qui venait de bousiller son entrainement jusque là parfait. Vitali. Un russe qui avait préféré le climat Anglais, du moins, c'est ce qu'elle pensait. Elle lui afficha un grand sourire et tira sur son balais pour le défaire de l'emprise de la terre, ramassa le saouffle qui se trouvait à quelques mètres d'elle et s'avança vers Vitali.

- Je vois que je ne suis pas la seule à sauter l'heure du repas...

Dit-elle, sans s'arrêter lorsqu'elle passa près de lui et se dirigea vers les gradins les plus bas. Elle enleva sa cape et la jeta sur son sac, déversant encore un peu plus son contenu sur le bois resplendissant des bancs neufs. Puis Perpetua marcha vers le centre du terrain, shoota dans la caisse qui enfermait les cognards et monta sur son balais qui s'éleva dans les airs. Là, elle fixa Vitali avant de lui lancer :

- On a besoin d'une nouvelle figure...ou tactique, peu importe !

Elle enchaîna sur place un salto arrière avec son balais, son rire raisonnait dans l'arène. On aurait pu croire qu'elle était folle, ou qu'elle avait trop d'oxygène dans son sang.

- Essaie de me viser en envoyant un cognard droit vers moi, au dernier moment, je l'éviterais et BOOM !

Elle mima une explosion avec les bras tout en basculant la tête en bas, seulement retenue par ses jambes autour du balais. Elle s’esclaffa de nouveau avant de continuer son explication grotesque.

- L'adversaire se prendra le cognard en pleine citrouille et je pourrais prendre le souaffle!

Perpetua était folle, inconsciente, mais rusée. Sur ces derniers mots, elle se remise droite sur son balais et fit quelques tours de terrain en attendant son co-équipier. Depuis là ou elle était, elle pouvait voir le château très nettement. Effacé par la nuit noire mais parsemé de petites lumières qui s'assombrissaient dès qu'un élève passait devant la fenêtre. A en juger par le nombre d'élève qui trottaient dans les couloirs, le repas devait toucher à sa fin. Son ventre émit un grognement sourd qu'elle ignora en frappant sur son estomac, bien décidée à ne manger que lorsqu'elle aura finit de se défouler. Mais la vue du château n'était pas la seule chose qu'elle voyait depuis son perchoir à plusieurs mètres du sol. Elle voyait aussi le champ sur lequel son frère était mort. Là, elle se retourna l'air contrarié.

- Hé beh ! Qu'est-ce que t'attends?

Oui, Perpetua n'était pas patiente, surtout lorsqu'il s'agissait de Quidditch. Mais c'est à ce moment là que le cris du cognard fila dans l'atmosphère, un sourire naquit sur ses lèvres qu'elle ne put effacer et elle fila à toute allure, enchainant quelques galipettes lorsque la ligne droite l'ennuyait. Le vent fouettant son visage, elle écoutait le silence, guettant l'arrivée d'un cognard.

J’avais donc raison. Quelqu’un s’entrainait, Perpetua, une camarade gryffondor et co-équipière de Quidditch. Je ne connais pas beaucoup cette fille mais je sais qu’elle est très douée comme Poursuiveuse. Je ne suis donc pas étonnée de la voir s’entrainer. Un faible sourire nait sur mes lèvres lorsqu’elle me remarqua et s’adressa à moi. Elle dégagea son balai, s’empara du souaffle. Voulait-elle que je m’entraîne avec elle ? Le quidditch, c’était bien les seuls moments où je m’autorisais à me mêler aux autres. Et Perpertua ne m’avait rien fait de mal.

La gryffy se redirigea vers le terrain, direction le coffre des balles. Un large sourire ornait son visage, et elle shoota dans le coffre, libérant les cognards. Son balai s’éleva, elle avec. Les filles étaient bien plus gracieuses en vol que nous. Je posais ma cape à côté de la sienne, et m’avançais vers le terrain, mon balais que j’avais pris soin d’invoquer en main. Nous allions voir ce dont nous pouvions être capable. La jeune fille virevoltait sur son balai, le vent remuant ses cheveux et son rire. Elle était pleinement heureuse lorsqu’elle était en vol. Je pris une batte dans la caisse et m’élançais. J’aimais le contact du manque dans ma main, son poids, son cuire contre ma paume. Je me sentais utile avec. J’avais un rôle à jouer.
Elle voulait une nouvelle figure, un mouvement de notre création qui nous permettrait de feinter l’adversaire, et pourquoi pas rafler des points. J’avais un esprit de compétition. Je voulais gagner à n’importe quel prix, et je me dépassais pour y arriver. Face aux serpentards, je devrais démontrer toute ma force. Leurs supporters avaient tendance à nous rabaisser, à se moquer, et il me faudrait leur en mettre plein la vue. Je me hissais à la hauteur de Perpetua lorsqu’elle me titilla. « Ce que j’attends ? C’est que t’arrives à éviter ça. » J’avais vu le cognard arriver dans notre direction, le minuscule point noir grossissant à vue d’œil. Sifflant. Je levais ma batte, resserrant mes doigts dessus et d’un léger mouvement du poignet, je frappais dans la balle, l’envoyant droit sur Perpetua. Ma force naturelle couplée à celle de mon « autre » moi pouvait faire des ravages. Lors de mon entrainement à mon arrivée, encore sous le coup de la colère de mon départ, j’avais frappé dans le cognard que ma batte y avait laissé son empreinte. Ca avait décidé les profs de me retenir dans l’équipe des rouge et or. On était fier de moi, on me voulait dans une équipe. C’était la première fois que je me sentais important.


Je regardais Perpetua réagir face au cognard, se retournant d’un coup. Je voulais voir si sa technique fonctionnait. Elle ne serait pas blessée, elle était bien trop agile pour éviter le cognard. Je me mis en marche, volant légèrement sur la gauche. J’étais prêt à lui lancer un nouveau cognard, histoire de lui faire lâcher le souaffle. C’était le but après tout. Nous avions une très bonne équipe, nous devions encore plus nous entrainer si nous voulions remporter la coupe. « Tombe pas de ton balai surtout. » Je souriais franchement. Un instant de liberté où je pouvais être moi. Pas de prise de tête, de souvenirs macabres.

Perpetua se sentait aussi légère qu'une plume de phénix et le vent qui sifflait dans ses oreilles ne lui disait pas le contraire. Elle était ailleurs, comme si être sur un balais à des dizaines de mètres au dessus du sol, lui faisait oublier ses problèmes. Dès qu'elle tapait du pied pour décoller, elle laissait son anxiété sur le sol du domaine de Poudlard et le coeur léger, elle riait à s'en froisser les abdos. Parce que oui, rire, c'est du sport. Elle repensait au mot qu'elle avait reçu, oubliant sa dispute avec Elijah, oubliant l'être de l'eau, oubliant sa colle en cours d'histoire de la magie, oubliant tout et ne se concentrant que sur ses souvenirs les plus heureux, comparant le quidditch à un thérapie des plus grands médicomages de St Mangouste.

Le souaffle son sous bras, elle filait à toute allure, frôlant par moment les gradins, ne se souciant que peu du danger. Le vent sifflait encore dans ses oreilles, mais plus elle filait, plus elle avançait, le sifflement se transformait en un cris étrange, magique.

Le cognard.

Perpetua, sans se retourner, changea brusquement de direction, espérant ainsi éviter le cognard. Mais trop dans les nuages, elle tourna trop en retard, et le cognard toucha la paille de l'arrière de son balais. Dans un mouvement étrange, elle s'envola les bras en l'air, dans les gradins. Son balais fila droit dans les tribunes et tomba entre deux banc sans même se casser tandis que le souaffle tomba droit en bas, sur le sol du terrain. Sans suivit un long silence, durant lequel Perpetua reprit ses esprits avec un peu de mal. Mais, ignorant sa cravate rouge et jaune qui pendait maintenant dans son dos, les quelques boutons de chemises éparpillés dans les gradins et sa jupe donc la fermeture éclair se trouvait à l'opposé de là ou elle se trouvait, elle se leva tout aussi brusquement que son changement de direction précédent. Les poings levés, elle s'écria.

- Ça fonctionne ! Ça marche !

Bien qu'on aurait pu croire que sa chute était synonyme d'échec, Perpetua hurlait sa victoire sans se préoccuper du bruit qu'elle pouvait faire, et donc des problèmes qu'elle pouvait attirer, autant à elle qu'à Vitali. La jeune sorcière s'empressa de récupérer son balais, trébuchant sur quelques planches de bois qu'elle avait cassé en tombant, ignorant les bleus qu'elle venait de se faire. Toute décoiffée, les cheveux hérissés sur le crane, elle tapa du pied et s'envola, ne cherchant même pas à se rhabiller. Perpetua ressemblait maintenant au personnage fou qui résidait dans un des tableaux du couloir qui menait à la salle commune desGgryffondors, ce qui sied totalement à sa personnalité. Elle fonça droit vers le sol et rafla d'une main le souaffle qu'elle nicha sous son bras. Dans l'obscurité, elle chercha Vitali du regard, ce qui devenait de plus en plus difficile à mesure qu'ils s'entrennaient.

-Vitali ? lança-t-elle face au silence qui pesait autour du terrain de quidditch.

Perpetua entama un tour de terrain, tendant l'oreille pour une réponse.