Nous avons toujours eu peur. Depuis le début. Mais la peur ne nous a empêchées de rien. La colère, la haine, la vengeance nous guidait. Après tout, nous n’avions plus rien à perdre. Nous étions seules ici. Tous s’étaient éloignés de nous. Maman nous avait envoyées dans ce terrible institut. Nous nous souvenons des machines qui trifouillaient notre cerveau. Nous nous rappelons d’Eux qui nous parlaient doucement, avec cet air complaisant qui nous rendait si colérique. Nous nous souvenons aussi du crissement des outils contre les parois métalliques. Nous nous souvenons des cris des Autres…Nous nous souvenons des moindres détails. La douleur nous a longtemps habitées. Nous ne savions pas faire la part du réel et du rêve. Nous étions dans un drôle d’état léthargique. Toi, tu luttais contre la folie. Moi, je t’expliquais que tu devais l’accepter et simplement jouer avec elle. Alors nous nous sommes liées. Je t’ai appris comment faire semblant de taire la folie. Nous affichions une mine enjouée, soignée. Nos regards n’étaient plus éloignés de leur monde. Et pourtant, lorsque la nuit tombait, nous nous laissions submerger par cette étrange maladie qui nous habitait.
Ils ont accepté que nous partions. Maman ne nous avait plus données de nouvelles. Elle nous avait oubliées. Papa aussi…mais lui cela faisait depuis si longtemps. Nous étions seules…

Poudlard. C’était une grande aventure. Les médecins nous y avaient envoyés. Nous n’avions pas rechigné. Nous avions notre idée en tête. Elle s’était installée et avait mûrie. Nous allions les rejoindre. Par conviction et surtout…par désir de vengeance. Nous n’étions pas vraiment là pour des opinions communes. Quelque part, nous étions là pour nous…seulement pour nous. Mais aujourd’hui, nous n’avions conscience de rien. La chasse allait commencer. Nous étions si excitées. L’idée de la détruire…Il ne fallait pas la tuer, mais qu’importe. Nous allions jouer aux chats et à la souris… ! Nous étions un horrible chat.
La salle commune des Serpentard. Nous attendions posté contre le mur, notre visage caché son un masque effrayant. Nous n’étions pas Leyna. Nous étions 19.O8K.3. Nous étions un matricule. Peu de personnes savaient qui nous étions. Il y avait une professeur, une certaine Emma. Puis Seth le saurait bientôt. Peut-être d’autres…nous ne savions pas encore. Nous allions prendre une décision importante après cette chasse à l’homme.

« Que regardes-tu ainsi ? » Notre regard s’était tourné vers une élève de Serpentard qui nous détaillait avec un peu trop d’attention. Elle s’était reculée ; nous nous étions approchées. Notre main fraiche se plaça contre sa joue, nos ongles s’enfoncèrent doucement. Elle se mit à trembler. Nos ongles s’enfoncèrent encore un peu. Elle se mit à pleurer. Nos ongles percèrent un petit fragment de peau. Le sang perla. Ce n’était rien. Nous nous reculions, et observèrent la demoiselle, avec ce même regard éloigné, que lorsque la folie nous envahissait pleinement. Je sens que tu as peur. Tu avais presque oublié cette sensation étrange. Tu t’étais oubliée en moi. Mais rassures-toi, je suis là. La folie, je la contrôle. Rendors-toi.

« Où est Louna ? Je n’ai pas tout mon temps ! » Nous n’avons pas eu à attendre longtemps. Nous la voyons arrivée. Nous l’attrapons par le bras avec la violence dont nous sommes capables.
« Alors ma petite Louna…tu vas découvrir un tout nouvel aspect de la forêt interdite…j’espère que tu es endurante. » Un sourire sur nos lèvres. Nous allons la détruire.