C’était après la nomination de Ben en temps que nouveau champion de l‘école, et bien avant le tournoi. Toute cette pagaille ambiante, tous ses efforts pour nier le chaos ambiants n’avaient donc pas encore lieux d’être. Lily ne pensait qu’à Ben. Seulement lui, et un peu à son acte totalement débile d’avoir déposé son nom dans cette coupe. Elle n’avait pas en tête sa propre bêtise, pas encore. Elle ne s’était pas rendue compte combien ses actes et pensées d’aujourd’hui allait bientôt lui coûter. A ce moment précis, elle ne faisait que suivre son cœur, son instinct, et son amour qui lui criait (hurlait) de sauver Ben, et de tout faire pour l’aider à se sortir du mauvais pas dans lequel il s’était fourré. L’aimait-elle assez pour ça ? Il est difficile de se rendre compte de ce genre de chose, a fortiori quand on a que 14ans, et qu’il s’agit d’une première vraie relation.

Jusqu’à présent, elle avait toujours eut la même vision des choses : Elle vivait dans un monde fait de nuage rose et de bonbons ; les gens étaient gentils, ou ils étaient à Serpentards. Une fille, et encore plus une Blackburn, devait être forte et courageuse afin de devenir une fille parfaite comme sa cousine Hayleen. Elle vivrait bientôt une histoire d’amour parfaite, avec ung arçon tout aussi parfait qui la ferait rire et lui apprendrait plein de chose. Si possible, un blond aux yeux bleus parce que tout le monde sait qu’ils sont les plus sex, et s’il pouvait jouer de la guitare (instrument divin) ou tout autre instrument (même si quand même, la guitare, c’est mieux) eh bah ça serait parfait. Et puis, Ben était arrivé une après-midi de septembre. Avec son sourire rayonnant, ses blagues pas toujours drôles et son attitude qui elle l‘était assurément. Elle l’avait surprise sur la rive en train de noyer son désespoir amoureux à grands goûts de toucher-palper sur sa guitare et ça avait tout émoustillé le cœur de la petite Lily. En quelques temps il était devenu ce prince charmant, parfait : aussi intelligent que déluré, aussi gentil que beau… Et surtout musicien ! A vraie dire, elle avait toujours su qu’il lui plaisait. Et quand pour la première fois leurs deux mains c’était touché et qu’ils avaient ensuite mélangé pour la première fois leurs lèvres, elle n’avait plus eut aucun doute. Elle était sienne. Voila pourquoi, malgré la neige qui tombait sur son visage et humidifié son nez rougie, elle ne pouvait s’empêcher que susurrer les paroles d’une chanson d’amour destine à nul autre qu’au Gryffondor. « I find shelter, in this way. Under cover, hide away. Can you hear, when I say ? I have never felt this way

Et, ce tableau si parfait c’était soudain terni d’une ombre béante d’un noir de jais qui commençait à ronger son histoire. Elle savait qu’elle avait mal réagit. En fuyant les lieux avec Jane au lieu d’affronter et de féliciter son amoureux, elle avait commis le premier impair d’une longue série. Aujourd’hui, maintenant qu’elle connaît toute l’histoire, il est vrai que c’est toujours avec regrets qu’elle regarde ce passage de sa vie. Et particulièrement le moment à venir qui lui tient encore la gorge et sur lequel elle n’a encore la possibilité de poser aucun mot. Ce rempart qu’elle créa, qu’elle décida d’instaurer est l’un de ses plus grands regrets de jeunesse et encore aujourd’hui elle reconnaît avoir agit bêtement et n’avoir réussit qu’à réaliser l’une des plus grosses erreurs de sa vie. « Maybe I had said, something that was wrong. Can I make it better ? With the lights turned on…Maybe I had said, something that was wrong. Can I make it better, with the lights turned on… »

Evidemment, pour l’heure, la brunette n’a aucune idée de ce qui est à venir et de ce que sa décision va modifier. Elle ne fait que marcher dans la neige, sévèrement emmitouflé dans sa haine du tournoi et sa déception de n’avoir pas été prévenue. Ceux qui fêtaient hier les nouveaux champions ne savaient rien de ce que l’enfant vient de subir. L’égoïsme qu’elle ressent n’a d’égale que l’ingratitude qu’elle reprochait à Ben. Elle se vautrait, comme une enfant trop gâtée par la vie, dans ce qu’elle trouvait injuste et irrévérencieux de la part de son amoureux. Et pour ne rien cacher, elle lui en voulait à mort ! L’envie de le fracasser en deux à l’aide de ses maigres petits poings ne lui avait jamais semblé aussi jouissive. Pire encore que lorsqu’elle pensait aux souvenirs et chansons que son ex et lui partageaient… Et malgré tout, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il était tout ce qu’elle désirait, tout ce qu’elle voulait, qu’elle devait faire des efforts, tenter de le comprendre, car… Elle voulait continuer de croire qu’entre lui et elle, quelque chose de fort, de puissant et de profondément beau était né. Quelque chose qui méritait encore qu’elle l’aide, quelque chose qui méritait qu’elle lui pardonne, et qu’il en fasse de même… Tout en prenant conscience de ses propres pensés, de son propre désir de continuer, elle raffermit les mains dans ses poches, marcha d’un pas plus engagé et se promit qu’à partir de maintenant, elle serait toujours là pour lui, et pour tout ceux qu’elle aimait. Car, son attitude égoïste ne méritait pas plus de réactions de la part du champion que de celle de son frère sur qui elle c’était injustement soulagé et vengé. Il faudrait qu’elle s’excuse. Elle regrettait déjà cette violence gratuite dont il avait été la victime...

Son pas plus rapide restait malgré tout sinueux. Elle continuait d’avancer lentement, le vent et la neige la battant et diminuant encore sa cadence. Quoi qu’elle dise plus tard, quoi qu’elle se mette en tête, elle a toujours su qu’elle aurait pu éviter ce moment. C’était une chose que d’y penser, y aller, le faire pour de vrai, transformer ses pensées en actes, ça, s’en était une autre. Et Lily même aujourd’hui sait bien qu’il aurait suffit qu’elle se détourne de ce chemin, de cette voie qui s’offrait à elle et de retourner à Poudlard pour tout annule. Après, quand elle se rendit compte de la gravité et du caractère irrévocable de son acte, il était déjà trop tard. Malheureusement, pour l’heure, la demoiselle était persuadée de faire le bon choix. C’était, la seule façon, n’est-ce pas de continuer à vivre malgré la nomination de Ben, non ? « Could I be, was I there? It felt so crystal in the air. I still want to drown, whenever you leave… Please teach me gently, how to breathe ! » Foutaises. Elle agit en petite fille gâtée et ne voit pas les conséquences de son acte. Ne lie jamais deux fils si tu ne peux pas plus tard les délier… En d’autres termes, ne fait jamais rien que tu ne puisses défaire. Une ombre passa et répandit un instant la nuit sur son visage qui se figea instantanément. On y était. L’excitation se répandit avec une rapidité déconcertante dans ses veines et vint chambouler son ventre, hérisser ses poils et bourdonner sa tête. Enfin, on y était. Elle fit un pas de plus, hésitante, puis s’arrêta. L’ombra toussa derrière elle et fit sursauter la jeune Poufsouffle.

« Qui es tu ? »
« Elisabeth Caroline Rosean Blackburn, fille de Orion Aro Theophilius et de Lynn…»
« C’est bon, ton nom suffisait! Qu’est-ce que tu viens faire ici ? »
“ Bah, c’est vous qui m’avez demandé de venir en fait… Vous m‘avez envoyé une lettre au début de l’année, Vous savez celle qui dit “Es-tu sure des convictions de ton champion ? Qu’en dirait ton père ?” blabla » elle se gratta le front, s’arrachant presque un bouton, visiblement mal à l’aise. « Bah, voila, je suis venue ! J’ai mis du temps, mais me voila ! »
« Tu as mis du temps à te décider, qu’est-ce qui te fait croire que nous sommes toujours intéressé par ta personne ? » Est-il possible de voir une mimique apparaître sur un masque en plastique, ou s’agissait-il d’une nouvelle chimère de la jeune fille à l’imagination plus que débordante ?
« Euh… Bah, pourquoi vous auriez répondu à ma lettre d’hier si vous étiez pas intéressé ? » Elle se retint d’ajouter un « du con » qui ne semblait pas des plus adéquates au vu de la conversation en cours et se contenta donc d’arquer un sourcil (ce qui signifiait grossièrement la même chose), visiblement surprise de la débilité frappante qui semblait caractériser son interlocuteur. C’était donc ça l’organisation ?
« Tu n’as pas peur ? Certains nous craignent… »
« Non. Pourquoi je devrais ? Avoir peur je veux dire, je devrais ? » L’ombre se déplaça, fouineuse et vint faire les cents pas autour de la jeune enfant. Evidemment, Lily avait menti. De la tête jusqu’au pied elle n’était qu’une feuille morte subissant les assauts du vent : Elle tremblait sans la moindre discrétion et s’étonnait que son interlocuteur ne lui ai pas déjà fait remarqué son mensonge. Mais, elle ne savait plus comment réagir. Pour la première fois, elle se mit à douter de son choix et réalisa peut-être ce qu’elle était en train de faire. Elle s’offrait à l’ennemi. Mais, engaillardit par l’image de Ben, toujours présente au fond de son coeur, cette bref compréhension s’étiola, vacilla puis disparue aussi rapidement qu’elle était apparue. « Être sur de ce que je veux suffit à vaincre ma peur. Je veux arrêter le tournoi des trios sorciers et ne plus jamais en entendre parler. Cette institution n’a pas lieu d’être et je veux vous aider à l’arrêter. »
« Pourquoi ? » Comme démasquée, Lily attendit un instant pour reprendre son souffle avant de se souvenir qu’il fallait qu’elle réponde. Ne pas montrer son but, ne pas…
« Parce que des gens que j’aime sont en son centre et qu’ils sont en danger ! Je dois réagir. JE DOIS le faire, sinon… » Elle sentait bien qu’elle risquait trop, qu’elle donnait trop à voir. Cette question l’avait bousculé, elle ne pouvait le nier. Elle s’accorda un court répit, baissa les yeux, serra les poings et imagina sa future réponse tout en reprenant son soufflé. Quand il lui sembla que son souffle autant que sa question furent correctes, elle releva la tête et reprit la parole. Le masque n’avait pas bougé et semblait comme attendre qu’elle parle. « Ils ont fait leur choix, et voici le mien. Le tournoi est un danger, il doit être suspendu. Je suis… sure de mon choix ! » une brève hésitation, un hochement de tête partagé. L’affaire semblait faite.
« C’est pour défendre Heafy ? » Une nouvelle question piége ? Lily se contenta d’hocher la tête. Evidemment que c’était pour lui. Pour lui, et pour les autres. Son frère, sa cousine, sa petite sœur… Et puis Ben. Et quelque part dans sa tête, comme instinctivement, la suite de la chanson était venue et avait presque dépassé le seuil de ses lèvres. Elle se contenta de marmonner un instant ce que lui chantait son esprit. And I'll cross oceans, like never before, So you can feel the way I feel it too.
And I'll mirror images back at you, So you can see the way I feel it too. L’inquisiteur sembla ravi de cette réponse silencieuse. Il s’approcha un peu plus d’elle, il sembla à Lily qu’il l’huma un instant comme s’il s’agissait d’une animal. Puis, il lui attrapa les mains.

A ce moment, une seconde silhouette apparut, hocha la tête et se colla contre un mur. La personne au masque, ni homme ni femme, récita une étrange formule qui fit naître entre leurs deux mains liées un épais fils aussi pur que l’or. La couleur s’attarda un instant, s’embruma et pris une teinte rouge sang avant de s’affiner petit à petit. D’une grosse corde c’était devenu un fin fil à coudre. Un dernier éclair de lumière qui vacilla puis celle-ci disparue totalement. Le néant, et l’obscurité des bois revinrent bientôt, la deuxième silhouette avait disparue, et Lily s’en sentait d’autant plus observée. Sous le choc, Lily ne réalisa pas que l’autre était en train de lui parler. Elle n’entendait rien, rien d’autres que cette éternelle chanson d’amour qui lui embrumer le cerveau et tournait en boucle avec une mauvaise qualité. La voix de la fille était cristalline et rompait radicalement avec la situation qu’elle était en train de vivre. Maybe I had said, something that was wrong, Can I make it better, with the lights turned on ? Maybe I had said, something that was wrong…Can I make it better? with the lights turned… on… Elle eut soudainement mal à la tête. La main de l’autre quitta la sienne et la pression du froid la fit reprendre conscience de la réalité. « (…)Ils seront tes contacts. Sit tu as des questions (…) » Alors, il y en avait autant ? Tant de membres ? Tant de gens qu’elle allait dorénavant devoir considéré comme des égaux quand bien même tout en eux suintait la haine et la colère ? Qu’avait-elle fait ? « Tu te sentiras mieux dans quelques minutes. L’embourbement est normal, c’est toujours le cas quand on réalise malgré soit un serment inviolable. » Inviolable. Elle avait juré sur sa vie de servir une cause qu’elle ne croyait pas !

Les secondes passèrent, sous le choc Lily ne s’était même pas rendu compte que le masque était parti. Apathique, elle restait stoïque face aux seuls témoins de cette affreuse scène : Les arbres, le vide. « merde ». Des regrets ? Pas encore. Juste le poids d’un lourd secret qu’elle devrait dorénavant porter… Et l’horreur de l’avoir soit même décidée.

« Maybe I had made, something that was wrong
Can I make it better, with the lights turned on »