ϟ celui qui lit ce titre est un elfe de maison. Ceci était la touche d'humour de Thor.
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Posté Lun 20 Déc - 18:27.
Soirée pas si angoissante que cela ; nuit blanche à me tourner et me retourner sur l’étroite couchette inconfortable que j’occupe dans le Vaisseau de Durmstrang ; début de matinée en fanfare puis une petite discussion fort instructive… Rien de telles que des surprises, bonnes ou mauvaises, pour se mettre en condition. La journée a filé si vite que je suis étonnée de voir la nuit tomber en traître sur Poudlard. Bien. En avant donc. Je ne compte pas me voiler la face et donc, que je vous l’avoue : J’ai un tel trac que je pourrai en cracher mes boyaux et le reste. Mes frères disent qu’il est nécessaire d’avoir peur pour se surpasser… Et puis la peur est le début de la sagesse… Mais oui bien sûr, en gros, je me cherche des excuses toutes plus discutables les unes que les autres. Allez Paula, du nerf, respire calmement et focalise-toi sur l’essentiel : La Coupe !
Je suis sous le chapiteau apprêté pour les suicidaires qui préfèrent se nommer Champions. Avec tout le cynisme dont je suis capable et ce, malgré mon malaise grandissant, je me dis que Poudlard a mis le paquet question décoration… On pourrait presque se croire dans l’une de ces fêtes foraines pour Moldus… Sauf que les Moldus, eux, y prennent du bon temps, légers, rieurs, joueurs. Au dehors, j’entends clairement la foule qui s’agite… Oui, oui, je sais bien ce que vous attendez bande de vautours : Que l’une d’entre nous, voir les trois, se fasse écorcher sous vos yeux fiévreux. Merde, je les déteste tous, c’est décidé ! Pas une once de bons sentiments là-dedans, combien seront-ils à se sentir chanceux d’être dans les gradins et non pas à ma place ? Assez, si l’Opinion avait un tant soit peu d’importance pour moi, je n’aurai pas mis mon nom dans cette fichue Coupe. Je me recentre, dans mon coin, évitant les autres.
Je tique tout de même face à une évidence… Mon direlo n’est pas présent… Magnifique, n’est-ce pas que l’on se sent seule Paula ? Oui et c’est exactement ce qu’ils souhaitent que je ressente… Le Tournoi n’est pas un sport, il n’est pas collectif… Se prouver sa propre valeur ? Tu parles que je m’en fous… Oui, voilà, souviens-toi de ton but Paula, le reste n’est que frivolités hors de propos. Je tire le rideau qui me sépare du reste du chapiteau, m‘isolant encore plus. Dans ce sac que je me trimballe depuis l’aube, je fourre chacun des vêtements que je porte pour les remplacer par d’autres. Je n’ai rien d’une chochotte, le froid, je le côtoie depuis l’enfance… Pour être libre de mes mouvements, j’ai choisi un pantalon noir près du corps. Le haut sera rouge, couleur de mon école… Pour le reste, une queue de cheval est arrangée à va-vite puis mes bottes… De la praticité avant tout, celles qui se pomponneront se seront trompées d’endroit. Je ricane un peu, trouvant dans mes réflexions de quoi me rasséréner un peu.
C’est l’heure, je vois la Championne française entrer résolument dans l’arène. L’ordre de passage fut donné il y a peu, d’abord la française, ensuite moi, puis l’anglaise. Parfait, deuxième est une bonne place, je l’adore… Discrètement, j’écarte les tentures pour jeter un œil aux gradins. Comme convenu, ils sont nombreux, et surtout, ils s’éclatent… Des voyeurs je vous dis ! De la place que j’occupe, j’aperçois les volutes d’une fumée blanchâtre qui distillent un message qui m’est adressé… Du néerlandais… Sans doute Skyler, qui d’autre pourrait trouver drôle de m’encourager en m’insultant ? Non, je ne souris pas, il ne faut pas. Ma main s’en va frapper rudement ma joue comme pour m’interdire toutes rêveries. Je me désintéresse des gradins, débutant une longue marche en solitaire. Me faire tenir en place est une utopie, mes cent pas inlassables en sont l’exemple. Une dernière fois, je me répète l’indice qui me fut dévoilé après que mon Incendio ait avivé les flammes de ma carte de chocogrenouille ensorcelée,
Alors que l'on pourrait penser que les lapins aiment s'y abriter ta tâche sera de capturer cet animal à l'aspect si particulier. Au cœur de la forêt il te faudra pénétrer mais attention à ne pas t'enterrer.
Je ne fus pas bien longue à me décider… Les créatures vivants sous terre ne sont pas légions. Veaudelune ? Non, inoffensif… Du moins, mes différents ouvrages me l‘ont assuré… Ensuite, mon choix s’est porté sur le Niffleur, car lui, est nettement plus tenace en y réfléchissant. Si ma supposition est bonne, je crois que j’ai bien fait de chiper ce médaillon en or que je porte sous mon pull… Au pire, si je suis à côté de la plaque, je pourrai toujours le balancer quelque part. Bien entendu le ‘gare à ne pas t’enterrer’ me fit réfléchir également… Et concentrée comme je le suis, je me dis que le simple fait d’avoir ma baguette me tirera de n’importe quel embarras… A condition de réfléchir et non d’agir abruptement comme j’en ai l’habitude… Au fond, celui qui a dit que notre plus grand ennemi est nous même, eut bien raison.
C'est à mon tour... Ou plutôt, c'est de concert que nous irons flirter gentiment avec la mort. Je sais bien que mon visage aux traits sévères reflète une assurance que je ne ressens que très peu. C'est sur une dernière inspiration que je quitte le chapiteau, advienne que pourra, me dis-je.
Dominus Tenebrae
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Posté Mar 21 Déc - 10:20.
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Posté Mar 21 Déc - 11:59.
Je suis l’adulte qui me conduit à l’orée des bois. Il ne dit rien, moi non plus… D’ailleurs, c’est un anglais et ce n’est pas avec ma maîtrise médiocre de cette langue que je pourrai poser la moindre question. Pourtant, il devient évident que chaque Championne entrera dans la forêt par un chemin différent, je ne vois personne, pas même les traces qu‘auraient laissé d‘autres pas que les nôtres. En silence, je me laisse imprégner par les lieux, régulant mon souffle, calmant mes dernières angoisses. Plongée dans l’arène, ton anxiété s’envole, mes frères m’avaient prévenu. C’est bien vrai, je me sens de plus en plus sereine à mesure que l’obscurité m’avale de son manteau opaque. Ma baguette à la main, je m’habitue déjà aux craquements des arbres et autres chuintements des buissons. Je suis du genre hypersensible mais je ne compte pas laisser un animal nocturne quelconque me filer une crise cardiaque. Voilà, nous y sommes. L’adulte pointe du doigt un sentier étroit et sinueux puis disparait sans préavis. Qu’ont-ils fait de leur sens de l’hospitalité ces foutus britanniques ? Sans doute une légende visiblement ! Je marmonne quelques insultes à l’encontre de l’organisation générale de ce bordel puis je m’éclaire d’un Lumos. Je sais que cette épreuve est avant tout axée sur la vitesse, cependant, il est hors de question que je me précipite bêtement vers l’inconnu. Pas pour l’instant du moins.
Je prends quelques secondes pour inspecter mon environnement sombre mais bientôt un brouillard épais s’emmêle, rendant impossible mes premières explorations. Je suis contre les sentiers, d’ailleurs, je ne les ai jamais suivi, je préfère le hors piste de tout temps. A l’aveuglette, je marche pourtant d’un pas décidé dans les fourrés. Je m’enfonce davantage dans les bois et bien vite, je dois me rendre à l’évidence : Je n’y vois rien du tout. Qu’à cela ne tienne ! Je fais très vite apparaître une gerbe bleue de ma baguette pour la placer ensuite dans le creux de ma main. Ce feu ensorcelé ne brûle pas mais il est néanmoins bien plus pratique que mon Lumos. D’un mouvement souple du poignet, je lance la gerbe en l‘air, la dirigeant grâce à ma baguette. Parfait, je suis à présent nimbée d’une vive lumière qui guidera chacun de mes pas.
Bien qu’habituée aux conditions climatiques toutes plus désastreuses les unes que les autres, je dois reconnaître qu’il fait plutôt froid cette nuit. Aucun problème, je décide de marcher plus vite pour me réchauffer. En parallèle de l’étroit sentier, je ne change pas de cap, me dirigeant vers le sud si j’en crois mon sens de l’orientation plutôt affiné. Au loin, j’entends soudain des aboiements. Sur le qui-vive, j’en serre plus fort ma baguette mais je ne perçois aucun bruit suspect autour de moi. Le tout premier indice me revient… Ma quête se trouve au sol, pire, en dessous… Ce n’est pas en regardant droit devant moi que je la trouverai. Je baisse le nez, me concentrant sur chaque aspérité du sol, à la recherche du moindre terrier… Bien entendu, j’angoisse un peu rapport à ce ‘Gare à ne pas t’enterrer’… Il faut dire que pour une claustrophobe comme moi, s’enferme quelque part est légèrement problématique… Je pouffe de rire, nerveuse. Et puis tant pis, nous verrons bien.
Quelques minutes, plus d’une heure ? Je perds toute notion du temps rapidement. Je lève les yeux, le brouillard me cache toujours la cime des arbres et la pleine lune… Pleine lune ? Je frissonne un peu en me disant que l’aboiement de tout à l’heure était peut-être celui d’un charmant lycan… Mais non voyons, les organisateurs ne seraient pas assez cinglés pour nous en faire poursuivre un, n’est-ce pas ? D’accord, si, ils le seraient !
L’isolement rend paranoïaque et bon sang, je n’ai pas besoin de cela. Je me remets donc en route, méfiante, à l’affût de chaque craquement que je pourrai percevoir… Allez Paula, du nerf, dis-toi que tu es en cours d’ASP… Souviens-toi comme le professeur Tviaric serait fichtrement capable de te coller dans une forêt en y plaçant des pièges tous plus sadiques et dangereux les uns que les autres… Oui, en vérité, être à Durmstrang me donne un certain avantage… Je m’attends à tout, surtout au pire et à l’interdit.
Dominus Tenebrae
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Posté Mar 21 Déc - 13:21.
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Posté Mar 21 Déc - 14:08.
Ma ‘lanterne’ m’aide bien, je la dirige à droite ou à gauche au rythme de mes envies et surtout de mes craintes. La solitude se fait oppressante, le silence n’est pas mon allié. Depuis plusieurs minutes, la forêt semble s’être endormie. Le calme avant la tempête, me dis-je. La végétation se fait plus dense, rendant mon avancée plus ardue. Je m’escrime contre les racines et branches basses pour ne pas me blesser inutilement. Il serait dommage de faire une mauvaise chute et d’y laisser des plumes. Mon cœur bat à tout rompre, je me focalise sur ma respiration rapide pour éviter de penser à autre chose. Soudain, je m’arrête, au sol, je distingue des traces. Est-ce les pas d’une autre Championne ? Je me penche, orientant mes flammes bleues vers elles. Je les inspecte, tentant de démêler le vrai du faux. Primo, ce que je cherche ne vole pas donc il se pourrait que je sois sur la bonne voie. Secundo, si je devais me trouver face à l’anglaise ou la française, il me faudrait les neutraliser pour un certain temps… Outre un jeu pour les spectateurs qui nous regardent peut-être, le Tournoi est avant tout une compétition, pas d’alliance, pas d’amitiés ou quoique ce soit d’autre qui tienne… Chacun pour soi et dieu pour tous au bas mot. Je mordille l’ongle de mon pouce, tâchant de prendre la meilleure décision… Allez, je suis les traces, au pire, je me plante, au mieux, ces traces me permettront de mettre toutes les chances de mon côté.
Je perds de vue le sentier que je longeais. Je me concentre sur les traces, cherchant tout de même dans ma mémoire si je connais ce genre de marques. La terre rendue boueuse par endroit ne me permet pas de voir correctement s’il s’agit de pas humains ou non. Le silence est toujours de rigueur, pour me fondre dans la masse, je me baisse au maximum en évitant de faire craquer les branches que je piétine. Bien entendu, n’importe quel animal me flairerait bien avant que je ne m’en rende compte, aussi, je ne lâche pas ma baguette, attentive et scrupuleuse. Ne pas savoir quel genre de créature me nargue, me fait douter du bon fondement de ma décision. Pourtant, je suis fonceuse de nature, hésiter ne fait pas partie de mon vocabulaire. Donc, j’avance toujours.
Il ne sera pas dit que je ne m’y attendais pas. Désabusée, je ricane légèrement en sentant les premières gouttes d’eau s’écraser sur ma nuque. Je frissonne car cette fichue pluie est glacée puis je lâche un juron sonore… Merde tiens ! Il ne manquait plus qu’une averse pour effacer les traces que je m’escrime à suivre. Les quelques gouttes se transforment rapidement en une violente averse et avec amertume, je ne manque pas de me rappeler du climat changeant de la Grande-Bretagne… Devrais-je trouver un abri ? Bien sûr que non, ce n’est pas ce déluge qui m’arrêtera ! Fort heureusement, mes flammes bleues résistent à l’eau et m’éclairent toujours aussi bien. Je me résigne à abandonner les traces puisqu’elles disparaissent facilement. Bientôt, je suis trempée… Pas possible qu’une malheureuse giboulée dégénère ainsi… Et si, la pluie n’était pas fortuite ? Certains sorciers commanderaient-ils aux éléments ? Je hâte le pas, je continue sur ma lancée, faire demi-tour ne fait pas partie du jeu !
Je m’aperçois bien vite qu’en me glissant contre les troncs d’arbres, j’arrive à me protéger quelque peu de la pluie. Il faut dire que cette forêt est dense, c’est intimidant, certes, mais cela se transforme en avantage à bien y réfléchir. Mes flammes et moi trouvons refuge sous une gros chêne et j’en profite pour tordre ma queue de cheval rudement pour l’égoutter. La manche de mon pull fait office de serviette tandis que je tente de sécher à peu près mon visage…
… Et puis ce hurlement… J’en suis certaine, c’est un loup-garou ! Comment le saurais-je, je n’en ai jamais vu ni entendu… Qu’importe, s’en est un, je le sens ! Merde, merde et merde… Impossible que ce soit cela ma proie ! Je me rends compte que je viens de me courber, je tremble un peu car ce cri vient de me terrifier. Que faire, grimper dans un arbre et ne plus bouger ? Rebrousser chemin ? Hors de question… Je suis ici pour l’emporter et rien d’autre !
Je déglutis et je prends le parti d’éteindre mes flammes. Je me dis qu’il serait stupide de me faire remarquer avec cette lumière vive. La pluie a chassé le brouillard, j’y vois clair, surtout que je commence à être habituée à l’obscurité ambiante. Par contre, je ne compte pas m’éloigner des arbres, à la première angoisse, je prendrai de la hauteur pour combattre. A pas de loup, je me fraye un chemin en direction de la source des hurlements… Hurlements qui n’en finissent pas… Oui, j’ai l’impression funeste de me diriger droit dans la gueule du loup mais je garde l’avantage car pour cette créature qui parait terrifiante, il ne lui viendrait pas à l’idée qu’on cherche à se confronter à elle… Je n’ai pas peur, je n’ai pas peur… C’est ce que je me répète inlassablement en avançant, me foutant de la pluie, me foutant encore plus de cette boule qui me grignote le ventre. Inexorablement.
Dominus Tenebrae
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Posté Mar 21 Déc - 21:01.
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Posté Mer 22 Déc - 10:30.
Mensonge. Je suis morte de trouille en rampant à moitié dans les fourrés. Chaque hurlement me glace le sang et me secoue l’échine de tremblements incontrôlables. Et plus les cris se rapprochent, et plus je me dis que mon intuition est la bonne. Un loup-garou ! Je m’interdis de réfléchir au fait que ce soit peut-être Skyler qui soit droit devant moi. Non, impossible, il se contient, il prend sa potion, je ne l’imagine pas faire preuve d’autant d’imprudence… Et si c’était lui ta quête ? Que feras-tu Paula ? Je n’en sais rien mais je ne compte pas le laisser me charcuter… Mais non, ce n’est pas lui, c’est certain. Oui, je me rassure comme je le peux et déjà je regrette de ne pas en savoir davantage sur ces créatures… Il n’y a qu’un seul sortilège connu… Un sortilège que Baba Anna m’apprit il y a longtemps… Je le connais, je l’ai sur le bout de la langue, vite, il faut que je m‘en souvienne précisément… J’écarte discrètement les derniers feuillages et là, dans une clairière minuscule, je le vois… J’avais raison… Je vais crever, c’est évident !
Il me tourne le dos, dressé sur ses pattes arrières, il semble attendre quelque chose… Un congénère ? D’où les hurlements répétés ? Bon sang, si il y en a d’autres, je ne ferai pas long feu… Ma baguette est empoignée fermement, je n’aurai droit qu’à une seule chance… Et si je m’enfuyais plutôt ? Il est trop tard, il me sentirait et serait sur moi en quelques secondes… Je le regarde froidement, comme pour me prouver que je peux le faire, le maîtriser. Sa silhouette massive semble envahir tout l’espace. Je cligne des yeux, je vais me réveiller, je suis dans mon lit, en sécurité… Je tais ma peur, je l’étouffe pour me concentrer, à la moindre erreur, s’en est fini ! Sur une dernière plainte gutturale, la bête tourne la tête, humant l’air et soudain, il retombe sur ses pattes avant, grognant dans ma direction. Sa vitesse prodigieuse me prend de court, je l’imaginais plus pataud, plus maladroit vu sa hauteur… Tu parles, il cavale vers moi, un grondement sauvage s’échappe de sa gueule aux crocs luisants… S’il me mord, c’est terminé,
« Incarcerem ! »
Le sortilège fonctionne. Les cordes jaillissent, se jetant sur la créature qui se débat comme un forcené, il retombe dans la boue, grognant, hurlant, feulant… Moi, je ne perds pas de temps, il va se libérer, ce genre d’entraves ne résistera pas bien longtemps à la force colossale du lycan ! Ma décision est vite prise, je grimpe à l’arbre le plus proche ! Il est facile de partir à l’assaut des chênes, d’ailleurs, l’adrénaline me fouette les sangs, je grimpe pour gagner du temps, en bas, la bête couine et je devine qu’elle se libère déjà. Je suis trois mètres au-dessus d’elle, assez proche pour lui lancer d’autres maléfices, assez éloignée pour qu’elle ne m’atteigne pas. Si je panique, j’en perdrai mes moyens, je cherche donc ce foutu sort, celui du livre d’histoire que Baba Anna lisait à mes frères… Le livre fut écrit par un anglais, ma grand-mère l’adorait, elle disait qu’il avait un sourire somptueux… Lockhart ? Oui, c’est ainsi que cette vieille momie s’appelle… Et le sort bon sang ? La créature est libre, elle gronde en tournant autour de l’arbre, elle se dresse, ses griffes sont bien trop proches de mes jambes, je grimpe davantage, entravée par les branches et feuillages de l’arbre. Il tourne toujours, et puis, je le perds de vue… Merde ! Je me tortille dans tous les sens, le souffle court, les membres tremblants, où est-il ?
Le cri qui m’échappe n’est que douleurs… Saloperie ! J’aurais du anticiper ses mouvements, j’aurais du savoir qu’avec sa taille et sa souplesse, il serait capable de bondir sur le tronc d’arbre et me surprendre ! Ses griffes s’arriment à ma cheville gauche, perçant le cuir de mes bottes. Il me cloue au tronc, m’empêchant d’avancer… Je sens le sang, je sens la peur, la mienne ! Je dois lui faire lâcher prise… Ca y est… Je panique, il est tout proche, trop proche,
« Impedimenta ! »
Dans ma position précaire, je ne réussis qu’à viser son épaule. Le sort le fait glapir mais il ne relâche pas sa pression, au contraire, il tire sur ma cheville, sans doute pour me faire tomber… La sueur coule, mes tempes, mon front, mes gestes sont désordonnés, il n’y a plus de magie, plus de concentration, je vais me faire bouffer par une boule de poils puante… Jamais ! Dans un état second, je lui jette un sort de ligature et cette fois-ci, je vise suffisamment bien pour l’enchainer au tronc d’arbre. Il grogne, faisant claquer ses crocs sous mon pied entravé… Aucun de mes sortilèges ne lui causera le moindre dommage, c’est évident… Alors…
« Mobiliarbus ! »
Je vais faire chuter ce foutu arbre et avec un peu de chance, le lycan sera dument assommé ! Je m’accroche du mieux possible, la créature se débat toujours mais il ne lâche pas ma cheville… L’arbre tangue, tremble, se soulève, d’un coup de baguette, je l’oriente vers la gauche… Si je ne veux pas être écrasée, je dois sauter… Des craquements secs, des branches qui ploient, je protège mon visage du mieux possible, nous chutons. La surprise, la colère, l’impuissance, je crois que la bête se rend enfin compte du but de ma manœuvre… Je suis libre, ses griffes me quittent, m’arrachant un nouveau cri… Saute, saute, Paula ! Mes membres sont gourds, mes bras tremblent, nous chutons toujours, c’est interminable, et dans un dernier effort, j’arrive à sortir de ma torpeur pour lâcher le tronc.
Ma chute ne sera pas bien longue, le bruit de l’impact de mon corps est assourdi par le vacarme que fait l’arbre en tombant lourdement en plein milieu de la clairière. Je suis deux mètres plus loin, étalée sur le dos, un épais tapis de ronces m’a réceptionné. Le souffle coupé, mes lèvres sèches, le cœur battant. Le lycan ? Je n’ai pas même l’énergie de me redresser mais je peux voir l’important : Une main aux griffes acérées disparait sous les branches… Ais-je réussi ?
« Homomorphus… »
Oui, je me rappelle enfin l’unique maléfice capable de stopper un loup-garou… Je ris doucement, nerveusement, toussant, hoquetant… Et puis, le brouillard qui m’obscurcissait la raison, s’évapore. Ma quête est une créature qui vit sous terre. Depuis quand un lycan creuse-t-il des terriers ? Je ris toujours, je me libère de la pression, de mes trouilles, cherchant mon souffle, cherchant surtout à me remettre debout. Ma cheville me brûle, mes mains sont comme déchirées, et mon dos... Bon sang, me suis-je brisée quelque chose ?
Dominus Tenebrae
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Posté Jeu 23 Déc - 16:01.
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Posté Ven 24 Déc - 12:36.
Mon rire se tasse, il faut dire que la première tâche n’est pas terminée, bien que je m’estime suffisamment épuisée pour qu’elle le soit. Les deux autres championnes ont-elles eu à faire à un Lycan également ? Suis-je la seule à être blessée ? Et si elles étaient déjà arrivées ? Merde ! Je me redresse à la va-vite, sans prendre le temps de vérifier l’état de fonctionnement de mes membres… Ce qui devait arriver arriva, je tangue et puis je retombe dans les ronces, nauséeuse, et surtout incapable de prendre appui convenablement sur mes jambes. Visiblement, mon dos va bien, mes mains aussi, bien qu’ensanglantées, je peux toutefois empoigner ma baguette que je viens de lâcher. Je suis consciente de perdre un temps fou en tentant de m’extirper des buissons épineux avec précaution mais la tête me tourne tellement que même si je le voulais, je ne pourrai pas accélérer la cadence. Sur une dernière torsion malhabile, j’arrive enfin à m’extraire de ma prison douloureuse. La pluie dont j’avais oublié la présence se rappelle à mon bon souvenir en me glaçant et surtout en me trempant… Foutu pays ! Oui, vous l’aurez compris, je suis en colère… En colère contre moi-même surtout… Fichue impulsivité, sans elle, je n’aurais jamais croisé la route du loup-garou et je ne serai pas blessé ! Quelle idée de suivre les traces de cette saleté alors que je sais très bien que l’animal que je recherche est tout juste assez grand pour se glisser dans un terrier… L’indice me parla de lapin, se pourrait-il que ma quête soit un cousin de cet espèce ?
Tout en réfléchissant et surtout en pensant à tout sauf à cette douleur atroce à la cheville, j’avance cahin-caha, essuyant mes yeux que la pluie brouille. Étrangement, la forêt ne me parait plus si hostile que cela… Sans doute que combattre un Lycan vient de m’en vacciner. Je souffle, je peste, manquant par deux fois de tomber et insultant les quelques rongeurs que je dérange au gré de mon avancée… Excusez-moi saloperies de bestioles, j’ai une tâche à finir, suis-je en train de lancer à un espèce de gros ragondin à qui j’écrase le nid sans le vouloir. Je perds du temps, je le sais bien, de plus, la cime des arbres me cache les étoiles, impossible de savoir si je suis en train de revenir sur mes pas ou si je me perds ni plus ni moins. Et que dire de ma cheville que je sens tripler de volume sous le cuir transpercé de ma botte ? Rien, il n’y a rien à dire, je suis en rogne, véritable furie qui commence très sérieusement à perdre patience !
J’avance sans y penser, un pas devant l’autre lorsqu’enfin je retrouve le sentier que j’avais quitté plus tôt. A moins qu’il ne s’agisse d’un autre ? Peu importe, un sentier est un gage de tunnel au bout du chemin… Victoire ou défaite, va savoir si en le suivant je reprendrai un peu de ce temps que j’ai bêtement perdu ! Inutile de souligner que je ne sens absolument plus ma blessure, preuve que c’est grave… Une légère accalmie avant la douleur qui ne me permettra plus d’avancer. Tant pis, je force, je m’oblige à m’appuyer dessus, je ne peux pas me permettre de boiter, d’ailleurs, je ne suis pas une chochotte… Je suis en train de me convaincre que tout va bien lorsqu’une petite ombre mouvante de profile trois mètres devant moi. Elle traverse le sentier puis renifle les fourrés sans faire attention à ma présence dans son dos… Petit… Allez, qu’importe l’animal, je le chope et je réfléchirai ensuite,
« Levicorpuz ! »
Merde, j’aurais du m’en douter. La fatigue, la pression, je zozote à nouveau, déconcentrée. Mon défaut de prononciation me fait rater le sortilège, l’animal s’enfuit, apeuré. Et de rage, j’envoi mon pied frapper le tronc d’arbre le plus proche… Vous ais-je dis combien je peux me montrer stupide parfois ? Non, et bien vous voici prévenu car c’est mon pied blessé que je viens d’envoyer valdinguer contre le bois de granit. D’accord, passée la surprise, je suis occupée à hurler un bon coup sous l’effet de la douleur… Douleur qui donc se réveille et croyez-moi, elle ne fait pas les choses à moitié. Je trébuche, ployant, à moitié vautrée sur le sentier, je me tiens la cheville à deux mains, me retenant de ne pas envoyer mon poing rageur sur le sol boueux.
Je suis enfin silencieuse, serrant les dents, reprenant mon souffle. Qu’es-tu entrain de fabriquer Paula ? Tu perds toute raison, tu enchaînes conneries sur conneries et de plus, il se pourrait que tu sois bonne dernière… Pense à tes charmants congénères qui seront ravis de t’accueillir avec des pierres… Pense à tes réfractaires qui ont parié contre toi… Pense à leurs rires, à leurs moqueries à ce qu’ils diront : « On l’avait bien dit, une fille et encore plus un Radgentis, ne peut pas gagner… » Je vais les détromper, je vais me surpasser et surtout récupérer la mise de leur gain, je vais me faire un fric monstre, fric que je pourrai envoyer à la famille… Cadeaux pour le prochain noël, de la nourriture à profusion, peut-être même un beau voyage cet été… Oui, j’avais perdu de vue l’essentiel… Cette foutue coupe, je l‘emporterai, nous ne sommes pas des indigents, nous ne sommes pas des foutus parasites, cet argent, il me le faut pour que nous puissions nous tenir droit… Moi, la pauvreté, j’en ai ma claque !
J’avance avec le plus de précaution possible, l’animal a fuit mais je l’ai vu renifler quelque chose, il reviendra. Cette fois-ci, je compte bien le prendre par surprise et sans l’affoler. Vu mon état de nerf et ma fatigue, je me doute bien que mon zozotement m’empêchera de jeter le moindre sortilège. Allons-y donc à l’ancienne : Je vais lui sauter dessus et enfin voir si cette petite créature est celle que je cherche.
