"Jouer avec le feu" était une expression que Jey avait toujours méprisée. Il était partisan de la prudence, de la sécurité, et avait passée sa vie a s'assurer qu'il ne faisait que les actions les plus absolument nécessaires. A quoi bon se mettre en danger inutilement, aller volontairement en faire trop, flirter avec le point de non retour ? Non, il n'était pas le genre d'homme a désirer l'adrénaline dans le simple but de se sentir vivant. Pour ça, il préférait manger, aller voir un match, ou faire une soirée avec ses amis. Bien sur, il avait été auror, ce qui voulait dire prendre des risques. Mais c'étaient des risques calculés, nécessaires. Les têtes brûlées ne font pas long feu dans leur métier, et ils mettent souvent en danger les autres en se mettant eux même en danger. Jey n'aimait pas "jouer avec le feu", bien au contraire. Toutefois, ces derniers temps, il était obligé de reconnaitre qu'il jouait avec le feu. Tous les sorciers jouaient avec le feu d'ailleurs. Tout cela lui semblait dingue, et pourtant, ils y étaient en plein dedans ... une véritable folie qui s'était emparée du monde magique depuis la rentrée pour aboutir a cette situation catastrophique. Et l'écossais y avait pris part plus ou moins malgré lui. Mais il savait a présent qu'il ne pouvait, et ne voulait, plus reculer. Il devait continuer, soit jusqu'a la fin de ces événements, soit jusqu'a sa propre fin.

Pff ... sincèrement ... quelle connerie la guerre Barbara. Il se tenait debout près de la fenêtre, et regardait la neige tomber a gros flocons sur le paysage écossais. D'habitude, il aimait la neige, et l'hiver en général. Sortir faire des batailles, patiner sur le lac noir, boire du chocolat chaud, et retourner se blottir près du feu. Mais a présent, la météo ne rendait l'atmosphère que plus déprimante encore. Il avait allumé un feu, revêtu un de ses éternels pulls aux motifs désuets, mais cela ne parvenait pas a le réchauffer. Il commençait a suspecter que le froid qu'il ressentait était intérieur ... ancré profondément dans son esprit. Oui, déprimant. Il n'avait même plus Dorian pour discuter avec lui, Casey était repartie aux States, et Rosaleen, Leen, ainsi que beaucoup de ses connaissances, avaient fuit vers la Russie. Mais lui, Jey, était resté pour protéger ses élèves. Il fallait bien que quelqu'un reste pour faire le sale boulot. Il se détourna de la fenêtre et alla s'assoir a son bureau pour rédiger un message rapide avant de le confier a la petite boule de plumes qui se dandinait près de son placard. Un dodo, apparemment le plus sur moyen de transmettre le courrier discrètement ces temps ci puisqu'il avait la faculté de pouvoir disparaitre a volonté. Par contre, ce n'était pas la plus maline des créatures. Tant pis, on faisait avec. Il accrocha le mot a la patte de la bestiole, lui souffla un nom, et pouf, il était parti.

"Si tu n'as rien de prévu cette après midi, peux tu me rejoindre dans mes appartements ? C'est la déprime ces temps ci ... autant déprimer a deux.

Jey"

Le mot était adressé a Kat, la seule personne encore présente en Ecosse qui était vraiment une amie, et pas un élève. Il rougit un peu en pensant qu'elle était un peu plus que cela quand même. Il aurait aimé pouvoir en discuter avec ses parents, ou avec Cedric, mais c'était pas vraiment le moment. Cedric, de part sa position au département des mystères et sa famille importante ... Delaney Podmore ... n'avait pas beaucoup a craindre, mais Jey savait qu'il avait du mal a conjuguer le dégout que lui inspirait son Ministre et son poste. Quant a ses parents ... sa mère était née moldue après tout, et ceux ci devenaient la nouvelle cible a la mode. C'était difficile pour eux tous, autant que pour lui. Pas le moment pour une réunion de famille pour faire les présentations.

Don't lose faith

Believe in love

Tu n'as aucune envie de te plier à la nouvelle règle qui dit que les étudiants doivent aller poser leurs bagages à l'université et y vivre 24 heures sur 24 pour des raisons de sécurité. Pour l'instant, tu fais de la résistance, sous prétexte que tu dois arroser les plantes de la maison que tu partageais jusqu'à il y a peu encore avec Casey et Rosaleen. La première est repartie en Amérique avec toutes ses affaires, et la deuxième est exilée en Russie. Exilée par choix ou par obligation? Difficile à dire, mais le fait est qu'elle te manque plus que Casey. Tu as l'impression d'avoir plus de choses à partager avec Rose qu'avec l'américaine. Sans doute à cause de l'aventure que vous avez vécue près de la stèle blanche avec le réveil des inferis...

Ne pas repenser à ça...

Trop tard. Un large frisson te descend dans le dos en même temps qu'une sueur froide te coule le long de l'échine. Tu craques... Une nouvelle fois, tu te déshabilles et retournes prendre une douche pour te réchauffer. Le moins que l'on puisse en dire avec cette histoire, c'est que tu restes parfaitement propre.... Ah ah ah... Si ce n'est pas un signe de folie, qu'est-ce que c'est? Tes crises de perte de la réalité s'espacent de plus en plus, mais à présent, tu ne supportes plus du tout les...

Stop...

Cette fois, tu parviens à stopper le cours de tes pensées. Tu es sans doute aidée en cela par le "ploc" qui provient de ta fenêtre. Tu fronces les sourcils en te tournant vers celle-ci que tu vas ouvrir. Sur le moment, tu ne vois... Rien... Il te faut baisser les yeux pour apercevoir le petit volatile, porteur d'une missive. De qui pourrait-elle bien provenir? Ta première idée est qu'elle provient de Rosaleen qui voudrait te donner des nouvelles. Après tout, la jeune femme doit sans doute savoir que Casey est partie. Ta deuxième idée... Tu la repousses aussitôt, persuadée de te faire des idées. Pourquoi t'enverrait-il un message?

Et pourtant... Lorsque tu te décides enfin à ouvrir cette lettre, ton coeur s'emballe. Et bien si, c'était bien Jey. Tes yeux, sur le moment, ne vont pas plus loin que son invitation à le rejoindre dans ses appartements. En fait, ils ne vont pas plus loin tout court. Avant même d'avoir eu le temps de dire "nox", tu te retrouves emmitoufflée dans une veste bien chaude, avec une grosse écharpe autour du cou, ta capuche sur la tête, des après-skis. Tu laisses le volatile en plan dans la pièce, la fenêtre grande ouverte et te précipites dans la rue. Ce n'est qu'après avoir glissé sur deux ou trois plaques de glace que tu ralentis enfin l'allure pour avoir l'air parfaitement normale - si, si, c'est possible - ou presque.

Tu as les joues bien rouges lorsque tu arrives enfin à l'école. Sur le moment, personne ne pense à contrôler ton identité, et c'est tant mieux, même si tu as toujours ton excuse toute prête pour te trouver là: faire du bénévolat à l'infirmerie, même si tu ne fais pas d'études de médecine. Après tout, tu y a passé tellement de temps les années passées...

Tu montes rapidement les escaliers, enfin... Le plus rapidement possible pour gagner les appartements du professeur de défense contre les forces du mal. Enfin, tu arrives devant la porte, essoufflée, le coeur battant à tout rompre et les joues toujours aussi rouges. Tu mets ça sur le compte de ta précipitation, mais au fond de toi, tu n'es pas dupe. Si ton empressement est en partie responsable de ton état, ton envie de voir Jeremiah en est la cause principale.

Toc.. Toc.. Toc..

Toc Toc Toc

Le professeur sursauta. Il s'était perdu dans ses propres pensées, et avait laissé filer le temps. Il ne s'attendait donc pas aux coups frappés a la porte. Il étai surement resté planté comme ça une bonne vingtaine de minutes, voire plus, mais c'était passé très vite de son point de vue. Une part sombre en lui même, qui fit battre le sang a ses oreilles, cru un instant que ça serait un auror, voire le directeur. Puis, il se calma, se rappelant qu'il avait envoyé un mot a Kat et que c'était vraisemblablement elle. Il est dur de revenir dans la réalité quand on pense longtemps. Il fit quelques pas, et débloqua la sort qui fermait la porte. Précaution qu'il avait prise en arrivant dans les murs a la rentrée, et qui lui avait plus d'une fois donné du fil a retordre quand la magie avait vacillée. Mais heureusement, celle ci fonctionnait mieux de nouveau, et s'améliorait de jour en jour. Il pouvait en tout cas débloquer sa porte du premier coup, et la rebloquer de même, sans problèmes ... ce que la même part sombre de lui même trouvait absolument primordial par les temps qui couraient. Il ouvrit la porte, souriant a Kat.

Entre, je t'en prie !

Quand elle eu passée la porte, il la referma et relança le sort de protection. Il lui fit un sourire apaisé du style "t'en fais pas, c'est absolument normal de verrouiller sa porte comme un parano ... procédure standard des aurors". Pas sur que ça fonctionne, mais en tout cas, il espérait qu'elle ne relèverait pas. Cela impliquerait qu'il lui expliquer beaucoup trop de trucs, et il espérait quand même passer un moment de détente, pas un moment a déballer ses démons et ses peurs. La vie de Jey Van Tassel est absolument normale mesdames et messieurs. Juré ! Il fit un geste vers le feu.

Je peux te débarrasser de ta veste ? Tu peux aller près du feu si tu veux ? Tu veux boire quelque chose ?

Il avait de quoi faire un super chocolat chaud avec de la mousse. Oui, Jey boit des boissons très viriles, absolument. Mais qui a dit qu'il voulait ressembler a un macho man ? Et puis, son virilisme exacerbé n'était pas ce que Kat aimait chez lui pas vrai ? Et, si c'était le cas, elle était trèèès mal tombée. En parlant de Kat ... il continua de lui sourire, essayant de trouver un sujet pas trop bêtat, et en même temps pas trop traumatisant ... par exemple, éviter de parler de Casey, de Rosaleen, ou de Dorian. Il dû se froisser le neurone pour trouver un truc a dire d'intéressant.

J'ai entendu dire que tu faisait de la résistance a l'idée de venir vivre dans Poudlard ?

Mince ... "faire de la résistance" n'était peut être pas la meilleure expression a utiliser. Il essaya de sourire d'un air contrits. Décidément, même en faisant de son mieux, il arrivait a mettre les pieds dans le plat. Pour se donner contenance, il s'assit près du feu, en tailleur, attentif a tourner sept fois la langue dans sa bouche la prochaine fois qu'il lui poserait une question. S'il commençait a ramener la discussion sur des sujets triste ou dangereux, l'après midi allait vite tourner a la déprime. Et même si Kat avait l'air d'aller mieux ces derniers temps, c'était peut être pas la peine d'en rajouter a ses potentielles angoisses quand même. Il se demandait s'il devait lui demander comment ça se faisait qu'elle allait mieux. Non, c'était peut être pas une bonne idée. Ca faisait un peu méprisant, même s'il avait les meilleures intentions. Il préféra donc se taire et sourire.

Don't lose faith

Believe in love

A l'invitation de Jeremiah, tu entres dans la pièce et la tension qui t'habitait jusque là te quitter quelque peu. C'est dingue, l'effet que cet homme peut te faire. Tu te sens toujours tellement mieux quand il est là. C'est étrange, mais tu n'as pas envie de chercher plus loin. Tu le regardes fermer la porte avec un petit sourire amusé auquel il répond par un sourire du genre "tout va bien". Pendant un instant, tu te dis que ça devrait être interdit de se sentir aussi bien auprès de quelqu'un. Et pourtant, pour rien au monde tu n'échangerais ta place avec quelqu'un d'autre. Tu as beau savoir que ce qui a conduit à ce quelque chose qu'il y a entre vous c'est la folie dont tu as été victime ces derniers temps, tu ne voudrais surtout pas revenir en arrière. Tu te dis que ce qui est arrivé ces derniers mois, ton incapacité à déceler le vrai du faux, c'était la meilleure des choses qui pouvait arriver puisque cela a mené à ça. D'ailleurs, tu ne peux ôter les yeux de Jeremiah, comme si tu avais peur qu'il ne disparaisse si jamais c'était le cas. Le regard que tu poses sur lui, en tout cas, est très doux. Je peux te débarrasser de ta veste ? Tu peux aller près du feu si tu veux ? Tu veux boire quelque chose ? Tu hoches la tête et enlèves ton manteau, ne pouvant t'empêcher de sourire - un peu bêtement? - devant sa prévenance. "Merci" réponds-tu, rougissante. Décidément, cet homme te fait un effet fou. Tu n'as qu'une envie, venir te blottir dans ses bras. Elle est tellement forte que c'en est presque un besoin douloureux. Tu te contiens, cependant, ne parvenant pas à déterminer si lui a les mêmes désirs que toi ou pas. Tu te promets cependant une chose: tu ne partiras pas d'ici avant d'être fixée sur ce qu'il ressent ou ne ressent pas pour toi.

Cette décision prise, tu te sens tout à coup un peu mal à l'aise, comme empruntée, mais tu essayes de n'en rien laisser paraître. De toute façon, avec cette folie qui a été la tienne ces dernières semaines, tes sautes d'humeur ne devraient pas le surprendre le moins du monde, n'est-ce pas? En tout cas, c'est ce que tu crois. Espères? Peut-être aussi. Une chose est sûre, tout comme toi, il n'arrête pas de sourire. Voilà qui est plutôt bon signe, pas vrai? Pour un peu, tu aurais l'impression que c'est à qui a le sourire le plus large de vous deux. Une vraie compétition de cour de récréation. Cette idée t'arrache un léger rire et tu secoues la tête avant de reprendre la parole: "Un chocolat chaud, ça sera très bien. Merci, Jey." Ouf! Tu as réussi à faire une phrase complète! Et sans te mettre à baragouiner! Pendant qu'il prépare la boisson, tu t'approches du feu, parvenant enfin à te détourner quelque peu de cet homme qui fait tant battre ton coeur. J'ai entendu dire que tu faisait de la résistance a l'idée de venir vivre dans Poudlard ? Tu te figes un instant à sa question avant de répondre: "En fait, ils ne nous demandent pas de venir vivre ici, mais de rester à l'université. S'il s'agissait de revenir ici, malgré les Inferis cet automne, tout me pousserait à accepter, mais... Casey est retournée en Amérique, Rosaleen est Dieu sait où... Si je ne reste pas à la maison, qui va y rester? Qui va attendre leur retour en entretenant les lieux?" Tu te retournes vers lui qui entre temps s'est assis devant le feu, un éclat dans le regard avant de te lancer après avoir pris une grande inspiration: "S'il s'agissait de revenir vivre ici, s'il n'y avait pas les filles, je n'aurais besoin que d'un prétexte, d'une toute petite justification pour arriver en courant..." achèves-tu, tes prunelles intenses plongées dans les yeux de l'ancien auror.

Comprendra-t-il le sous-entendu? Difficile à dire, mais, en tout cas, c'est une large porte ouverte et tu attends sa réaction avec impatience.

Pendant qu'il lui prépare un chocolat chaud comme elle le lui avait demandé, il écoutait attentivement les explications sur sa situation actuelle. Coincé a l'université. En d'autres circonstances, il lui aurait dit que ça valait peut être mieux, qu'elle y serait surement plus en sécurité que toute seule dans sa maison, surtout en l'absence de ses colocataires. Mais il savait très bien ce qui se jouait. Ils le savaient tous. Les aurors voulait surtout contrôler tout le monde afin qu'aucun ne puisse tenter quoi que ce soit. Illusoire bien entendu, car même parqués tous dans une cave, Jey était sur qu'ils parviendraient a former un plan contre la tyrannie. Mais ça, il n'irait pas le crier sur tous les toits. Il avait assez de problèmes comme ça. Et, a ce propos ...

Il s'éclaircit la voix, mal a l'aise, quand elle évoqua a demi mots la possibilité de venir a Poudlard. Il avait bien compris le message qu'elle lui envoyait. Il était parfois un peu benêt, mais pas a ce point la. Il se rapprocha d'elle pour lui tendre sa tasse, désespéré de trouver un moyen de lui exposer son avis. Il aurait aussi put laisser filer le sous entendu, mais il avait toujours été nul pour masquer ses émotions, et il était sur qu'elle avait déjà vu sur son visage qu'il avait compris. Et donc, il ferait plus de mal en ignorant le commentaire qu'en y répondant. il décida de se jeter a l'eau.

J'aimerais beaucoup te dire de venir ici, te proposer de t'accueillir, et même d'assurer ta protection. Le problème c'est que ... je suis dans une situation un peu délicate depuis le réveillon. J'ai ... peur ... que ça ne te retombe dessus du coup.

Il regardait le tapis sous ses pieds, ne tentant même pas de dissimuler son inquiétude. C'était vrai, ça n'était pas une tentative de la rejeter. Il ne voulait raiment pas risquer de l'impliquer dans quoi que ce soit. Certes, le sort personnel de Jey n'était pas des plus désespéré, et il avait connues des situations bien plus inconfortables. Pourtant, il y avait dans les menaces latentes du directeur quelque chose qui lui soufflait "reste en retrait, n'implique pas les autres". Mais peut être était ce juste les restes de son métier ? N'implique pas un civil a moins d'y être absolument contraint ? Il n'aurait sut dire. Il soupira, et releva le regard vers Kat.

Mais vraiment, j'aimerais beaucoup.

Il essaya de sourire. Parfois, il voulait vraiment pouvoir se décharger un peu de son fardeau, le partager avec quelqu'un. C'était une pensée égoïste, il le savait bien, mais pourtant très humain. On a tous besoin de sentir que quelqu'un est la pour écouter nos problème et nous aider a les résoudre. Mais, Jey ne pouvait se résoudre a mettre quelqu'un d'autre en danger parce qu'il avait peur de ce qui se préparait dans l'ombre. Si Kat voulait endosser cette responsabilité, c'était a elle de le décider, pas a lui de manœuvrer pour qu'elle le fasse. Car, bien qu'elle semblait aller beaucoup mieux, elle était quand même encore vulnérable. Il savait qu'il n'avait pas besoin de beaucoup pousser pour qu'elle accepte de l'aider, mais comment aurait il pu lui faire cela ? Il n'avait pas besoin de mettre cet oiseau en cage. Il voulait qu'elle décide elle même si elle voulait voler a ses côtés. Il but un peu de son propre chocolat, mousseux et sucré, avant de conclure sa pensée.

C'est toi qui décide. J'avoue que je n'aime pas trop te savoir toute seule au village, surtout en l'absence de Casey et Rosaleen, mais c'est a toi que revient la décision finale.

Don't lose faith

Believe in love

Si tu t'attendais à une réaction particulière de Jeremiah, tu es déçue. Il reste quelque peu distant malgré tout. Te serais-tu fait des idées? C'est clairement ce que tu commences à penser. Peut-être au fond n'es-tu réellement qu'une amie, pour lui... Cette idée te brise littéralement le coeur, mais tu t'efforces de n'en rien montrer, de n'en rien laisser paraître, préférant essayer d'analyser le sens de ses paroles.

J'aimerais beaucoup te dire de venir ici, te proposer de t'accueillir, et même d'assurer ta protection. Le problème c'est que ... je suis dans une situation un peu délicate depuis le réveillon. J'ai ... peur ... que ça ne te retombe dessus du coup.

Il prend des gants. C'est le moins que l'on puisse en dire. Tu prends la tasse de chocolat qu'il te tend, murmurant un "merci" du bout des lèvres. Vas-tu réussir à le boire? Tu en doutes. Tu as le coeur au bord des lèvres et, presque plus l'envie de partir en courant que de rester là.

Mais vraiment, j'aimerais beaucoup.

Tu as le nez baissé sur ton chocolat lorsqu'il poursuit, pourtant, tu finis par relever la tête pour croiser son regard. Ton coeur s'emballe à nouveau. Y aurait-il en fait un espoir? Serait-il possible qu'il ne dise cela que pour te protéger? Il n'y a qu'une seule façon de le savoir, d'en être certaine, pourtant, tu ne peux t'y résoudre. Pas maintenant. Pas encore. Tu doutes beaucoup trop de sa réaction. Tu as bien trop peur du rejet dont tu pourrais être la victime. A la place, tu te contentes d'un:

"Ce n'est rien... Je comprends..."

Pourtant, le désespoir dont ces quelques mots sont emprunts ne t'échappe pas. Echappera-t-il à Jeremiah? Tu ne sais pas trop si tu dois l'espérer ou le redouter. Sans doute un peu les deux à la fois, en fait. Une chose est sûre, cependant, que tu sois pour lui une simple amie ou plus, tu voudrais qu'il puisse se confier à toi. Alors tu finis par reprendre la parole:

"Que s'est-il passé, lors du réveillon? De quelle situation tu parles?"

Cette fois, c'est l'inquiétude qui perce dans ta voix. La peur qu'il n'ait de gros ennuis. Ton regard cherche le sien, tandis que ton chocolat refroidit. Il faut, d'ailleurs, que Jeremiah te rappelle la tasse que tu as à la main pour que tu t'en souviennes et que tu boives quelques gorgées du breuvage chaud et réconfortant.

C'est toi qui décide. J'avoue que je n'aime pas trop te savoir toute seule au village, surtout en l'absence de Casey et Rosaleen, mais c'est a toi que revient la décision finale.

Tu ne peux t'empêcher de sourire lorsque Jey s'inquiète du fait que tu restes seule dans la maison de PRé-au-Lard. C'est vrai que ce n'est as forcément des plus prudents par les temps qui courent. Quoique... Une petite voix te dit que c'est sans nul doute mieux d'être un électron libre. Que c'est, réellement, très bizarre de vouloir que vous soyez tous parqués, sous couvert de vous protéger. Et puis... La solitude, tu connais...

"Tu sais, la solitude ne me fait pas peur..."

Biiiiiiip... Mensonge... La solitude t'effraye. C'est bien pour ça que tu as longtemps supporté la présence de Tim, ton "fantôme de compagnie" Où est-il passé, d'ailleurs? Tu n'en as pas la moindre idée. Il a disparu de ta vie il y a quelques temps de cela. A peu près au moment où tu as emménagé avec les filles, de fait. Et il est vrai que, ces derniers temps, il te manque tout particulièrement.

"J'ai l'habitude d'être seule. Même si c'est vrai que je m'étais habituée à la présence des filles, même si celle de Casey était plus sporadique... Elle était toujours avec Doryan..."

Tu les crois, d'ailleurs, partis ensemble. Tu ignores encore que, dans quelques jours, tu découvriras leurs corps dans la forêt interdite.

"Tu as des nouvelles de Rosaleen? Et de Casey?"

De la dernière, tu sais que tu n'en auras pas. Pas directement, en tout cas. De la première, tu t'étonnes de n'avoir encore rien reçu. Y aurait-il un problème?

Jey n'avait pas répondu a la question sur les événements du réveillon. Il s'était contenté de terminer sa pensée, tout en sachant qu'ils finiraient par revenir a ce point précis a un moment ou un autre. Il se contenta de sourire lorsqu'elle affirma ne pas avoir peur de la solitude. Il voyait très bien dans ses yeux que c'était un mensonge, et il le comprenait d'autant plus que lui même avait toujours eu peur d'être seul, entre autres peurs. Il ne fit pas de commentaire la dessus toutefois, d'une part car il avait le sentiment qu'il n'avait pas a pointer le mensonge du doigt, et d'autre part car, comme il l'avait prédit, elle en revenait aux récents événements, plus ou moins indirectement. Il ne fut pas pris de court par la question sur Casey et Rosaleen, non. Il n'aurait pas utilisé ces termes la. Il s'attendait a ce que ça vienne dans la conversation, étant donné le tour que celle ci avait prise. Mais il n'en restait pas moins incertain, avec une sensation d'inconfort infime. Il posa sa tasse sur une table voisine, ne voulant pas que cela trahisse son léger tremblement, et commença, incertain, de répondre.

Je n'ai pas de nouvelles de Casey ... ni de Dorian. J'espère juste qu'ils sont quelque part tous les deux loin d'ici. Même si ... ça ne ressemble pas a Dorian de ne pas me mettre au courant. Surtout moi.

Il laissa échapper un soupir pour faire baisser la pression sur sa poitrine. Il ne voulait pas penser au pire. Il y avait déjà suffisamment a s'inquiéter pour des choses dont ils avaient la preuve, il n'avait pas besoin de rajouter des suppositions. Il voulait se raccrocher a l'idée que les deux tourtereaux s'étaient juste échappés loin de cet enfer pour vivre leur amour rien que pour eux. Jey en aurait été absolument heureux pour eux. Il n'avait pas supporté de voir son petit frère dans son état de détresse face aux événements et a l'affaiblissement de ses précieuses créatures. Il continua sa réponse rapidement.

Mais je sais que Rosaleen est a Durmstrang. Enfin, je ne le sais pas officiellement, mais je l'ai vue le soir du réveillon et elle allait bien. Vu sa participation a l'agitation cette nuit la, on saurait si elle avait été prise. Ils en auraient fait un exemple. Donc, elle est surement avec les résistants en Russie.

Il essaya de sourire sur cette note positive. Pas vraiment convainquant. Il savait qu'il venait d'ouvrir la porte qu'il avait soigneusement évitée lors de la question sur le 31 Décembre. Il ne pouvait plus reculer et, a dire vrai, il sentait qu'il lui devait quelques explications s'il voulait vraiment que leur relation rime a quelque chose. Et il le voulait terriblement. Il baissa le regard, ne voulant pas voir sa réaction immédiate pour ne pas risquer de s'arrêter au milieu, et il se jeta a l'eau.

Kat ... lors du réveillon, j'ai pris ouvertement parti pour la Résistance. J'ai vu mes plus proches amis en faire partie et je crois que c'est la que j'ai compris ce qui me dérangeait depuis un moment : le Ministre est dangereux. Lui et tous ses larbins.

Il releva brièvement le visage pour vérifier qu'elle l'écoutait toujours, et ajouta très rapidement.

Bien entendu, j'ai été interrogé. un professeur de défense qui se met a prêcher contre le Ministère, ancien auror en plus. Je ne sais pas, ils pensent sans doute que je pourrais vouloir entraîner les élèves a se battre contre eux ?

Il eu un petit ricanement, mais c'était un rire jaune, car il savait quelque part que ce n'était pas qu'une plaisanterie. Il était probable que les aurors, la dehors, soient convaincus que c'était en effet son but. Ce qui était ridicule. Il leur apprenait certes a se défendre, mais il ne voulait pas en faire des soldats. En fait il aurait tout donné pour que ses élèves, tous, soient aussi éloignés que possible de toute bataille. Mais bien entendu, un esprit paranoïaque ne veut croire que ce qui l'arrange. Il releva de nouveau les yeux, cette fois sans les baisser de nouveau, et murmura.

J'ai peur de ce qu'ils pourraient faire. Pas a moi. J'ai été entraîné a ne plus avoir peur pour moi même. Mais ils ont tué un de mes amis de Poudlard. J'ai peur de ce qu'ils pourraient faire aux autres. Les élèves, mes amis résistants, mes parents et ... toi.

Il laissa ce dernier mot flotter dans l'air, le regard toujours fixé sur son visage.

Don't lose faith

Believe in love

La conversation prend un tour qui n'est pas du tout celui que tu avais escompté à la base. Mais maintenant, comment revenir sur le sujet que tu voulais au départ aborder? Ce n'est, simplement, pas possible et tu en es bien consciente. Pourtant, cela t'attriste, mais tu ne peux rien y faire. Peut-être, au fond, cela veut-il simplement dire que tu n'es qu'une amie pour Jeremiah, auquel cas, tu te ridiculiserais en abordant directement le sujet. Autant, donc, laisser les choses dévier...

Je n'ai pas de nouvelles de Casey ... ni de Dorian. J'espère juste qu'ils sont quelque part tous les deux loin d'ici. Même si ... ça ne ressemble pas a Dorian de ne pas me mettre au courant. Surtout moi.

Tu hoches la tête, avant d'expliquer à ton tour:

"En fait, je ne suis pas réellement surprise de ne pas avoir de nouvelles de Casey... Elle ne m'aime pas beaucoup, depuis que j'ai eu le malheur de lui transmettre un message de ses parents. Elle, elle ne voyait pas leurs fantômes, moi oui..."

Tu hausses les épaules. Il n'y a rien que tu puisses faire à cela, en fait. Comme on dit, c'est la vie et ce, même si cela te rend triste.

Mais je sais que Rosaleen est a Durmstrang. Enfin, je ne le sais pas officiellement, mais je l'ai vue le soir du réveillon et elle allait bien. Vu sa participation a l'agitation cette nuit la, on saurait si elle avait été prise. Ils en auraient fait un exemple. Donc, elle est surement avec les résistants en Russie.

Ce qui t'attriste le plus, en fait, c'est que Rosaleen ne t'ait rien dit. Tu baisses la tête sur ton chocolat.

"J'aimerais avoir des nouvelles des filles. Elles me manquent."

Tu as bien remarqué, bien sûr, qu'il avait évité ta question sur le soir du réveillon, aussi décides-tu de ne pas insister. S'il ne t'en a pas parlé, c'est qu'il ne le veut pas. Par manque de confiance? Parce que cela ne te concerne pas? Pour te protéger? Au fond, tu n'en sais rien, et tu n'es pas certaine de vouloir avoir la réponse. Aussi Jeremiah te prend-il par surprise quand il revient lui-même sur le sujet.

Kat ... lors du réveillon, j'ai pris ouvertement parti pour la Résistance. J'ai vu mes plus proches amis en faire partie et je crois que c'est la que j'ai compris ce qui me dérangeait depuis un moment : le Ministre est dangereux. Lui et tous ses larbins. Bien entendu, j'ai été interrogé. un professeur de défense qui se met a prêcher contre le Ministère, ancien auror en plus. Je ne sais pas, ils pensent sans doute que je pourrais vouloir entraîner les élèves a se battre contre eux ?

Tu l'écoutes religieusement, refusant de l'interrompre. Ce qu'il te dit, finalement, ne t'étonne pas réellement. De ce que tu as appris à connaître de lui, il n'est pas du genre à rester neutre dans ce genre de situation. Tu relèves la tête vers lui lorsqu'il a son petit rire amer et esquisses un sourire avant de prendre la parole pour une simple phrase:

"Tu ne mettrais jamais tes élèves en danger..."

Tu le sais pertinemment. Cette nuit là, avec les inferis... Tu sais très bien que, si Jeremiah avait pu, il les aurait affronter seul, en envoyant tous les élèves au loin. Alors non, il ne chercherait jamais à ce que les élèves se battent contre les aurors et contre le ministère, qu'importe ce qu'il pense. Il pense toujours aux autres avant de penser à lui. C'est une de ces choses qu'il dégage et qui fait que tu t'es déjà tant attachée à lui, sans doute trop pour ton propre bien, d'ailleurs... A cette idée, ton coeur se serre alors qu'il reprend la parole.

J'ai peur de ce qu'ils pourraient faire. Pas a moi. J'ai été entraîné a ne plus avoir peur pour moi même. Mais ils ont tué un de mes amis de Poudlard. J'ai peur de ce qu'ils pourraient faire aux autres. Les élèves, mes amis résistants, mes parents et ... toi.

Ton coeur s'accélère lorsqu'il dit qu'il a peur de ce que ses ennemis pourraient te faire. Bien sûr, cela ne veut pas forcément dire quelque chose et tu maudis les réactions de ton corps de te trahir ainsi, persuadée qu'il peut entendre ce bruit désordonné qui vient de ta poitrine. A dire vrai, tu ne sais pas trop comment réagir à cet aveu, aussi tu restes là, immobile, le regard plongé dans celui de l'ancien auror.

"Tu ne mettrais jamais tes élèves en danger". C'était dit avec tant de sincérité et de foi. Elle avait confiance en lui et en son jugement, et lui faisait confiance dans le fait qu'il essaierait toujours de bien faire sans sacrifier personne. Elle y croyait. Cela seul lui redonna du baume au cœur et il lui sourit avec chaleur et gratitude. Cela comptait énormément pour lui qu'elle ait foi en lui. Cela comptait car, quelque part au fond de lui, il était toujours le petit garçon qui avait peur du noir, et il avait du mal a penser que quelqu'un pourrait avoir confiance en lui, pourrait le suivre dans la tempête. Et pourtant ... pourtant. Il n'y croyait pas sa chance. Il ne réfléchit pas vraiment lorsqu'il s'avança et passa ses bras autour d'elle, l'enveloppant dans son propre confort. Elle n'avait pas fait de mouvement suite a sa tirade, et a son demi aveu maladroit, mais il avait envie de croire que c'était qu'elle ne savait pas comment répondre, plutôt que parce qu'elle ne souhaitait pas cela aussi. Il enfouit son visage dans ses cheveux blonds, où il murmura faiblement.

Merci. Merci de me faire confiance. Des fois, je n'arrive pas a croire en moi même. Merci de le faire.

Le petit garçon qui avait peur du noir. Du noir, qu'il soit extérieur, telles une bête ou une personne menaçante, mais aussi interne ... comme cette part de son sang qu'il avait en horreur, le sang d'Antonin Dolohov. Il avait parfois peur de devenir aussi cruel et malfaisant que cet homme, qu'il ne pouvait se résoudre a appeler son grand père. Il avait peur de s'abaisser au même niveau, en croyant faire le bien. D'où sa détresse quand il avait dû utiliser le fameux sort de flamme violette si caractéristique du mangemort lors de l'attaque des inferi. Le pire étant, au final, que le sort n'avait servi qu'a faire empirer la situation. Peut être était ce un signe, peut être pas. Il n'aurait su dire. Il sortit de ses pensées, et écarta juste assez le visage pour pouvoir regarder le sien. Il était nerveux, mais il fallait qu'il demande.

Kat ... est ce que tu veux rester ici, au château, avec moi, ou est ce que tu préfère rester a Pré au Lard ? Je ne peux pas décider a ta place, ni essayer de te raisonner dans un sens ou dans l'autre. Maintenant que tu connais le risque, c'est a toi seule que revient la décision.

Il ne sourit plus, mais resta le visage sobre afin de souligner la gravité de la situation. C'était une décision importante, qui pourrait avoir des conséquences importantes pour beaucoup de monde, peut être pas seulement eux deux. Après tout, dans les temps qui courraient, nul ne savait exactement quelles implications pouvait avoir le plus petit et insignifiant des actes. Peut être en acceptant sauverait elle une vie, ou en condamnerait elle une. Peut être qu'en ne venant pas, il en serait de même, mais d'une autre façon. Bienheureux, et a la fois bien malheureux, qui pourrait prédire ces conséquences dans leur entièreté. Il la considérait du regard intensément, prêt a accepter l'une ou l'autre de ses réponses. Même si, au fond de lui même, une part d'égoïsme aurait aimé qu'elle réponde oui et qu'elle reste avec lui. Mais il repoussa cette pensée de côté. La décision ne lui revenait pas. Il reprit sa tasse et recommença de siroter son chocolat pour se donner contenance. Joue la cool Van Tassel, fait semblant que tu n'es pas du tout en train de paniquer a l'idée qu'elle t'envoie bouler. Après tout, il avait peut être mal compris ses intentions, et il était en train de se rendre parfaitement ridicule. Enfin, le plus ridicule, c'était justement le fait qu'il panique en fait. Mais ça, il n'allait tout de même pas se l'avouer si ? Ca serait encore pire. Vous savez, quand on vous dit "ne panique pas", c'est pile le moment où la panique commence ou s'accentue. Bref, tout va bien.

Don't lose faith

Believe in love

Merci. Merci de me faire confiance. Des fois, je n'arrive pas a croire en moi même. Merci de le faire.

Pourquoi n'aurais-tu pas confiance en lui? Tu ne réponds pas, mais tu n'en penses pas moins. Il a toujours été là pour toi depuis que tu le connais. Il t'a toujours permis d'aller à ton rythme, t'a lui-même accordé sa confiance. Du moins, c'est ainsi que tu ressens les choses le concernant. Mais tu sais aussi, au fond de toi qu'il n'y a pas que de la confiance que tu éprouves pour lui. Si tu avais besoin d'une dernière preuve de ce que tu ressens, elle est là, dans ton coeur qui bat trop vite, trop fort, dans les papillons qui volent dans ton ventre dès qu'il prend la parole ou qu'il te regarde, dans les frissons qui parcourent ta peau lorsqu'il te touche ou que tu attends désespérément qu'il le fasse. Tu as envie de l'embrasser, comme tu l'as fait ce fameux soir de Thanksgiving, lorsque tu avais à moitié perdu la tête. Mais, pour l'instant, tu n'en fais rien, craignant toujours sa réaction.

Kat ... est ce que tu veux rester ici, au château, avec moi, ou est ce que tu préfère rester a Pré au Lard ? Je ne peux pas décider a ta place, ni essayer de te raisonner dans un sens ou dans l'autre. Maintenant que tu connais le risque, c'est a toi seule que revient la décision.

Rester ici au château. Avec lui... Sur le coup, ton cerveau ne retient que cette partie de la phrase. Le reste est entré, mais il n'y a de place dans ton esprit que pour son invitation. Tu n'as jamais eu envie de dormir à l'université, mais rester seule dans la maison que tu partageais avec les filles est, il faut l'avouer, devenu trop dur, même si tu le fais encore pour l'instant. Il n'est passé que quelques secondes avant que tu ne passes tes bras autour de son cou et que tu l'embrasses comme tu as envie de le faire depuis si longtemps. Doucement, d'abord, avant de t'écarter légèrement de lui le temps de lui répondre:

"Oui... Oui, je veux rester avec toi."

Tu l'embrasses à nouveau, le coeur battant à tout rompre. Tu n'as pas envie que ce moment s'arrête. Jamais. Tu pourrais rester comme ça pour toujours. Enfin, tu te sens à ta place, comme si, toujours, tu aurais dû être dans ses bras à lui. Et votre différence d'âge? Elle n'est pas importante. Tu n'en as que faire. Tu es sienne, et il est tien. C'est tout ce que tu vois en cet instant.

"J'ai envie d'être avec toi, Jey, depuis le premier jour. Je me moque du danger que cela pourrait représenter pour moi. Je saurais y faire face. J'ai peur pour toi lorsque tu te mets en danger pour protéger les autres, mais c'est aussi ce que j'aime chez toi: ton instinct protecteur. Je serai à tes côtés. Toujours." lui dis-tu après t'être écartée un peu, en passant le dos de ta main sur sa joue.

L'idée qu'il ait pu te proposer cela par amitié ne t'a pas effleurée et ne t'effleure toujours pas. Pas après les paroles qu'il a eu juste avant. Pas après avoir dit qu'il avait peur pour toi, qu'il avait peur de te mettre dans une situation dangereuse.

Spoiler:

Comme elle mit quelques secondes à réagir, la pensée que, peut-être, il s’était mépris, traversa l’esprit de l’écossais, et il sentit sa gorge se serrer. Mais cette déception fut de courte durée puisqu’elle l’embrassa. Elle voulait bien de lui donc, il ne s’était pas trompé. La pensée de ce qui se déroulait à l’extérieur, le danger et les manipulations, cela s’envola tout d’un coup et il sourit bêtement quand elle confirma vouloir rester avec lui au château. Il passa ses bras autour d’elle quand elle l’embrassa de nouveau, respirant son odeur sucrée et le chocolat chaud qui flottait encore dans l’air. Il voulait dire quelque chose, mais les mots étaient tout d’un coup empêtrés dans ses cordes vocales. Elle, en revanche, semblait enfin débarrassée de son inquiétude, et sa parole s’était libérée. Il l’écouta avec sérieux lui parler, comme s’il écoutait un mantra magique et protecteur. Il hocha la tête, qui s’était faite légère comme après avoir bu quelques verres. Pas le genre de cuite désagréable, non, mais celle qui vous donne l’impression d’être un grand philosophe, ou beau … ce genre-là.

Je … je veux être avec toi aussi. Je ne veux plus être séparé de toi, que tu sois loin. J’angoisse quand c’est le cas, je m’imagine qu’il va t’arriver quelque chose. Je ne veux pas vivre dans la peur, et je sais qu’avec toi, je n’ai plus peur. Avec toi … je peux être fort.

Il sourit de nouveau. C’était vrai. Si elle était présente à ses côtés, il se sentait plus fort. Il savait qu’elle serait là, qu’elle le soutenait, et cela lui donnait confiance en ses propres capacités. Quelqu’un pour célébrer avec vous vos exploits, mais aussi pour vous rattraper quand vous tombez. C’est ça le principe non ? Ce que les êtres humains recherchent dans une relation ? Il s’écarta un peu, scrutant le ciel par la fenêtre.

On ferait mieux d’aller chercher tes affaires rapidement si on veut passer inaperçu. Plus tard, il y aura plus de contrôle. Enfin … je pense. Qu’est-ce que tu en dis ?

Il se rendit compte qu’il avait parlé comme un auror. Le ton posé mais ferme de celui qui connait les procédures de sécurité. Il fit un sourire contrit. C’était à elle de décider après tout, c’était sa vie. Comme elle avait dit qu’elle voulait venir avec lui, il s’était sentit autorisé à lui proposer cela, mais peut-être était-ce trop rapide ? Peut être voulait elle un peu plus de temps de réflexion avant de déplacer ses affaires ? Ou peut-être se rendrait elle compte qu’elle ne voulait pas vraiment ça ? Hum, voilà qu’il recommençait à paniquer pour rien. Il mit les mains dans ses poches, pour se donner contenance, et attendit sa réponse. Il regardait de nouveau la neige qui recommençait de tomber par la fenêtre. Temps charmant, mais au final c’était pour le mieux. Si le soleil s’était soudainement mis à briller, il aurait trouvé cela particulièrement cliché. Mais non, le temps était pourri, et Jey aurait-il été d’humeur poète, il aurait pût disserter sur l’irréalité que projetait la météo sur leur rencontre, d’autant qu’il avait encore du mal à croire que Kat voulait bien de lui. Mais il n’était pas d’humeur poète. Il était dans l’instant présent, le seul qui comptait ici. Replonger dans ses pensées reviendrait à penser de nouveau aux circonstances, et cela gâcherait le moment, leur moment.

Spoiler: